Maxime Jacob

Maxime Jacob, en religion Dom Clément Jacob, est un compositeur français né le à Bordeaux et mort à l’Abbaye d'En-Calcat à Dourgne (Tarn) le .

Biographie

Maxime Jacob, devenu Dom Clément Jacob en religion, n’est pas pour autant demeuré un compositeur obscur et inconnu : Gisèle Brelet lui consacre une page entière dans l’Encyclopédie de La Pléïade, Jacques Chailley écrit sa notice dans le Larousse de la Musique, et il est cité dans de nombreuses encyclopédies ou dictionnaires musicaux.

Participant de très près à la vie musicale parisienne, jusqu’en 1927, date de sa conversion au catholicisme sous l’influence du philosophe Jacques Maritain, et de son entrée au monastère d’En Calcat, il fut apprécié et encouragé à l’époque par des compositeurs de renom, comme Darius Milhaud, qui trouvait à Maxime des « dons extraordinaires », et à sa musique une « fraîcheur inaltérable » (Lettre de Milhaud à Maxime Jacob), ou Maurice Ravel, à l’origine de l’édition des 6 poèmes de Jean Cocteau et de celle des Impromptus-caprices en 1926, chez Jean Robert.

C’est lors de l’audition du Protée de Darius Milhaud par les Concerts Colonne qu’il décide de rencontrer l’auteur pour lui montrer ses essais. Milhaud, lui-même, ayant incité le jeune Maxime à préparer le Prix de Rome, lança l’idée de la création de l’École d'Arcueil, avec Henri Sauguet, Henri Cliquet-Pleyel et Roger Désormière, en l’honneur d’Erik Satie, pour prendre la relève du groupe des six en 1923. Ce qui fit dire à Paul Landormy que cette école a « rendu grand service à notre musique chargée de tant de pesanteurs accumulées. L’extrême jeunesse de ces musiciens les aidait à « ignorer ». Ils tâchaient de rester des enfants, et ils y réussissaient... ».

Maxime travaille ensuite avec Charles Koechlin et André Gedalge. Il rencontre Erik Satie grâce à Milhaud. Son Ouverture exécutée le , montre un musicien possédant un tempérament original. Il écrit aussi la musique de scène Voulez-vous dansez avec moi de Marcel Achard qui remporte un vif succès ; il en va de même de Mathusalem.

Il compose un opéra-bouffe, Par la Taille d’Alfred Jarry, écrit, également de la musique de chambre et des pièces de piano pour Clément Doucet, célèbre pianiste belge (1894-1950), des mélodies sur des poèmes de Jean Cocteau, de Tristan Derème, de René Chalupt.

Invité des Salons parisiens, familier des artistes de ce temps, musiciens (Roland-Manuel, Jane Bathori, Maurice Delage, Manuel Rosenthal, Henry Barraud), poètes (Jean Cocteau, Jules Supervielle), ou écrivains (Raymond Radiguet, Louis Aragon, Antonin Artaud, René Crevel), Maxime Jacob était alors considéré comme le représentant, à travers l’Ecole d’Arcueil, d’une certaine tradition musicale française : fraîcheur, spontanéité et simplicité étaient les mots qui revenaient le plus souvent pour qualifier sa musique ; son langage musical, très directement inspiré de Gounod, son pôle d’attraction, et de la musique modale, s’inscrivait alors parfaitement dans le cadre de l’esthétique néo-classique.

Si la production de Maxime Jacob avant son entrée au Monastère peut paraître relativement importante, elle n’est en rien comparable (en qualité et en quantité) à la somme des œuvres composées de 1934 à sa mort, survenue en 1977 : 15 sonates pour piano, plus de 500 mélodies, 5 sonates pour violon, 2 pour violoncelle, 13 quatuors, 2 quintettes, un concerto pour piano, des œuvres pour orgue, deux oratorios : Le Vitrail de Sainte-Thérèse (1952) et Joinville et Saint-Louis (1971) d’après Péguy, de la musique symphonique, de la musique de film (pour Marc Allégret et Jean Renoir, notamment).

Il va prendre également une part active au nouveau répertoire liturgique francophone tel qu’il découle des consignes de Vatican II. La cantate La Voix constitue un bel exemple de ses efforts pour la reconversion du latin en français.

