Réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan

La réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan est l'un des quatre parcs nationaux du Canada située dans la MRC de Minganie au Québec. Elle protège 150 km2 d'un chapelet d'îles calcaires situées sur la Côte-Nord du golfe du Saint-Laurent au large de Havre-Saint-Pierre face à l'île d'Anticosti. On y retrouve des structures géologiques exceptionnelles (les monolithes) ainsi qu'une végétation de type boréal. Les eaux entourant les îles sont riches en oiseaux et en vie marine. Le symbole du parc est d'ailleurs le macareux moine qui niche sur certaines îles de l'archipel.

Toponymie

Le nom de l'archipel de Mingan, qui est connu depuis le XVIIe siècle comme étant les « îles de Mingan ». On changea pour le générique d'« archipel » dès le début du XXe siècle. Le nom Mingan, qui a peu varié depuis de XVIIe siècle, a plusieurs hypothèses. Certains y voient comme origine le mot montagnais maikan (loup des bois), d'autres y voient plutôt une origine bretonne. Dans un ouvrage d'Auguste Longnon sur Les noms de lieux de la France publié en 1920, on y note dans le Morbihan de nombreux toponymes contenant men (pierre) dont un « Menguen » (la pierre blanche). Ce dernier explique bien les formations des îles. Finalement l'ouvrage Les îles de Mingan - des siècles à raconter, écrit par Line Couillard et Pierre Grondin en 1983, précise qu'il s'agirait d'un terme basque qui signifie flèche en pointe de sable, qui décrit la pointe où est située Longue-Pointe-de-Mingan[3].

Géographie

La réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan est située à l'est du Québec, au nord du golfe du Saint-Laurent à environ 225 km à l'est de Sept-Îles dans le détroit de Jacques-Cartier. Le parc comprend plus de 1 000 îles, îlots et cayes situées le long de la Côte-Nord, de Longue-Pointe-de-Mingan à l'embouchure de la rivière Aguanish, près d'Aguanish, sur une distance de 150 km. Le territoire de la réserve est compris des municipalités de Longue-Pointe-de-Mingan, Havre-Saint-Pierre, Baie-Johan-Beetz et Aguanish, ainsi que la réserve indienne de Mingan, tous situées dans la municipalité régionale de comté de la Minganie et la région de la Côte-Nord.

Le parc chevauche les refuges d'oiseaux migrateurs de Betchouane et de Watshishou. Il est aussi bordé par de nombreux habitats fauniques le long de la côte nord.

Géologie et relief

Les formations géologiques du parc sont particulières par rapport à la côte, alors que la côte est composée en majorité de gneiss et de granite du Précambrien, les îles du secteur ouest sont formées de roches sédimentaires. À l'ouest de Havre-Saint-Pierre, le sous-sol est composé de calcaire, de grès, de shale et de siltite qui date de l'Ordovicien moyen (il y a de 471 à 460 millions d'années). Quant aux îles à l'est de Havre-Saint-Pierre, elles sont composées de dolomie et de grès de l'Ordovicien inférieur (il y a de 488 à 471 millions d'années)[4]. Dans le secteur est, les îles sont composées de roche du Bouclier canadien semblable à celle de la côte[5].

Le parc est de faible altitude. Partant du niveau du golfe le sommet des îles atteint environ 50 m d'altitude. Les îles du secteur ouest comprennent la plus grande concentration de monolithes d'érosion au Canada.

Quant aux îles à l'est de l'île Sainte-Geneviève, elles ne dépassent pas les 10 m d'altitude.

Climat

Le climat de l'archipel est modérément froid et humide. La saison de croissance est moyenne[6].

Relevé météorologique de Baie-Johan-Beetz
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc.
Température minimale moyenne (°C) −19,1 −18,4 −11,7 −3,7 1,6 6,6 10,4 9,7 5,3 0,6 −5,4 −14,2
Température moyenne (°C) −13,7 −12,8 −6,6 0,2 6 11,2 14,9 14,2 9,7 4,2 −1,9 −9,7
Température maximale moyenne (°C) −8,3 −7,2 −1,5 4 10,3 15,7 19,3 18,8 14 7,8 1,7 −5,1
Précipitations (mm) 72,4 40,4 60,5 56,8 90,8 99,4 101,4 95,3 103,9 105,7 89,7 73,3
dont neige (cm) 58,5 33,2 46 17,1 1,1 0 0 0 0 3,1 21,5 52,8
Source : Environnement Canada[7]

Histoire

L'occupation humaine de l'archipel de Mingan remonte à au moins 2000 ans. Les premiers occupants, des groupes d'Autochtones, sont attirés par les ressources marines de cette partie du golfe et y pratiquent, entre autres activités, la cueillette de mollusques, la pêche au saumon et la chasse au phoque.

