Langage épicène

Le langage épicène, la rédaction épicène (qui utilisent des mots épicènes), la rédaction non sexiste (employé surtout en Suisse), la parité linguistique (suivant le principe de parité entre les femmes et les hommes), le langage neutre, le langage ouvert, l'écriture inclusive et le langage non sexiste ou dégenré désignent différentes règles et pratiques qui cherchent à éviter toute discrimination sexiste par le langage ou l'écriture[1]. Cela se fait à travers le choix des mots, la syntaxe, la grammaire ou la typographie.

Ne doit pas être confondu avec Langue sans genre.

Deux visées coexistent, d'une part ne plus invisibiliser les formes féminines et d'autre part neutraliser la binarité de genre.

Un style épicène tend à éviter une discrimination, perçue comme étant forcée par les normes imposées de la langue, entre les genres masculin et féminin. Il permet également d'éviter un androcentrisme marqué par l'utilisation dite générique de la forme grammaticale masculine, en employant par exemple le terme « les étudiants » pour se référer à un groupe mixte, neutre, ou dont le genre n'est pas pertinent.

Le terme « épicène » est parfois utilisé pour se référer à d'autres formes plus inclusives, comme la féminisation des titres, noms de métier et fonction, l'accord de proximité ou en nombre, les abréviations marquant « le genre à l’intérieur d’une même séquence graphique (tiret, point médian, milieu, bas, parenthèses) »[2], la double flexion ainsi que la neutralisation et l’épicénation de la langue, qui peuvent permettre d'éviter le mégenrage des personnes transgenres ou non-binaires.

Le langage épicène sous la forme d'une écriture inclusive utilisant des points et tirets en fins de mots est notamment l'objet de critiques en raison des difficultés qu'il apporte aux dyslexiques et aux personnes aveugles et malvoyantes dépendantes de logiciels d'aides à la lecture qui ne sont pas programmés pour lire une telle écriture.

Définitions

Le terme langage inclusif désigne un langage qui n'exclurait personne pour motif de sexe, d'âge, d'origine ethnique ou d'orientation sexuelle[3]. Le langage inclusif est différent du langage neutre[3] qui peut servir à désigner les personnes non-binaires[4].

En français, le terme écriture inclusive désigne la pratique double genrée, à l'aide d'une écriture usant du féminin et du masculin dans la même phrase (« les sénatrices et les sénateurs »), ou à l’aide du point ou point médian (« les sénateur.rice.s », ou « les sénateur·rice·s »), tel que décrit en France dans le guide pratique du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes[5]. Par extension, ce terme peut aussi désigner parfois la pratique de l’ensemble des 10 recommandations de ce guide lors du langage écrit[6].

Le langage neutre ou épicène vise à remplacer des termes masculins par des termes neutres. L'expression « Dieu écoute les prières de tous les hommes » est considérée par certains comme exclusive. L'expression « beaucoup de personnes travaillent au projet » est neutre. « Des hommes et des femmes travaillent au projet » est une expression inclusive[3]. Un langage neutre permet ainsi de désigner une personne de genre non-binaire ou de ne pas forcer l’activation du genre féminin ou masculin lorsqu’elle n’est pas nécessaire à la compréhension du discours[7]. Par exemple, dans les phrases « la chirurgienne a réussi ses examens » et « le chirurgien a réussi ses examens », l'information pertinente est la réussite de l'examen et non le genre de la personne[réf. nécessaire].

Le langage ouvert est « l’ensemble des techniques [plus ou moins visibles] que l’on peut mobiliser à l’écrit, à l’oral, dans les images pour visibiliser équitablement les femmes, les hommes et les personnes non binaires. » Au-delà des mots employés à l'écrit ou à l'oral, ce concept met également en avant l'importance du contexte d'énonciation des discours. C'est-à-dire qu'il faut non seulement visibiliser les personnes non hommes avec des mots neutres ou des féminins sonores, mais il faut aussi porter attention aux hommeterruptions et aux mecsplications. Le langage ouvert venant d'abord des champs de la communication et du marketing, il permet de travailler sur la congruence entre les images et les mots, avec des codes couleurs dégenrés et une représentation de personnes diverses qui ne sont pas assignées à des rôles de genre.[réf. nécessaire]

La parité linguistique[Note 1],[8], lexie parfois employée avec « désexisation de la langue », est l'application dans la langue de la parité femmes-hommes, et s'observe en discours par la coordination des féminisations et des masculins[9],[10],[11],[12],[13],[14],[15].

Le masculin en français, mais dans d’autres langues également[16], peut véhiculer plusieurs sens. Il peut notamment être spécifique – se référant ainsi à l'homme comme mâle, ou générique – se référant ainsi à l'humanité ou un groupe indistinctement de sa constitution[17]. Par exemple, « des étudiants » peut se référer uniquement à des hommes qui étudient, ou à un groupe plus diversifié, sans autre précision. La recherche actuelle en sciences sociales montre que l’ambiguïté sémantique de la forme grammaticale masculine en français est difficile à gérer pour notre cerveau, et qu’elle est principalement résolue en défaveur des femmes[18]

Selon certaines autrices et certains auteurs[19], si la multiplicité des sens liés au masculin, alors que le féminin n’a qu’un sens, constitue une asymétrie linguistique importante lié au genre, il en existe d’autres nourrissant également le prisme androcentrique de la société. Le terme « mademoiselle » implique par exemple une différenciation entre une femme mariée et une femme qui ne l’est pas, alors qu’aucune distinction n’est habituellement faite pour un homme. L’ordre de mention, voyant les hommes majoritairement nommés en premier (mis à part « Mesdames et Messieurs »), constitue également une asymétrie flagrante.

