Mûrier blanc

Morus alba

Le Mûrier blanc (Morus alba L.), Mûrier commun, Mulberry (anglais) ou Morera blanca (espagnol)[1], est une espèce de Mûriers, des arbres fruitiers de la famille des Moracées. Originaire de Chine, le Mûrier blanc fut largement cultivé pour ses feuilles, aliment exclusif du ver à soie.

Histoire

Le Mûrier blanc est cultivé depuis l'Antiquité de la Chine au Proche-Orient, son expansion dans le bassin méditerranéen vers le VIIIe siècle est liée la sériciculture.

Quelques plants de ce mûrier sont transportés en France sous Charles VII, sa culture débute sous Charles IX mais se développe surtout sous l'impulsion d'Henri IV avec Olivier de Serres qui introduit en 1601 le premier sujet au jardin des Tuileries et assure en avoir planté 15 000 à 20 000 pieds à l'extrémité de ce jardin[2].

Il a ensuite été largement diffusé dans toutes les régions subtropicales et tempérées du monde.

Description

Mûrier blanc au jardin du Pré-Catelan
Mûrier blanc à Villars (Provence)

Le Mûrier blanc est un arbre monoïque pouvant atteindre 30 mètres de haut. Il doit plus son nom à la couleur de ses bourgeons qu'à la couleur de ses fruits. Comme toutes les moracées, le mûrier blanc produit du latex.

Ses feuilles caduques, alternes, le plus souvent de forme ovale acuminée mesurent 5 à 12 cm et peuvent avoir des formes assez distinctes même si elles proviennent du même arbre. Leur pétiole est cannelé et muni de stipules. Elles sont glabres sur les deux faces, vert clair et irrégulièrement dentées sur les bords.

Les fleurs mâles sont réunies en chatons cylindriques, les femelles en chatons subsphériques; une fois fécondés, ces derniers se transforment en groupe de fruits blancs, roses ou violets, appelés mûres.

Ses fruits en syncarpe sucrés, comestibles, peuvent être de différentes couleurs.

Différences entre Mûriers blanc et noir

Mûres posées sur une feuille de mûrier blanc. Sur la feuille de gauche, on peut voir quelques graines.

Bien que certaines sources indiquent que le Mûrier blanc produit des fruits blancs et le Mûrier noir des fruits noirs, c'est faux. Le Mûrier noir porte toujours des fruits violet foncé ou noirs. Par contre, selon les variétés, le mûrier blanc porte des fruits blancs, rosés, violets ou noirs[3].

  • Les feuilles du Mûrier blanc mesurent de 5 à 12 cm, sont frêles et souvent lobées alors que celles du mûrier noir sont plus grandes (jusqu'à 18 cm), épaisses, rugueuses et rarement lobées.
  • Le fruit du Mûrier blanc est mûr à la fin du printemps alors que celui du Mûrier noir n'est mûr qu'à la fin de l'été.
  • Le fruit du Mûrier blanc présente un pédoncule long (parfois de la longueur du fruit) alors que le mûrier noir n'a pour ainsi dire pas de pédoncule, ou un pédoncule très court.
  • Le fruit du Mûrier blanc est douceâtre avant maturité, alors qu'au même stade celui du Mûrier noir est très acide. À complète maturité, celui du Mûrier blanc est assez fade et très sucré, celui du Mûrier noir est sucré et légèrement acidulé.
  • La saveur des fruits du Mûrier noir plaît à la quasi-totalité du grand public. Les fruits du Mûrier blanc sont généralement peu estimés en France, mais ceux des cultivars sélectionnés pour leurs fruits ont une valeur gustative élevée. Ils sont très appréciés dans les pays qui les cultivent, au Moyen-Orient (Iran, Syrie, Liban, Israël) notamment.

Culture

Il pousse vite dans ses premières années puis a une croissance plutôt lente.

Le mûrier aime le soleil mais est rustique jusqu'en zone USDA 4. Il supporte la sécheresse et le vent mais pas les expositions maritimes.

