Pierre Ladoué

Pierre Edmond Ladoué, né le à Bassou dans l'Yonne[1] et mort le à Paris, est un inspecteur général des Beaux-Arts, conservateur des musées nationaux.

Ancien combattant de la Première Guerre mondiale, auteur de romans et poèmes, il fait partie, en 1919, des membres fondateurs de l'Association des écrivains combattants.

De 1938 à 1941, il assure la conservation en chef du château de Versailles et organise la protection du domaine et du musée à l'arrivée des troupes d'Occupation.

Biographie

Fils de vigneron, il mène des études de lettres qu'il poursuit jusqu'au doctorat, Pierre Ladoué est mobilisé au début de la Première Guerre mondiale. Sa conduite lui vaut de recevoir l'insigne de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur[2].

L’Académie française lui décerne le prix Montyon en 1918 et le prix de Jouy en 1927[3].

En 1930, il est nommé conservateur-adjoint au musée du Luxembourg, à Paris, poste qu'il occupe jusqu'en 1938[4]. À cette occasion, il établit le catalogue des peintures et sculptures du musée en collaboration avec le conservateur en chef, Louis Hautecœur[5].

Parallèlement, de 1934 à 1932, il exerce l'activité de directeur rédacteur en chef de la revue Le Dessin, « revue d'art, d'éducation et d'enseignement » qui compte dix parutions annuelles[6].

Il devient en 1938 conservateur en chef et administrateur général du musée de Versailles en remplacement de Gaston Brière, admis à faire valoir ses droits à la retraite[7]. Cette situation l'amène à devoir gérer l'arrivée des troupes allemandes après l'armistice du 22 juin 1940 et la réquisition prévue du palais. Pierre Ladoué arrive cependant à empêcher cette installation[8].

Il ne peut néanmoins éviter la venue quotidienne des soldats de la SS dont certains « jouent en slip au ballon dans la Galerie des Glaces » et d'autres « s'amusent à coucher dans le lit de parade de Louis XIV »[2]. Pierre Ladoué est à l'époque seul gardien du domaine, où ne restent plus avec lui, depuis le , que trois jardiniers[9]. Ces préoccupations de première nécessité et le temps très court qu'il passe à Versailles expliquent, selon Gérald Van der Kemp, que Pierre Ladoué n'y a fait aucun nouvel agencement ni imposé sa marque[10].

En 1941, Pierre Ladoué quitte Versailles pour assurer le poste d'Inspecteur général des Beaux-Arts et la conservation en chef du musée national d'Art moderne, poste qu'il occupe à la demande du régime de Vichy, à la suite de la révocation de son titulaire, Jean Cassou. Il conserve ces fonctions jusqu'à la fin de la guerre, en 1944[4].

Plus soucieux de la protection des œuvres que de sa propre carrière, Pierre Ladoué accepte, en pleine période de durcissement de l'Occupation (), de faire partie du comité d'honneur du Salon de Mai, fondé par Gaston Diehl pour s'opposer à l'idéologie artistique nazie et l'interdiction de l'art dégénéré.

Œuvre littéraire

Couverture d'un ouvrage de Pierre Ladoué publié en 1912

Auteur prolifique dès avant sa mobilisation en 1914 jusqu'à sa mort, Pierre Ladoué laisse une œuvre abondante et oubliée, dont l'éventail surprenant va du roman populaire à la biographie de saint catholique en passant par la monographie historique et les paroles de chanson. Certaines de ses poésies ont été mises en musique par la compositrice Hedwige Chrétien (dont la plupart des manuscrits sont conservés à l'université du Michigan).

Pierre Ladoué, ancien combattant de 1914-1918, fait partie des quatre-vingts fondateurs de l'Association des écrivains combattants (date de création : )[11].

Son seul ouvrage encore parfois mentionné aujourd'hui  pour son intérêt historique  reste son livre sur Versailles pendant l'Occupation, Et Versailles fut sauvegardé : souvenirs d'un conservateur, 1939-1941, publié en 1960. On peut également citer sa monographie sur Auguste Raffet et une bibliographie (463 items) des ouvrages panégyriques consacrés à Louis XVI et Marie-Antoinette.