En français, les pratiques pour un langage « non sexiste », inclusif ou épicène portent sur trois aspects[20] :

  • accorder les noms de métiers et de fonctions au genre de la personne qui l'occupe ;
  • utiliser des expressions non sexuées, comme les « droits humains » plutôt que « droits de l'homme » ;
  • utiliser les deux formes grammaticales. Pour cela, il existe deux possibilités[21] :
    • faire figurer les deux formes comme « il ou elle part en vacances » ;
    • utiliser à l'écrit une forme liée par un point, un tiret, une barre oblique, une majuscule, etc. comme « ami·e » « participant·e ».

Motivations psycholinguistiques pour l'utilisation du langage épicène

D’après les tenants du langage épicène, la façon dont une langue exprime le genre linguistiquement influe sur les représentations mentales des locuteurs de cette langue, et in fine sur les conceptions sociales du genre. Ainsi, promouvoir un langage épicène, qui atténue les biais linguistiques en faveur du masculin, reviendrait à agir en faveur de l’égalité entre les genres[22],[23].

Les adeptes du langage épicène, et de ce qu’on appelle l’« écriture inclusive » plus spécifiquement dans les pays francophones, s’appuient donc sur l’hypothèse Sapir-Whorf, selon laquelle la structure de la langue façonne la pensée des locuteurs de cette langue. Cette hypothèse tient son nom des anthropologues Edward Sapir et Benjamin Lee Whorf du début du XXe siècle et a été reprise par plusieurs auteurs, notamment Dan Slobin, qui propose la théorie « Penser pour parler », qui stipule que le langage, offrant un nombre limité d'options pour parler d'un monde illimité, nous contraint à construire des représentations du monde limitées par celui-ci[24].

Des études en psychologie et en linguistique ont été menées pour tester la validité de cette hypothèse pour le genre spécifiquement[25],[26],[27]. Les recherches ont porté aussi bien sur l’interprétation des masculins génériques, qui favoriseraient une interprétation spécifiquement masculine, que sur les effets psychologiques plus larges que ce biais interprétatif peut produire sur les lecteurs. Selon certaines et certains[18], cette perspective nous permet de comprendre (1) pourquoi nous nous représentons le genre de manière automatique, et (2) pourquoi, en français, l'utilisation du masculin comme valeur par défaut nous amène à voir le monde au travers d'un prisme masculin.

Interprétation spécifique des masculins génériques

À partir des années 1970, certaines études montrent que le sens spécifique du masculin est pratiquement impossible à inhiber[28]. Ces résultats sont corroborés par des études plus récentes[25],[29]. On peut citer une étude menée en 2013 par Sato et al.[30], sur la façon dont les locuteurs francophones et les locuteurs anglophones interprètent les référents pour des noms de métier au pluriel (par exemple, « les assistants sociaux » et l’équivalent anglais the social workers). Le français et l’anglais diffèrent dans leur système linguistique de genre : le français est une langue à « genre grammatical », qui utilise les masculins de façon générique pour renvoyer notamment à des groupes mixtes (cf. la règle « le masculin l’emporte »), alors que l’anglais est une langue à « genre naturel », qui n’associe pas de genre grammatical à ses noms et utilise des formes épicènes pour renvoyer à des groupes mixtes. Les résultats de l’étude de Sato et al. suggèrent que ces différences au niveau de la structure des langues correspondent à des différences d’interprétation dans les deux langues, en accord avec l’hypothèse Sapir-Whorf. Les chercheurs observent que les locuteurs et locutrices francophones ont tendance à interpréter les noms de métier présentés dans l’étude sous la forme masculine générique comme référant à des groupes d'hommes, même quand le métier en question est associé à un stéréotype féminin (par ex. « les assistants sociaux »). Le genre grammatical affecte donc l'interprétation. En l'absence de genre grammatical dans leur langue, les anglophones rendent compte des stéréotypes dans leurs réponses : quand le stéréotype est masculin, l'interprétation masculine est privilégiée et quand le stéréotype est féminin, l'interprétation féminine est privilégiée. Crucialement, les mêmes participants interprètent différemment le genre des noms quand ils lisent en français et en anglais. D'après cette étude, le genre grammatical des masculins génériques introduirait donc un biais masculin dans l'interprétation des noms en français.

Ces résultats ont aussi été corroborés par d'autres études. Par exemple, une étude menée en 2008 par Markus Brauer et Michaël Landry montre qu'« en moyenne, 23 % des représentations mentales sont féminines après l'utilisation d'un générique masculin, alors que ce même pourcentage est de 43 % après l'utilisation d'un générique épicène »[31].

Le biais interprétatif du masculin a été montré également pour d’autres langues que le français, comme l’allemand [32], et serait déjà présent chez des enfants d’âge préscolaire ne sachant pas encore lire. En particulier, une étude menée en 2019[33] montre que des enfants entre 3 et 5 ans exposés auditivement à un nom de métier sous sa forme masculine générique ont tendance à privilégier une interprétation masculine, quand bien même le nom en question n’est pas fortement associé à un stéréotype masculin ou féminin.

Effets psychologiques du biais interprétatif masculin

D’autres études[25] suggèrent que les masculins génériques non seulement biaisent l’interprétation en faveur de référents socialement masculins mais affectent aussi la capacité du lecteur à s’identifier aux rôles dénotés par ces noms. Par exemple, une étude de 2005[34] a montré que le fait de présenter un nom de métier sous une forme inclusive (par exemple « mathématicien(ne) » ou « mathématicien/mathématicienne ») renforce chez les lectrices le sentiment d’accessibilité à des métiers stéréotypiquement masculins par rapport à la forme masculine générique (par exemple « mathématicien »). Cet effet serait surtout marqué pour des métiers stéréotypiquement masculins associés à un haut prestige social (comme « chirurgien/chirurgienne »).

