Messe en ut mineur de Mozart
Große Messe
Messe en ut mineur K427 / KV417a - Große Messe - - Messe de mariage - | |
Wolfgang Amadeus et Constanze Mozart en voyage de miel en 1782 (tableau d'Hugo Schubert) | |
Genre | Messe |
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Nb. de mouvements | 5 (œuvre incomplète) : Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus et Benedictus |
Musique | Wolfgang Amadeus Mozart |
Texte | ordinaire de la messe |
Langue originale | latin |
Effectif | solistes, chœur et orchestre |
Durée approximative | environ 65 minutes |
Dates de composition | 1782 et 1783 |
Création | 25 août ou 26 octobre 1783 archi-abbaye Saint-Pierre de Salzbourg |
Interprètes | Wolfgang Amadeus Mozart (direction) Constanze Mozart (soprano) |
La messe en ut mineur K427 (KV417a), dite grande messe (en allemand Große Messe), est un chef-d'œuvre inachevé de Wolfgang Amadeus Mozart et écrit en 1782 et 1783[1], lequel est considéré comme œuvre tout à fait supérieure à toutes ses propres messes ainsi qu'à toutes les messes de l'époque, hormis son Requiem[1],[2]. Mozart la composa à Vienne, lorsqu'il venait de se marier le 4 août 1782 avec Constanze Weber et que sa carrière de compositeur de musique sacrée auprès du prince-archevêque Colloredo était terminée. Il avait en effet promis à son père d'écrire une œuvre sacrée, dans l'optique d'en présenter à sa ville natale.
Cette messe montre de profondes influences de la musique de Bach et Haendel que Mozart étudiait à l'époque de la composition de cette œuvre avec Gottfried van Swieten[2]. Ainsi, le début de Gloria était exactement inspiré par l'Alléluia du Messiah de Haendel[2].
Structure
- Kyrie (Andante moderato, en ut mineur, à , 94 mesures). Chœur et soprano solo
- Gloria
- - Gloria in excelsis Deo (Allegro vivace, en ut majeur, à , 60 mesures). Chœur
- - Laudamus te (Allegro aperto, en fa majeur, à , 143 mesures). Soprano solo (cors en fa)
- - Gratias agimus tibi (Adagio, en la mineur, à , 12 mesures). Chœur, 2 soprani
- - Domine Deus (Allegro moderato, en ré mineur, à
, 99 mesures). Duo : deux soprani - - Qui tollis (Largo, en sol mineur, à , 56 mesures). Double chœur
- - Quoniam tu solus (Allegro, en mi mineur, à , 171 mesures). Trio : deux soprani et ténor solo
- - Jesu Christe (Adagio, en ut majeur, à , 6 mesures). Chœur
- - Cum Sancto Spiritu, (à (mesure 7), 196 mesures). Chœur
- Credo
- - Credo in unum deum (Allegro maestoso, en ut majeur, à
, 116 mesures). Chœur - - Et incarnatus est (Andante, en fa majeur, à
, 119 mesures). Soprano Solo
- - Credo in unum deum (Allegro maestoso, en ut majeur, à
- Sanctus
- - Sanctus (Largo, en ut majeur, à , 61 mesures). Double chœur
- - Hosanna (Allegro comodo (mesure 18), à ). Double chœur
- Benedictus (Allegro commodo, en ut majeur, à , 167 mesures). Quatuor de solistes et double chœur
- Durée d'exécution:
65 minutes environ (composition originale)
80 minutes environ (version complétée)
Orchestration
Instrumentation de la messe en ut mineur KV427 |
Voix |
---|
Solo : soprano, alto, ténor, baryton Chœur : sopranos, altos, ténors, basses |
Cordes |
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Bois |
2 hautbois, 2 bassons |
Cuivres |
2 cors en do (en fa dans le Laudamus te), 2 trompettes en do (clarines), 3 trombones |
Percussions |
2 timbales en do et sol |
Clavier |
orgue |
Autres données de l'œuvre
Référence dans le catalogue Koechel (Koechelverzeichnis) :
- K427 (1re édition, de nos jours encore en usage)
- KV417a (6e édition)
Lieu et dates des premières exécutions :
- Archi-abbaye Saint-Pierre de Salzbourg :
- [2] (d'après Henri de Curzon 1888[3]) ou
- [2] (selon le journal de Maria Anna Mozart)
De nos jours, la plupart des chercheurs préfèrent le 26 octobre, car Maria Anna Mozart mentionnait la répétition de l'œuvre tenue le 23 octobre, ce qui donne plus de certitude pour la datation[1].
