Panorama du Caire

Le Panorama du Caire est un vaste panorama, aujourd'hui perdu, peint en 1881 par l'artiste peintre belge Émile Wauters (1846-1933).

La genèse de la toile

En 1880, la mode est aux panoramas. Une société commerciale belgo-autrichienne présentant au public ces gigantesques toiles passe commande à Émile Wauters du Panorama de la bataille de Custozza, destiné à être exposé à Vienne, en Autriche. Mais Wauters refuse la commande, de crainte de heurter la susceptibilité de l'Italie. Se remémorant son voyage de 1869 en Égypte, il propose de concevoir un autre panorama plus pittoresque avec comme sujet la ville du Caire. Le prince héritier de l’Empire austro-hongrois, l'archiduc Rodolphe se rendant justement en Égypte, Wauters, accompagné de son frère Alphonse[1], est convié au voyage afin de réaliser un panorama relatant la visite du prince en Égypte.

La réalisation du panorama

Émile Wauters reste deux mois en Égypte où il peint quelque 70 études et accumule des documents sur ce pays. De retour en Belgique, avec l'aide de quelques amis et élèves dont Jean Degreef, il réalise en 1880 et 1881 en moins d'un an son immense panorama d'une longueur de 114 mètres intitulé Le Caire et les rives du Nil. Le motif officiel en est éclipsé et sa toile montre un pays enchanteur avec sa lumière, sa vie et son mouvement.

Les Établissements Mommen de Saint-Josse-ten-Noode ont fourni la toile et le matériel pour la réalisation du Panorama.

Villes hôtes du panorama

Ce vaste panorama, connu sous le nom de Panorama du Caire sera exposé à Vienne en 1882 pour l'inauguration d'une nouvelle rotonde, puis, toujours avec un succès extraordinaire, à Munich puis La Haye en 1887 et 1888.

Le Panorama du Caire est finalement acquis par un mécène, le baron Cavens, et offert à l'État belge afin d'être installé au parc du Cinquantenaire à Bruxelles dans un pavillon mauresque en forme de mosquée spécialement construit par Ernest Van Humbeek pour l'abriter. La toile sera ainsi une pièce maîtresse de l'exposition universelle de 1897.

Vicissitudes de la toile

Le bâtiment trop humide fut bientôt fermé au public et laissé à l'abandon. Le Panorama du Caire se dégrada alors rapidement et Alfred Bastien, qui avait élaboré et peint le Panorama de la bataille de l'Yser en 1919-1920 dans cette même rotonde, fut chargé de la restauration en 1923. Bastien dut repeindre complètement certaines parties, dont la quasi-totalité du ciel. Le pavillon fut à nouveau ouvert au public, mais bien vite l'humidité fit à nouveau ses ravages. De plus le gouvernement se déclarant incapable de rémunérer un gardien, la toile fut à nouveau laissée à l'abandon. Émile Wauters éprouva une rancœur tenace envers le gouvernement coupable de négligence envers son œuvre.

En 1967, à la suite d'une visite officielle du roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud d'Arabie saoudite, le bâtiment fut confié à la communauté musulmane.

En 1970, l'œuvre de Wauters a subi des dommages dus à des coups de couteau. Puis, des vandales se sont amusés à détacher la toile pour la faire tomber au sol, tentant même, mais sans y parvenir, d'y bouter le feu avec de l'essence. Le musée d'Art et Histoire décida alors de retirer la toile, en 1971 ou 1972. Selon une note trouvée dans les archives du musée d'Art et Histoire, le panorama aurait été découpé en morceaux, puis roulé en six rouleaux. Malgré la taille énorme qu'ils doivent faire, ces rouleaux restent introuvables. En réalité, l'œuvre était déjà perdue au début des années 1970. Elle avait été attaquée pendant des décennies par l'humidité. Elle avait été vandalisée, présentait des traces de brûlure, et tout cela avant d'être roulée. Cinquante ans se sont écoulés depuis. La moisissure a dû s'en mêler. Il ne doit donc plus en rester grand-chose[2].

En 1975, la rotonde du Cinquantenaire fut rénovée par l'architecte tunisien Mongi Boubaker qui la transforma afin d'héberger le Centre islamique et culturel et la grande mosquée de Bruxelles, inaugurés en 1978.

Tableaux témoins du Panorama du Caire

De nombreux tableaux de Bastien sont soit des études pour le Panorama, soit des reprises de parties de la toile. Felouques sur le Nil conservée au Musée Charlier à Saint-Josse-ten-Noode et Le Caire près du pont de Kasr-el-Nil, une toile de 102 × 240 cm peinte en 1881 et conservée au Musée des beaux-arts d'Anvers en sont deux exemples.

Bibliographie

  • Lucien Solvay, Notice sur Charles-Émile Wauters, in: Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1935, pp. 35-86
  • L'orientalisme et l'africanisme dans l'art belge . 19e et 20e siècle, catalogue d'exposition, Bruxelles, Galerie CGER, -
  • Jacky Marchal, Les Panoramas, Namur : Les Amis de la Citadelle de Namur, 2005

Notes et références

  1. Homme de lettres, critique d'art et géographe, né à Bruxelles le 13 juin 1845 et décédé à Ixelles le 25 mars 1916
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