Jane Bathori

Jeanne-Marie Berthier, dite Jane Bathori, est une mezzo-soprano française née le dans le 3e arrondissement de Paris et morte le à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne).

Biographie

Jeanne-Marie Berthier[1] naît le à Paris 3e de Charles Pierre Berthier et de Reine Ducret[2].

À l'âge de 5 ans, elle étudie le piano et se destine à une carrière de pianiste de concert[3] mais elle se tourne vers le chant qu'elle apprend avec Mme Brunet-Lafleur qui lui donne son pseudonyme : Jane Bathori. À la demande du poète Achille Segard, elle fait ses débuts professionnels en 1898 au théâtre de la Bodinière, rue Saint-Lazare à Paris, elle honore le poète Paul Verlaine dans un concert-festival Reynaldo Hahn accompagnée du compositeur au piano. Pendant ce concert, elle rencontre le ténor Émile Engel qui devient son professeur, puis dix ans plus tard, le , son mari[4] ; mais elle divorcera treize ans plus tard, le [5].

En 1898, elle chante aux Concerts du Conservatoire où elle fait la connaissance de Maurice Ravel ; son interprétation en 1904 de la mélodie Asie extraite du cycle Schéhérazade de Ravel lui vaut d'assurer ensuite la création de presque toutes les premières mélodies de ce compositeur. La même année, elle débute aux Grands Concerts ; elle apparaît alors aux Concerts du Conservatoire où elle exécute des pièces de Gabriel Fauré, La Naissance de Vénus, et la Messe de Requiem de Camille Saint-Saëns.

Pendant la saison 1899-1900, elle fait ses débuts de mezzo-soprano à l’opéra de Nantes. En 1917, elle devient directrice du théâtre du Vieux-Colombier à la demande de Jacques Copeau, directeur du Vieux-Colombier[6],[7]. Après la Première Guerre mondiale, elle chante à la Scala de Milan avec Enrico Caruso sous la direction d'Arturo Toscanini[8] et dans d’autres théâtres à travers l’Europe. Dans les années 1920, elle joue un rôle dans la propagation et la vulgarisation de la nouvelle musique de cette époque et notamment celle du groupe des Six. Darius Milhaud et Germaine Tailleferre l'accompagnent dans de nombreux enregistrements[9].

Elle rencontre la jeune actrice Andrée Tainsy en 1935 et va partager sa vie jusqu’à sa mort en 1970. Dans les années 1930, elle chante au théâtre Colón de Buenos Aires en Argentine. Pendant la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation allemande, elle s'exile à Buenos Aires en compagnie d'Andrée Tainsy[10]. Elle ne revient en France qu’à la Libération. Jane Bathori enseigne alors et donne des leçons particulières à un certain nombre de jeunes chanteurs. Bien que l’âge ait mis un terme à sa propre carrière de concertiste, elle apparaît de temps en temps en public et sur des enregistrements comme accompagnatrice.

Le nom de Jane Bathori reste avant tout attaché à l'avant-garde musicale française, que ce soit celle du début du XXe siècle, avec Gabriel Fauré, Claude Debussy, Maurice Ravel, Erik Satie et Poldowski, ou celle de l'entre-deux-guerres avec le groupe des Six[11],[12].

Elle meurt le à Limeil-Brévannes dans le Val-de-Marne[13]. Ses cendres ont été placées dans la case 6954 du columbarium du Père-Lachaise à Paris ; celles d'Andrée Tainsy se trouvent à proximité (case 6966) depuis 2004.

Distinctions

Bibliographie

  • Linda Laurent (sélection et présentation), Jane Bathori - Andrée Tainsy : Correspondance 1935-1965, Riveneuve éditions, , 436 p. (ISBN 978-2360133604 et 2360133608, présentation en ligne).
  • Maurice Ravel, L'intégrale : Correspondance (1895-1937), écrits et entretiens : édition établie, présentée et annotée par Manuel Cornejo, Paris, Le Passeur éditeur, , 1769 p. (ISBN 978-2-36890-577-7 et 2-36890-577-4, notice BnF no FRBNF45607052)
    Contient trois correspondances de Maurice Ravel à Jane Bathori (entre 1916 et 1932) no 755, 1777 et 2418, une correspondance de Jane Bathori sur Maurice Ravel (en 1907).

Notes et références

  1. « Ministère de l’Éducation nationale. Légion d'honneur », sur gallica.bnf.fr, Journal officiel de la République française. Lois et décrets, (consulté le ), p. 614.
  2. Archives de Paris : État civil du 3e arrondissement - acte de naissance no 1089 de Jeanne, Marie Berthier. Cote du document : V4E / 2747, vue 24 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  3. Elle opta ensuite pour une carrière de chanteuse à cause de ses doigts trop courts. Cf. l'émission de France musique du dimanche 9 juillet 2017.
  4. Archives de Paris : État civil du 8e arrondissement de Paris - acte de mariage no 480, d'Émile Engel et de Jeanne Berthier en date du 21 mai 1908. Cote du document : 8M / 194. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  5. Jugement rendu par le Tribunal civil de la Seine en date du 23 juillet 1921. Archives de Paris : État civil du 8e arrondissement de Paris - transcription de divorce no 1442 d'Émile Engel et de Jeanne Berthier, en date du 19 novembre 1921. Cote du document : 8M / 247. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.
  6. Linda Laurent, « Jane Bathori et le théâtre du Vieux-Colombier », Revue de musicologie, Société française de musicologie, vol. 70, no 2, , p. 241 (ISSN 0035-1601)
  7. « La saison au théâtre du Vieux-Colombier », sur gallica.bnf.fr, Lutetia, no 2, (consulté le ), p. 12
  8. Ornella Volta, Erik Satie. Correspondance presque complète, Fayard/IMEC, 2000, p. 664
  9. Linda Laurent, « Jane Bathori et le Théâtre du Vieux-Colombier », Revue de musicologie, vol. 70, no 2, , p. 229-257 (ISSN 0035-1601)
  10. « Présentation de Jane Bathori - Andrée Tainsy Correspondance 1935-1965 », sur amazon.fr, (consulté le ).
  11. Marc Vignal, Dictionnaire de la musique, Paris, Larousse, , 923 p. (ISBN 2-03-505545-8, lire en ligne), p. 432.
  12. Renaud Machart, « Jane Bathori, l'amie de Satie, Debussy, Ravel », sur LeMonde.fr, (consulté le ).
  13. Archives de Paris : mentions marginales de l'état civil du 3e arrondissement de Paris dans l'acte de naissance no 1089 de Jeanne, Marie Berthier. Cote du document : V4E / 2747, vue 24 sur 31. Archives de Paris, 18 boulevard Sérurier 75019 Paris.

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