Pauline Jaricot

Marie-Pauline Jaricot, née à Lyon (France) le [1] et décédée le , est, entre autres, la fondatrice de l'œuvre catholique de la Propagation de la foi et du Rosaire Vivant. En mai 2020, le Saint-Siège annonce sa prochaine béatification.

Pour les articles homonymes, voir Jaricot.

Pauline Jaricot

Portrait de Pauline Jaricot conservé à Lyon
Vénérable
Naissance 22 juillet 1799
Lyon, France
Décès 9 janvier 1862 
Lyon, France
Nationalité Française
Vénérée à église Saint-Nizier de Lyon
Béatification décret de reconnaissance d'un miracle signé le 26 mai 2020 par le pape François ; date de béatification à fixer
Vénérée par l'Église catholique

Biographie

Pauline Jaricot est la dernière d'une famille de sept enfants ; fille de soyeux, elle est baptisée par un prêtre réfractaire. Dans son enfance, Pauline entend parler dans sa famille très catholique des hauts faits des missionnaires.

Jeune fille, elle fait une chute et tombe malade. Sa mère aurait fait un vœu en offrant sa vie pour la guérison de sa fille. Vœu efficace, faut-il dire, car elle meurt alors que Pauline guérit. Ce deuil fait réfléchir l'insouciante jeune fille. À la suite d'un sermon de l'abbé Wurtz sur la vanité, elle se confesse, abandonne ses bijoux, s'habille comme une ouvrière. Dans la chapelle de Fourvière, elle fait alors vœu de chasteté de corps et d'esprit, bien qu'elle se rende compte qu'elle n'a pas la vocation religieuse.

À la suite d'une sorte d'illumination survenue le dimanche des Rameaux, en 1817, elle forme un groupe informel « Les Réparatrices du cœur de Jésus méconnu et méprisé »[2].

Maison de Lorette, dite de Pauline Jaricot (Lyon), inscrite aux Monuments historiques[3].

C'est alors qu'elle apprend par son frère Philéas, séminariste à Saint-Sulpice, que les Missions étrangères de Paris ont de sérieuses difficultés financières[4]. Pour récolter de l'argent, Pauline et ses Réparatrices fondent une association structurée en dizaines, centaines, mille, chacun devant donner un sou par semaine[5] pour la propagation de la foi chrétienne. C'est en 1822 que cette association devient officiellement l'œuvre de la Propagation de la foi. L'œuvre jouera un rôle de première importance dans le développement du mouvement missionnaire français au XIXe siècle. (Voir Missions catholiques au XIXe et au XXe siècles). À la fin du XIXe siècle, l'œuvre sera présente dans tous les pays de la Chrétienté.

En 1830, elle acquiert la maison de Breda au 42 montée Saint-Barthélémy et en fait le siège de l'œuvre du Rosaire Vivant. En 1835, elle achète le domaine sis 24 montée Saint-Barthélemy (aujourd'hui le centre scolaire Aux Lazaristes) qu'elle rétrocède aux Frères des écoles chrétiennes en 1839[6].

Sérieusement malade du cœur, elle décide d'aller en pèlerinage à Mugnano, sur la tombe de sainte Philomène dont le culte restait encore controversé. Elle est d'abord reçue à Rome par le pape Grégoire XVI et lui demande si, au cas où elle reviendrait guérie, ce serait un miracle suffisant pour faire avancer la cause de la sainte. Le souverain pontife répond que oui, persuadé qu'il a affaire à une mourante et qu'il ne faut pas lui refuser cette consolation, comme il le confie en italien à des religieuses présentes.

Elle arrive à Mugnano après un voyage épuisant dans la chaleur du mois d'août. C'est la veille de la fête de la sainte et la foule des pèlerins se presse ; le lendemain, elle communie et défaille : on la croit morte mais elle reprend ses esprits et demande qu'on la porte jusqu'au tombeau de la sainte, et c'est alors qu'elle se trouve miraculeusement guérie. Le supérieur du couvent fait sonner les cloches pour annoncer la nouvelle tandis que la foule exulte. Après avoir passé quelques jours à Mugnano en prières de remerciements, elle retourne à Rome où le pape approuve son œuvre et lui donne sa bénédiction.

Le Curé d'Ars se serait écrié : « Ah ! mes frères, je connais, moi, une personne qui sait bien accepter les croix, des croix très lourdes, et qui les porte avec un grand amour. C'est Mlle Jaricot »[7].

Pauline Jaricot meurt le dans la misère et dans l'indifférence générale, « déconsidérée, spoliée de son œuvre »[8]. Elle est inhumée dans le caveau familial, au cimetière de Loyasse, avant que sa dépouille ne soit transférée en 1922 dans l'église Saint-Nizier.

Vénération

Enquête sur les vertus

C'est le que Sa Sainteté Pie XI traçait le Placet Achilleo au bas du document qui introduisait en Cour de Rome la cause de béatification de Marie Pauline Jaricot, fondatrice de l'Œuvre de la Propagation de la Foi[9].

En 1963, le pape Jean XXIII reconnaît l'héroïcité de ses vertus et la déclare vénérable.

Reconnaissance d'un miracle

Au cours de l’année 2012, année jubilaire de Pauline Jaricot (pour le cent cinquantième anniversaire de son décès), la petite Mayline Tran, âgée de trois ans, perd connaissance à la suite d’un étouffement lié à un mauvais transit de nourriture. L’enfant, hospitalisée dans un état désespéré après une asphyxie et un arrêt cardiovasculaire de vingt minutes, est considérée comme perdue. Malgré l’arrêt des traitements par les médecins, la famille refuse l’arrêt de l’alimentation artificielle. Une neuvaine à Pauline Jaricot est récitée. Peu après, la petite fille se réveille mais avec un état cérébral très dégradé, ouvrant à un pronostic d’état végétatif sans espoir. Pourtant, elle connaît contre toute attente une guérison totale[10].