Si quelques-unes de ces compositions ont été éditées, la plupart sont restées en l’état de manuscrits (un catalogue très complet de ses œuvres a été établi par le Frère Christophe Chapuis, et peut être consulté à la bibliothèque de l’Abbaye d’En Calcat). L’écriture des sonates pour piano - si l’on excepte la première, datant de 1926 - couvrent une période relativement courte qui s’étend de 1940 à 1951. Certaines de ces pièces furent jouées à Paris par sa principale interprète et dédicataire, son ami d’enfance la pianiste Marie-Rose Clouzot (cousine germaine du cinéaste Henri-Georges Clouzot).

D’un point de vue technique et esthétique, le style de Dom Clément Jacob n’a que peu de choses en commun avec celui de Maxime : si l’influence de Gounod - le Gounod mélodiste - se ressent toujours au travers d’un certain goût pour la sensualité harmonique et mélodique, si Milhaud reste toujours un modèle - pour sa conception de la mélodie comme point de départ et d’arrivée de toute musique, ainsi que pour l’utilisation, non systématique, de la poly-harmonie ou de la polytonalité - la guerre, les deuils, et la vie spirituelle ont donné à l’œuvre du moine un souffle, une puissance, et une profondeur que celle du jeune dandy d’avant 1930 ne possédait pas. Les qualités précédemment citées de «fraicheur, spontanéité ou simplicité» n’ont certes pas disparu, mais elles se sont transformées en points d’ancrage, au service d’une pensée artistique et compositionnelle infiniment plus cohérente.

Bien que le contenu musical s’inscrive, encore et toujours dans une perspective néo-classique - clarté des articulations entre les parties, primauté de la mélodie, équilibre général des sections, usage de la symétrie - l’état d’esprit du compositeur, par la dimension spirituelle attachée à chaque phrase, à chaque accord, et à chaque note, ainsi que par la sensibilité religieuse manifestée, rattache également Dom Clément au Romantisme.

Catalogue des œuvres (non exhaustif)

ŒUVRES POUR PIANO

Les Sonates

Date Œuvre Commentaire
1926 Sonatine Allegro – Andantino – Allegretto
1929 1re sonate en si majeur Edit. J. Jobert, Paris 1929, 23 pp. fo

Création à Paris, le , par Jeanne Chailley-Bert.

1940 2e sonate en ré mineur Allegro con fuoco – Adagio – Scherzo – Hymne
1940 3e sonate en fa dièse mineur Allegro modérato – Barcarolle – Menuet – Rondeau
1940 4e sonate en mi bémol Allegro vivo quasi presto – Lamento – Allegro

Création à Paris : Le Triptyque, le , par Marie-Rose Clouzot

1941 5e sonate en mi mineur Allegro vivo Adagio – Intermède – Presto

Création à Paris : Le Triptyque, le , par Marie-Rose Clouzot

1941 6e sonate en la majeur Pastorale – Nocturne – Bourrée – Farandole

Création de Bourrée et Nocturne à Paris : Théâtre Montparnasse, le , par Marie-Rose Clouzot

1942 7e sonate en sol Allegro – Andante – Scherzo – Finale
1941-1942 8e sonate en fa mineur Prélude – Scherzo – Ballade
1944 9e sonate en ut dièse mineur Allegro – Andante – Allegro

Création à Paris : Le Triptyque, le , par Marie-Rose Clouzot

1944 10e sonate en do majeur Presto – Andante – Scherzo – Final
1947 11e sonate en mi bémol Allegro modérato – Andantino – Allegro
1947 12e sonate en la bémol Allegro vivo quasi presto – Andante – Allegro

Création à Paris : Le Triptyque, le par Marie-Rose Clouzot

1948 13e sonate en la mineur Allegro modérato – Andantino – Vif et sombre
1950 14e sonate en sol bémol majeur Allegro modérato – Andantino (Berceuse) – Allegro vivo

Création à Castres, en ou 1952 par Jane Ser

1951 15e sonate en ré majeur Allegro – Andantino – Andantino maestoso

Pièces Variées

Date Œuvre Commentaire
1921 à 1923 Six Bucoliques a) Doux, calme, modéré, b) Vif et gai, c) Modéré et un peu lourd, d) Vif, sec et brillant, e) Vif et gai, f) Très lent comme venant de loin, g) Allegretto (incomplet), h) Allegretto, i) Allegretto (= d) avec des variantes)
1925 Impromptus Caprices Les deux premiers Impromptus Caprices ont été créés par Ricardo Viñes

Trois Impromptus-Caprices ont été édités (en fa, en la bémol et en ut). Ils ont été créés à Paris à L'Atelier le par Marcelle Ruff.