Liste non exhaustive d'ouvrages de Pierre Ladoué :

  • Les panégyristes de Louis XVI et de Marie-Antoinette, 1793-1912, Paris, Alphonse Picard et fils, 1912[12]
  • Ceux de Là-Haut, Paris, librairie Perrin, 1917[13]
  • Raffet, un peintre de l'épopée française, Paris, Albin-Michel, 1946, 188 p.
  • Saint-Martin de Tours, Marseille, Publiroc, 1930, 252 p.
  • Le treizième apôtre : Saint Martin de Tours, Paris, Mame, 1959, 194 p.
  • Pour la beauté de la maison De Dieu, Paris, éditions Spes, 1954, 91 p.
  • Sculpteur d'âme, Paris, Firmin-Didot, 1930, 204 p.
  • Clochers, J. de Gigord, 1950, 183 p.
  • Clochers, Paris, A. Rédier, 11, rue de Sèvres, 1929, 251 p.
  • Peintre et apôtre, George Desvallières, Paris, 1952, p. 11
  • Saint Jean-Marie Vianney, Paris, Éditions Franciscaines, 1943, 72 p.
  • Un relais sur la route Bassou : Du char antique au car moderne, Auxerre, Imprimerie moderne, 1953, 23 p.
  • Musée national du Luxembourg, catalogue des peintures et sculptures (avec Louis Hautecœur), Paris, Musées Nationaux, Palais du Louvre, 1931
  • Un nuage passa, Paris, Nelson, 1928, 282 p.
  • Le chêne qui parle, Éditions de Gigord, 1934
  • Millevoye (1782-1816), Paris, librairie Perrin, 1912, 413 p.
  • Les Mystères du rosaire, Paris, Desclée de Brouwer, 1954, 32 p.
  • Le sculpteur Pierre Vigoureux, Paris, Éditions de l'Artisan, 1946, 20 p.
  • La Fontaine au charme, roman, Paris, Le Gémeaux, 1921, 167 p.
  • Et Versailles fut sauvegardé : souvenirs d'un conservateur, 1939-1941, Paris, Henri Lefebvre, 1960, 101 p.

Tout aussi variées, les collaborations multiples de Pierre Ladoué à des périodiques mêlent des nouvelles fantastiques publiées par Je sais tout Le mystère de l’île St Louis », no 170, daté ) à des essais philosophiques pour la revue Étvdes ou des articles scientifiques pour le Bulletin des Musées de France ou la revue d'art Arca.

À l'occasion, ce conservateur en chef des monuments nationaux a également rédigé des plaquettes pour la communication des laboratoires pharmaceutiques Chantereau[14].

Notes et références

  1. Archives départementales de l'Yonne, état-civil numérisé de la commune de Bassou, N 1879-1895, acte No 3 de l'année 1881, vue 10 de la numérisation.
  2. Albert Garreau, La fuite sur les routes : 1940, p. 15, éditions Imbert-Nicolas, 1975.
  3. « Prix de l'Académie française », sur Académie française (consulté le )
  4. Nécrologies, Pierre Ladoué, Gazette des Beaux-Arts, p. 36, 1973.
  5. Louis Hautecœur, Pierre Ladoué, Musée national du Luxembourg, catalogue des peintures et sculptures, Paris, Musées Nationaux, Palais du Louvre, 1931, télécharger en ligne (page consultée le 11 avril 2011)
  6. Catalogue Librairie Nanga, éditions anciennes, lire en ligne (page consultée le 11 avril 2011)
  7. Annonces, Mouvements du personnel, Mouseion, p. 18, International Museum Office, 1938.
  8. Revue Étvdes, p. 112, vol. 248-249, 1946.
  9. Henri Amouroux, Le 18 juin 1940, Paris, Fayard, 1964.
  10. (en) Gérald van der Kemp, Jacques Levron, Versailles and the Trianons, Essential Books, 1958.
  11. Liste des fondateurs, no 39, Pierre Ladoué, Association des écrivains combattants lire en ligne (page consultée le 11 avril 2011)
  12. Pierre Ladoué, Les panégyristes de Louis XVI et de Marie-Antoinette, 1793-1912, Paris, Alphonse Picard et fils, 1912, télécharger en ligne (page consultée le 11 avril 2011)
  13. « C'est après une blessure et une longue hospitalisation que l'auteur rejoignit le 46e RI le 19 août 1915. Il y resta jusqu'à la fin de la guerre. Universitaire et écrivain, il a laissé un volume d'impressions que Cru juge parfaitement creux. » Revue Témoins, p. 336-337, lire en ligne (page consultée le 11 avril 2011)
  14. Drogues et peintures, André Strauss par Pierre Ladoué, no 51, laboratoires Chantereau, 16 p. voir en ligne (page consultée le 11 avril 2011))

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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