Plus récemment, Dries Vervecken et ses collègues ont montré qu’en présentant des métiers en utilisant des doublons (par ex., « les mécaniciennes et mécaniciens »), les enfants de 14 à 17 ans pensaient que des femmes pourraient avoir plus de succès dans ces métiers que lorsque ceux-ci étaient présentés au masculin[35]. Ces résultats corroborent des études en allemand ayant montré que des formes épicènes (par ex., des formes nominalisées) démasculinisaient les représentations mentales des participantes et participants[36].

Les langues utilisant des masculins génériques auraient ainsi tendance à invisibiliser les femmes et nourrir l'androcentrisme de la société, en imposant aussi une vision dichotomique du genre humain [21],[18].

Histoire de la langue

Éliane Viennot historicise le français[37], montrant ses différents états et pratiques (double flexion, existence d'un genre neutre, masculin marqué en « s », etc.[38]) dans une perspective diachronique et y voit le processus de masculinisation de la langue française[39],[40],[20] (dont le caractère volontariste est parfois nuancé ou contesté[41]) et les instances qui l'ont favorisée[20] : « L'histoire de la langue, qui a beaucoup de choses à nous apprendre, révèle en réalité une grande fluidité dans les usages spontanés au cours du Moyen Âge et de la Renaissance, un phénomène peu normé que la grammaire académique du XVIIe siècle n'eut de cesse de vouloir réduire. Le forçage en question s'est accompli au profit d'une évidente « masculinisation de la langue française » et prend à tous égards une dimension politique. »[42]

Cette interprétation est contestée dans une tribune publiée en 2020 sur le site de Marianne  et elle-même contestée , dans laquelle d'autres linguistes avancent que ces analyses partent du faux postulat que « la langue aurait été « masculinisée » par des grammairiens durant des siècles et il faudrait donc remédier à l’« invisibilisation » de la femme dans la langue. C’est selon eux une conception inédite de l’histoire des langues supposant une langue originelle « pure » que la gent masculine aurait pervertie, comme si les langues étaient sciemment élaborées par les locuteurs[43].

Du latin au français : fusion phonétique progressive du neutre et du masculin

Le latin (dont est issu le français) connaissait trois genres grammaticaux, comme aujourd'hui encore l'allemand : le masculin, le féminin et le neutre. La grande ressemblance entre le masculin (-us à la 2e déclinaison) et le neutre (-um à la 2e déclinaison) les a fait se rapprocher puis se confondre à la suite de la chute phonétique de la consonne finale (phénomène d'amuïssement) dès la fin de l'Antiquité[44],[43]. Le masculin est donc devenu le genre « par défaut », ce qui explique qu’il intervient dans l’accord par résolution (la fille et le garçon sont partis), comme indéfini (ils ont encore augmenté les impôts), impersonnel (il pleut), ou neutre (c’est beau)[43].

Cette évolution a débouché au Moyen Âge sur un système à deux genres grammaticaux (aujourd'hui en vigueur dans toutes les langues romanes), qu'on désigne parfois par les expressions « genre non marqué » (masculin, parfois appelé aussi « masculin générique ») et « genre marqué » (féminin)[44]. Par exemple, le mot « chat » peut être soit commun (chat dont on ignore le sexe), soit masculin (chat de sexe mâle), alors que « chatte », substantif marqué, désigne nécessairement une féline femelle[44].

Mais le concept de « masculin générique », qui avance que le masculin peut faire office de neutre en français, « a souvent été critiqué et contesté, notamment par la critique féministe du langage »[44]. Pour la linguiste Lucy Michel, l'assimilation du masculin en français à un genre neutre « repose en fait sur une confusion terminologique, masquée par la référence au très autoritaire « héritage latin » : le neutre latin est un genre grammatical à part entière, qui se caractérise par une différenciation morphologique par rapport au féminin et au masculin, et non par une capacité à « neutraliser la différence entre les sexes », donc à référer à des entités 'mâles' et/ou 'femelles' »[45]. À la place d'une « valeur générique » ou neutre (ni l'un ni l'autre), elle propose à la place de parler d'une valeur « commune » (l'un et l'autre)[46]. Mais surtout elle juge que « ce qui est traditionnellement compris comme une capacité à s’abstraire de la référence au sexe correspondrait en fait simplement à l’invisibilisation d’un type de référent au profit de l’autre »[47].

Quelques traces d'un genre neutre subsistent en français moderne, notamment pour les animaux : « mouton » peut être considéré comme un neutre (avec un accord grammatical similaire au masculin pour des raisons historiques), alors que « bélier » en serait le mâle et « brebis » la femelle.

Moyen Âge

Au Moyen Âge, le langage utilisé se veut souvent épicène avec, à partir du XIVe siècle, mention courante de la forme masculine et féminine censée rendre compte de l'ordre créé par Dieu. Ainsi on trouvera dans le Mesnagier de Paris[48] (qui est un ouvrage d'économie domestique qu'on ne peut taxer d'un parti pris en faveur de l'émancipation des femmes) en 1393 les termes suivants : « Premièrement d'orgueil j'ai esté orgueilleux ou orgueilleuse et ay eu vaine gloire de ma beauté, de ma force de ma louenge, de mon excellent aournement, et de l'abilité de mes membres et en ay donné matière et exemple de péchier à moult de hommes et de femmes qui me regardoient si orgueilleusement[48] » (p. 32), « Certes, belle seur, je ne voy mie que, se la benoite vierge Marie sa mère ne nous sequeurt comme advocate[48] » (p. 23).

