Prune Nourry

Prune Nourry, née le à Paris, est une artiste plasticienne et sculptrice française. Elle vit et travaille à New York depuis 2011[1].

Biographie

Diplômée en 2006 de l’École Boulle à Paris, Prune Nourry s’intéresse aux thématiques liées à la bioéthique à travers la sculpture, la vidéo, la photographie et la performance artistique. Son travail se concentre particulièrement sur la redéfinition du sujet et la sélection de l’enfant grâce à la science, soulignant ainsi le rôle ambigu des nouvelles techniques de procréation assistée. Ses projets sont largement internationaux et souvent élaborés en étroite collaboration avec des personnalités académiques, scientifiques, psychanalystes, démographes, chercheurs ou archéologues.

Elle est représentée par la Galerie Daniel Templon.

Projets

Les Bébés Domestiques (2006)

Les Bébés Domestiques de Prune Nourry, sculptures en silicone mi humaines-mi animales, questionnent l’anthropomorphisation de l’animal domestique, la fétichisation de l’enfant et les manipulations génétiques mixant les espèces. L’artiste organise des « Journées d’Adoption » à Paris, Londres, Bruxelles et New York, durant lesquelles ses sculptures en recherche d’une famille adoptive sont présentées aux passants[2].

Les Diners Procréatifs (2009)

Les Diners Procréatifs (Genève, Paris, New York), sont des œuvres éphémères associant art, gastronomie et science. Prune Nourry s’associe à un chef de renom et à un scientifique pour concevoir un repas qui suit les différentes étapes de la procréation assistée. Les participants sont ainsi invités à réfléchir au concept de « l'enfant à la carte ». Dans le cadre de la performance artistique, le débat tient place autour d’un dîner gastronomique qui suit un «processus clinique» allant de la fécondation in vitro à la naissance de l’enfant, en passant par le choix de ses principales caractéristiques, et de son sexe[2].

In Vitro (2010)

En 2010, Prune Nourry commence la série In Vitro dans lequel elle rassemble des verreries en pyrex trouvées dans de vieux laboratoires ou brocantes et compose au fur et à mesure des pièces uniques aux formes organiques. Ces œuvres sont l’occasion pour l’artiste d’explorer un nouveau medium dans son questionnement relatif au diagnostic prénatal et à la sélection des embryons.

L’œuvre Fécondation In Vitro montre en plan de coupe l’anatomie du buste humain. Elle est composée de verreries de laboratoire dont les formes rappellent celles des différents organes.

Holy Daughters (2010)

Le projet a débuté en 2010 sous la forme d’une performance réalisée dans les rues de New Dehli. Prune Nourry suscite la curiosité des passants en abandonnant ses sculptures hybrides, moitié vache sacrée et petite fille, devant les stands de lait « Mother’s Dairy ». Elle enregistre alors les réactions des locaux, les invitant ainsi à questionner des valeurs profondément ancrées dans la société indienne. Le lien entre la « Gau Mata » (vache sacrée) et la condition de la femme se fait naturellement dans un public très largement masculin, venant des classes les plus diverses[3],[2].

The Spermbar (2011)

Prune Nourry prolonge ici sa réflexion sur la sélection de l’enfant et le mythe de l’enfant parfait, en se penchant cette fois-ci sur l’industrie américaine des banques de sperme qui permettent aux femmes de sélectionner le sperme servant aux inséminations artificielles, en fonction des caractéristiques des donneurs. Avec le Spermbar elle invite des hommes à faire des donations symboliques sur un site internet, en suivant les mêmes critères que les compagnies officielles américaines. En associant chaque caractéristique de ces donneurs à un ingrédient (religion, niveau d’études, couleurs de cheveux etc), l’artiste et son équipe créent une série de cocktails qu’ils proposent ensuite aux passants de la Cinquième Avenue (5th Avenue) dans un camion aux allures du classique foodtruck New-Yorkais.

