Locride (Italie)

La Locride ['lɔ:kride] est une zone géographique de la province de Reggio de Calabre sur le versant ionien de la Calabre en Italie.

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Paysage de Locride à Caulonia.

Le territoire de la Locride, encastré entre l'Aspromonte et la côte Ionienne, couvre une superficie de 1 366,60 km2 et comprend 131 985 habitants[1] dans 42 communes avec une densité moyenne de 103 habitants au km2. La façade côtière de la zone s'appelle Costa dei gelsomini (it) ou Riviera dei gelsomini (côte ou rivière des jasmins).

Géographie

La Locride est encastrée entre l'Aspromonte et la mer Ionienne[2].

Les centres côtiers qui sont reliés par la SS106 entre Monasterace et Brancaleone sont essentiellement des stations balnéaires. Les sites archéologiques gravitent autour de la zone de Locri Epizefiri[2].

L'intérieur du territoire comporte de nombreux bourgs accrochés aux pentes de l'Aspromonte. Leur origine remonte aux normands et au Moyen Âge. La localité de Gerace étant un des principaux centres d'intérêt[2].

Territoire

Communes de la Locride, classées par zones :

Bivongi, Camini, Caulonia, Monasterace, Pazzano, Placanica, Riace, Roccella Jonica, Stignano, Stilo.

  • Vallée du Torbido (it) (189,99 km2) :

Mammola, Grotteria, San Giovanni di Gerace, Martone, Gioiosa Ionica, Marina di Gioiosa Ionica.

  • Vallée du Gerace et Lordo (127 km2) :

Agnana Calabra, Canolo, Gerace, Locri, Siderno.

  • Vallée du Condojanni et Portigliola (120 km2) :

Antonimina, Ardore, Ciminà, Portigliola, Sant'Ilario dello Ionio.

  • Vallée du Bonamico (362,57 km2) :

Benestare, Bianco, Bovalino, Caraffa del Bianco, Careri, Casignana, Platì, Samo, San Luca, Sant'Agata del Bianco

  • Heracleum (140 km2) :

Africo, Ferruzzano, Bruzzano Zeffirio, Staiti, Brancaleone, Palizzi.

Histoire

Premières implantations humaines

Le territoire de la Locride est habité depuis la Préhistoire et on y a retrouvé de nombreuses vestiges de l'Âge du fer comme les nécropoles de Roccella Ionica, de Santo Stefano di Grotteria et de Locri[3].

Au IXe siècle av. J.-C., la Locride est occupé par deux peuples italiques : les Œnotriens qui occupe le littoral de la mer Ionienne et les Ausones qui vivent sur les bords de la mer Tyrrhénienne. Au VIe siècle av. J.-C., la région prend le nom d'Italie, toponymie qui se diffusera par la suite vers le nord jusqu'à désigner toute la péninsule[3].

Période de la Grande Grèce

Le temple de Kaulon.

Entre le VIIIe siècle av. J.-C. et le VIIe siècle av. J.-C. a lieu la première colonisation grecque. En effet, pendant cette période, les grecs débarquent par milliers sur la côte ionienne. C'est le début de la « Grande Grèce », qui désigne les actuelles régions de Sicile, Calabre, Campanie, Basilicate et Pouilles. Parmi les principales cités de cette zone se trouve celle de Locri Epizefiri (qui donna son nom à la Locride) qui fut fondée aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C.. D'autres cités se trouvaient dans la Locride comme celle de Kaulon, fondée au VIIe siècle av. J.-C., qui a été redécouverte en 1911 par l'archéologue Paolo Orsi[3].

Période romaine

Au IVe siècle av. J.-C., la tribu des Bruttiens, descendants des Lucaniens et originaire d'Italie centrale, s'installe en Calabre et dans la Locride. Les grecs d'Italie, dans une ultime tentative de résistance demandent l'aide du roi Alexandre le Molosse, oncle maternel d'Alexandre le Grand, qui est aussi battu et décède en Calabre. Les habitants locaux demandent alors l'aide de Rome qui envoie ses hommes gouverner les principales cités de la Grande Grèce comme Locri Epizefiri, dirigée par le légat Pléminius. La Locride passe définitivement sous l'emprise de Rome au IIIe siècle av. J.-C. après s'être alliée à Carthage et avoir aidé Hannibal Barca dans sa tentative de conquérir l'empire romain[4].

