Washi

Le washi, également prononcé wagami (和紙) littéralement « papier japonais », est le papier fabriqué artisanalement au Japon depuis le VII^e siècle. Ce papier aux longues fibres de mûrier à papier entrelacées est léger, flexible et solide.

Le washi, savoir-faire du papier artisanal traditionnel japonais * Patrimoine culturel immatériel
Un exemple de washi : kyo chiyogami.
Pays *	Japon
Liste	Liste représentative
Année d’inscription	2014
* Descriptif officiel UNESCO

En 2014, le washi est inclus dans la liste du patrimoine immatériel de l'humanité de l'Unesco.

Histoire

Le washi[1] 和紙 est le papier fabriqué artisanalement au Japon depuis le VII^e siècle, après l'apport des techniques de papier de soie par les Chinois avec le bouddhisme[2], l'écriture, l'imprimerie et l'ensemble de leur culture en Corée et au Japon.

Le papier japon utilisé par Rembrandt[3] est « soyeux, nacré, jaune[4] clair ou gris ».

La résistance de ce papier est telle qu'il a été utilisé lors de la Seconde Guerre mondiale pour la confection de « ballons incendiaires » dans le projet Fugo[5] : un millier de ces ballons[2] auraient atteint les États-Unis, causant la mort d'au moins cinq personnes en Oregon.

Utilisation

Il en existe plus de quatre cents sortes, aux motifs et aux couleurs variés, qui sont utilisées pour rédiger des cartes ou invitations, recouvrir des boîtes ou encore fabriquer les fenêtres translucides des portes coulissantes (shōji), des emballages, des faire-part, des abat-jour ou des cerfs-volants. Mais il peut aussi être utilisé pour créer des ustensiles, notamment des bols, en les recouvrant de laque, des parapluies en les enduisant d'huile de pérille, des imperméables (kamiko), des lanternes (chōchin), des lampes (andon), des éventails (uchiwa ou sensu)[1].

Le washi sert de support pour des oeuvres artistiques, que ce soient des gravures de Jacques Hnizdovsky[6] ou des aquarelles de Takeuchi Seiho, parmi beaucoup d'autres. L'artiste contemporain Jeannine Cook utilise ce papier en collage dans ses dessins à la pointe de métal[7], tandis que d'autres l'utilisent dans la création de sculptures, pliages, et découpages[8]^,[9]^,[10].

La restauration des documents graphiques nécessite l’utilisation d’un papier à la fois très fin et résistant. Dans tous les ateliers, les restaurateurs connaissent les qualités du papier japon, originaire de l'Extrême-Orient. Malgré son extrême légèreté, il offre cette capacité unique de résistance physico-chimique qu’aucun autre papier ne possède.

C'est aussi un papier très utilisé pour les partitions de musique. Il est aussi employé en modélisme pour recouvrir les ailes et le fuselage des avions. Pour ce dernier usage on utilise aussi du papier de couleur à l'image du papier orange qui était un élément caractéristique des boîtes de construction de modèles réduits de planeurs Chalange et Bonnet. Une fois collé sur la structure, le papier est tendu une première fois par une pulvérisation d'eau, puis renforcé et protégé par l'application d'une ou plusieurs couches de vernis cellulosique.

Composition

Les fibres utilisées les plus connues portent les noms de kōzo (broussonetia papyrifera), gampi (wikstroemia sikokiana) et mitsumata (edgeworthia chrysantha). Chacune d'entre elles confère au papier des caractéristiques particulières.

Alors qu'il est fabriqué à partir des fibres du mûrier à papier, il est appelé, en Occident par erreur, papier de riz ou papier de soie, le mûrier blanc (Morus alba L.), arbre assez proche, étant l'arbre utilisé pour élever le bombyx, chenille utilisée pour produire la soie.

Fabrication

En 2018 sur Arte, dans le documentaire Gérard de par le monde : Japon, « Fukui, les maîtres des forêts » de Sébastien Fallourd, Eriko Takeda et Gérard Depardieu rendent visite à Iwano Ichibē[11], trésor national vivant du Japon, pour connaître comment il fabrique le washi.

Le journal télévisé du 13 h de TF1 fait un reportage sur le washi fabriqué à Salasc dans l’Hérault par Benoît Dudognon[12] selon la technique du nagashizuki[13].

