Musique brésilienne

La musique brésilienne est d'une grande richesse et diversité notamment grâce à son triple héritage : américain, européen (essentiellement portugais) et africain. On ne saurait limiter la musique brésilienne à la samba ou à la bossa nova : au Brésil chaque région possède une tradition et une culture musicale qui lui est propre.

Outre Heitor Villa-Lobos, de nombreux Brésiliens font partie des grands noms de la musique du XXe siècle, comme Antônio Carlos Jobim, João Gilberto, Baden Powell, Vinícius de Moraes, ou encore Gilberto Gil, ce dernier ayant été nommé Ministre de la Culture en 2002.

Musique classique et sacrée

À la suite de l'arrivée des Jésuites la musique baroque (baroco mineiro) et le chant grégorien furent introduits dès 1549.

Le plus ancien morceau de musique vocale profane avec un texte en portugais retrouvé au Brésil est Heroe, egregio, douto, peregrino, une œuvre anonyme composée d'un récitatif et d'une aria da capo[1].

La musique dite classique est représentée par plusieurs compositeurs dont José Maurício Nunes Garcia (1767-1830), Antônio Carlos Gomes (1836-1896), Elias Álvares Lobo (1834-1901), Brasílio Itiberê (1848-1913), Heitor Villa-Lobos (1887-1959). Camargo Guarnieri (1907-1993), Cláudio Santoro (1919-1989) et Osvaldo Lacerda (1927-2011).

Elle s'est scindée au début du XXe siècle entre l'École de Musique Nationale, qui inclut des éléments autochtones, et le Mouvement de Musique Vivante (movimento Música Viva), qui procède à l'expérimentation atonal-dodécaphonique, sous l'orientation de Hans-Joachim Koellreutter (ancien élève de Hermann Scherchen, qui arrive au Brésil en 1937)[2].

Les folias-de-reis sont des chants et des processions à l'occasion des fêtes de la Nativité. Du même genre, se réclame le baile pastoril, sorte de théâtre. Le cururu, le siriri et le cateretê sont quant à eux, des louanges sous forme de joutes poético-religieuses (réservées aux hommes catholiques) accompagnées de danses, mais il existe nombre d'autres danses à caractère religieux, tant dans le fandango que dans le bailado.

Musique traditionnelle

Aboio et Veloso

Par aboio, on désigne le chant en rythme libre, modal, de forme descendante et aux degrés disjoints, développé par les vaqueiros, les vachers, lors de la transhumance. En effet, les aboios imitent le cri du bétail et caractérisent l'identité du mode de vie sertanejo (du sertão). Les vachers se déplacent le long de la côte du Nordeste du Brésil, c'est pourquoi l'on retrouve ce genre dans de nombreuses régions, de Bahia au Maranhão. "Boi" désigne le bœuf et "boiada", le troupeau. Dans ces régions, le bœuf est au centre du système économique des vaqueiros.

Les techniques vocales utilisées, voix rauque, criée, longues tenues, mélismes, imitent les cris du bétail. À l'origine utilisé pour guider les troupeaux, il s'est développé en joutes vocales improvisées entre vaqueiros, dans lesquelles chacun va pouvoir affirmer sa personnalité et son talent d'improvisateur. L'aboio a inspiré de nombreuses compositions et chansons, y compris de Caetano Veloso, Gilberto Gil, Luiz Gonzada, sans parler du répertoire populaire.

Bumba-meu-boi

Bumba-meu-boi, boi-bumbá ou pavulagem sont des danses du folklore populaire brésilien, avec des personnages humains et animaux fantastiques, qui tend à raconter l'histoire légendaire de la mort et la résurrection d'un bœuf. Originaire du Maranhão, cette manifestation populaire festive est maintenant également très populaire dans la Région Nord du Brésil.

Cantoria

Joutes poético-musicales exécutées par les repentistas et violeros. Elles s'appellent aussi desafio et se retrouvent aussi dans le porfia du sud.

Capoeira et maculelê

Le terme capoeira désigne un poulailler en Portugais, mais étymologiquement, on peut aussi renvoyer à la langue Tupi, où ka signifie « forêt ». À l'origine, la capoeira est une lutte pratiquée par les hommes d'origine africaine dans les plantations. Elle a très vite été réprimée par le code pénal brésilien, de par son pouvoir de rébellion et les capoeiristes étaient emprisonnés. On raconte qu'elle a contribué à la victoire du Brésil contre le Paraguay lors de la bataille du fleuve Parana, d'où l'hymne mondialement connu « Parana é ». Elle a aussi contribué à défendre les quilombos, ces communautés de fugitifs qui regroupaient esclaves marrons, paysans européens immigrés et amérindiens, en particulier le fameux Quilombo de Palmares, dans le Pernambouco. Elle aurait défendu Lampião, révolté cangaceiro.

