La Famille Tenenbaum

La Famille Tenenbaum (The Royal Tenenbaums) est un film américain réalisé par Wes Anderson sorti en 2001. C'est le troisième long-métrage du réalisateur. Le film suit la vie des trois enfants Tenenbaum qui ont tous connu un grand succès dans leur jeunesse avant de subir des déceptions et des échecs à l'âge adulte. Royal, leur père parti vingt-deux ans plus tôt, revient et toute la famille Tenenbaum se retrouve réunie dans la maison familiale ce qui va provoquer des tensions entre les différents membres.

La Famille Tenenbaum
Fans du film déguisés en Margot et Richie Tenenbaum.
Titre original The Royal Tenenbaums
Réalisation Wes Anderson
Scénario Wes Anderson
Owen Wilson
Musique Mark Mothersbaugh
Acteurs principaux
Sociétés de production Touchstone Pictures
American Empirical Pictures
Pays d’origine États-Unis
Genre Comédie dramatique
Durée 109 minutes
Sortie 2001


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

C'est la deuxième collaboration d'Anderson avec l'acteur Bill Murray qui apparaît dans tous les films du réalisateur à l'exception du premier. La musique originale est composée par Mark Mothersbaugh. Le film aborde les thèmes de la famille dysfonctionnelle, la limite floue entre l'état d'enfant et celui d'adulte, l'amitié, l'amour, l'échec, la mort et le deuil.

Synopsis

Dans une ville semblable à New York, Royal Tenenbaum et sa femme, Etheline, se séparent à la fin des années 1970. Royal est chassé de la maison par sa femme, lassée de tous ses mensonges et infidélités ; cependant le divorce n'est pas officialisé. Les trois enfants du couple sont élevés par Etheline seule et tous connaissent un grand succès dans leur jeunesse : Chas est un génie de la finance, Margot, leur fille adoptive, écrit des pièces de théâtre à succès, et Richie, le fils préféré de Royal, est un champion de tennis. Leur jeune voisin Eli Cash fait presque partie de la famille.

On retrouve les protagonistes 22 ans plus tard au début des années 2000. Royal apprend qu'il doit quitter bientôt l'hôtel où il habite. Eli est devenu un romancier connu et a des addictions aux drogues. Tous les enfants Tenenbaum traversent une période difficile : Richie a abandonné le tennis et fait le tour du monde sur son bateau de croisière, il est depuis toujours désespérément amoureux de Margot. Margot n'écrit plus de pièces depuis des années et elle déprime dans sa baignoire, incomprise par son mari Raleigh, un neurologue plus âgé qu'elle qui étudie le comportement d'un jeune patient autiste nommé Dudley Heinsbergen. Chas ne se remet pas de la mort de son épouse Rachael morte dans un accident d'avion l'été précédent et il est devenu surprotecteur avec ses deux fils, Ari et Uzi. Etheline est devenue archéologue, elle est soudain demandée en mariage par son ami de longue date et comptable, Henry Sherman. Royal en est rapidement informé par Pagoda, le serviteur indien de la maison Tenenbaum.

Chas, toujours obsédé par les problèmes de sécurité, revient habiter chez sa mère avec ses deux enfants. Déprimée, Margot fait de même et on apprend qu'elle a une liaison amoureuse avec Eli. Royal ne veut absolument pas que sa femme se remarie. Pour se rapprocher d'elle, il lui fait croire qu'il est malade et qu'il ne lui reste plus que six semaines à vivre. Informé de cette nouvelle, Richie revient également chez sa mère. Royal veut se réconcilier avec ses enfants et faire la connaissance de ses deux petits-enfants, mais Chas refuse qu'il les voie. Royal les rencontre secrètement et leur donne des indications pour faire changer d'avis leur père. Le stratagème fonctionne et, peu après, Royal et sa famille se rendent au cimetière pour se recueillir sur les tombes de la mère de Royal et la femme de Chas. Expulsé de son hôtel, Royal vient s'installer dans la chambre de Richie avec tout le matériel médical destiné à soigner son cancer de l'estomac imaginaire.