Les textes attestent aussi que François Ier questionnant son poète Clément Marot sur le bon usage de la langue française concernant les questions d'accord se vit donner la règle de l'accord du participe passé[49] suivante :

Enfans, oyez une leçon :
Noſtre langue a ceſte façon,
Que le terme qui va devant,
Volontiers regiſt le ſuivant.
Les vieux exemples je ſuivray
Pour le mieux : car à dire vray
La chanſon fut bien ordonnée,
Qui dit. M’amour vous ai donnée ;
Et du bateau eſt eſtonné,
Qui dit : M’amour vous ay donné.
Voilà la force que poſſede
Le femenin, quand il precede.

Or prouverai par bons teſmoings,
Que tous pluriers n’en font pas moins.
Il faut dire en termes parfaits,
Dieu en ce monde nous a faits :
Faut dire en parolles parfaictes,
Dieu en ce monde les a faictes.
Et ne faut point dire, en effect :
Dieu en ce monde les a fait :
Ne nous a fait, pareillement,
Mais nous a faits tout rondement.
L’Italien, dont la faconde
Paſſe les vulgaires du monde,
Son langage a ainsi baſty
En diſant : Dio noi a fatti.

 Clément Marot, Épigramme à ses disciples, CIX

« 

Enfants, oyez une leçon :
Notre langue a cette façon,
Que le terme qui va devant,
Volontiers régit le suivant.
Les vieux exemples je suivrai
Pour le mieux : car, à dire vrai,
La chanson fut bien ordonnée
Qui dit : M’amour vous ai donnée.
Et du bateau est étonné
Qui dit : M’amour vous ai donné[Note 2]
Voila la force que possède
Le féminin quand il précède.

Or prouverai par bons témoins
Que tous pluriels n’en font pas moins ;
Il faut dire en termes parfaits :
Dieu en ce monde nous a faits ;
Faut dire en paroles parfaites :
Dieu en ce monde les a faites ;
Et ne faut point dire en effet :
Dieu en ce monde les a fait.
Ni nous a fait, pareillement,
Mais nous a faits tout rondement.
L’italien, dont la faconde
Passe les vulgaires du monde,
Son langage a ainsi bâti
En disant : Dio noi a fatti.

 »

 Épigramme à ses disciples, CIX

La langue n'étant, au Moyen Âge, fixée par aucun code ni autorité et soumise aux variations de très nombreux dialectes et patois, il est difficile d'y déceler des tendances massives, et c'est avant tout la liberté des auteurs qui caractérise cette époque.

Âge classique (XVIIe et XVIIIe siècles)

Alors que la Renaissance laissait encore une grande liberté aux écrivains en matière d'orthographe, c’est avec l'agrandissement du royaume de France que se constitue la nécessité d'unifier un territoire par la langue, afin de pouvoir transmettre les règles administratives. Ivan Illich le décrit pour la genèse de la grammaire espagnole de Nebrija[50] dans ses travaux sur la disparition de l'usage de la langue vernaculaire. En France, c'est Richelieu[51] qui initie ce mouvement d'unification du territoire par la langue, pendant aux conquêtes territoriales sous Louis XIV. Les grammairiens du XVIIe siècle entreprennent donc de réformer la langue pour la codifier et l'Académie française, fondée par Richelieu en 1635, devient la gardienne des règles édictées dans le domaine de la langue française. Les statuts de l'Académie sont clairs[52] : « La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences (article XXIV) » - c'est-à-dire de remplacer le latin, qui demeure à l'époque la langue savante. Dans ce contexte, l'utilisation du masculin pour exprimer les deux genres ne représente qu'une partie des nouvelles règles imposées. Elle ne fait pas d'emblée consensus et provoque de grands débats.

Sur la question de l'accord en genre, le grammairien Claude Favre de Vaugelas affirme en 1647 dans un ouvrage de grammaire qui devient vite une référence majeure : le genre maſculin eſtant le plus noble, doit predominer toutes les fois que le maſculin & le feminin ſe trouuent enſemble, mais l’oreille a de la peine à s’y accommoder, parce qu’elle n’a point accouſtumé de l’ouir dire de cette façon (« le genre masculin étant le plus noble, [il] doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble, mais l’oreille a de la peine à s’y accommoder, parce qu’elle n’a point accoutumé de l’ouïr dire de cette façon[53] »). Cette formulation est cependant un cas relativement isolé, et demeure purement linguistique, ne prétendant à aucune pertinence sociale[43]. Cette règle ne fut pas unanimement acceptée, ni les raisons données jugées justifiées, et ce texte (comme l'idée qu'il contient) n'a jamais été utilisé dans l'enseignement[54]. Ainsi Vaugelas note lui-même la résistance des femmes de Cour à cette masculinisation et propose de se soumettre à l'usage : Neantmoins puis que toutes les femmes aux lieux où l’on parle bien, diſent, la, & non pas, le, peut-eſtre que l’Vſage l’emportera ſur la raiſon, & que ce ne ſera plus vne faute (« Néanmoins, puisque toutes les femmes aux lieux où l’on parle bien, disent, la, et non pas, le, peut-être que l’usage l’emportera sur la raison, et que ce ne sera plus une faute ») (p. 28). Cette résistance est aujourd'hui attestée et documentée. Gilles Ménage rapporte ainsi une conversation avec Madame de Sévigné :

Mad. de Sevigny s’informant de ma ſanté, je lui dis : Madame, je ſuis enrhumé. Elle me dit : Je la ſuis auſſi. Je lui dis : Il me semble, Madame, que ſelon les regles de nôtre langue il faudroit dire : Je le ſuis. Vous direz comme il vous plaira, répondit-elle, mais pour moi, je ne dirai jamais autrement que je n’aye de la barbe.