Simili Washi

Au début du XIX^e siècle, la papeterie Van Gelder installée dans l'est des Pays-Bas envoie des agents au Japon pour se renseigner sur la fabrication du papier. Les informations recueillies ont permis le développement d'un nouveau papier appelé « Simili Japon ». Ce papier est encore produit aujourd'hui par la papeterie Schut qui racheta la Van Gelder Papermill en 1710. La papeterie Schut fut vendue à son tour à la papeterie française Claire Fontaine en 1998[14].

Ce papier est utilisé en reliure, mais aussi pour la calligraphie et en gravure, notamment dans le tirage des manières noires.

Patrimoine culturel immatériel de l’humanité

En 2014, l'Unesco inscrit le washi sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité[15].

Sont concernées trois communautés du Japon :

le quartier de Misumi-chō[2] de Hamada dans la préfecture de Shimane ;
Mino[16] dans la préfecture de Gifu ;
Ogawa[2] et Higashichichibu[2] dans la préfecture de Saitama.

Fabricants

Exemple usinage d'IseWashi pour o-fuda du temple d'Ise.

Japonais

Awa washi (Tokushima)
Ecchu washi (Toyama)
Echizen[17] washi[18] (Fukui) : Iwano Ichibē[19]
Gundo-gami (Tokyo)
Inshū washi (Tottori)
Ise Washi (Mie)
Kurotani washi (Kyoto)
Mino washi[16] (Gifu)
Najio washi (Hyōgo)
Nishinouchi-shi (Ibaraki)
Ogawa washi (Saitama)
Ôzu washi (Ehime)
Sekishū washi (Shimane)
Sugihara-gami (Hyōgo)
Tosa washi (Kochi)
Uchiyama-gami (Nagano)
Yame washi (Fukuoka)

Français

Benoît Dudognon et Stéphanie Allard[13] (Arles)

Notes et références

« Washi, le papier japonais qui dure mille ans », La modernité de l’esthétique traditionnelle, sur www.nippon.com, 16 mars 2018 (consulté le 22 janvier 2020), p. 1.
Toru Yamanaka, « Le washi, célèbre papier japonais, traverse les âges sans prendre un pli », sur Le Point, 12 juin 2015 (consulté le 22 janvier 2020).
« Arrêt sur… Rembrandt graveur : à la recherche de l'expressivité », sur BnF, 11 octobre 2006 (consulté le 22 janvier 2020) : « La texture particulière et le ton doré du papier japon de l’épreuve ».
« Rembrandt. La lumière de l’ombre. Glossaire : Supports », sur BnF, 7 janvier 2007 (consulté le 22 janvier 2020).
(en) « Project Fugo: The Japanese Balloon Bombs », sur Warfare History Network, 7 novembre 2016 (consulté le 22 janvier 2020).
« Jacques Hnizdovsky », sur Dictionnaires et Encyclopédies sur 'Academic' (consulté le 12 avril 2020)
« Vernissage de Jeannine Cook "Terratorium" - Villeneuve-sur-Yonne - Villeneuve-sur-Yonne - Germain Pire », sur agenda.germainpire.info (consulté le 12 avril 2020)
« « Washi » : le papier japonais », sur nippon.com, 31 juillet 2016 (consulté le 12 avril 2020)
(en-US) « Paper Artist | Paper Sculpture | Nahoko Kojima », sur Nahoko Kojima 小島奈保子,‎ 18 septembre 2013 (consulté le 12 avril 2020)
(en) « Paper Narratives », sur American Craft Council (consulté le 12 avril 2020)
« Gérard de par le monde : Japon (1/5) : Fukui, les maîtres des forêts »^{(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)} [vidéo], sur Arte, 3 septembre 2018 (consulté le 10 septembre 2018) : « Il se rend ensuite à Otakiko, où Ichibei Iwano, promu “trésor national vivant”, lui détaille les secrets de fabrication du papier washi. ».
« Benoît Dudognon fabrique du papier japonais “made in France” », sur TF1, 14 janvier 2018 (consulté le 22 janvier 2020).
Jean Talabot, « Menacé de disparition, le papier washi japonais renaît “made in France” », sur Le Figaro, 3 février 2017 (consulté le 22 janvier 2020).
« “Schut Papier” Papeterie, papier pour la gravure, feuilles en tube ou en rouleau », www.polymetaal.nl (consulté le 2 janvier 2018).
« Le washi, savoir-faire du papier artisanal traditionnel japonais », sur Unesco, 2014 (consulté le 22 janvier 2020).
Juliette Hochberg, « Japon : les traditions derrière la modernité », sur Le Figaro, 5 avril 2016 (consulté le 22 janvier 2020) : « Mino : spécialiste du papier ».
(en) « Paper of the Gods », sur The Rafu Shimpo, 18 juin 2018 (consulté le 22 janvier 2020).
(en) « Artisans », sur Echizen washi, 2010 (consulté le 22 janvier 2020) : « Ichibei Iwano ».
Marianne Payot, « Erik Orsenna à la poursuite du papier », sur L'Express, 16 mars 2012 (consulté le 22 janvier 2020) : « Direction le Japon, pays de l'origami, où Ichibei Iwano, Trésor vivant ».