Raleigh pense que Margot a un amant. Lorsqu'il le dit à Richie, celui-ci est tellement irrité qu'il casse une vitre d'un coup de poing et se blesse à la main. Considérant que Chas protège trop ses enfants, Royal les emmène faire des activités dangereuses pour les distraire et les endurcir. Il tente de chasser Henry de la maison en provoquant une dispute avec lui par des allusions racistes mais celui-ci ne se laisse pas faire et, par une enquête rapide, il obtient la confirmation que la maladie de Royal est simulée. Il révèle la supercherie à la famille et Royal est aussitôt chassé de la maison.

Margot rompt avec Eli. Raleigh, qui a engagé un détective privé pour suivre Margot, apprend que celle-ci fume depuis l'âge de 12 ans, qu'elle a eu de nombreux partenaires sexuels dont une femme et qu'elle l'a trompé avec Eli. Bouleversé, Richie tente de se suicider en s'ouvrant les veines. Il est emmené à l’hôpital et, vite remis, il s'en échappe pour retrouver Margot à qui il avoue enfin son amour. Richie révèle ensuite à son père qu'il est amoureux de Margot puis ils se rendent chez Eli pour l'emmener en cure de désintoxication mais celui-ci s'enfuit. Royal accepte enfin de divorcer d'Etheline. Le jour du mariage d'Henry et Etheline, Eli surgit à grande vitesse au volant de sa voiture et percute la maison, il manque d'écraser Ari et Uzi qui sont sauvés de justesse par Royal mais leur chien est tué. Fou de rage, Chas se bat avec Eli et le jette par-dessus le mur de l'arrière-cour. Une fois calmés, les deux hommes conviennent qu'ils ont besoin d'une aide psychologique.

Henry et Etheline se marient finalement deux jours après l'accident. Plus tard, Eli suit une cure de désintoxication, Richie devient professeur de tennis, Margot sort une nouvelle pièce et Chas arrête de surprotéger ses enfants. Royal parvient à créer une relation avec ses enfants et petits-enfants et quand il meurt d'une crise cardiaque quelques mois plus tard en 2001 à l'âge de 68 ans, il est réconcilié avec toute sa famille.

Fiche technique

Distribution

Production

Écriture du scénario

Wes Anderson avoue avoir emprunté le nom de Tenenbaum à un ami qu'il connaît depuis l'université car ce nom sonnait bien à ses oreilles. La principale source d'inspiration de ce film est La Splendeur des Amberson d'Orson Welles. Le réalisateur s'est également inspiré de la pièce de George S. Kaufman et Edna Ferber The Royal Family, du film Vous ne l'emporterez pas avec vous de Frank Capra et du recueil de nouvelles de J. D. Salinger Famille Glass.

Choix des acteurs

Danny Glover a été choisi car Anderson a apprécié ses rôles dans les films Witness (1985), La Rage au cœur (To sleep with anger, 1990) et Beloved (1998). Glover est plus connu pour ses rôles dans des films d'action comme la série de films L'Arme fatale, Henry Sherman, le comptable timide et maladroit portant un nœud-papillon, est éloigné de ce type de rôles mais ses bonnes manières reflètent la personnalité de Glover dans la vie[4].

Tournage

Bien que le film ait été tourné à New York, Wes Anderson a insisté sur le fait que la ville dans la fiction n'est pas New York[5]. Le décor est une sorte de New York dans un univers parallèle avec les styles de la fin des années 1970 et du début des années 1980[5]. Environ 250 décors ont été utilisés pendant le tournage, le directeur artistique Carl Sprague a indiqué que l'équipe évitait les sites permettant d'identifier New York et modifiait les panneaux de signalisation[5]. La maison utilisée dans le film est située dans le quartier Hamilton Heights de Harlem à Manhattan au 339 Convent Avenue. Le propriétaire, Willie Woods, prévoyait de la rénover, mais après un arrangement financier, il a accepté de retarder les travaux de six mois pour le tournage du film[6]. Le zoo de Central Park a été utilisé comme décor pour la forêt de Nouvelle-Guinée[5]. Pour le match de tennis où Richie s'effondre complètement, l'équipe a utilisé le court de Forest Hills qu'elle a rénové en le recouvrant de gazon synthétique[5]. L'hôtel où habite Royal est le Waldorf-Astoria situé à Manhattan[7].