On retrouve des danses de luttes apparentées dans les Antilles françaises (ladja, danmié), à la Réunion (Moringue), et au Brésil, le batuque du sud du Brésil (combat accompagné de percussion), et la punga dos homems du Maranhão (lutte accompagnée de percussions). Il faut évoquer, parmi les luttes qui ont influencé la capoeira, la lutte nationale sénégalaise, certainement apportée par les esclaves, et la savate française, dont mestre Bimba - un des fondateurs de la capoeira contemporaine aux côtés de mestre Pastinha - a incorporé des éléments de frappe.

Cette lutte a la particularité de ressembler à une danse à deux faite d'esquives, le but étant moins de toucher l'autre que de l'impressionner par la virtuosité de son jeu. Elle se joue d'ailleurs toujours à deux, au centre de la roda, un cercle formé par une rangée de musiciens qui jouent avec des instruments spécifiques et chantent des chansons propres à cet art ; le cercle est fermé par les autres élèves qui ne jouent pas mais reprennent les refrains des chants. La roda est toujours dirigée par l'un des musiciens, généralement le plus avancé, le Mestre ; c'est lui qui insuffle le rythme (lent ou rapide) et empêche les dérives du jeu (coups portés). Il donne des indications aux joueurs par la façon dont il joue du berimbau (rythme, toques) et par les chansons qu'il choisit. Le pas de base est la ginga, qui pourrait ressembler à un kata d'art martial dansé : elle permet aux deux joueurs de se faire face de façon neutre et à chacun d'eux d'anticiper ou de préparer une esquive. Il existe deux formes de capoeïra : l'Angola, lente et faite de beaucoup de malice et la Régionale, rapide, acrobatique et plus agressive.

Accompagnée à ses débuts de percussions membranophones, la capoeira a adopté le berimbau, arc musical issu de la culture bantoue (Congo, Angola, Afrique du Sud) par le biais de la déportation des esclaves. Berimbau désigne la guimbarde en Portugais. Il est formé d'un bâton en bois (généralement de Pau Brasil, arbre primitivement brésilien au bois solide mais souple et parfois en bambou), d'un fil de fer tendu entre ses extrémités et d'une calebasse glissée au bas du bâton à l'aide d'une ficelle. Le musicien serre le bâton d'un main, avec son majeur et l'annulaire ; le petit doigt est passé sous la ficelle tendue passée dans la calebasse. Quant au pouce et à l'index, ils sont utilisés pour tenir un caillou rond ou une grosse pièce qui, par intermittences calculées, fait grincer harmonieusement la corde. Le toque (le son battu) est obtenu par de petits coups portés sur le fil à l'aide d'une baguette tenue par le musicien dans son autre main. Enfin, le caixixi est une petite poche de vannerie comprenant des graines tenue dans la même main que la baguette. Utilisé au départ par les vendeurs de rue à la criée, le berimbau s'est étoffé en trois tessitures au sein de la capoeira : gunga (son grave), medio (son medium) et viola (aigu). De nombreux mestres comme Bimba, Canjiquinha, Pastinha, Gato, Waldemar, Bigodinho, Arnol et Traira ont inventé durant le XXe siècle, une pluralité de rythmes correspondants chacun à des occasions de jeu et à des styles de jeux spécifiques. Par exemple, le toque de la cavalerie (cavalaria) serait lié à l'alerte donnée par le meneur du jeu aux lutteurs lorsque les forces de l'ordre arrivaient.

Accompagnant le berimbau, l'atabaque est un tambour provenant de la culture Ewe/fon/Yoruba de l'Afrique de l'Ouest (Nigéria, Bénin). Il est issu de la musique du candomblé, religion afro-brésilienne, dans laquelle on utilise trois tambours atabaques, à l'image des trois berimbaus. Mestre Pastinha et Bimba étaient adeptes de cette religion. Cependant, il n'y a qu'un seul rythme d'atabaque dans la capoeira.

À ses côtés, le pandeiro, tambour sur cadre, est d'origine orientale et on le retrouve dans de nombreuses cultures, au Portugal, dans le sud de la France, en Afrique du Nord (riqq), pour faire court. La cloche agogo est issue elle aussi du candomblé, dans lequel elle a un rôle primordial puisqu'elle marque d'identité rythmique de base. En comparaison, la clave cubaine est issue de la même racine. On retrouve l'agogo dans la samba de Rio, et sa cousine gonguê dans le maracatu du Pernambouco.