Annexes

Articles connexes

Lien externe

Maison de la culture du Japon à Paris, « Dossier sur le papier japonais », sur www.mcjp.fr (consulté le 22 janvier 2020).

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[nippon2018_03_16-1] « Washi, le papier japonais qui dure mille ans », La modernité de l’esthétique traditionnelle, sur www.nippon.com, 16 mars 2018 (consulté le 22 janvier 2020), p. 1.

[lepoint2015_06_12-2] Toru Yamanaka, « Le washi, célèbre papier japonais, traverse les âges sans prendre un pli », sur Le Point, 12 juin 2015 (consulté le 22 janvier 2020).

[3] « Arrêt sur… Rembrandt graveur : à la recherche de l'expressivité », sur BnF, 11 octobre 2006 (consulté le 22 janvier 2020) : « La texture particulière et le ton doré du papier japon de l’épreuve ».

[4] « Rembrandt. La lumière de l’ombre. Glossaire : Supports », sur BnF, 7 janvier 2007 (consulté le 22 janvier 2020).

[5] (en) « Project Fugo: The Japanese Balloon Bombs », sur Warfare History Network, 7 novembre 2016 (consulté le 22 janvier 2020).

[6] « Jacques Hnizdovsky », sur Dictionnaires et Encyclopédies sur 'Academic' (consulté le 12 avril 2020)

[7] « Vernissage de Jeannine Cook "Terratorium" - Villeneuve-sur-Yonne - Villeneuve-sur-Yonne - Germain Pire », sur agenda.germainpire.info (consulté le 12 avril 2020)

[8] « « Washi » : le papier japonais », sur nippon.com, 31 juillet 2016 (consulté le 12 avril 2020)

[9] (en-US) « Paper Artist | Paper Sculpture | Nahoko Kojima », sur Nahoko Kojima 小島奈保子,‎ 18 septembre 2013 (consulté le 12 avril 2020)

[10] (en) « Paper Narratives », sur American Craft Council (consulté le 12 avril 2020)

[11] « Gérard de par le monde : Japon (1/5) : Fukui, les maîtres des forêts »^{(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)} [vidéo], sur Arte, 3 septembre 2018 (consulté le 10 septembre 2018) : « Il se rend ensuite à Otakiko, où Ichibei Iwano, promu “trésor national vivant”, lui détaille les secrets de fabrication du papier washi. ».

[12] « Benoît Dudognon fabrique du papier japonais “made in France” », sur TF1, 14 janvier 2018 (consulté le 22 janvier 2020).

[lefigaro2017_02_03-13] Jean Talabot, « Menacé de disparition, le papier washi japonais renaît “made in France” », sur Le Figaro, 3 février 2017 (consulté le 22 janvier 2020).

[14] « “Schut Papier” Papeterie, papier pour la gravure, feuilles en tube ou en rouleau », www.polymetaal.nl (consulté le 2 janvier 2018).

[15] « Le washi, savoir-faire du papier artisanal traditionnel japonais », sur Unesco, 2014 (consulté le 22 janvier 2020).

[lefigaro2016_04_05-16] Juliette Hochberg, « Japon : les traditions derrière la modernité », sur Le Figaro, 5 avril 2016 (consulté le 22 janvier 2020) : « Mino : spécialiste du papier ».

[17] (en) « Paper of the Gods », sur The Rafu Shimpo, 18 juin 2018 (consulté le 22 janvier 2020).

[18] (en) « Artisans », sur Echizen washi, 2010 (consulté le 22 janvier 2020) : « Ichibei Iwano ».

[19] Marianne Payot, « Erik Orsenna à la poursuite du papier », sur L'Express, 16 mars 2012 (consulté le 22 janvier 2020) : « Direction le Japon, pays de l'origami, où Ichibei Iwano, Trésor vivant ».