Pour les vêtements de style années 1970, la costumière Karen Patch s'est inspirée de célébrités de l'époque comme Kofi Annan ou Bjorn Borg[5].

Anderson et Huston ont eu une relation tendue avec Hackman qui n'était pas toujours aimable sur le plateau[8]. Le premier jour où Hackman et Huston apparaissaient dans une scène ensemble, Huston devait le gifler. Celle-ci a dit plus tard que la gifle était réelle : « Je l'ai vraiment bien giflé. J'ai vu l'empreinte de ma main sur sa joue et j'ai pensé, il va me tuer[8],[n 2]. »

Musique

À l'origine, le réalisateur Wes Anderson souhaitait ouvrir le film avec le célèbre Hey Jude des Beatles. La mort du guitariste George Harrison l'empêcha de négocier les droits du morceau. Il songea alors à Elliott Smith pour enregistrer une reprise du morceau. Malheureusement, les problèmes de drogue et la dépression, dont souffrait le chanteur en 2001, contraignirent le réalisateur à confier la reprise à Mutato Muzika Orchestra.

Elliott Smith marque toutefois la bande originale du film par son Needle in the Hay, qui figurait sur son second album solo éponyme. On entend ce titre lorsque Richie Tenenbaum s'ouvre les veines dans la salle de bain.

La musique originale est composée par Mark Mothersbaugh.

Le film utilise aussi des morceaux et compositions préexistantes d'artistes variés : Nick Drake, Van Morrison, Lou Reed, The Rolling Stones, The Beatles, Ramones, The Clash, Elliott Smith, Maurice Ravel, Erik Satie et Antonio Vivaldi.

Une première version CD de la bande originale sort en 2001.

The Royal Tenenbaums (Original Soundtrack)

Bande originale de Divers artistes
Sortie 11 décembre 2001
Durée 58:51
Langue Anglais
Format CD
Compositeur Mark Mothersbaugh
Label Hollywood Records
Critique
  1. 111 Archer Avenue de Mark Mothersbaugh
  2. These Days de Nico
  3. Quatuor à cordes (Second mouvement) de Maurice Ravel, joué par le Quatuor Ysaÿe
  4. Lindbergh Palace Hotel Suite de Mark Mothersbaugh
  5. Wigwam (en) de Bob Dylan
  6. Look at That Old Grizzly Bear de Mark Mothersbaugh
  7. Lullaby de Emitt Rhodes
  8. Mothersbaugh's Canon de Mark Mothersbaugh
  9. Police & Thieves de The Clash
  10. Scrapping and Yelling de Mark Mothersbaugh
  11. Judy Is a Punk de Ramones
  12. Pagoda's Theme de Mark Mothersbaugh
  13. Needle in the Hay de Elliott Smith
  14. Fly de Nick Drake
  15. I Always Wanted to Be a Tenenbaum de Mark Mothersbaugh
  16. Christmas Time Is Here de Vince Guaraldi Trio
  17. Stephanie Says de The Velvet Underground
  18. Rachel Evans Tenenbaum (1965-2000) de Mark Mothersbaugh
  19. Sparkplug Minuet de Mark Mothersbaugh
  20. The Fairest of the Seasons de Nico

Une version CD allongée de la bande originale sort en 2002[10].

The Royal Tenenbaums (Original Soundtrack)
version longue

Bande originale de Divers artistes
Sortie 2 juillet 2002
Durée 1:05:24
Langue Anglais
Format CD
Compositeur Mark Mothersbaugh
Label Hollywood Records
  1. 111 Archer Avenue de Mark Mothersbaugh
  2. These Days de Nico
  3. Quatuor à cordes (Second mouvement) de Maurice Ravel, joué par le Quatuor Ysaÿe
  4. Me and Julio Down By the Schoolyard interprété par Paul Simon
  5. Sonate pour violon et piano no 1 de George Enescu, interprété par Mutato Muzika Orchestra
  6. Wigwam (en) de Bob Dylan
  7. Look at That Old Grizzly Bear de Mark Mothersbaugh
  8. Look at Me par John Lennon
  9. Lullaby de Emitt Rhodes
  10. Mothersbaugh's Canon de Mark Mothersbaugh
  11. Police & Thieves de The Clash
  12. Scrapping and Yelling de Mark Mothersbaugh
  13. Judy Is a Punk de Ramones
  14. Pagoda's Theme de Mark Mothersbaugh
  15. Needle in the Hay de Elliott Smith
  16. Fly de Nick Drake
  17. I Always Wanted to Be a Tenenbaum de Mark Mothersbaugh
  18. Christmas Time Is Here de Vince Guaraldi Trio
  19. Stephanie Says de The Velvet Underground
  20. Rachel Evans Tenenbaum (1965-2000) de Mark Mothersbaugh
  21. Sparkplug Minuet de Mark Mothersbaugh
  22. The Fairest of the Seasons de Nico
  23. Hey Jude de The Beatles, interprété par Mutato Muzika Orchestra

