Louve capitoline

La Louve capitoline (ou la Louve du Capitole) est une sculpture en bronze qui est conservée à Rome au Musée du Capitole. Elle est un symbole associé à la mythique légende de Romulus et Rémus et à la fondation de Rome.

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Description

La sculpture en bronze de 75 cm de hauteur et 114 cm de longueur, représente un épisode de l'histoire légendaire de Romulus et Rémus : déposés sur le Tibre dans un panier d'osier, les jumeaux sont recueillis par une louve au pied du Mont Palatin, sous un figuier sauvage (le Ficus Ruminalis) situé devant l'entrée de la grotte du Lupercal. L'animal les aurait nourris et protégés. Devenus adultes, les deux frères retournent à l'endroit de leur abandon et y fondent la ville de Rome.

Datation

Romulus et Rémus (XVe siècle ?)
Denier d'argent de Sextus Pompée (vers 137 avant notre ère) : avers - le fleuve Rumon ; revers - sous le figuier, près du berger Faustulus, la louve veillant sur Romulus et Rémus.
Sur l'autel de Mars et Vénus d'Ostie (musée du Palazzo Massimo), la louve a la tête tournée vers les jumeaux.
Sur un buste romain de l'Agora d'Athènes, la louve a aussi la tête tournée vers les jumeaux.

En juillet 2008, les résultats des analyses de datation au carbone 14, effectuées depuis 2006 par les universitaires de la région du Salento, ainsi que l'utilisation de la technique de la « cire perdue » qu’on employait peu dans l’Antiquité romaine, prouvent que l'œuvre ne date pas du Ve siècle av. J.-C., comme on l'a longtemps prétendu depuis les études de Johann Joachim Winckelmann au XVIIIe siècle, mais remonterait en fait au milieu du Moyen Âge : elle n'était donc pas étrusque[1]. On pourrait donc supposer que la statue signalée devant le palais du Latran dès le Xe siècle ne serait pas celle-ci.

Cependant, ces résultats n'ont toujours pas fait l'objet, en 2012, d'une véritable publication scientifique et il n'existe pas encore un consensus clair de la communauté scientifique sur cette question.

Histoire

Cette œuvre fut utilisée comme fontaine aux XIIe et XIIIe siècles. Offerte par le pape Sixte IV à la ville de Rome en 1471, elle est placée dans l'église Saint-Théodore-au-Palatin, époque à laquelle on rajoute également deux représentations en bronze des jumeaux romains, œuvres attribuées à Antonio Pollaiuolo (1432 - 1498). La statue est placée au Capitole vers 1544. L'ensemble fut ensuite transféré après 1876 au palais des Conservateurs.

Placée au centre de la salle[Laquelle ?] – où Aldrovani la mentionne, au XVIe siècle "dans une loggia couverte qui regarde vers la partie plane de la ville" (les traces des colonnes de la loggia sont visibles sur le mur entre les deux fenêtres) – la Louve est le symbole de la ville.

Parvenue au Capitole avec la donation de Sixte IV, elle fut initialement placée sur la façade du palais du XVe siècle et fut ensuite transportée à l'intérieur, à la faveur des travaux de Michel-Ange.

[réf. nécessaire]

Répliques

Réplique installée en 1962 dans le square Paul-Painlevé, à Paris.
Réplique installée en 1974 à Ségovie, en Espagne.

Une réplique est offerte par la ville de Rome en 1962 à la ville de Paris, à l'occasion du jumelage des deux capitales. Elle se trouve dans le square Paul-Painlevé (Ve arrondissement). La ville de Rome a également offert une réplique de la louve à la ville de Martigny, ancienne cité romaine située en Valais ; elle se trouve d'ailleurs sur la bien nommée place de Rome. Une autre fut donnée en 1921 par la municipalité de Rome à la ville de Cluj-Napoca (Roumanie), comme un symbole de la romanité des Roumains.

Les 5 et 6 juin 1982 furent célébrés les 2100 ans d'existence de Narbonne. A cette occasion le docteur Alberto Benzoni, maire-adjoint de la ville de Rome, offrit à Narbonne une magnifique réplique de la Louve ; Narbonne fut la première colonie romaine et devint de ce fait la première fille de Rome, hors d'Italie.

Une histoire analogue (celle des fils de Rémus) donne lieu à une légende comparable pour la fondation de la ville de Sienne, avec la lupa senese qui orne tous les édifices notables de la ville (plusieurs devant le Duomo, sur une colonne de la place Salimbeni…) avec la différence de l'orientation de sa tête.

Représentations antiques de la louve romaine

Les textes anciens nous ont conservé le souvenir de deux groupes sculptés qui représentaient à Rome la louve et les jumeaux :

Ces deux œuvres n'ont pas survécu.

