Michel Mathieu Lecointe-Puyraveau

Michel-Mathieu Lecointe-Puyraveau, parfois appelé Lecointre-Puyraveau[1], né le à Saint-Maixent-l'École (Deux-Sèvres), mort le à Ixelles en Belgique, était un homme politique et un révolutionnaire français.

Pour les articles homonymes, voir Lecointe et Lecointre.

Michel-Mathieu Lecointe-Puyraveau
Fonctions
Député des Deux-Sèvres

(1 an et 17 jours)
Gouvernement Assemblée législative
Député à la Convention nationale

(3 ans, 1 mois et 24 jours)
Député au Conseil des Cinq-Cents

(4 ans, 2 mois et 13 jours)
Membre du Tribunat
(2 ans, 8 mois et 21 jours)
Président de l'Assemblée nationale
(1 mois)
(27 jours)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Maixent-l'École (Deux-Sèvres)
Date de décès
Lieu de décès Ixelles (Belgique)
Nationalité Française
Parti politique Gauche
Gironde
Profession Homme de loi
députés des Deux-Sèvres

Biographie

Début de carrière

Lecointe est le fils d'un artisan. Il fait ses études chez les Oratoriens à Niort, où il rencontre le jeune Joseph Fouché. Il exerce ensuite la profession d'homme de loi à Saint-Maixent, sa ville natale, jusqu'à la Révolution.

En 1789, il se rallie franchement aux idées nouvelles et se lance dans une carrière politique. Il devient ainsi administrateur du département des Deux-Sèvres.

Premier mandat à la Législative

Le , il est candidat à la députation à l'Assemblée législative, et est élu par les Deux-Sèvres, avec 169 voix pour 299 votants.

Une fois à Paris, Lecointe se joint aux Girondins, qui siègent alors à gauche de l'assemblée. Brissotin particulièrement actif, il s'oppose le , au veto du roi sur la loi contre les émigrés, puis soutient le mois suivants les gardes-françaises qui s'étaient révoltés. Il attaque aussi le ministre de la Guerre Duportail. Le , il s'élève contre le projet de célébrer une messe en souvenir du premier anniversaire de la mort de Mirabeau. Le , il demande la déportation pure et simple des prêtres réfractaires. Le , il approuve Collot d'Herbois venu demander que la patrie soit déclarée en danger. Surtout le 1er août, quelques jours avant la chute du roi, il appuie l'armement des Parisiens.

En septembre, Lecointe est envoyé en Normandie avec Albitte afin d'y proclamer la déchéance de Louis XVI, ainsi que pour surveiller la levée des volontaires. Ils se plaignent à l'Assemblée de la mauvaise volonté des administrations locales, restées fidèles selon eux à la royauté.

Attaques contre la Montagne

Le , Lecointe-Puyraveau est réélu par les Deux-Sèvres à la Convention, le premier sur sept, avec 322 voix pour 403 électeurs votants. Il suit ses amis girondins et s'engage dans la lutte contre la Montagne.

Le , il fait décréter que les ministres de la République ne pourront pas être choisis parmi les conventionnels[2]. Le , il s'attaque à Marat et l'accuse d'avoir provoqué les massacres de Septembre. Cela lui vaut des attaques assassines du journaliste dans son célèbre journal L'Ami du peuple, où il se voit qualifié de fédéraliste et de girondin. En octobre, il est l'un des députés élus au Comité de sûreté générale, charge qu'il occupe jusqu'au renouvellement du .

Mission en Eure-et-Loir

En , il est envoyé avec Birotteau et Maure dans le département d'Eure-et-Loir afin d'y régler une crise de subsistance. Le , les trois députés sont pris à partie à Gourville par la foule qui menace d'après eux de les mettre en pièce. Ils doivent signer un texte de taxation illégale pour calmer le peuple, et ce au nom de la Convention. Celle-ci rappelle ensuite les trois commissaires, les blâme d'avoir cédé et casse leur arrêté. La troupe se charge par la suite de réprimer l'émeute.

Procès du roi et opposition à Marat

De retour à Paris, il vote pour l'appel au peuple lors du procès de Louis XVI, puis choisit de se prononcer pour la mort du souverain déchu.

Le , il présente à la tribune la défense des députés de la Législative compromis par les papiers trouvés dans l'Armoire de fer. Le , il s'en prend de nouveau à Marat, demandant « qu'il soit déclaré en état de démence. » Toutefois, il est absent de Paris lors du vote du , sur la mise en accusation de Marat, ce qui lui évite de se prononcer contre l'Ami du peuple.

Missions dans l'Ouest

En effet, Lecointe est envoyé en mission au mois de mars 1793 dans son département et en Vendée, afin d'accélérer la levée en masse.

Le , il est nommé représentant en mission auprès de l'Armée des côtes de La Rochelle. Il assiste impuissant à la défaite de Fontenay-le-Comte le , mais tente de maintenir dans la discipline au sein des troupes. Cependant, son attitude modérée le rend suspect aux yeux des Montagnards. Cette mission lui permet surtout de ne pas être présent dans la capitale lorsque ses amis girondins sont arrêtés le 2 juin. Il ne proteste pas contre cette journée, ce qui lui évite d'être arrêté.