 Gilles Ménage, Menagiana[55]

« Madame de Sévigné s'informant sur ma santé, je lui dis : Madame, je suis enrhumé. Elle me dit : je la suis aussi. Il me semble, Madame, que selon les règles de notre langue, il faudrait dire : je le suis. Vous direz comme il vous plaira, répondit-elle, mais pour moi, je ne dirai jamais autrement que je n’aie de la barbe. »

 Menagiana[56]

À la veille de la Révolution, Beaumarchais écrit dans Le Mariage de Figaro : J’étais née, moi, pour être ſage, et je la ſuis devenue (« J’étais née, moi, pour être sage, et je la suis devenue »)[51],[57].

La formule très citée par les partisans de l'écriture inclusive proclamant que « le masculin l'emporte sur le féminin » n'a en réalité que très peu d'attestations (et encore moins de prétentions à une métaphore sociale), et ne se trouve par exemple pas chez Bescherelle en 1835[43]. Elle est rarement citée dans son intégralité[58]

XXe siècle : remise en question de la prééminence du masculin

Au cours du XXe siècle, la question du langage épicène émerge avec l'avancée du mouvement féministe dans les années 1970, sous l'impulsion d'écrivaines engagées. En France, Benoîte Groult, écrivaine féministe, abordait dès 1977 cette question, avec Ainsi soit-elle, mettant en particulier l’accent sur la féminisation des noms de professions.

Par la suite, le primat du genre masculin étant de plus en plus critiqué[Par qui ?], l'Académie française pose[Quoi ?] en 1984 dans une déclaration publiée à la suite d'une directive visant la féminisation des noms de fonctions[59]. Le débat se porte désormais sur la capacité du principe du genre masculin universel représentant le neutre générique par défaut à inclure véritablement et sans discriminations de genre tous les genres (sexuels cette fois-ci) possibles[60]. Ainsi, une querelle du neutre voit le jour en France avec la publication en 1988 d'un article de Marc Fumaroli intitulé « La querelle du neutre »[61] qui met en avant la transcendance des titres pour justifier la capacité du masculin à adopter une fonction neutre.

Les ouvrages, théoriques comme pratiques, sur le langage « non sexiste » se sont succédé :

  • Anne-Marie Houdebine, professeure émérite de linguistique et de sémiologie : Les femmes et la langue (in Tel Quel, 1977[62]), Trente ans de recherche sur la différence sexuelle (in Langage et société, 2003[63]), L'académie contre la langue française (corédigé avec Maria Candea et Yannick Chevalier, sous la direction d’Éliane Viennot, 2016[64]) ;
  • Éliane Viennot, professeure de littérature : avec en particulier Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin (2014), qui retrace trois siècles de batailles de grammairiens et les résistances sociales rencontrées pour imposer la règle de la prévalence du masculin dans les accords en genre[65],[66] ;
  • Louise-Laurence Larivière, docteure en linguistique : Guide de féminisation des noms communs de personnes (2005[67]), ou encore Dis-moi comment tu te nommes et je te dirai qui tu es (in Nouvelles Questions Féministes, 2007[68]) ;
  • Femme, j'écris ton nom… : guide d'aide à la féminisation des noms de métiers, titres, grades et fonctions (1999).

Dans le même temps, l'OQLF contribue au développement de cette conception du langage. En 1991, il publie le guide de féminisation Au féminin, rédigé par Monique Biron[69], et, en 2006, le guide de rédaction épicène Avoir bon genre à l'écrit, rédigé par Pierrette Vachon-L’Heureux et Louise Guénette[69].

Débats et critiques

Controverse sur l'usage dans l'enseignement (France, 2017)

La controverse commence en 2017 par un article du Figaro à propos d'un manuel scolaire Hachette qui utilise l'écriture inclusive[70].

Critiques : esthétique, efficacité et correction grammaticale

Les recommandations grammaticales des défenseurs du langage inclusif suscitent différentes critiques. Les recommandations qui dérogent aux règles traditionnelles sont contestées par des personnes et institutions qui y voient une atteinte à la qualité de la langue[71]. Selon les opposants, en plus de ne pas correspondre aux standards d'écriture, elles produisent des phrases inesthétiques, difficiles à lire, manquant de fluidité et jonchées de redondances (par répétition du féminin après un masculin à valeur dite neutre). À cela s'ajoute que certaines de ces préconisations n'affectent que le langage écrit, car imprononçable en pratique, amoindrissant de fait drastiquement leur intérêt pour l'usage oral[43]. Enfin la critique porte sur la validité de l’hypothèse que la langue ou la grammaire seraient discriminatoires, ainsi pour Bertilo Wennergren, auteur du Plena Manlibro de Esperanta Gramatiko (PMEG), dans le chapitre « Genre lexical des substantifs » de ce même dictionnaire : « Ce n'est pas la langue elle-même qui est discriminatoire, mais le cas échéant ses locuteurs » (PMEG[72]§ 4.3). D'autres linguistes, sans évoquer la motivation du signe ou la part du signifiant dans la production du sens[41], avancent que « La langue ne détermine pas la pensée — sinon tous les francophones auraient les mêmes pensées, croyances et représentations. Si la langue exerçait un pouvoir « sexiste », on se demande comment Simone de Beauvoir a pu être féministe en écrivant en français « patriarcal » »[43].