Œuvre inachevée
L'œuvre était incomplète, même lorsque le couple Mozart arriva à Salzbourg le 29 juillet 1783. Il manque toute la partie du Credo qui suit l'air "Et incarnatus est". L'orchestration du Credo est aussi incomplète. L'Agnus Dei est absent. Le Sanctus et le Benedictus sont en partie perdus et nécessitent des reconstitutions éditoriales. Beaucoup d'hypothèses ont été faites sur les raisons de l'inachèvement de l'œuvre. Étant donné l'évidente nécessité d'avoir un texte complet pour l'usage liturgique, il est probable que Mozart a utilisé des parties de ses messes antérieures lors de la création de la Messe en ut mineur.
Mozart réutilisa, en 1785, la musique du Kyrie et du Gloria, presque sans changements à l'exception du texte, dans la cantate Davide penitente, KV 469. Car il était trop occupé sur ses enseignements et les concerts à Vienne pour qu'il puisse composer une nouvelle œuvre pour deux concerts caritatifs du Carême[2]. Cette cantate fut publiée plus tard, ce qui permet de vérifier la composition originale[2].
Il est à noter qu'avec le prêtre Peter Allan (communauté anglicane de Résurrection CR), Philip Wilby donna son propre avis : le manque de pièces ne serait autre que la tradition de célébration de l'époque de Mozart, hormis dimanches et de grandes fêtes. Selon eux, on ne chantait pas le Credo et l’Agnus Dei avec l'orchestre[4]. Encore une hypothèse, mais dans ce cas, le Credo et l’Agnus Dei étaient chantés a cappella ou en monodie.
Éditions complétes
C'était Aloys Schmitt, musicologue, qui effectua au XIXe siècle sa restauration hypothétique de l'œuvre, tout comme le Requiem, dans l'optique de satisfaire l'usage liturgique. Il avait profité de quelques morceaux d'œuvres de compositeur [2]. Cette édition fut finalement publiée en 1901 :
- Crucifixus : Lacrimosa de Requiem, K Anh.21 (selon un manuscrit faussement attribué à Mozart ; en fait une composition de Johann Ernst Eberlin[5])
- Et resurrexit : KV139 et KV323
- Et in Spiritum Sanctum : KV262
- Credo in unum : KV322 et KV337
- Et vitam venturi : KV262
- Agnus Dei : reprise de Kyrie en façon de Requiem
Édition très critiquée, mais la maison Breitkopf & Härtel décida de maintenir sa publication en faveur de la liturgie[2].
Il est à noter qu'en dépit de vastes recherches par les musicologues, les œuvres supplémentaires dont Mozart profita en 1783 pour sa représentation à Salzbourg ne furent pas retrouvés[2]. La structure de toutes les éditions complètes reste hypothétique.
Publications de partition
Depuis la publication d'Aloys Schmitt pour son édition complétée avec d'autres œuvres de Mozart, la question reste toujours, soit une des éditions critiques d'après la composition originelle de Mozart, soit une édition complète qui adapte à la liturgie catholique. De nos jours, la tendance est le premier choix, en raison de la qualité supérieure de cette messe à toutes les messes précédentes de Mozart.