Holy River (2011)

Holy River est le point culminant de Holy Daughters, un projet de trois ans sur la sélection des genres en Inde. Pour cette performance réalisée à Calcutta en , l’artiste s’est mêlée au Festival de Durga Puja. En collaboration avec des artisans locaux masculins, l’artiste crée une nouvelle déité de 5 mètres de haut. Cet hybride entre la vache sacrée indienne et une jeune adolescente (Holy Daughters) est présentée lors d’une procession dans les rues de Calcutta, bénie selon les rites traditionnels, avant d’être immergée dans les eaux du Gange.

Holy Holi (2011)

Dans cette performance réalisée en Inde en 2011, Prune Nourry se ré-approprie le festival Holi. Cette fête traditionnelle de la fertilité pendant laquelle les participants jettent des pigments de couleur est paradoxalement un moment de vulnérabilité pour les femmes, qui s’en trouvent exclues en raison des violences qui s’expriment à cette occasion[2].

L’artiste invite de petites filles à venir jouer dans une gaushala (orphelinat réservé aux vaches) avec de la poudre de lait et de l’eau, se ré-appropriant ainsi pleinement cette cérémonie.

Terracotta Daughters (2013)

Le triptyque dédié à la sélection du sexe de l’enfant se clôt avec le projet Terracotta Daughters. Ce dernier s’inspire des fameux Soldats de terre-cuite de l’empereur Qin, enterrés dans la ville chinoise de Xi’an. En imitant le style et les techniques anciennes de fabrication des Soldats de Terracotta, elle collabore avec des artisan de Xi’an spécialisés dans la copie de ces soldats, pour créer cette fois-ic une armée de filles : les Terracotta Daughters.

Elle sculpte huit Terracotta Daughters de taille humaine prenant pour modèle 8 petites filles chinoises d’un orphelinat. Les différentes étapes du processus sont le même que celui mis au point il y a 2000 ans pour créer les soldats originaux.

Une fois les 8 sculptures originales complétées, l’artiste et Xian Feng, principal artisan de l’atelier avec lequel elle collabore, créent des moules interchangeables qui permettent la naissance de cette armée de 116 Terracotta Daughters, à taille réelle. Les visages ont ensuite été individuellement personnalisés et signés, comme c’était le cas à l’époque des vrais Soldats de terre-cuite, rendant ainsi toutes les sculptures uniques.

En 2014, l’armée fait le tour du monde et devient la pièce centrale d’expositions à Shanghai, Paris, Zürich, New York et Mexico City. L’étape finale du parcours des Terracotta Daughters a lieu en Chine en , lorsqu’elles sont enterrées dans un lieu gardé anonyme à l’occasion d’une cérémonie intitulée Earth Ceremony[4],[5],[6],[7].

L’armée des Terracotta Daughters sera déterrée en 2030, année fortement symbolique car identifiée par les sociologues chinois comment étant l’année où le déséquilibre entre hommes et femmes en Chine serait à son apogée.

Partie intégrante du projet, les Diners Archéologiques, réalisés en partenariat avec des chefs étoilés, proposent à chaque étape du tour du monde des Terracotta Daughters une expérience culinaire composée de 8 étapes (chiffre porte-bonheur en Chine), récréant un processus de fouille archéologique, où seule une sculpture féminine est dissimulée.

Imbalance (2014)

Inspirée par la philosophie chinoise qui place l’équilibre au centre de l’univers et des actions de l’homme, l’artiste se réapproprie les outils d’acupuncture et de médecine traditionnelle chinoise et les associe aux posters de réflexologie, pour souligner un équilibre ici incomplet.

Process

Intéressée par le processus de fabrication des œuvres, et de l’essence de la sculpture, Prune Nourry crée des œuvres qui capturent des moments spécifiques de la production. Process rend ainsi hommage aux artisans et à leurs compétences techniques, dévoilant au public des reliques d’œuvres servant à la production, mais qui ne sont jamais révélés d’ordinaire. Ce projet évolue continuellement et durera tout au long de sa carrière.