Accueil

Accueil critique

La Famille Tenenbaum est apprécié par la critique, obtenant 80 % de commentaires positifs sur Rotten Tomatoes pour une note moyenne de 7,50/10[12] et une note de 76 % sur le site Metacritic[11]. Rotten Tomatoes résume les critiques ainsi : « La Famille Tenenbaum est une charmante comédie pour adultes avec de nombreuses bizarreries et de l'émotion. De nombreux critiques ont particulièrement salué la performance d'Hackman[12],[n 3]. »

Le magazine L'Express est enthousiasmé par le film, il le qualifie de « comédie brillante, intelligente, élégante et mélancolique » et considère Wes Anderson comme « un véritable petit génie, dont l'inventivité et la richesse de l'univers laissent pantois[21]. » Rick Groen du journal canadien The Globe and Mail considère que c'est un très bon film, il en apprécie notamment l'écriture originale et l'humour particulier[15]. Ben Falk de la BBC adore le film : « Drôle, touchant, intelligent, étrange ... eh bien, arrêtons-nous avant de manquer de superlatifs. Autant dire qu'il est peu probable que vous voyiez un film meilleur ou plus original cette année[13],[n 4]. »

Serge Kaganski des Inrockuptibles a un avis mitigé, il trouve le film « un peu trop gentillet et esthétiquement m'as-tu-vu » mais il salue les prestations de Gene Hackman et Kumar Pallana qui joue son serviteur indien[22]. Le journal La Libre Belgique considère que le film est « une comédie humaine incongrue mais bien sentie, au-delà d'un bavardage parfois excessif et de quelques coquetteries[23]. » Andrew Sarris du journal britannique The Observer apprécie peu le film : « M. Anderson ne manque pas d'habileté et d'ingéniosité en tant que réalisateur, mais il en faut plus pour produire un film dramatiquement et émotionnellement satisfaisant[24],[n 5]. » Kenneth Turan du Los Angeles Times n'aime pas le film qu'il trouve trop détaché de la réalité : « il est rare, franchement, de voir un film qui vit dans son propre monde aussi complètement que celui-ci. C’est comme aller à une fête où tout le monde parle une version incompréhensible d’une langue familière[25],[n 6]. »

Didier Péron du journal Libération déteste le film, il écrit : « Rarement film aura provoqué un tel ennui vaguement distingué, comme si on mettait deux heures à explorer consciencieusement une totale impasse esthétique[26]. »

Box-office et avis des spectateurs

Le film est un succès au box-office, il rapporte environ 70 000 000 $ de recettes au niveau mondial et reste le plus grand succès d'Anderson durant plus de 10 ans avant d'être battu par The Grand Budapest Hotel en 2014 avec plus de 170 000 000 $ de recettes[1].

Le film est très apprécié par les spectateurs : sur IMDb, le film obtient une note moyenne de 7,6/10 basée sur les notes de plus de 267 000 utilisateurs[27]. Sur Rotten Tomatoes, le film recueille un avis positif de 89 % des spectateurs avec une note moyenne de 4,2/5 basée sur les notes de plus de 250 000 utilisateurs[12]. Sur AlloCiné, le film obtient une note moyenne de 3,4/5 basée sur les notes de plus de 4 900 utilisateurs[28].

Distinctions

Le film a été nommé à 46 prix et en a obtenu 10[29].