Il est rappelé de mission le et n'est pas inquiété sur le moment.

La Terreur: un Girondin très menacé

Toutefois, le , il se plaint des rigueurs infligés par un décret de la Convention aux soldats libérés par les Vendéens. De retour à Paris, il est attaqué par Marat mais tente de défendre à la barre de la Convention la destitution du général « sans-culotte » Jean Antoine Rossignol.

Étant le seul leader girondin (avec Lanthenas) à être encore en liberté, Lecointe est très menacé à l'aube de la Terreur. Le , il est dénoncé comme traître par Amar, membre du Comité de sûreté générale, sur la foi d'une lettre anonyme envoyée de Rouen l'accusant d'avoir encouragé les soulèvements royalistes. Mais il parvient à démontrer que cette lettre était calomnieuse et sauve ainsi sa tête. Lecointe-Puyraveau se fait ensuite tout petit pendant la durée de la Terreur. Il se contente de participer sans faire de bruit à la Commission des Secours.

Thermidor: ni jacobin ni royaliste

Après le 9 thermidor, il se rallie sans ambiguïté à la réaction thermidorienne en dénonçant les Jacobins comme des « royalistes masqués ».

Toutefois, il ne bascule pas dans le camp royaliste et reste un défenseur de la République. Le 13 fructidor an III (), il s'oppose à l'adoucissement de la loi contre les émigrés, restant fidèle à ses opinions « brissotines » d'autrefois. Lors de l'Insurrection royaliste de vendémiaire, il appelle tous les représentants à combattre pour sauver la République. Le lendemain de l'émeute, il demande que les biens des royalistes soient confisqués pour venir en aide aux familles des citoyens morts en défendant la République.

Quelques jours plus tard, il refuse que le futur Directoire soit nommé par la Convention.

Troisième mandat de député

Lecointe-Puyraveau est réélu par les Deux-Sèvres au Conseil des Cinq-Cents, par 52 voix sur 150 votants. Il se fait plus discret lors de troisième mandat, siégeant avec les directorialistes. Le 1er germinal an V (), il est élu président du Conseil par ses collègues.

Il est battu lors de la poussée royaliste des élections de 1797, n'obtenant que 26 voix sur 210 suffrages exprimés. Il se console en obtenant le le poste de Commissaire du Directoire dans les Deux-Sèvres.

Quatrième mandat

Il parvient à récupérer son siège l'année suivante. Fidèle à ses convictions républicaines, il demande des sanctions contre les magistrats qui refusent de prêter le serment de haine à la royauté, ainsi que la mise sous séquestre des biens des parents d'émigrés. Ces derniers étant exclus des fonctions publiques, il en profite pour faire exclure certains députés suspects des Conseils. Il est ensuite envoyé un temps en mission dans son département pour rendre compte de la situation de celui-ci.

Le 1er thermidor an VI (), Lecointe est élu une seconde fois président du Conseil des Cinq-Cents. Le , il prononce un discours célébrant les journées du 9 thermidor, du 13 vendémiaire et du 18 fructidor.

Un mois plus tard, il demande la levée de 200 000 hommes puis la confiscation des biens des déportés royalistes qui se sont évadés. Le 22 vendémiaire (), il fait décréter la vente de 125 millions de biens nationaux.

Membre du Tribunat

En 1799, Lecointe ne proteste pas contre le Coup d'État du 18 brumaire. Il poursuit ainsi sa carrière législative en étant nommé au Tribunat. Mais, jugé trop peu favorable au régime de Bonaparte, il est exclu de cette assemblée en 1802.

Il exerce ensuite pour peu de temps les fonctions de commissaire de police à Marseille, avant de refuser le poste de gouverneur de la Louisiane. Lecointe reste très discret pendant toute la durée du Premier Empire.

L'épisode des Cent-Jours et la Terreur blanche

Lors des Cent-Jours en 1815, l'ancien conventionnel accepte néanmoins de Napoléon Ier un poste de lieutenant-général de police à Lyon. Après la défaite de Waterloo, se sachant menacé par le retour des Bourbons, Lecointe s'enfuit à Toulon où il embarque en catastrophe pour Tunis. La flotte anglaise l'intercepte cependant et le fait prisonnier. Mais le navire sur lequel il était retenu fait naufrage. Lecointe parvient à sauver sa vie en regagnant le rivage provençal accroché à une poutre.

De retour sur terre, il est recherché activement par la police royale, ce qui le contraint à se cacher dans le Massif de l'Esterel. Il est finalement arrêté et ramené à Marseille, où il manque de peu d'être lynché par la population royaliste en furie. Il est par la suite incarcéré au château d'If.

Exil et mort

L'ancien député est transféré à Paris où la cour d'assises le condamne à la déportation. Mais, par la loi du , il est de toute façon exilé du Royaume comme régicide et échappe ainsi au bagne.

Il s'exile à Ixelles, où il meurt en 1827, à l'âge de 62 ans.

Notes et références

  1. Il ne faut pas le confondre avec son collègue conventionnel Laurent Lecointre dit Lecointre de Versailles, montagnard dantoniste.
  2. Décret qui force Danton, député de Paris, à quitter le ministère de la Justice qu'il occupait depuis le 10 août.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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