Anima (2016)

Anima est une installation immersive qui explore le concept d’âme et la distinction entre l’homme et l’animal, à travers une collaboration entre artistes, magiciens et anthropologues. Les visiteurs participent à une expérience sensorielle en empruntant un parcours rappelant tout à la fois une forêt et un site archéologique, immergés dans un monde de mythe et de magie. L'exposition invite les spectateurs à penser les animaux comme les égaux de l'homme : elle s'inspire ici de l'idéologie animiste des Mayas Lacandons qui pensent que les animaux aussi ont une âme. L'artiste a rencontré cette tribu mexicaine à plusieurs reprises grâce à l'anthropologue Valentine Losseau, spécialiste du sujet.

L'Amazone Erogène (2021)

En 2021, Le Bon Marché invite Prune Nourry à développer une oeuvre in situ dans l'enceinte du magasin, dans le cadre de son programme Carte Blanche. L’Amazone érogène fait partie de la série Catharsis de Prune Nourry, qui fait directement écho à la vie de l'artiste, atteinte d'un cancer du sein à l'âge de 31 ans. L'installation se compose d'un arc géant, d'une cible en forme de sein, et une volée de 888[8] flèches suspendues dans l'air[9],[10].

Expositions

Années 2020

2021

Années 2010

2019

2018

  • The Amazon, Standard Plaza Hotel, New York, Etats-Unis
  • La destruction n’est pas une fin en soi, Les Rencontres Photographiques d’Arles, Les Magasins Electriques, Arles, France

2017

2016

2015

  • Terracotta Daughters, The Earth Ceremony, enfouissement de l'armée des Terracotta Daughters, Chine continentale,
  • Terracotta Daughters & Imbalance, Asia Now, Paris Asian Art Fair, Espace Pierre Cardin, Paris, France, 20-
  • Terracotta Daughters, Exposition Solo, Simon Studer Art, Genève, Suisse, -

2014

2013

2012

2011

2010

Années 2000s

2000

  • Le Dîner Procréatif, performance et exposition solo, l’Espace « R », Genève, Suisse.
  • Le Dîner Procréatif, performance, the Laboratory Studio, Paris, France.
  • Gimme More, exposition collective, Elaine Levy Gallery, Bruxelles, Belgique.

2008

  • Les Bébés Domestiques, exposition collective, KJBi Art Space, Bruxelles, Belgique.
  • Les Bébés Domestiques, performance, Tokyo, Japon.
  • Les Bébés Domestiques, foire artistique Art Brussels, Elaine Levy Gallery, Bruxelles, Belgique.
  • Adoption Day #2, performance en collaboration avec Elaine Levy Gallery, Bruxelles, Belgique.

2007

  • Les Bébés Domestiques, Installation, Max Lang Gallery, New York, USA.
  • Adoption Day #1, performance, en collaboration avec Jaguar Shoes Gallery, Londres, Angleterre.
  • Exposition collective, Biennale d'Issy, Musée des Cartes à Jouer, Issy-les Moulineaux, France.
  • L’animalerie, installation, Quai de la Mégisserie, Paris, France.

2006

  • Wooster on Spring, exposition collective, New York, USA.
  • Aux Arts Citoyens, exposition collective, Espace des Blancs Manteaux, Paris, France.

2004

  • Exposition collective, Galerie « M », Paris, France.
  • Toit et Moi, exposition avec l'artiste JR, La Loge Gallery, Paris, France.

Conférences

Années 2010s

2016

  • Mapping Memory, allocution liminaire, CUNY The Graduate Center, New York -

2014

2010

  • India Habitat Center, New Delhi, Holy Daughters, sex selective abortions in India avec la sociologue Ravinder Kaur, modéré par Alka Pande, curateur et conseiller artistique.
  • The Emergence of Contemporary Indian Art, Musée du Quai Branly, Paris. Modéré par Christine Ithurbide, chercheur en art contemporain.

Années 2000s

2009

2008

  • Université de Tokyo, How we draw the borderline between humans and animals: Challenging art experiments with hybrid pet babies, sous la direction de Noriko Nijiima, sociologue.

2007

  • Science Po, Paris, intervention, sous la direction de Gérard Rodach, professeur.

Distinctions

Notes et références

Liens externes

  • Portail de l’art contemporain
  • Portail de New York
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.