Un troisième groupe figurant la louve avec les jumeaux se trouvait au Capitole et fut renversé, avec d'autres statues, lors d'un violent orage qui s'abattit sur Rome en 65 av. J.-C.[5]. C'est à ce groupe (jumeaux non compris) qu'a généralement été identifiée la statue de la louve aujourd'hui conservée au musée du Capitole, dès 1544 par Marliani, puis par Winckelmann, Petersen, Carcopino et d'autres.

Sur la plupart des représentations antiques, la louve a la tête tournée vers l'arrière, veillant sur les gémeaux.

Utilisation du symbole de la Louve du Capitole

La louve romaine comique et galopante, emblème des éditions Formiggini à Rome[6].
La louve romaine de Chişinău en Moldavie, symbole des luttes politiques entre autochtones et russophones.

Benito Mussolini, qui se voulait le promoteur d'une « Nouvelle Rome », a utilisé la représentation de la Louve du Capitole comme outil de propagande. Il en envoya à plusieurs reprises des répliques aux États-Unis.

Le monument érigé à la mémoire de Nicolas Pietkin à Sourbrodt.

La Louve du Capitole fut choisie comme emblème des Jeux olympiques de Rome (1960). Elle figure aussi sur le logo du club de football AS Rome.

La Louve du Capitole, sans les jumeaux (justifiant cela dans la FAQ par le fait que les jumeaux sont des ajouts tardifs), est aussi présente sur la couverture des livres de la série latine de la Collection des universités de France « Budé », à couverture rouge[7].

Le facétieux éditeur romain Angelo Fortunato Formiggini a adopté comme emblème de sa maison d'édition une louve romaine comique et galopante.

À Sourbrodt, en Wallonie, un monument représentant la Louve du Capitole, symbole de la civilisation latine, a été inauguré en 1926, à la mémoire de Nicolas Pietkin, militant wallon opposé à la politique prussienne de germanisation.

Enfin la louve romaine de Chişinău, capitale de la république de Moldavie, est devenue, depuis l'indépendance en 1991 de ce pays jadis roumain, puis soviétique, un symbole des luttes politiques entre autochtones moldaves (de langue romane) et colons russophones : régulièrement ces derniers la vandalisent ou subtilisent, tandis qu'une „Ligue culturelle pour l'unité des roumains de tous lieux” organise des souscriptions, fait faire des copies et la remet en place. La première statue a été fondue en 1940 au moment de l'annexion soviétique, puis une réplique a été remise en place lors de l'indépendance devant le Musée d'Histoire[8].

Dans la ville de La Louvière en Belgique, une réplique de la louve romaine symbolise la ville de La Louvière. Elle a été réalisée par Alphonse Darville en 1954 pour les Fêtes de la Wallonie. La position de la statue est la même que l'originale, sans Romulus et Rémus.

Notes et références

  1. La lupa del Campidoglio è medievale la prova è nel test al carbonio, La Repubblica, 9 juillet 2008.
  2. Et donc, par l'effet de la translation opérée par l'augure Attus Navius, au Comitium. J. Carcopino, op. cit., p. 30-31.
  3. Antiquités romaines, I, 79, 8.
  4. J. Carcopino, op. cit., p. 31-32.
  5. Dion Cassius, XXXVII, 9 ; Cicéron, Catilinaires, III, 19 et De diuinatione, I, 19 ; II, 47 ; Julius Obsequens, 61.
  6. Détail du verso d'une carte postale de la série Cartoline parlante éditée à Rome par Angelo Fortunato Formiggini.
  7. « La couleur… rappelle ainsi le petit drapeau, planté sur la tente prétorienne, qui accomplit le tour du monde antique à la suite des imperatores. » Jérôme Carcopino, La Louve du Capitole, p. 3.
  8. „Ligue culturelle pour l'unité des roumains de tous lieux” :

Voir aussi

Bibliographie

  • Jérôme Carcopino, La Louve du Capitole, Paris, Les Belles Lettres, 1925, 92 p., 6 pl. (réimpr. d'articles parus dans le Bulletin de l'Association Guillaume Budé en 1924 et 1925).
  • Cécile Dulière, Lupa Romana. Recherches d'iconographie et essai d'interprétation (coll. « Études de philologie, d'archéologie et d'histoire anciennes », 18), Bruxelles-Rome, Institut historique belge de Rome, 1979, 2 vol. (texte + ill), 318 p., 327 fig.
  • Gilbert-Charles Picard, « La louve romaine du mythe au symbole », Revue archéologique, 1988, fasc. 1.

Articles connexes

Liens externes

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