Capitole

Le Capitole (en latin : Capitolinus Mons, en italien : Campidoglio) est l'une des sept collines de Rome. C'est le centre religieux de la ville avec le temple consacré à la triade Jupiter, Junon et Minerve. Par extension chaque cité romaine se doit d'avoir son Capitole.

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Localisation du Capitole et des sommets associés sur une carte topographique simplifiée de la ville de Rome antique avec, à titre indicatif, les empreintes des principaux monuments et les tracés des murs servien et aurélien.

Description

Plan du Capitole, Nordisk familjebok, 1916.

À l'origine, le Capitole ne fait pas partie des Septeme montes des IXe et VIIIe siècle av. J.-C.[1]. Avec le Quirinal, le Capitole forme un ensemble considéré comme distinct par rapport aux autres collines dont le Palatin occupe le centre[2]. Ce n'est que plus tard, une fois la ville étendue, que la colline devient une des sept collines de la Rome classique[3].

Le Capitole est la plus petite de ces sept collines, avec une longueur de 460 mètres pour une largeur moyenne de 180 mètres. Il se trouve entre le Forum Romain et le Champ de Mars. La colline est entourée par des falaises raides de tous côtés excepté à l'est, où elle est accessible via une rampe (Clivus Capitolinus) depuis la vallée du Forum Romain. C'est du côté du Tibre que se trouve la célèbre roche Tarpéienne, du haut de laquelle sont précipités, sous la Rome antique, les traîtres à la patrie. C'est pourquoi le Capitole est considéré comme une forteresse naturelle de Rome offrant de nombreuses possibilités naturelles de défense[4]. De plus, sa position stratégique au cœur des voies de communications terrestres et fluviales, dominant d'un côté le fleuve Tibre et de l'autre côté la vallée du Forum, permet aux Romains de contrôler la traversée et la remontée du fleuve[4].

Le mons Capitolinus se compose de deux collines reliées entre elles par une dépression. Au nord, la colline de l'Arx, 49,2 mètres de hauteur, est fortifiée dès l'origine de Rome. C'est ce sommet qui constitue la véritable citadelle (en latin, arx signifie « citadelle » ou « forteresse »[5])[6]. Au sud, le deuxième sommet est baptisé Capitolium. Il s'agit du Capitole proprement dit, culminant à 46 mètres[6]. C'est sur ce sommet que se trouve le complexe religieux. Son nom vient du latin caput qui signifie « tête », mais aussi « principal »[7]. En effet, le Capitole est le Caput Urbis, c'est-à-dire littéralement « l'endroit principal de la ville », ou tout simplement le « chef-lieu », puisqu'il est d'abord le centre religieux de Rome. Les deux sommets sont reliés par l'Asylum ou l'Intermontium, une dépression de 36,5 mètres de hauteur[6], actuellement occupée par la place moderne du Capitole.

Histoire

Le Capitole archaïque

Le temple de Jupiter sur le Capitole sous la République sur une illustration de Friedrich Polack, 1896.

Étant donné sa situation et son aspect de roche inexpugnable, le Capitole constitue un site idéal pour une occupation précoce, peut-être dès l'âge du bronze comme semblent l'attester des fragments de céramiques datés du XIVe siècle av. J.-C. et retrouvés dans la vallée du Vélabre où ils ont été réutilisés comme remblai[8]. Cette première découverte est confirmée par la mise au jour de céramiques dans la dépression de l'Intermontium remontant à l'âge de bronze final[8]. Ces fragments correspondent à une production à petite échelle et non à celle d'une ville ce qui montre qu'à cette époque, la colline n'est encore occupée que par un ou plusieurs villages isolés[4]. Ce premier secteur d'habitation s'est ensuite étendu dans la plaine en contrebas jusqu'à la zone occupée plus tard par l'arc d'Auguste, à l'extrémité orientale du Forum Romain[4].

Selon la tradition, peu après la fondation de Rome, Romulus institue un asile sur le Capitole (Asylum), un refuge à caractère sacré destiné aux vagabonds, esclaves et hommes libres[9]. Quelque temps plus tard, la colline subit une attaque des Sabins de Titus Tatius qui s'emparent de la citadelle après la trahison de Tarpeia dont le nom dérive de l'ancien nom de la colline : le mons Tarpeius[10]. Cette guerre se termine par un accord entre Romains et Sabins ayant pour conséquence le fusionnement des deux peuples[9].

Le Capitole

Le mur de Servius Tullius est agrandi pour inclure la colline entière. Le temple de Jupiter primitif aurait été construit par Tarquin l'Ancien et terminé par Tarquin le Superbe, mais selon Tite-Live, il n'est consacré qu'en , lors de la première année de la République romaine.

En , une troupe de Sabins menée par Appius Herdonius parvient à s'emparer de la colline. Cet évènement renvoie à la prise du Capitole par les Sabins de Titus Tatius et lie un peu plus la colline aux Sabins. Toutefois, cette attaque de Sabins est tout à fait plausible étant donnée la mobilité des groupes ethniques dans la région à cette époque[2].

Henri-Paul Motte, Les Oies du Capitole, 1889

En , lors d'une invasion des Gaulois, le cri des oies du Capitole, consacrées à Junon, auraient, selon la légende, donné l'alerte à la garnison, sauvant ainsi la citadelle, dernier refuge des Romains. En , le temple de Junon Moneta est construit sur la colline de l'Arx. Le , un temple est consacré sur le Capitolium à Vénus Érycine (Venus Erycina) pour commémorer la défaite romaine lors de la bataille du lac Trasimène.