Période byzantine

En 410, la Locride est envahie par les Wisigoths menés par le roi Alaric Ier qui meurt dans le nord de la Calabre. Après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, le Mezzogiorno (dont fait partie la Locride) tombe sous domination de jure de l'Empire byzantin. Pourtant, au VIe siècle, le roi des Ostrogoths Théodoric le Grand s'empare de la Calabre, mais il s'éteint en 526 et dès lors les byzantins reprennent le pouvoir jusqu'au XIe siècle bien qu'avec de courtes périodes de domination lombarde puis arabe[5].

En 982, l'empereur Otton II du Saint-Empire revendique la Calabre qu'il considère comme lui revenant car il avait épousé la princesse byzantine Théophano Skleraina. Il affronte donc dans la Locride, à proximité de la ville de Stilo, les arabes qui étaient venus en aide aux byzantins. Otton subit une défaite et est obligé de se retirer[5].

Moyen Âge et période moderne

Au XIe siècle, les normands, guidés par la famille des Hauteville, envahissent le sud de l'Italie sur demande du pape qui veut chasser les sarrasins qui s'y sont installés. En 1130, le roi Roger II de Sicile crée le Royaume de Sicile qui comprend la Locride[6].

En 1194, l'empereur Henri VI du Saint-Empire hérite du royaume de Sicile par son mariage avec Constance de Hauteville. C'est le début de la domination des Hohenstaufen sur la Locride qui durera jusqu'en 1282. À cette date, le royaume est divisé entre la partie insulaire (la Sicile) qui reste sous domination germanique et la partie péninsulaire, qui devient le Royaume de Naples, où se situe la Locride, qui est alors une possession de la famille royale française d'Anjou. Cette division s'arrête brièvement en 1442 quand le roi Alphonse V d'Aragon réunifie les deux pendant seize ans et par la suite le royaume de Naples passe aux Trastamare[6].

Dès le milieu du XVIe siècle, des Albanais invités par le roi de Naples et guidés par le noble calabrais Demetrio Reres s'installent dans plusieurs villages du Mezzogiorno, dont certaines parties de la Locride. Cette immigration continuera pendant plusieurs siècles[6].

Du XVIe siècle au XVIIIe siècle, la Locride ainsi que le royaume de Sicile passent successivement de la domination des Trastamare à celle des Habsbourg, puis pendant une courte période aux Bourbons d'Espagne et enfin aux Bourbon-Siciles qui le reçoivent comme conséquence de la paix signée pour conclure la Guerre de Succession de Pologne. Après une courte période napoléonienne pendant laquelle le règne est dirigé par Joachim Murat, beau-frère de Napoléon, le royaume des Deux-Siciles est créé par les Bourbons qui ont repris le pouvoir[6].

Dès 1817, la Locride fait partie de la province de la Calabre ultérieure première, qui comporte Reggio de Calabre, et plus précisément du District de Gerace créé en 1806, dont les limites correspondent presque exactement à celles de la Locride[6].

Du Risorgimento à aujourd'hui

La Locride prend une part importante dans le Risorgimento, surtout grâce à l'action en 1847, un an avant le Printemps des Peuples, des Cinq Martyrs de Gerace : Rocco Verduci (1824-1847), Michele Bello (1822-1847), Gaetano Ruffo (1822-1847), Pietro Mazzoni (1819-1847) et Domenico Salvadori (1822-1847). Ceux-ci, après avoir pris les villes, toutes situées dans la Locride, de Bianco, Bovalino, Ardore, Siderno, Gioiosa Ionica et Roccella Ionica pour y instaurer une république, sont capturés à Caulonia puis exécutés le dans la plaine de Gerace.

Dès l'unification de l'Italie en 1861, la Locride est très touchée par la pauvreté (on voit d'ailleurs cela à travers la Question méridionale), ce qui ne s'améliore pas au début du XXe siècle avec le séisme de 1908 à Messine qui détruit de nombreux bourgs du littoral ionien de la Calabre ainsi qu'après la Première Guerre mondiale où des centaines d'habitants de la Locride trouvent la mort[7].

