Oblast de Mourmansk
L'oblast de Mourmansk (en russe : Му́рманская о́бласть, Mourmanskaïa oblast) est une division territoriale ou oblast de la fédération de Russie. Sa capitale administrative est la ville de Mourmansk.
Oblast de Mourmansk (ru) Мурманская область | |
![]() Armoiries de la zone Oblast de Mourmansk |
![]() Drapeau de la zone Oblast de Mourmansk |
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Administration | |
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Pays | ![]() |
Région économique | Nord |
District fédéral | Nord-Ouest |
Statut politique | Oblast |
Création | 28 mai 1938 |
Capitale | Mourmansk |
Gouverneur | Andreï Chibis (intérim) |
Démographie | |
Population | 762 173 hab. (2016) |
Densité | 5,3 hab./km2 |
Géographie | |
Superficie | 144 902 km2 |
Autres informations | |
Langue(s) officielle(s) | Russe |
Fuseau horaire | UTC+4 |
Code OKATO | 47 |
Immatriculation | 51 |
Liens | |
Site web | http://www.gov-murman.ru |
Géographie

Situé à l'extrême nord de la Russie d'Europe, l'oblast couvre une superficie de 144 902 km2 et englobe la péninsule de Kola. Il est limité au nord par la mer de Barents, à l'est et au sud par la mer Blanche, au sud par la république de Carélie et à l'ouest par la Finlande et la Norvège.
La capitale Mourmansk est le port d'attache des brise-glace nucléaires de l'Arctique russe. La ville militaire voisine de Severomorsk est le port d'attache de la flotte du Nord.
La nature garde dans cette région une place prépondérante avec des paysages de toundra et de taïga, ainsi que de nombreux cours d'eau.
Histoire
La colonisation russe

Après l'annexion de la république de Novgorod (1478), l'immigration russe dans la péninsule de Kola s'était poursuivie jusqu'au XVIe siècle, avec la fondation de colonies comme Kandalakcha et Porya-Guba[1]. Kola est mentionnée pour la première fois en 1565[1]. À la fin du XVe siècle, Pomors et Lapons furent réduits au servage, surtout par les monastères[2]. Tout au long du XVIIe siècle, en effet, les principautés monastiques (votchina) gagnèrent en puissance, avant d'être abolies en 1764, avec la confiscation de tous les serfs de la Péninsule de Kola, devenus propriété de l'état tsariste[2].
Au cours de la seconde moitié du XVIe siècle, le roi Frédéric II de Danemark exigea du Tsarat de Russie qu'il cède la péninsule[1] ; la Russie s'y refusa, et afin d'organiser la défense de cette province de marche, y établit un voïvode[3]. Ce gouverneur siégeait à Kola, qui devint le chef-lieu administratif de la région[3]. Jusque-là, les tâches administratives incombaient aux percepteurs de Kandalakcha[3]. Le nouvel ouiezd de Kolsky recouvrait l'essentiel de la péninsule (à l'exception des volosts de Varzouga et d'Oumba, qui faisaient partie de l'Ouiezd de Dvinsky), ainsi que la moitié septentrionale de la Karélie jusqu'à Lendery[3].
Malgré leur activité économique, les colonies permanentes de la péninsule virent leur population stagner jusque dans les années 1860, et elles ne connurent qu'une croissance sporadique jusqu'en 1917[4]. La population de Kola en 1880, par exemple, n'était que de 500 habitants répartis en 80 foyers, contre 1 900 habitants et 300 foyers en 1582[5]. Les infrastructures de transport étaient quasi inexistantes et les communications avec le reste de la Russie, irrégulières[5]. L'année 1887 vit un afflux de Komis et de Nenets qui fuyaient une épidémie de rennes et amenaient avec eux de grands troupeaux, aggravant la compétition pour les prairies avec les Lapons, et la marginalisation des autochtones[6]. Vers la fin du XIXe siècle, les Lapons avaient été pratiquement repoussés au Nord, les Russes ethniques occupant tout le sud de la péninsule[6]. Le village de Lovozero devint le dernier bastion de la culture same[6].