Les critiques s'adressent principalement aux recommandations sur l'ajout de « ·e » en fin de mots, et autres formes tronquées usant de parenthèses, de points ou de tirets, ou utilisant le E majuscule ou la barre oblique. Au sujet du point médian, l'académicien français Marc Fumaroli estime que « l'enlaidissement de la page imprimée est à la hauteur de la sotte tautologie venue nier et alourdir inutilement l'évidence : les physiciennes sont nécessairement incluses dans le nombre neutre des physiciens »[73]. D'autres critiques s'adressent à l'emploi de nouveaux pronoms considérés neutres en genre comme « iels », « toustes » et « ceulles » (venant compléter respectivement « ils / elles », « tous / toutes » et « ceux / celles »)[21]. En réponse à ces critiques, les personnes en faveur de la langue inclusive avancent que l'ensemble des règles d'écriture ainsi que l'appréciation esthétique des phrases est principalement une question d'habitudes personnelles, fortement susceptibles de varier d'un individu à l'autre et d'une époque à l'autre ; et qu'il en va de même pour l'appréciation de la lisibilité et la fluidité des phrases[21]. Certaines études suggèrent même la possibilité d'une habituation rapide à de nouvelles formes d'expression[74].

D'autres font cependant remarquer que « des normes permettent l’apprentissage en combinant phonétique et morphologie. Or, les pratiques inclusives ne tiennent pas compte de la construction des mots : tou.t.e.s travailleu.r.se.s créent des racines qui n’existent pas (tou-, travailleu-). Ces formes fabriquées ne relèvent d’aucune logique étymologique et posent des problèmes considérables de découpages et d’accords »[43]. Ainsi, pour les détracteurs du point médian, l’écriture inclusive « va à l’encontre de la logique pratique et communicationnelle en opacifiant l’écriture » et en rend son apprentissage encore plus complexe et moins logique[43].

La sociologue en études de genre Marie Duru-Bellat, si elle défend la féminisation des noms de métiers, considère que « souligner toujours et partout, même quand cela n'a aucune pertinence, que la personne qui parle ou dont on parle est de sexe féminin, est une régression : quand je fais du jardinage ou que je lis un livre, le sexe n'est pas forcément la facette de mon identité que j'ai à l'esprit. Par ailleurs, ne nous faisons pas d'illusions : il y a des langues sans genre, comme le hongrois, et cela ne suffit pas à égaliser la société »[75],[76].

Pour la linguiste Danièle Manesse, professeure émérite de sciences du langage à l'université Sorbonne-Nouvelle Paris-III, l'écriture inclusive « fait partie de ces dispositifs volontaristes, ostentatoires, qui ne servent pas les causes qu'ils prétendent défendre. La preuve la plus simple en serait que ses différentes formes perdurent rarement plus de dix lignes dans un texte, à moins de compromettre définitivement sa lisibilité ». Pour elle, « rendre les langues coupables de solidarités avec des volontés idéologiques est un raccourci trop facile ». Elle ajoute, sur le clivage politique qui semble suivre la tendance, que « À gauche, les avis sont en fait très partagés. Le présumé enthousiasme relève souvent du conformisme et de la crainte d’être suspecté de machisme. On peut être irrévocablement féministe — c’est mon cas — et absolument rétive à l’écriture inclusive »[54].

Si l'utilisation des formes inclusives peut paraître encore compliquée car notre cerveau n'y est pas forcément habitué, certaines études ont montré qu'une simple exposition à des formes inclusives suffisait pour les utiliser ensuite de manière spontanée[77],[78].

Accessibilité

Des collectifs et associations pour les personnes handicapés, dyslexiques, aveugles ou malvoyantes considèrent l'écriture inclusive « discriminante pour les personnes souffrant de handicap ». Toutefois des personnes en situation de handicap et féministes estiment qu'il s'agit d'une« récupération du handicap pour justifier des positions anti écriture inclusive » qui « fait fi de toute une littérature scientifique sur la question ». Le journal 20minutes rappel que l'écriture inclusive ne se limite pas au point médian, dont l'usage abusif n'est pas recommandé par le Haut Conseil à l’Égalité. Les lecteurs d'écrans qui ne sont pas programmés pour lire les points médians sont aussi critiqués.[79]

Position de la communauté Wikipédia francophone

Un sondage mené de à sur le site de Wikipédia en français[80] a obtenu des réponses de plus de trois cents contributeurs[81]. Les résultats montrent que la communauté ne souhaite pas changer la manière de rédiger les articles. Les médias concluent à une « crise de confiance »[82] et à un « rejet massif de l’écriture inclusive »[83].

L'Obs souligne les conséquences des résultats de ce sondage, de par l'importance de Wikipédia en termes de consultations, et conclut que « l'écriture inclusive, déjà rejetée par l'Éducation nationale, a subi là un revers supplémentaire[84] ». Dans les colonnes de ce même magazine, Éliane Viennot, très critique, précise que les contributeurs sont « souvent très frileux sur ces questions. Alors qu'ils ont globalement une sensibilité de gauche, ils s'alignent sur les théories réactionnaires de l'Académie française, par machisme. […] les contributeurs renâclent à démasculiniser la langue[84]. » Danièle Sallenave répond qu'« on ne fait pas évoluer une langue en la complexifiant[84] ».

