Langues indo-aryennes

Les langues indo-aryennes constituent une branche des langues indo-iraniennes, qui font elles-mêmes partie de la famille des langues indo-européennes. Elles sont essentiellement parlées en Asie du Sud : dans les deux tiers nord de l'Inde, au Pakistan, dans le nord-est de l'Afghanistan, au Bangladesh, au Népal, au Sri Lanka, aux Maldives.

Langues indo-aryennes
Pays Afghanistan, Pakistan, Inde du Nord, Bangladesh, Sri Lanka, Maldives
Classification par famille
Codes de langue
ISO 639-2 inc
ISO 639-5 inc
IETF inc
Glottolog indo1321
Carte

Répartition générale des langues indo-aryennes.

Ces langues rassemblent environ la moitié (environ 1,5 milliard) des locuteurs de toutes les langues indo-européennes. Les plus importantes par le nombre sont l'hindoustani (hindi et ourdou, environ 240 millions de personnes), le bengali (environ 230 millions), le pendjabi (environ 90 millions), le marathi (70 millions), le gujarati (environ 45 millions), l'oriya (environ 30 millions), le sindhi (environ 20 millions), le népalais (environ 14 millions), le cinghalais (environ 16 millions), le saraiki (environ 14 millions) et l'assamais (environ 13 millions).

Les langues indo-aryennes forment le sous-groupe numériquement le plus important des langues indo-iraniennes, lesquelles comportent également deux autres sous-groupes : les langues iraniennes et les langues nouristanies.

Classification par époques

Il est d'usage de distinguer trois époques successives dans le développement des langues indo-aryennes[1].

Ancien indien

De forme archaïque, il est représenté par les différentes variétés de sanskrit :

Moyen indien

Phonétiquement et grammaticalement plus dérivé, il est représenté d'abord par les prâkrits, issus des vernaculaires de l'Inde classique mais stylisés comme langues littéraires, typiquement limitées à des usages définis :

  • le prâkrit des inscriptions d'Ashoka au IIIe siècle av. J.-C. est le plus anciennement attesté par l'épigraphie
  • le prâkrit des inscriptions postérieures à Ashoka et jusqu'au Ve siècle (remplacé ensuite dans ce rôle par le sanskrit)
  • le pali, langue du Tipitaka bouddhique, apparemment originaire du centre de l'Inde, mais influencé par des variétés plus orientales et par le sanskrit
  • le gandhari, langue bouddhique du Gandhara, connue par une édition du Dhammapada
  • le prâkrit de Niya, proche du gandhari mais un peu plus tardif, employé comme langue administrative au Turkestan chinois
  • l'ardhamagadhi, originaire du Koshala, langue du canon jaïn
  • le magadhi, langue du Bihar et vraisemblablement de l'empire Maurya, précurseur de l'actuel magahi, utilisé comme « prâkrit dramatique » dans le théâtre indien pour représenter le parler des personnages d'humble condition
  • le shauraseni, originaire du centre de l'Inde (comme le pali mais à un état postérieur), « prâkrit dramatique » standard, également cultivé par les jaïns
  • le maharashtri, originaire du sud-ouest de l'Inde, précurseur du marathi, troisième « prâkrit dramatique », également employé dans la poésie lyrique et (mêlé à l'ardhamagadhi) par les jaïns
  • le prâkrit cingalais, employé dans des inscriptions au Sri Lanka à partir du Ier siècle.

On peut y ajouter le « sanskrit bouddhique hybride », employé dans la littérature du bouddhisme Mahayana, sorte de représentation sous une forme sanskrite de dialectes moyen indiens.

Plus tardivement, aux VIe au XIIIe siècles, le moyen indien est représenté par des formes encore plus évoluées qui font la transition avec les langues modernes :

Néo-indien

Il rassemble les langues modernes et leurs ascendants immédiats.