La Calabre est considérée aujourd'hui par l'Union européenne comme une des régions les plus pauvres d'Europe[8].

Monuments

Administration

La Locride compte 42 communes qui sont rattachées administrativement à la province de Reggio de Calabre sous la forme d'un circondario di decentramento amministrativo le « Circondario di Locri », Locri étant le siège administratif[9]. Jusqu'en 2008, le nom du territoire était Circondario della Locride.

Il s'agit d'un des trois circondari de décentralisation administrative issus de la réorganisation de la province en novembre 1998, les deux autres étant le circondario di Reggio (autrefois Circondario dello Stretto, supprimé en 2008)[10] et le Circondario di Palmi (précédemment della Piana)[11].

Liste des communes du circondario di Locri
Commune Superficie
(km²)
Habitants
(2010)
Africo513 146
Agnana Calabra8569
Antonimina221 354
Ardore324 799
Benestare18,572 460
Bianco314 174
Bivongi25,31 381
Bovalino358 816
Brancaleone38,993 589
Bruzzano Zeffirio201 205
Camini17716
Canolo10774
Caraffa del Bianco12538
Careri382 378
Casignana24764
Caulonia1007 047
Ciminà48593
Ferruzzano19727
Gerace282 715
Gioiosa Ionica36,997 019
Grotteria373 237
Locri2512 500
Mammola802 934
Marina di Gioiosa Ionica156 548
Martone8533
Monasterace153 340
Pazzano15605
Palizzi52,262 267
Placanica291 227
Platì503 692
Portigliola51 210
Riace161 820
Roccella Ionica376 383
Samo50841
San Giovanni di Gerace13511
San Luca1043 985
Sant'Agata del Bianco18649
Sant'Ilario dello Ionio131 308
Siderno3816 960
Staiti15265
Stignano78,491 334
Stilo382 655
TOTAL 1 366,60 129 568

Infrastructures et transports

Routes

Routes nationales
  • Strada statale 106 Ionica traverse la Locride.
  • Strada statale 682 Ionio-Tirreno route de grande communication Ionio-Tirreno (Gioiosa Ionica-Rosarno).
Routes provinciales
  • Strada Provinciale 1 de Gioia Tauro a Locri, ancienne SS 111, traverse le territoire de Locri, Gerace et Canolo, traverse le Zomaro, Cittanova, Taurianova et Gioia Tauro où elle rejoint la SS 18 Tirrenica, Reggio de Calabre - Naples.
  • Strada provinciale 5, ancienne SS 281, de Marina di Gioiosa Jonica - Rosarno, suit le parcours de la SS 682 Ionio-Tirreno (Gioiosa-Rosarno) : débute à Rosarno, passe par Melicucco, Polistena, Cinquefrondi traverse le Passo della Limina (it), rejoint Mammola, Marina di Gioiosa Ionica et la côte Ionienne (SS 106/E90) Reggio de Calabre-Tarente.

Transport ferroviaire

Les Ferrovie dello Stato (FS) traversent le territoire de la Locride (ligne Tarente - Reggio de Calabre).

Ports

Aéroports

Les aéroports les plus proches sont :

Images

Notes et références

  1. (it) Données de l'Istat au 31/05/2012
  2. (it) « La Locride », sur Locride.altervista.org
  3. (it) Francesco Alati, « La Magnia Grecia », sur Storia della Locride, (consulté le ).
  4. (it) Francesco Alati, « Periodo romano », sur Storia della Locride, (consulté le ).
  5. (it) Francesco Alati, « Periodo bizantino », sur Storia della Locride, (consulté le ).
  6. (it) Francesco Alati, « Le varie dominazioni », sur Storia della Locride, (consulté le ).
  7. (it) Francesco Alati, « L'Unità d'Italia », sur Storia della Locride, (consulté le ).
  8. « Sud d'Italie, la région la plus pauvre d'Europe », sur Infos italie (consulté le ).
  9. (it) « Circondario de Locri (Pdf) », sur provincia.reggio-calabria.it (consulté le )
  10. (it) « Circondario de Stretto (Pdf) » (consulté en )
  11. (it) « Circondario de Piana (Pdf) », sur Provincia.reggio-calabria.it (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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