Usages et recommandations

Recommandations d'usage

L'usage et la réception publique du langage épicène et de l'écriture inclusive varient selon les langues et les pays.

Europe

En Europe, notamment en France, afin de réduire les discriminations et les inégalités, des recommandations pour adopter un langage non sexiste[85],[86] furent produites, comme le montrent le comité des ministres du conseil d'Europe en 1988[1] ou, en France, l'article 1er de la loi no 2008-496 du 27 mai 2008 sur la discrimination[87] et les guides pratiques diffusés par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes[88],[20] ainsi que la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT[89].

En adoptant le la recommandation no R (90) 4, le comité des ministres du Conseil de l'Europe :

« Recommande aux gouvernements des États membres de promouvoir l'utilisation d'un langage reflétant le principe de l'égalité de la femme et de l'homme, et, à cette fin, de prendre toute mesure qu'ils jugent utile en vue :

  1. d'encourager l'utilisation, dans la mesure du possible, d'un langage non sexiste qui tienne compte de la présence, du statut et du rôle de la femme dans la société, ainsi qu'il en va pour l'homme dans la pratique linguistique actuelle ;
  2. de mettre la terminologie employée dans les textes juridiques, l'administration publique et l'éducation en harmonie avec le principe de l'égalité des sexes ;
  3. d'encourager l'utilisation d'un langage exempt de sexisme dans les médias[1]. »

La Chancellerie fédérale suisse la préconise en 1993 pour l’allemand, mais non pour le français, ni pour l’italien ou le romanche[90].

Allemagne

En Allemagne, l'administration encourage l'usage de l'écriture inclusive à partir de 1987 et la fédération des länder publie un guide pratique en 2002[91].

Les formulations avec un slash sont utilisées depuis les années 1980 dans les universités allemandes. En 2013, les universités de Leipzig et Potsdam ont décidé d'utiliser le féminin générique pour dénommer l'ensemble des personnes d'un même titre ou fonction. L'expression « Die / der Professor / Professorin » est remplacée par la forme générique « die Professorin »[92]. À Potsdam, ce remplacement n'est plus effectué depuis 2015[93].

France

Les linguistes Daniel Elmiger et Verena Tulger remarquent que les espaces francophones et italophones en contact avec d'autres langues (Québec, Trentin-Haut-Adige) sont plus sensibles à la féminisation de la langue[94].

L'article 1er de la loi no 2008-496 du 27 mai 2008 sur la discrimination et les guides pratiques diffusés par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT recommandent d'adopter un langage non sexiste,. L'Académie Française, après avoir lutté 30 ans contre la féminisation des titres de métiers et fonction, la reconnaît en 2019[95].

Norvège

Dans les années 1980, la Norvège décide de neutraliser la forme grammaticale masculine en supprimant les marques grammaticales féminines dans une idée égalitaire (Norsk Språkråd, 1997). Les résultats de cette réforme sont aujourd'hui mitigés : pour les métiers sans stéréotypes, les représentations restent masculines.[réf. nécessaire][96].

Suisse

Le courant prônant l'emploi d'un langage épicène (expression souvent employée en Suisse) a atteint les sphères officielles à la fin du XXe siècle[97], à la suite de la parution en 1994 des ouvrages spécialisés de Thérèse Moreau s'adressant aux écoles, aux métiers, puis aux administrations (voir la bibliographie)[98]. En 1996 la Chancellerie fédérale édite un « guide pour la formulation non sexiste des textes législatifs et administratifs » pour l'allemand  le Leitfaden zur sprachlichen Gleichbehandlung[99]  puis, en 2000, un Guide de formulation non sexiste des textes administratifs et législatifs de la Confédération[100]. Les administrations cantonales et les hautes écoles publient leurs propres recommandations[101][source secondaire nécessaire].

En , le parlement de la ville de Zurich refuse d’examiner et de voter une interpellation rédigée (en allemand) par une conseillère communale UDC car il n’utilise que le genre masculin[102]. Cette décision est retoquée quelques mois plus tard par le Conseil de district de Zurich qui donne raison à l'élue UDC[103].

Québec

Au Québec, la rédaction épicène est recommandée par l'Office québécois de la langue française (OQLF) depuis 1981[104],[105].

Les réflexions sur le sujet sont nombreuses au Québec dès les années 1970[106]. La féminisation lexicale est encouragée dès 1979 par l'Office québécois de la langue française[107], qui promeut également la rédaction épicène[108]. Dans la Banque de dépannage linguistique, l'Office propose le sous-thème Féminisation et rédaction épicène, qui regroupe de nombreux articles sur ces sujets[109]. Il offre également en ligne une formation sur la rédaction épicène[110].

En informatique

En 2017, le logiciel Word édité par Microsoft introduit la possibilité de « cibler le langage genré qui serait à même d'exclure, de rejeter ou de stéréotyper »[111].

Allemand

Le débat sur la féminisation de la langue est assez fort dans les pays germanophones, en particulier dans les milieux de gauche. Ainsi, bien qu'on puisse en allemand obtenir le féminin d'un nom en y ajoutant le suffixe -in, il existe des mots qui font exception et pour lesquels le féminin est peu usité, ou assez récent. Par ailleurs, comme en français, le masculin peut servir de forme générique au pluriel. C'est notamment l'aspect le plus critiqué par les adeptes d'un langage féministe. Il est ainsi devenu relativement fréquent d'utiliser un pluriel en -Innen (Binnen-I), c'est-à-dire le pluriel féminin, mais avec une majuscule afin d'indiquer qu'il s'agit d'un pluriel mixte (die StudentInnen, die KollegInnen, etc.)[112]. Plus souvent, cependant, se trouve le Gendersternchen *. Dans le langage oral, cet astérisque est exprimé par une courte pause dans le discours. On utilise aussi les formes /innen (die Student/innen, die Kolleg/innen, etc.) ou _innen (die Student_innen, die Kolleg_innen, etc.). On peut également remplacer certains mots par d'autres jugés plus neutres, notamment des participes employés comme substantifs (der/die Studierende, participe présent d’étudier[113]) ou des termes tels que Lehrkraft (personnel enseignant). De façon extrêmement marginale, on remplace parfois man (on) par mensch ou frau, formés à partir de Mensch (être humain, personne) et Frau (femme), à cause de la similitude entre man (on) et Mann (homme)[114].

