Relations entre la France et le Vatican

Les relations entre la France et le Vatican sont des relations internationales s'exerçant entre les deux États européens que sont la République française et l'État de la Cité du Vatican. Elles sont structurées par une nonciature apostolique, la nonciature apostolique en France et une ambassade, l'ambassade de France près le Saint-Siège.

Relations entre la France et le Vatican
Ambassades
Ambassade de France près le Saint-Siège
  Ambassadeur Elisabeth Beton-Delègue
  Adresse villa Bonaparte, via Piave, 23, Rome
  Site web va.ambafrance.org
Nonciature apostolique en France
  Ambassadeur Celestino Migliore
  Adresse 10 avenue du Président-Wilson, Paris

Elles sont la continuité des relations entre la France et les États pontificaux, dénomination valant jusqu'aux accords du Latran, en 1929.

Histoire des relations avec les États pontificaux

Monarchie française

Depuis 1604, une messe pour la prospérité de la France est célébrée annuellement par le vicaire pontifical en la basilique Saint-Jean-de-Latran[1].

En 1644, durant la régence d'Anne d'Autriche, le cardinal Jules Mazarin accourt à Rome pour empêcher l'élection du cardinal Pamphili, dont il craignait la sympathie pour la monarchie espagnole. Étant arrivé trop tard, le cardinal Pamphili devient pape sous le nom d'Innocent X. Néanmoins, cet acte préfigure le futur droit d'exclusive de la Couronne de France[2].

En 1655, Louis XIV interdit l'élection du cardinal Sacchetti à la dignité pontificale. À l'issue du conclave, c'est le cardinal Chigi qui est élu sous le nom d'Alexandre VII[2].

En 1758, Louis XV fait usage de son droit d'exclusive contre le cardinal Carlo Cavalchini. À l'issue du conclave, c'est le cardinal della Torre di Rezzonico qui est élu sous le nom de Clément XIII[2].

Restauration

En 1829, Charles X fait usage de son droit d'exclusive contre le cardinal Giuseppe Albani, candidat soutenu par l'Empire d'Autriche. À l'issue du conclave, c'est le cardinal Castiglioni qui est élu sous le nom de Pie VIII[2].

Monarchie de Juillet

Fin 1830, Louis-Philippe Ier fait usage de son droit d'exclusive contre le cardinal Vincenzo Macchi, ancien nonce apostolique en France. À l'issue du conclave, c'est le cardinal Cappellari qui est élu sous le nom de Grégoire XVI[2].

Grégoire XVI sera le souverain pontife durant presque l'intégralité de la Monarchie de Juillet. Il mène une action religieuse vigoureuse contre le modernisme qui met en danger l'Église catholique et une action politique non moins déterminée contre les idées révolutionnaires qui ont ébranlé la société. En effet, les monarchies ne sont pas les seuls régimes que les idées nouvelles veulent renverser : les révolutionnaires italiens remettent également en question le pouvoir temporel du Pape sur les États pontificaux.

Le régime de Louis-Philippe Ier, quant à lui, tente de concilier l'héritage révolutionnaire et la monarchie française, mais doit composer avec le climat anticlérical qui suit les Trois Glorieuses. De fait, il se montre très froid à l'égard de l'Église catholique et ne la défend guère contre les émeutes des républicains. Cette attitude ne lui attire donc pas les faveurs de ce pape résolument anti-moderne :

  • en 1832, il publie l'encyclique Mirari vos qui condamne le catholicisme libéral, doctrine française qui cherchait à réconcilier l'Église et les principes de la Révolution : de fait l'organe de presse du mouvement, L'Avenir, ferme ;
  • en 1839, il condamne l'esclavage, encore pratiqué dans les colonies françaises ;
  • en , Grégoire XVI reçoit en grande pompe le duc de Bourbon, prétendant légitimiste au Trône de France, et ce malgré les protestations véhémentes du gouvernement de Louis-Philippe ;
  • en 1840, il se montre ferme dans l'Affaire Montel, qui implique des ressortissants français.

Troisième République

Les dirigeants français Paul Deschanel et Alexandre Millerand contribuent au rétablissement des relations entre la France et le Vatican en 1920.

En 1878, le ministre des Affaires étrangères William Waddington charge le cardinal de Bonnechose de faire usage du droit d'exclusive de la France contre le cardinal Bilio[2]. En effet, le Quai d'Orsay considère que ce droit est toujours en vigueur, bien que la France ne soit plus une monarchie catholique[3]. À l'issue du conclave, c'est le cardinal Pecci qui est élu sous le nom de Léon XIII.

Le , le pape Pie X, nouvellement élu, supprime par la constitution apostolique Commissum nobis le droit d'exclusive dont disposaient officieusement la France, l'Espagne et l'Autriche, considérant qu'il s'agit d'une ingérence inacceptable du temporel dans le spirituel[2].

Le , Jean Jaurès révèle dans L'Humanité, sous le titre « La Provocation », la teneur d'une lettre de protestation du Saint-Siège contre la visite du président français Émile Loubet. Georges Clemenceau, dans L'Aurore du lendemain, enfonce cette dénonciation dans un article intitulé « La Guerre du pape ». Le contenu extrêmement désobligeant de cette lettre, dont la teneur est emplie de reproches à l'encontre des débats alors en cours sur ce qui allait devenir la loi de séparation des Églises et de l'État, entraîne un rappel d'ambassadeur puis, en juillet, la rupture des relations diplomatiques. Cette crise a pour conséquence, en France, de faire sauter un des verrous s'opposant à l'adoption dudit texte de loi, le statu quo face au concordat napoléonien[4].

Le rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays a lieu en 1920[5].

Cinquième République

Emmanuel Macron a eu plusieurs contacts avec le pape François : une première fois lors d'une audience le au Vatican[6] ; une deuxième fois par téléphone, le , à la suite de l'incendie de Notre-Dame de Paris[7] ; une troisième fois par téléphone le mardi à 16 h dans le contexte de la pandémie de Covid-19[8].

Notes et références

  1. « Une messe pour la France dédiée aux victimes des attentats », sur Radiovaticana.va, .
  2. A. Battandier, « L'exclusion dans l'élection des souverains pontifes », Annuaire pontifical catholique, Libreria Editrice Vaticana, 1910
  3. Pierre Battiffol, « Le conclave de Léon XIII. Instruction de M. Waddington au cardinal Guibert », Revue d'histoire de l'Église de France, vol. 14, no 62, , p. 59–61 (lire en ligne, consulté le )
  4. Plenel 2014, p. 92-93.
  5. Jean Sévillia, « Les catholiques et l'État français, accords, désaccords », Le Figaro Magazine, , p. 52-54 (lire en ligne).
  6. Nicolas Senèze, « Le pape François et Emmanuel Macron, une longue et chaleureuse rencontre », La Croix, 26 juin 2018, lire en ligne
  7. AFP, « Notre-Dame sauvée des flammes, Macron veut la rebâtir « d'ici cinq années » », La Croix, 16 avril 2019, lire en ligne
  8. Gauthier Vaillant, « Coronavirus : Emmanuel Macron reçoit le soutien du pape dans ses initiatives internationales », La Croix, 21 avril 2020, lire en ligne

Annexe

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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