Publication ancienne
- 1840 : Johann Anton André[4]
- 1882 : Philipp Spitta[4]
Édition critique
- 1956 : Howard Chandler Robbins Landon / Ernst Eulenburg, n° 983 [5]
- 1987 : Monika Holl et Karl-Heinz Köhler / Bärenreiter (restitution de Credo, Et incarnatus est, Sanctus et Hosanna[5])
- 1989 / 1990 : Richard Maunder / Oxford University Press et Carus-Verlag, CV40.620
- 2002 : Monika Holl, Karl-Heinz Köhler et Helmut Eder / Bärenreiter (Urtext), TP255[6]
- 2004 : Philip Wilby / Novello & Co[4]
- 2016 : Paul Horn / Carus-Verlag, Carus 51.651/03[1]
- 2019 : Urlich Leisinger / Bärenreiter, BA9188
Édition complète
- 1901 : Aloys Schmitt / Breitkopf & Härtel, n° 1867
- 2005 : Robert D. Levin / Carus-Verlag, 51.427
- 2010 : Benjamin-Gunnar Cohrs / Musikproduktion Jürgen Höflich, n° 1049 [7]
Nouvelle composition
- 2006 : Robert Xavier Rodriguez / G. Schirmer (composition d'un Agnus Dei)[8]
Discographie
Versions de référence :
Orchestre des Champs-Élysées ; La Chapelle Royale / Collegium Vocale Gent ; Christiane Oelze, soprano ; Jennifer Larmore, soprano ; Scott Weir, ténor ; Peter Kooy, basse ; direction : Philippe Herreweghe, Harmonia Mundi (1992)
Radio-Symphonie-Orchester Berlin ; Maria Stader, soprano ; Hertha Töpper, contralto ; Ernst Haefliger, ténor ; Ivan Sardi, basse ; direction : Ferenc Fricsay , éditions Deutsche Grammophon (1960)
Messe de mariage
Cet enregistrement est à remarquer, car tout comme Constanze et Wolfgang Amadeus Mozart qui étaient à Salzbourg en 1783, Sabine Devieilhe et Raphaël Pichon, mariés, partageaient le soprano solo et la direction. Dans cette Messe de mariage, la pièce développée Et incarnatus est, chantée par une soprano, demeure un sommet avec sa splendeur :
- Et incarnatus est : [écouter en ligne]
On s'aperçoit que les pièces réservées à une ou deux soprano sont tellement développées que l'on compte toujours plus de cent mesures. Il est évident que Mozart les écrivit pour son épouse. En ce qui concerne Et in carnatus est, la pièce très ornée se termine encore avec cadenza.
Or, le compositeur ne put compléter cette magnifique pièce. Il laissa 2 feuilles sur 12 en blanche[9]. Mozart souhaitait améliorer davantage celle-ci. D'où, la partition varie selon l'éditeur. Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une pièce pleine de beauté. Sans travail concentré, il n'est pas facile à continuer et à compléter le Credo, en gardant une telle grandeur.
Et il est certain que Mozart composa cette messe au meilleur moment dans sa vie. C'est pourquoi, vers 1900, celle-ci était réputée et les parisiens qui aimaient la musique l'appelait Messe de mariage[10]. C'est un véritable bijou grâce à leurs noces.
Dans la culture
- 2003 : Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet
Article connexe
Littérature
- Alfred Einstein, Mozart, son caractère, son œuvre (1947)
- Jean Massin et Brigitte Massin, Mozart, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », , 1270 p. (ISBN 2-213-00309-2), p. 929
Liens externes
- Notice
- Partition
- Mozart, Aloys Schmitt (éd.), Grosse Messe, ut mineur, Werk 427, Breitkopf & Härtel, Leipzig, 1867 [partition en ligne]
- Partition, discographie et 2 enregistrements, et appareil critique dans la Neue Mozart-Ausgabe
- Ressources relatives à la musique :
- (en) International Music Score Library Project
- (en) AllMusic
- (en) Carnegie Hall
- (en) MusicBrainz (œuvres)
- Partitions libres de Great Mass in C minor, K. 427 dans Choral Public Domain Library (ChoralWiki)
Notes et références
- Éditions Carus-Verlag
- Préface de la partition des Éditions Breitkopf & Härtel, n° 1867
- Henri de Curzon, Lettres de W. A. Mozart, p. 493, note n° 1, 1888
- Revue Music é Letters Oxford University Press, tome 87, n° 3, p. 498, 2006, article par Denis McCaldin (en)
- David Daniels, Orchestral Music : A Handbook, p. 263, 2005 (en)
- Éditions Bärenreiter (de)
- Éditions MPH (en)
- Éditions G. Schirmer (en)
- Voir préface de Richard Maunder, p. 8 (Carus-Verlag) (en)
- Mark Everist, Mozart's Ghost, p. 45, 2012 (en)
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