Il supporte la taille.

À la différence des Mûriers rouges et noirs, le mûrier blanc se multiplie bien par bouturage sur bois tendre.

Ses racines à la fois pivotantes et traçantes sont fragiles et il apprécie peu la transplantation.

Une expérimentation de la chambre d'agriculture de l'Ariège[4] consiste à le mener comme une plante prairiale, en très courte rotation (2 pâturages par an), concrétisant des hypothèses émises par de nombreux agriculteurs et agronomes.

Menaces

Xylotrechus chinensis, une espèce de Coléoptère asiatique au potentiel invasif et fortement xylophage, est signalée en Europe depuis 2007 (Allemagne, Espagne, Crète, France, etc.). Elle affecte des Moraceae (Morus alba et Morus australis)[5].

Utilisation

Ver à soie (Bombyx mori) sur un Mûrier blanc

Pour la sériciculture, le mûrier blanc est souvent cultivé sous forme de haie pour faciliter la récolte des feuilles.

Ses feuilles peuvent servir de fourrage pour le bétail[6] et ses fruits de complément alimentaire pour la volaille. Séchées, les feuilles sont commercialisées pour faire de la tisane ou thé de feuille de mûrier réputé pour son action antioxydante[7] et anti-diabétique [8] en expérimentation animale.

Les variétés fruitières donnent des fruits qui se consomment crus ou secs, on peut aussi en faire du vin[9].

Le Mûrier blanc est traditionnellement un arbre d'alignement, un arbre de route, son ombre dense est agréable l'été, ses fruits ne tachent pas à la différence de ceux du mûrier noir. Dans cet usage, on le conduit sur tige de 1,50 m.

Ses racines permettent d'empêcher l'érosion des sols. Il s'adapte à la pollution atmosphérique.

Notes et références

  1. Fabrice et Valérie Le Bellec, Le verger tropical : Cultiver les arbres fruitiers, Saint-Denis (Réunion), Orphie, , 266 p. (ISBN 978-2-87763-384-0)
  2. Joseph Roque, Nouveau traité des plantes usuelles : spécialement appliqué à la médecine domestique, P. Dufart, (lire en ligne), p. 431
  3. Pierre Meynadier, « Recensement et introduction de cultivars fruitiers de mûriers »
  4. Projet Agrosyl
  5. Caravelia.com, « Xylotrechus chinensis : nouvelle espèce invasive arrivée d’Asie », sur Passion Entomologie, (consulté le )
  6. Mulberry: an exceptional forage available almost worldwide! - FAO - Voir aussi Mulberry for animal production: proceedings of an electronic conference ... Par Manuel D. Sánchez,Food and Agriculture Organization of the United Nations
  7. (en) Anjali Raj, Kenganora Mruthunjaya, Subba Rao Venkata Madhunapantula et Santhepete Nanjundaiah Manjula, « Comparative Assessment of the Anti-oxidant and Anti-clastogenic Activity of Morus alba Leaves », Free Radicals and Antioxidants, vol. 7, no 1, (lire en ligne, consulté le )
  8. Attila Hunyadi, Ana Martins, Tusty-Jiuan Hsieh et Adrienn Seres, « Chlorogenic Acid and Rutin Play a Major Role in the In Vivo Anti-Diabetic Activity of Morus alba Leaf Extract on Type II Diabetic Rats », PLOS ONE, vol. 7, no 11, , e50619 (ISSN 1932-6203, PMID 23185641, PMCID PMC3503931, DOI 10.1371/journal.pone.0050619, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Kim, Yong-Suk, Jeong, Do-Yeong et Shin, Dong-Hwa, « Optimum Fermentation Conditions and Fermentation Characteristics of Mulberry (Morus alba) Wine », Korean Journal of Food Science and Technology, vol. 40, no 1, (ISSN 0367-6293, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Références taxinomiques

Autres liens externes

  • Portail de la botanique
  • Portail des plantes utiles
  • Portail des épices et aromates
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.