En 1894, la péninsule reçut la visite du ministre russe des Finances, Serge Witte, qui revint convaincu du potentiel économique de la région[5], et c'est ainsi que dès 1896, la région était reliée par le téléphone et le télégraphe au reste du continent[5]. On envisagea même la construction d'une ligne de chemin de fer[5]. En 1896, la ville d'Alexandrovsk (auj. Polyarni) était fondée, et elle connut une croissance si forte que dès 1899 elle recevait le statut de ville, et l'ouiezd de Kolsky fut rebaptisé ouiezd d'Alexandrovski[7].
Au cours de la Première Guerre mondiale, la péninsule, encore sous-développée, se trouva occuper une position stratégique, à la jonction de la Russie et de ses Alliés : ses ports libres de glace restaient l'ultime débarcadère pour les fournitures en armement du front est[5]. Au mois de mars 1915, l’Empire russe fit établir une ligne de chemin de fer improvisée, et le service commença en 1916, malgré l'inachèvement des voies[5]. En 1916, les autorités russes inaugurèrent au terminus de cette ligne[5] un nouveau port de guerre, Romanov-na-Murmane[7] (l'actuelle Mourmansk) ; cette ville devint bientôt la plus grande de la péninsule.
De l'ère soviétique à la Fédération de Russie

Les Soviets réclamèrent la péninsule dès le 9 novembre 1917 a.s., mais ce territoire demeura occupé par les armées de la Triple-Entente entre mars 1918 et mars 1920[8]. Le pouvoir soviétique rebaptisa l’ouiezd d'Alexandrovski : « gouvernement de Mourmansk » au mois de juin 1921[9]. Le 1er août 1927, le Comité exécutif central pan-russe (VTsIK) vota deux résolutions : « Sur la création de l’Oblast de Leningrad » et « Frontières et composition des okrougs de l’Oblast de Leningrad » : ces décisions faisaient du gouvernement de Mourmansk l’« Okroug de Mourmansk » (divisé en six districts) et lui annexaient l’Oblast de Léningrad[9]. Cette organisation prévalut jusqu’au 28 mai 1938, date à laquelle on sépara de nouveau l’okroug de l’Oblast de Leningrad, pour le fusionner avec le District de Kandalakchsky de la République socialiste soviétique autonome de Carélie : ainsi prit naissance l'actuelle Oblast de Mourmansk[10].
L’ère soviétique a été marquée par un accroissement important de la population (799 000 habitants en 1970 pour seulement 15 000 en 1913), mais cette population s'est concentrée dans les villes nées autour de la voie de chemin de fer et le littoral[4] ; tout le reste du territoire était voué à l'élevage[4]. Durant l'entre-deux guerres, la ville de Kirovsk ainsi que plusieurs camps de travailleurs ont vu le jour dans la péninsule[8].
Les Sames furent soumis à la collectivisation forcée, avec plus de la moitié des troupeaux de rennes collectivisés en 1928–1930[6]. En outre, les pratiques d'élevage traditionnelles des Sames furent interdites pour promouvoir celles des Komis, jugées plus rentables parce que fondées sur la sédentarisation[6]. La culture des Sames étant intimement liée à la pratique de l'élevage, cette politique entraîna la disparition progressive de la langue lapone et la perte de savoirs ancestraux[6]. La plupart des Lapons se trouvèrent reclus au village de Lovozero ; ceux qui s'opposaient à la collectivisation étaient condamnés aux travaux forcés ou à l'exécution[6]. Il y eut diverses formes de persécution contre ce peuple jusqu'à la mort de Staline en 1953[6]. Dans les années 1990, 40 % des Lapons vivaient en ville [6].