Une enquête diocésaine sur la guérison présumée a été instruite auprès du Tribunal ecclésiastique de l’archidiocèse de Lyon du au , dont les actes ont été déposés à la Congrégation pour la cause des saints. Le dossier a été transmis à la commission médicale, qui a validé le caractère inexplicable de la guérison.

Le , le pape François reconnaît authentique la guérison attribuée à l'intercession de Pauline Jaricot, ouvrant la voie à sa béatification[11]. La date à laquelle elle sera solennellement proclamée bienheureuse n'a pas encore date fixée.

Culte

Afin de faciliter l'accès des fidèles à sa tombe, sa dépouille est exhumée du cimetière de Loyasse en 1922, et transférée dans l'église Saint-Nizier, près de l'autel de la Vierge dans le transept sud. Quant à son cœur, il se trouve dans l'église Saint-Polycarpe.

Notes et références

  1. Cotes aux Archives Municipales de Lyon
    • F411 n°172 2 E 91 : Naissance le à Lyon midi [Page du registre d'état civil numérisée.]
    • F975 no 29 : Décès le à Lyon 5
    • 0004 FI 02526 : Lyon. Monastère de Sainte-Elisabeth de Notre-Dame de Compassion. Notre Dame du Sourire. Statue offerte par Pauline Jaricot à la Vénérée Mère Fondatrice. 1930.
    • 0009 SP 61 N 1 : N. Lyon : tombe Pauline Marie Jaricot. Titre : Rhône –Lyon. Plan de la tombe de Pauline Jaricot
  2. Henri HOURS, “Pauline Jaricot fondatrice”, in Gérard CHOLVY, La religion et les femmes, Centre régional d’histoire des mentalités – Université Paul Valéry, Montpellier, 2002, 287 p. (p. 115).
  3. Notice no PA69000019, base Mérimée, ministère français de la Culture
  4. Déclaration écrite de Mademoiselle Rose Arnaud, qui avait bien connu Pauline Jaricot, le 27 juin 1891, à la cure de Saint-Polycarpe (AAL 13, 12, Archives des O.P.M. à Lyon)
  5. Dans l’usine Chartron, une jeune ouvrière, Rose Descôtes, était chargée, chaque vendredi, de collecter un sou auprès des ouvrières. (E. SAINTE-MARIE PERRIN, Pauline Jaricot, fondatrice de la société pour la Propagation de la Foi (1799-1862) …, p. 65).
  6. Historique sur le site des Lazaristes.
  7. Mgr de Trannoy, page 27.
  8. Yannick Essertel, L'aventure missionnaire Lyonnaise, Les éditions du Cerf, 2001, Paris, Editions du cerf, , 427 p. (ISBN 2-204-06454-8)
  9. Mgr Jules de Trannoy, président du Conseil national de Belgique de l'Œuvre pontificale de la Propagation de la Foi, alors à Saint-Josse-ten-Noode, voir bibliographie.
  10. « La guérison de Mayline, le miracle attribué à Pauline Jaricot ».
  11. « Inspiratrice des OPM, Pauline Jaricot va être bientôt béatifiée », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • M.J. Maurin. Vie nouvelle de Pauline Jaricot, fondatrice de la Propagation de la foi et du Rosaire vivant. 1892
  • Émile Valsayre. Pauline-Marie Jaricot Fondatrice de la Propagation de la Foi et du Rosaire Vivant. C. Paillart Imprimeur Abbeville. 1898
  • C. Giacovelli Pauline Jaricot, Mame, 2005
  • Maxime Dehan. Didier Petit de Meurville. Editions du Poutan. 2013
  • D. Lathoud, Assomptionniste, Marie-Pauline Jaricot, Bonne Presse, Paris. 2 tomes. 1937
  • Georges Naïdenoff, Pauline Jaricot, Lyon, Mediaspaul, 1986
  • Y. Essertel, L'aventure missionnaire Lyonnaise, Les éditions du Cerf, 2001
  • E. Dufourcq, Les Congrégations religieuses féminines hors d'Europe de Richelieu à nos jours. Librairie de l'Inde Éditeur 1993
  • Jean Rochette, S. J., L'œuvre de la Propagation de la Foi, discours et sermon, X. Jevain, Lyon, 1900
  • H. Quantin, Pauline Jaricot : Marmitonne de Dieu, Préface de Mgr Philippe Barbarin, Cerf, 2003
  • Thèse de doctorat d'histoire et de science politique sous la direction de R. Rémond et la présidence d'A. Grosser. Présentation René Rémond
  • E. Dufourcq. Les Aventurières de Dieu Paris. JC. Lattès 1993. Réédition revue avec présentation R. Rémond Perrin Tempus. 2009
  • Mgr Jules de Trannoy, Marie-Pauline Jaricot et l'Œuvre pontificale de la Propagation de la Foi, Xaveriana, 15ième série, n° 177, Louvain, Belgique, vers 1946. La citation du curé d'Ars y est mentionnée.
  • Catherine Masson. Pauline Jaricot, 1799-1862 Biographie, Cerf, 2019

Encycliques

  • Pape Léon XIII, Encyclique Sancta Dei civitas relative à la propagation de la Foi, à la Sainte-Enfance et à l'Œuvre des Écoles d'Orient, .
  • Pape Léon XIII, Encyclique Christi Nomen conviant l'épiscopat à développer parmi les fidèles l'Association de la Propagation de la Foi. 1894

Liens externes

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