Le reco-reco est un idiophone raclé de la même famille que le guiro cubain, et est utilisé dans la capoeira angola. Dans la pratique de la capoeira, on associe à l'art martial d'autres danses comme le maculêlê, danse de bâton inventé dans la région de Santo Amaro à Bahia et la samba de roda. Le rythme du maculêlê est apparenté à celui de la samba de angola (musique rituelle). À Recife, la danse du frevo est inspirée par les mouvements accrobatiques de capoeira.

L'orchestre de la capoeira angola (Mestre Pastinha) est composé d'une agogo, deux pandeiros, un reco-reco, trois berimbaus et un atabaque. Les rythmes de Pastinha sont São Bento grande, São bento Pequeno, Angola, Santa Maria, Cavalaria, Amazonas, Iuna. On joue aussi Jogo de dentro et Apanha Laranja no chão Tico-tico.

L'orchestre de la capoeira regional (la lutte régionale de Mestre Bimba) est composé de deux berimbaus, un pandeiro, un atabaque. Les rythmes sont São Bento grande, benguela, cavalaria, Santa Maria, Idalina, Iuna, Amazonas.

Quant aux chants, ils sont nombreux et très importants : ils racontent des histoires liées à l'esclavage, les senzalas (endroits clos où étaient enfermés les esclaves), la vie de héros (comme Zumbi de Palmares, Lampiao...) et donnent de l'énergie aux lutteurs/joueurs. Un chant est lancé par l'un des musiciens - généralement le Mestre - et les autres reprennent les refrains.

Carimbó

Capoeira

Danse ancienne d'origine indienne dont le rythme rapide joué sur le tambour nommé carimbo accompagnant cavaquinho et banjo : elle a été mêlée aux tendances modernes (lambada).

Choro

Le Choro (qui signifie pleur) plus connu sous le nom de Chorinho (petit pleur), est un style de musique populaire et instrumentale brésilienne qui existe depuis 130 ans. Malgré son nom, le style est en général d'un rythme agité et joyeux, caractérisé par la virtuosité et les improvisations des participants, qui font preuve de beaucoup d'étude, de technique et de la maitrise totale de leur instrument. Le choro est considéré comme la première musique populaire urbaine typique du Brésil qui soit difficile à exécuter. Les influences européennes à l'origine de cette musique sont diverses : les xote européens, la valse et principalement la polka, mais elle fut aussi influencée par le lundu africain.

Lundu

Ou lundum, danse licencieuse d'origine africaine apporté par les Portugais au XVIIIe siècle.

Modinha

Genre populaire né au XVIIIe siècle, d'inspiration portugaise, comprenant modas et romances.

Música nordestina

Congada du Nordeste, XIXe siècle

Beaucoup de styles folkloriques se rencontrent dans cette région :

Música sertaneja

Ou música caipira, genre rural proche de la musique country. On y retrouve le dupla caipira sertaneja, duo de chanteurs jouant de la viola.

Sa variante moderne et commerciale, la sertanejo universitaire (pt), est aujourd'hui le genre le plus vendu au Brésil avec des artistes comme Michel Teló, Gusttavo Lima, João Lucas et Marcelo (pt), Marília Mendonça (pt) ou encore Zé Neto et Cristiano (pt).

Musique amérindienne

Bien que la colonisation ait tenté d'annihiler les musiques amérindiennes, quelques tribus poursuivent discrètement leurs traditions musicales essentiellement vocales :

  • Ngre-re est la musique des indiens Kaiapo qui pratiquent des vocalises lors de rituels ou cérémonies. Il s'agit d'une musique d'appel que seuls certains membres sont autorisés à chanter, souvent en falsetto.
  • Tulé est un rituel joué aux clarinettes du même nom, célébrant une alliance chez les indiens Asurini.
  • Yaunkwa est un rituel agraire et piscicole avec des danses et des chants accompagnés aux flûtes de pan et clarinettes, chez les indiens Enauené-Naué.

Musique rituelle

Musique Gaúcha

Musique moderne

Samba

Née au début du XXe siècle à Rio de Janeiro, elle est à l'origine, une danse africaine.

Marchinha et entrudo

C'est la musique de carnaval introduite au XIXe siècle par les Portugais. Les ranchos et les cordaos du début du XXe siècle préparent l'avènement des écoles de samba.

Tom Jobim et Chico Buarque, 1968. Archives Nationales du Brésil.

Bossa nova

Né en 1957 à Rio de janeiro comme une évolution de la samba plus douce et sans percussions, avec pour figures marquantes, Antônio Carlos Jobim, João Gilberto, Luiz Bonfá, et Baden Powell. Elle devient mondialement célèbre et influence considérablement les jazzmen américains.

Jazz brésilieny

Des musiciens tels Hermeto Pascoal, Egberto Gismonti, Naná Vasconcelos, Arismar do Espírito Santo ou Airto Moreira, côtoient les plus grands noms de la scène jazz fusion.