Au XVe et XVIe siècles, les Basques pêchent la morue et chassent la baleine dans l'archipel. Les Basques ont laissé des traces de leurs activités. L'île Nue de Mingan et l'île du Havre de Mingan renferment les vestiges de fours en pierre utilisés pour faire fondre la graisse des mammifères marins. (https://www.pc.gc.ca/fr/pn-np/qc/mingan/decouvrir-discover/Culturel)

Des fouilles effectuées en 1986 par le Service canadien des Parcs, région du Québec, à l'Ile Nue de Mingan sur la Côte-Nord (Réserve de Parc national de l'Archipel-de-Mingan) ont révélé les vestiges d'un four servant à fondre la graisse de mammifères marins. La documentation historique et les artefacts suggèrent que ce four a été construit et utilisé par des Basques aux 17ème et 18ème siècles (https://www.jstor.org/stable/41102395?seq=1)


Les îles ont été accordées en 1679 à Louis Jolliet par Frontenac pour la pêche à la morue et la chasse au phoque. Elles deviennent la propriété de la Compagnie de la Baie d'Hudson en 1836 qui les vend en 1973 à la Siebens Oil & Gas Ltd qui est acquise par Dome Petroleum Ltd en 1979. Le territoire est devenu réserve de parc national du Canada en 1984[8].

Patrimoine naturel

La réserve de parc national de l'Archipel-de-Mingan est située dans la région écologique de niveau I de la commission de coopération environnementale des Forêts septentrionales. Elle est aussi entièrement comprise dans la région écologique de niveau II des forêt à conifère du bouclier et la région écologique de niveau III des Laurentides centrales et du plateau de la Mécatina[9].

Au niveau canadien, la réserve de parc national est située dans l'écorégion du plateau de la Mécatina, lui-même situé dans l'écoprovince du bouclier boréal oriental et l'écozone du bouclier boréal[10].

Faune

Le fait que l'archipel soit de petite taille limite la présence de mammifères terrestres. On y retrouve quand même 20 espèces, dont le renard roux et le lièvre d'Amérique, le castor canadien, l'hermine, le rat musqué, l'écureuil roux, la loutre de rivière et l'orignal. Du côte des mammifères marins, on y retrouve une dizaine d'espèce de cétacés, dont le petit rorqual et le marsouin commun, et trois espèces de phoques, soit le phoque gris, le phoque du Groenland et le phoque commun[11].

On retrouve plus de 200 espèces d'oiseaux qui fréquentent le parc. De ceux-ci, 12 espèces nichent dans l'archipel formant des colonies de plus de 50 000 individus. Le parc comprend les plus grandes concentrations d'eider à duvet, de sterne pierregarin et de sterne arctique. Le parc est aussi une importante aire d'hivernage de canard et d'eider à duvet[11]. Le macareux moine, qui niche aussi dans le parc est considéré comme étant l'emblème du parc. Trois espèces d'oiseaux désignées vulnérables au niveau provincial sont présentes dans le parc, soit le pygargue à tête blanche, le faucon pèlerin et l'aigle royal. Au niveau fédéral, l'arlequin plongeur, le garrot d'Islande et le hibou des marais sont considérés préoccupants et le faucon pèlerin est considéré comme menacé[12].

Plusieurs espèce se reproduisent dans l’archipel, entre autres le marsouin commun que les gens du coin appelle « poursie » qui est probablement dérivé de l’appellation des Vikings; marsvin « cochon de mer ». Les femelles de ce petit cétacé, cherchent les petites baies peu profondes de l’archipel ou le long de la côte pour mettre bas, elles poussent ensuite leurs bébés à la surface pour leur première respiration.[réf. nécessaire]

Flore

À cause de la nature calcaire des îles, la flore est différente de celle présente sur le continent. On y retrouve 460 espèces de plantes vasculaires, 302 espèces de bryophytes et 190 espèces de lichens[13].

Notes et références

  1. « 32-33 Élisabeth II, chapitre 34, Loi portant sur la création du parc national de l'archipel de Mingan », Gazette du Canada, (lire en ligne)
  2. Gouvernement du Québec, « Archipel de Mingan », sur Commission de toponymie, (consulté le )
  3. Carte géologique du Québec : Édition 2002, Ministère des Ressources naturelles, (ISBN 2-551-21646-X, lire en ligne)
  4. Parcs Canada 2005, p. 27
  5. Gouvernement du Québec, « Aires protégées au Québec : Les provinces naturelles », sur Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (consulté le )
  6. Environnement Canada, « Normales climatiques au Canada 1971-2000 : Baie-Johan-Beetz », sur Archives nationales d'information et de données climatologiques, (consulté le )
  7. L'Encyclopédie canadienne
  8. Les régions écologiques de l'Amérique du Nord : Vers une perspective commune, Commission de coopération environnementale, 70 p. (ISBN 2-922305-19-8, lire en ligne), p. 18-19
  9. Ressources naturelles Canada, « Cadre écosystémique », sur Atlas du Canada (consulté le )
  10. Parcs Canada 2005, p. 27-28
  11. Parcs Canada 2005, p. 95-97
  12. Parcs Canada 2005, p. 28


Annexes

Bibliographie

  • Jules Dufour, « L’archipel de Mingan : un espace minordique entre l’exploitation et la conservation », Cahiers de géographie du Québec, vol. 23, no 60, , p. 451-479 (lire en ligne)
  • Parcs Canada, Réserve de parc national du Canada de l'Archipel-de-Mingan : Plan directeur, Sa Majesté la reine du chef du Canada, , 119 p. (ISBN 0-662-70599-8, lire en ligne)

Article connexe

Lien externe

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