En , le temple de Jupiter Capitolin est reconstruit sur ordre du dictateur Sylla. Il l'est de nouveau en à l'instigation d'Auguste.

En 69 ap. J.-C., lors de l’année des quatre empereurs, les partisans de Vespasien se réfugient sur le Capitole où ils sont assiégés par les partisans de Vitellius. La colline est endommagée par un incendie. En 75, le temple de Jupiter Capitolin est à nouveau reconstruit et consacré par Vespasien[11]. En 83, le temple de Jupiter Capitolin est entièrement reconstruit par Domitien et revêtu de marbre, ce qui dorénavant le protège contre les incendies.

Le Capitole moderne

Le Capitole d'aujourd’hui a été tiré des ruines grâce à Michel-Ange et ses successeurs. On peut y trouver le Palais du Sénat qui abrite le siège de la mairie de Rome et les musées du Capitole, le plus ancien musée du monde créé en 1471 par le pape Sixte IV afin de rendre au peuple Romain quelques exceptionnelles statues de bronze comme la Louve capitoline, le Camille, le Tireur d'épine et la Tête de Domitien aujourd’hui reconnue comme celle de Constance II.

En 1538, la statue équestre de Marc Aurèle, auparavant installée au Latran, est transférée dans le musée, au Palazzo dei Conservatori. Une copie a été installée à l'extérieur, au centre de la place.

De chaque côté de la rampe d'accès où elle débouche sur la place ont été disposés les groupes des Dioscures d'époque impériale tardive. Au milieu de la rampe d'accès, sur la gauche en montant, se trouve la statue de Cola di Rienzo.

Monuments du Capitole de Rome

L'aire sacrée du Capitole sur la maquette d'Italo Gismondi.

Aire sacrée du Capitole

Autour du temple de Jupiter Capitolin, dans une aire sacrée appelée Area Capitolina, se dressent de nombreux temples, édicules, portiques et arcs de triomphe parmi lesquels celui de Scipion l'Africain, décoré de sept statues de bronze doré. On y trouve également de très nombreuses statues et bustes d'empereurs et de généraux, dont on ignore encore aujourd’hui les positions exactes pour la plupart. Selon les auteurs antiques, ses statues sont si nombreuses sous Auguste qu'il en fait transférer un grand nombre dans le nouveau quartier du Champ de Mars.

Le Temple de Jupiter Capitolin

Selon la tradition antique, le temple de Jupiter Capitolin est édifié à l'initiative du roi Tarquin l'Ancien en remplacement de temples plus anciens construits par les Sabins. Il est terminé à la fin du VIe siècle av. J.-C. par Tarquin le Superbe puis dédié en , la première année de la République romaine. Ce temple est le plus grand de la Rome républicaine. Il symbolise la puissance de la ville et en est le centre religieux.

Le Temple de Junon Moneta

Le temple de Junon Moneta est construit en par Lucius Furius Camillus, fils de Camille, sur la seconde hauteur du Capitole, l’Arx. Il est dédié à Junon Moneta, déesse qui avertit et qui conseille, mais qui est aussi considérée comme la protectrice des femmes. Il a presque entièrement disparu au fil du temps. À proximité se trouvait le premier atelier monétaire romain.

Le Tabularium

Le Tabularium est construit à la demande de Sylla en , sous le consulat de Quintus Lutatius Catulus et de Marcus Aemilius Lepidus. C’est le seul édifice de l’antique Capitole dont il reste aujourd’hui des éléments significatifs. Durant l'Antiquité, il abrite les archives de l’État romain. Les anciennes lois y sont gravées sur des tables de bronze.

Les capitoles hors de Rome

Les capitoles romains

Vestiges du Capitole de Cuicul (Afrique)

Chaque colonie possède un capitole où est construit un temple dédié à Jupiter, Junon et Minerve, divinité de la triade capitoline.

Les capitoles postérieurs

Le nom de « capitole » a aussi été donné à différents monuments servant de centre à la vie municipale ou nationale comme en France avec le Capitole de Toulouse où se trouve l'actuel hôtel de ville. Aux États-Unis, le Congrès américain (Sénat et Chambre des représentants) siège au Capitole des États-Unis à Washington. De plus, dans chaque capitale des cinquante États américains, se trouve un capitole qui abrite la Législature de l'État[n 1].

Notes et références

Notes

  1. Voir Catégorie:Capitole d'État des États-Unis

Références

  • Sources modernes :
  • Sources antiques :

    Bibliographie

    • Léon Homo, Rome impériale et l'urbanisme dans l'Antiquité, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », , 665 p.
    • Filippo Coarelli (trad. de l'italien), Guide archéologique de Rome, Paris, Hachette, (1re éd. 1980), 350 p. (ISBN 2-01-235428-9)
    • (en) R. H. Darwall-Smith, Emperors and Architecture : a Study of Flavian Rome, Bruxelles, Latomus,
    • François Hinard (dir.), Histoire romaine : tome I, des origines à Auguste, (ISBN 978-2-213-03194-1)
    • Dominique Briquel, « Le sillon fondateur », dans Histoire romaine, 2000a, p. 11-46
    • Dominique Briquel, « La lente genèse d'une cité », dans Histoire romaine, 2000b, p. 47-84

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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