Les Lapons n'ont pas été les seules victimes de la répression : des milliers d'opposants ont été déportés vers Kola entre 1930 et 1953, et en 2007, plus de 2000 de leurs descendants vivent dans la région[11] : la plupart de ces déportés étaient des paysans de la Russie méridionale soumis à la dékoulakisation[12]. Les Soviétiques eurent souvent recours au travail forcé pour construire les nouvelles usines[13] et les faire fonctionner : en 1940, par exemple, l'ensemble du complexe minier de Severonikel était géré par la NKVD[14].
Population et société
Démographie
Après une croissance démographique extrêmement rapide à l'époque soviétique, la population de cette oblast connaît un rapide déclin depuis la dislocation de l'Union soviétique, perdant plus de 30 pour cent de ses effectifs entre les recensements de 1989 et de 2010 :
Année | Fécondité | Fécondité urbaine | Fécondité rurale |
---|---|---|---|
1990 | 1,60 | 1,61 | 1,54 |
1991 | 1,43 | 1,43 | 1,46 |
1992 | 1,24 | 1,23 | 1,41 |
1993 | 1,08 | 1,05 | 1,41 |
1994 | 1,24 | 1,22 | 1,45 |
1995 | 1,17 | 1,16 | 1,34 |
1996 | 1,18 | 1,16 | 1,40 |
1997 | 1,10 | 1,09 | 1,28 |
1998 | 1,14 | 1,12 | 1,30 |
1999 | 1,06 | 1,05 | 1,19 |
2000 | 1,14 | 1,14 | 1,20 |
2001 | 1,19 | 1,17 | 1,38 |
2002 | 1,27 | 1,26 | 1,40 |
2003 | 1,27 | 1,25 | 1,56 |
2004 | 1,31 | 1,29 | 1,55 |
2005 | 1,25 | 1,23 | 1,60 |
2006 | 1,26 | 1,23 | 1,57 |
2007 | 1,32 | 1,29 | 1,74 |
2008 | 1,39 | 1,35 | 1,89 |
2009 | 1,41 | 1,38 | 1,93 |
2010 | 1,49 | 1,46 | 1,91 |
2011 | 1,49 | 1,46 | 2,05 |
2012 | 1,57 | 1,55 | 1,95 |
2013 | 1,62 | 1,60 | 1,95 |
2014 | 1,65 | 1,63 | 2,03 |
2015 | 1,71 | 1,72 | 1,61 |
2016 | 1,65 | 1,67 | 1,48 |
2017 | 1,56 | 1,56 | 1,57 |
2018 | 1,52 | 1,53 | 1,37 |
2019 | 1,44 | 1,43 | 1,50 |
Nationalités
La population de l'oblast comprend en 2010 :
- 89 % de Russes,
- 4,8 % d'Ukrainiens,
- 1,7 % de Biélorusses,
- 0,8 % de Tatars.
Elle compte également de petits groupes d'ethnies autochtones : Saami, Nénètses, Komis, Caréliens, Finlandais, Norvégiens.