Anglais

Proposition à la Marche des fiertés de Boston du terme « they » par une personne qui ne s'identifie pas à un genre habituel. Juin 2019.

L'anglais apparaît relativement neutre du point de vue de l'usage grammatical des genres. La langue comprend un vestige de genres féminin et masculin pour les noms désignant des personnes, voire des animaux familiers du sexe correspondant ; la plupart des autres noms ont un genre non défini ou neutre (it). Le genre n'est toutefois pas marqué dans la conjugaison ni dans les adjectifs et n'apparaît donc que dans le choix des pronoms personnels utilisés pour remplacer les noms correspondants à la troisième personne du singulier, à savoir he pour le masculin, she pour le féminin, it pour le neutre. Cependant, on voit actuellement réapparaître un they singulier dont la fonction est de désigner une personne dont on ignore le sexe. Cet usage du pronom a plusieurs siècles, mais est tombé en désuétude au XVIIe siècle avant de réapparaître dans les années 1980[115].

Le terme en vieil anglais mann signifiait à l’origine « être humain » et composait alors les mots « homme » et « femme » avec wer « masculin » et wīf « féminin » pour construire les mots werman et wīfmann (devenu actuellement woman). Le mot man, quant à lui, qui signifiait simplement à l'origine « être humain », est à la base de mankind signifiant « humanité »[116]. S'il s'est spécialisé à partir du XIVe siècle pour signifier « homme » (être humain masculin), il reste utilisé de nos jours dans ce sens. Il y a donc la même ambivalence qu'en français avec le mot homme, un terme signifiant aussi tantôt un être humain masculin, tantôt l'humanité dans son ensemble[117] (voir la partie de l'article évoquant la langue française).

L'adjectif possessif (his, her, its, their) désigne, au singulier, le genre du possédant, plutôt que du possédé comme en français.

L'anglais dispose par ailleurs du terme asexué sibling, signifiant « frère ou sœur », ou au pluriel « fratrie ».

Certains auteurs, principalement aux États-Unis, emploient maintenant le féminin pour désigner une personne dont le sexe est indéterminé dans le contexte (le lecteur ou la lectrice quelconque hypothétique, par exemple) :

When you find value assumptions, you know pretty well what a writer or speaker wants the world to be like – what goals she thinks are most important ; but you do not know what she takes for granted […]

 M. Neil Browne, Stuart M. Keeley, Asking the Right Questions[118]

« Lorsque vous rencontrez des présupposés de valeur, vous savez fort bien à quoi un auteur ou un orateur voudrait que le monde ressemble – quels sont les objectifs qu'elle considère comme les plus importants ; mais vous ne savez pas ce qu'elle tient pour acquis […]. »

 Asking the Right Questions[119]

De plus, aux États-Unis, l'usage de he or she il ou elle ») à l'oral et de he or she, (s)he, ou s/he à l'écrit lorsque le sexe de l'individu n'est pas connu a aujourd'hui tendance à disparaître au profit du they singulier.[réf. nécessaire]

Espagnol

Quand ils cherchaient à s'exprimer en un langage neutre, les hispanophones devaient employer des expressions répétées du type « queridos amigos, queridas amigas » (chers amis, chères amies). Comme souvent on passe du masculin au féminin en remplaçant le « o » par un « a », les hispanophones ont eu l'idée de remplacer la répétition par un mot avec un « @ » (car ressemblant visuellement à un « a » dans un « o »), ce qui donne « querid@s amig@s »[120].

L'usage de l'astérisque (l*s amig*s), du « x » (lxs amigxs) ou « e » (les amigues) est aussi possible.

Espéranto

En espéranto, le genre grammatical n'existe pas[121]. La racine des mots est généralement sémantiquement neutre, le sexe pouvant être marqué par le préfixe vir- pour le masculin et le suffixe -in- pour le féminin. Par exemple, ŝafo (mouton), virŝafo (bélier), ŝafino (brebis).

L’espéranto compte trois pronoms personnels pour la troisième personne du singulier (li au masculin, ŝi au féminin, ĝi au neutre). Par ailleurs depuis les années 2010, le pronom non officiel ri est souvent utilisé pour désigner des personnes non-binaires.

Suédois

Dans les années 1960, la Suède propose un nouveau pronom neutre, hen. Il est réintroduit en 2012 par l'auteur de livres pour enfants Jesper Lundqvist et, malgré les critiques qu'il a engendrées cette année-là, il est majoritairement accepté et associé à des attitudes positives en 2015[122].

Notes et références

Notes

  1. À ne pas confondre avec la « parité linguistique » qui désigne en Belgique l'équilibre entre les représentants d'expression française et d'expression néerlandaise au sein des institutions.
  2. Amour est féminin au XVIe siècle, et l'est toujours aujourd'hui lorsqu'il est au pluriel.

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Voir aussi

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Articles connexes

Liens externes

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