Récompenses

Nominations

Analyse

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Les relations familiales dans ce film sont très difficiles ; de nombreux indices démontrent que la famille est dysfonctionnelle. D’abord, le père de Margot doit toujours dire que sa fille est adoptée lorsqu’il la présente à des gens. D’ailleurs, Royal Tenenbaum porte très souvent, voir tout le temps, des lunettes de soleil, même à l’intérieur. Ce faisant, il s’éloigne de ses enfants puisque les lunettes forment une sorte de mur entre lui et les autres personnages. Cependant, les relations difficiles ne sont pas uniquement entre les parents et les enfants. Lorsque Chas retourne à la maison familiale, il cache une affiche de Richie dans la chambre de ses enfants car il ne veut pas voir la face de son frère. Chas entretient aussi une relation tendue avec son père. Il le nargue quant aux jours qu’il lui reste à vivre lorsque Royal lui annonce sa mort. De plus, Chas ne veut pas présenter ses enfants à son père, et lorsque ce dernier les rencontre finalement, ils sont séparés par une clôture. Aussi, dans la scène où Royal tombe de son lit d’hôpital, Chas lui demande « are you ok?», et son père lui demande « the fuck you care?[30]». Quant à Margot, elle répète sans cesse que Royal n’est pas son père, ni à elle ni à Richie ni à Chas. Elle ne veut pas avoir de lien avec lui.

Wes Anderson base sa direction photographique et sa mise en scène sur la chaleur et sur la tension ainsi que le découpage des plans pour distancier les jeunes des adultes. C’est dans cette caractéristique propre au réalisateur que ce dernier réussit à peindre un décor où les adultes et les enfants sont souvent séparés. Il est aussi très important de mentionner que Wes Anderson n’utilise pas le champ contre-champ lors des dialogues entre les personnages. Se faisant, une certaine barrière se forme, qui parfois sert à distancer les personnages. Dans La Famille Tenenbaum, le cinéaste se base sur des couleurs chaudes où la lumière vient souvent jouer un rôle important dans l’histoire et dans le décor. Dans le décor, plusieurs éléments aident à surcharger le réel et à distancier les enfants des adultes. D’abord, la rue en face de la maison familiale est représentée comme un lieu sombre, un lieu de recul. Ensuite, la maison figure l’enfermement où tous sont divisés dans des petits environnements serrés. Finalement, le cinéaste a choisi de filmer les enfants de proches en plan rapproché tandis qu’il filme les adultes de plus loin. D’ailleurs, lorsque le père Tenenbaum discute pour la première fois avec ses petits-enfants, il est séparé d’eux par une clôture qui est vraisemblablement là pour une raison : pour séparer le monde adulte des enfants

Aussi, Wes Anderson joue très souvent la disposition de ses décors pour que des messages non-verbaux (décors, couleurs, mise en scène, disposition des acteurs, cadrage des plans) expliquent quelques situations. Les personnages sont esclaves des décors qui parfois les séparent et qui parfois les réunis. Dans La Famille Tenenbaum, le cinéaste travaille majoritairement sa mise en scène sur les effets d’enfermement et d’étouffement, ainsi que sur la tension entre les membres de la famille. Cependant, le collectif gagne son emprise vers la deuxième moitié du film alors que la famille commence à se réunir. Une scène très marquante de ce début de libération et de réunion est la scène des retrouvailles où Margot et Richie se retrouvent à l’aéroport. Le ralenti dans cette scène sert à suspendre le temps, donc de fuir cet enfermement, cette emprise du cadre. Aussi, dans plusieurs des films de Wes Anderson, les maisons rappellent souvent des maquettes peuplées d’enfants-adultes et d’adultes-enfants obsessionnels. Dans le film, Richie, qui retrouve son ancienne chambre, se retrouve face à son enfance lorsqu’il installe sa tente et qu’il revit ses souvenirs de jeunesse. La maison signifie alors pour lui, et pour d’ailleurs les autres personnages, un endroit de nostalgie à travers la collectivité. La scène la plus symbolique du collectif dans La Famille Tenenbaum est la dernière : « le long plan-séquence qui conclut le mariage d’Etheline et Henry, au cours duquel un travelling latéral rassemble tous les personnages jusqu’à ce que Chas, le plus retors des membres de la famille, accorde enfin son pardon à Royal sous les yeux d’Etheline[31]».