Urbanisation
Sur la population totale en 2010, on dénombrait 92,8 % de citadins[15]. La population de l'oblast se concentre dans quelques villes et localités de type urbain :
Ville | Nom russe | Population 2010 |
---|---|---|
Mourmansk | Мурманск | 307 664 |
Apatity | Апатиты | 59 690 |
Severomorsk | Североморск | 50 076 |
Kandalakcha | Кандалакша | 35 659 |
Kirovsk | Кировск | 28 639 |
Olenegorsk | Оленегорск | 23 079 |
Poliarny | Полярный | 17 304 |
Zapoliarny | Заполярный | 15 835 |
Poliarnye Zori | Полярные Зори | 15 106 |
Mourmachi | Мурмаши | 14 157 |
Nikel | Никель | 12 771 |
Divisions territoriales

L'oblast de Mourmansk est divisé en cinq districts administratifs municipaux et en douze villes-arrondissements (ou arrondissements urbains):
Districts municipaux
- Raïon de Kandalakcha, chef-lieu Kandalakcha
- Raïon de Kola, chef-lieu Kola
- Raïon de Lovozero, chef-lieu Lovozero; bourg principal, Revda
- Raïon de Petchenga, chef-lieu Nikel; ville principale Zapoliarny
- Raïon de Ter, chef-lieu Oumba
Arrondissements urbains
Ce sont cinq arrondissements urbains fermés et sept arrondissements urbains:
- Arrondissement fermé d'Alexandrovsk, 521 km2, 3 districts territoriaux: Gadjievo, Poliarny et Snejnogorsk
- Ville d'Apatity et ses territoires dépendants, 2 500 km2
- Ville de Kirovsk et ses territoires dépendants, 3 600 km2
- Arrondissement urbain du raïon de Kovdor, 4 066 km2
- Ville de Montchegorsk et ses territoires dépendants, 3 400 km2
- Ville de Mourmansk, 154 km2
- Ville d'Olenegorsk et ses territoires dépendants, 1 900 km2
- Ville fermée d'Ostrovnoï, 463 km2
- Ville de Poliarnye Zori et ses territoires dépendants, 1 000 km2
- Ville fermée de Severomorsk, 480 km2
- Commune fermée de type urbain de Vidiaïevo, 78 km2
- Ville fermée de Zaoziorsk, 516 km2
Faune et flore



Presque tout l'oblast de Mourmansk est recouvert par la toundra et la toundra forestière. C'est seulement dans le sud de l'oblast que se rencontre une végétation de taïga. Les arbres du nord de la région sont presque toujours nains (bouleau et tremble). L'épinette pousse bien, on peut rencontrer des conifères. La toundra est surtout tapissée de mousses et de lichens, avec des buissons de baies, comme l'airelle, la plaquebière (mûre des marais), la myrtille des marais, l'airelle rouge, ou la canneberge. La région est recouverte aussi d'immensités de bois.
La faune est assez pauvre, la faune aquatique étant plus importante que la faune terrestre dans cette région au climat rigoureux. On y observe toutefois nombre de renards, martres, gloutons arctiques, ou belettes. Les renards polaires, loups et ours bruns peuvent se rencontrer. Les élans et rennes sont répandus et les écureuils et lemmings fort nombreux.
Parmi les oiseaux, la région accueille le lagopède, le harfang des neiges, la gélinotte et le grand tétras. À l'abri dans les forêts du sud, vivent les mésanges, les bouvreuils et les jaseurs. Il y a beaucoup de goélands, de sternes et d'autres oiseaux marins.
Les côtes sont propices aux harengs, morues, bars, flétans, et aux plies; les lacs et les cours d'eau - fort nombreux - sont riches de truites, saumons, corégones, ombres, et toute sorte de poissons nordiques, ainsi qu'en grande quantité de brochets et de perches.
Réserve naturelles
Il existe dans la région plusieurs réserves naturelles ou parcs naturels:
- Réserve de Laponie
- Réserve de Kandalakcha (qui se trouve aussi en Carélie)
- Réserve de Pasvik (qui se trouve aussi en Norvège)
- Territoire du jardin botanique polaire et alpin de Kirovsk, le plus septentrional du monde.
Notes et références
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 18
- Atlas of Murmansk Oblast (1971), p. V
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 19
- Atlas of Murmansk Oblast (1971), p. IV
- D'après Wm. O. Field, Jr., The Kola Peninsula. Gibraltar of the Western Arctic., vol. I, , chap. 2.
- Robinson & Kassam, p. 92–93
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 24
- 1971 Atlas of Murmansk Oblast, p. VI
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 28
- Décret du 28 mai 1938
- D'après (ru) « A Monument to the Victims of Political Repressions Is Planned to Open in Murmansk by October 30 », RIA Novosti, (lire en ligne[archive du ])
- Kola Encyclopedia. Kola Krai in 1920–1939 « Copie archivée » (version du 11 novembre 2012 sur l'Internet Archive) (ru)
- Richmond, p. 354
- Ivanova, p. 83
- Résultats préliminaires du recensement du 14 octobre 2010
Voir aussi
Liens externes
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