Répartition actuelle

Distribution des principales langues indo-aryennes modernes avec leur répartition en sous-branches :
  • groupe darde
  • groupe septentrional (ou pahari)
  • groupe nord-occidental
  • groupe occidental
  • groupe central (« hindi »)
  • groupe oriental
  • groupe méridional

Les langues indo-aryennes modernes peuvent se répartir par sous-branches selon une logique largement géographique, mais leur délimitation n'est pas toujours assurée : elles forment une zone linguistique où il y a souvent intelligibilité mutuelle de proche en proche, de sorte qu'il est malaisé de tracer des frontières linguistiques. La classification qui suit[2] n'est qu'une indication possible.

Langues dardes

Groupe septentrional ou pahari

Il s'agit d'un groupement géographique de trois ensembles de langues parlées dans l'Himalaya. Le mot pahar signifie « montagne » dans de nombreuses langues locales.

  • pahari occidental
    • dogri et kangri - également rattachés au pendjabi
    • jaunsari
    • sirmauri
    • baghati
    • kiunthali ou mahasui
    • handuri
    • kului
    • mandeari
    • chameali
    • bharmauri (ou gadi)
    • churahi
    • pangwali
    • bhadrawahi
    • bhalesi
    • khashali
    • padri
  • pahari central
    • garhwali
    • kumaoni ou kumauni
  • pahari oriental

Groupe nord-occidental

  • kutchi
  • lahnda ou pendjabi occidental
    • saraiki
      • riyasati-bahawalpuri
      • multani
      • jhangi-jatki
      • thali
      • derawali
    • shahpuri
    • khetrani - peut-être à rattacher aux langues dardes
    • pothohari ou pothwari
    • hindko propre
      • awangkari
      • ghebi
      • chachhi
      • kohati
    • hindko de Peshawar
    • dhanni
    • sawain ou sohain
    • hindki hazara
    • tinauli
    • dhundi-kairali
    • chibhali
    • punchhi
  • sindhi

Groupe occidental

  • pendjabi — plus précisément pendjabi oriental, quand le terme de pendjabi est employé pour couvrir aussi les dialectes lahndas (assez différents), qui sont alors considérés comme formant le pendjabi occidental
  • rajasthani
    • marwari, également compté à part du rajasthani
    • bagri
    • mewari
    • rajasthani centre-oriental
      • dhundhari ou jaipuri
      • harauti
      • mewati
      • malvi
      • nimadi
    • formes des nomades, géographiquement disjointes
      • gojri ou gujari
      • lambadi, lamani ou banjari
  • langues bhil
    • bhili
    • wagdi
    • varli
    • dhanki (ou dangi)
    • etc.
  • gujarati (également écrit goudjerati)
  • saurashtra - forme de gujarati transplantée en Inde du Sud
  • khandeshi - intermédiaire avec le marathi

Groupe central

Ce groupe recouvre partiellement la ceinture du hindi (en anglais : Hindi Belt), définie selon une logique de typologie sociolinguistique comme l'ensemble de régions où le hindi sert de langue-toit : une langue standard faisant office de forme écrite commune pour un continuum linguistique diversifié. Antérieurement, c'est le braj bhasha et l'awadhi qui tenaient ce rôle dans ces régions.

La terminologie est compliquée par l'ambiguïté des termes « hindi » ou « hindoustani », employés d'une part au sens restreint pour désigner cette norme écrite, d'autre part au sens large pour regrouper toutes ces variétés linguistiques, qui en sont alors considérées alors comme des dialectes. Ici, on emploiera le mot au sens restreint seulement.

La ceinture du hindi s'étend cependant au-delà du groupe central de l'indo-aryen, en direction du rajasthani, du bihari et du pahari.

Les langues du groupe central de l'indo-aryen parlées en Inde sont les suivantes :

Hors du sous-continent indien, peuvent se rattacher linguistiquement à ce groupe :

  • le parya, exclave indo-aryenne au Tadjikistan et en Ouzbékistan
  • le domari, parlé par les Doms au Moyen-Orient
  • le romani, parlé par les Roms en Europe et en Amérique.

Groupe oriental

Langues principales du Bihar.

Groupe méridional

Notes et références

  1. Masica 1991, p. 50-53.
  2. Adaptée d'après Masica 1991, ch. 2 & Appendice II.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des langues
  • Portail du monde indien
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.