Brega

Genre populaire né dans les années 1940.

Clube da Esquina

Genre né en 1963 sous l'impulsion de Milton Nascimento.

Né en 1965, avec le Tropicalisme, sous l'impulsion de Caetano Veloso, Maria Bethânia, Gilberto Gil, Gal Costa, Chico Buarque de Holanda, Rita Lee, avec un style de Chant de révolte d'avant-garde mêlé au rock 'n' roll.

Jovem Guarda

Mouvement proche du rock créé dans les années 1960, mené par Robert Carlos.

Blocos-afro

Créé en 1974, c'est une musique de carnaval propre à Bahia à l'origine.

Rock brésilien

La scène rock s'est très vite développée au Brésil, en particulier dès les années 1990 grâce à des groupes à succès, en particulier Sepultura, l'un des groupes de metal les plus populaires de l'hémisphère sud.

Axé

Désigné par un mot venant du candomblé, qui signifie matière spirituelle ou ondes positives, cette musique est née d'un mariage de manifestations populaires lors du carnaval de Salvador (Bahia) et de musiques à succès de l'époque.

Funk Carioca

Crée dans les années 1980, le funk carioca est un type de musique électronique qui a pour origine les favelas de Rio de Janeiro, dérivé du Miami Bass. Dans la ville de Rio, le funk Carioca est appelé simplement funk (carioca signifie de Rio) bien qu'étant un style différent du véritable funk américain. Bien qu'appelé baile funk à l'extérieur du Brésil, ce terme désigne en fait les soirées où est joué ce type de musique. (Voir baile funk)

Pagofunk

Style musical populaire né à Bahia dans les années 2000, qui se caractérise par le mélange de rythmes du pagode (samba) Bahianais et de textes sociaux, équivoques ou sensuels à la manière du funk carioca. En 1999, Mr Galiza invite le chanteur carioca MC Sapão à Salvador introduisant pour la première fois le funk en haut d´un trio lors du carnaval. Il en résultera d´excellent échanges musicaux entre le funk carioca de Rio et le pagofunk de Bahia, les artistes reprenant mutuellement les mêmes textes, renforçant ainsi le sentiment de la jeunesse des favelas des deux villes d´appartenir à une seule et même culture.

Mangue beat

Au début des années 1990, Chico Science & nação Zumbi du Pernambouc, au nord-est du Brésil, créent un mouvement musical et culturel alternatif, mêlant traditions locales et urbaines, le Mangue beat, qui est parmi les plus riches qu'ait connu le Brésil ces dernières décennies.

Lambada

Genre né dans les années 1990, à partir d'une musique et d'une danse du groupe bolivien Los Kjarkas Llorando Se Fue datant de 1981[3], plagiés ensuite, en 1989, par le groupe français Kaoma[4], lequel dut ensuite reverser les droits à l'auteur original, le groupe Los Kjarkas déjà mentionné.

Instruments de musique

Annexes

Bibliographie

  • Gérard Béhague, Musiques du Brésil, de la cantoria à la samba-reggae, Cité de la musique/Acte Sud, 1999.

Discographie sélective

  • Acoustic Brazil- éd. Putumayo World Music - classiques de la samba et de la bossa, par Gal Costa, Caetano Veloso, Chico Buarque et Márcio Faraco.
  • Bahia do Mundo (Carlinhos Brown) - éd. Delabel / Virgin - Le disque d'un percussionniste.
  • Brésil 1914-1945 - éd. Frémeaux / Night & Day - Coffret qui permet de retrouver les sources de la samba, du choro et du frevo.
  • The Fremeaux recordings 94-96 - éd. Frémeaux/Night & Day - Le jazz brésilien.
  • Four Sider (Sergio Mendes & Brazil 66) - éd. Philips / Universal - Réédition d'un double 33 tour paru en 1972.
  • Nosso Mundo (Trio Esperança) - éd. Mercury / Universal - Les sœurs Correia reprennent a cappella des standards.
  • Novo Brasil - éd. BMG - Une compilation de la scène brésilienne actuelle (Tom Zé, Lenine, Pedro Luis, João Bosco, Arto Lindsay, Fernanda Abreu...
  • Preferidas - éd. Universal Jazz - Une compilation.

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (pt) Vasco Mariz, História da Música no Brasil, Nova Fronteira, , p. 33-47.
  2. C. KATER, Musica Viva e H.J.Koellreutter, movimentos em direção à modernidade, SP: Musa Ed., 2001.
  3. Los Kjarkas Llorando Se Fue 1981 ORIGINAL : écouter en ligne
  4. Kaoma - Lambada (Official Video) 1989 écouter en ligne
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