1925 3 Romances sans paroles
1926 Six petits préludes a) Mélancolie, b) Le matin, c) Chanson, d) Le Castel, e) Regret de vacances, f) Un oiseau dans les bois

Edit. J. Jobert, Paris 1927

Création en 1927 ou 1928 par Marie-Rose Clouzot en concert et Pierre d’Arquennes à la Radio.

1926 Au Pays des fées Six petites pièces très faciles pour le piano à deux mains

a) Le Palais enchanté, b) Le précieux talisman, c) Chanson de lutin, d) La fée cerisette, e) Le petit prince Aladin, f) Berceuse de la Belle au bois dormant

1927 Prélude
1930 Guirlandes Six pièces pour piano avec un prélude et une conclusion

Edit. A. Leduc, Paris, 26 pages, épuisé

1934 Le Jardin Clos "Hortus conclusus" a) Cantique des degrés, b) Berceuse, c) Campagne, d) Air de Prime, e) Ariel, f) Marie
1939 Dis petites études modernes a) Il pleut, b) Promenade, c) Musette, d) Barcarolle, e) Carillon, f) Tristesse, g) Petite danse, h) Pastorale, i) Prière, j) Printemps, k) Berceuse, l) Marche

Edit. A. Leduc, épuisé

1945 Tendre mélodie
1946 Arabesque
1946 Offrande à l’amitié Edit. dans Jardin d’enfants, second recueil, H. Lemoine, Paris 1946

N.B. C’est Tendre Mélodie avec quelques variantes minimes.

1947 Trois romances sans paroles a) Souple, lié, rubato, b) Allant, c) Mouvement de Barcarolle
1953 Passepied
1953-1954 Barcarolles a) Andantino, b) Allegretto, c) Andantino, d) Andantino, e) Andantino
1955 Deux Bagatelles a) Grimace, b) Le chemin du Paradis
1956 Berceuse
Deux Caprices a) Vif, b) Allegro
1956 Feuillets d’Album a) Assez lent, b) Allegretto, c) Assez vif, d) Andantino, e) Très rythmé, f) Doux et calme, g) Vif, h) Andantino, i) Allegro modérato, j) Andantino, k) Allegro modérato, l) Lent
1957 Feuillets d’album (2e cahier) a) Modéré, b) Allegro, c) Andantino, d) Mouvement de Valse, e) Allegro, f) Lent, g) Tempo di minuetto, h) Allegretto,

i) Calme, j) Allegro, k) Allegretto, l) Allegretto

1958 Isabelle et Bruno Reprise d’un thème de Au pays des fées.
1959-1960 Nocturnes a) Andantino, b) Allegro, c) Andantino, d) Sans lenteur, e) Andantino
1960 Rêverie

Bibliographie

  • Dom Clément Jacob, L’Art et la Grâce
  • Jean Roy : « Max Jacob » dans Revue musicale (juillet 1939)
  • P. Denis : « Dom Clément Jacob » dans L’Orgue (1956)
  • Marie-Rose Clouzot : Souvenirs à deux voix : de Maxime Jacob à Dom Clément Jacob. Toulouse 1969, 188 pages

Discographie

  • Dom Clément Jacob, Sonates pour piano n°5 et 14, Nocturnes n°2 et 3, Barcarolles n°3 et 8, Bernard Arbus (Sept. 2013, label CALLIOPE, disponible sur domclementjacob.com)
  • Dom Clément Jacob, Sonates pour piano n°4, 9, et 11, Bernard Arbus, Lira d’Arco, 2004
  • Dom Clément Jacob, "Interludes liturgiques", Clément Jacob à l’orgue Casavant de l’abbaye d’En Calcat (Studio SM.25 cm. n°: SM 25M-132)
  • Dom Clément Jacob, "Intégrale pour orgue", Raphaël Tambyeff à l’orgue de l’abbaye d’En Calcat (Disque Coriolan. CD. 1991)
  • Dom Clément Jacob, "Interludes d’orgue", par le compositeur in : "Les quatre saisons en Chant Grégorien". (Maîtrise de la cathédrale de Strasbourg) Studio SM 1993 no 12 22.16.
  • Dom Clément Jacob, "Messe dite de Massaguel". Textes officiels en Français. Paroisse de Massaguel avec la participation des enfants d’En-Calcat (Studio SM 17A - 183)

Filmographie

Liens externes

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