Notes et références

Notes

  1. Quelques mots au début du film quand Etheline au téléphone prend un rendez-vous pour un cours d'italien.
  2. « I hit him a really good one. I saw the imprint of my hand on his cheek and I thought, he's going to kill me. »
  3. « The Royal Tenenbaums is a delightful adult comedy with many quirks and a sense of poignancy. Many critics especially praised Hackman's performance. »
  4. « Funny, touching, intelligent, strange... well, let's just stop before we run out of superlatives. Suffice to say that it's unlikely you'll see a better or more unique movie this year. »
  5. « Mr. Anderson is not lacking in cleverness and ingenuity as a filmmaker, but it takes something more to produce a dramatically and emotionally satisfying movie. »
  6. « It’s rare, frankly, to see a movie that lives inside its own head as completely as this one does. It’s like going to a party where everyone speaks a version of a familiar language that can’t quite be understood. »

Références

  1. (en) « The Royal Tenenbaums », sur boxofficemojo.com (consulté le )
  2. Visa d'exploitation no 104947 sur Centre National du Cinéma
  3. The Royal Tenenbaums sur BBFC
  4. Matt Zoller Seitz, p. 138-139
  5. (en) « For ‘Tenenbaums’ design team, it’s all in details » Pour l'équipe des décors des Tenenbaum, tout est dans les détails »], sur variety.com, (consulté le )
  6. (en) Tom McGeveran, « Wes Anderson’s Dream House » La maison de rêve de Wes Anderson »], sur observer.com, (consulté le )
  7. Matt Zoller Seitz, p. 120
  8. (en) David Rooney, « Wes Anderson and 'Royal Tenenbaums' Cast Reunite At New York Film Festival » Wes Anderson et le casting de la Famille Tenenbaum réunis au festival du film de New York »], sur hollywoodreporter.com, (consulté le )
  9. (en) « The Royal Tenenbaums [Original Motion Picture Soundtrack] », sur allmusic.com (consulté le )
  10. (en) « The Royal Tenenbaums [Original Motion Picture Soundtrack] [Expanded] », sur allmusic.com (consulté le )
  11. (en) « The Royal Tenenbaums », sur metacritic.com (consulté le )
  12. « The Royal Tenenbaums », sur rottentomatoes.com (consulté le )
  13. (en) Ben Falk, « The Royal Tenenbaums », sur bbc.co.uk, (consulté le )
  14. (en) Roger Ebert, « The Royal Tenenbaums », sur rogerebert.com, (consulté le )
  15. (en) Rick Groen, « The Royal Tenenbaums: All in the fractured family », sur theglobeandmail.com, (consulté le )
  16. (en) Marjorie Baumgarten, « The Royal Tenenbaums », sur austinchronicle.com, (consulté le )
  17. (en) Caroline Westbrook, « The Royal Tenenbaums Review », sur empireonline.com (consulté le )
  18. (en) David Stratton, « The Royal Tenenbaums Review », sur sbs.com.au, (consulté le )
  19. (en) David Ansen, « The Royal Tenenbaums », sur newsweek.com, (consulté le )
  20. (en) « The Royal Tenenbaums Reviews », sur rottentomatoes.com (consulté le )
  21. « La Famille Tenenbaum », sur lexpress.fr, (consulté le )
  22. Serge Kaganski, « La Famille Tenenbaum », sur lesinrocks.com, (consulté le )
  23. « La Famille Tenenbaum », sur lalibre.be, (consulté le )
  24. (en) « Meet the Tenenbaums, Princes of the City », sur observer.com, (consulté le )
  25. (en) « Their Particular Brand of Dysfunction » Leur marque particulière de dysfonctionnement »], sur latimes.com, (consulté le )
  26. Didier Péron, « Barbant conte d'Anderson », sur liberation.fr, (consulté le )
  27. « La famille Tenenbaum », sur imdb.com (consulté le )
  28. « La famille Tenenbaum », sur allocine.fr (consulté le )
  29. (en) « Awards », sur imdb.com (consulté le )
  30. ANDERSON, Wes. La Famille Tenenbaum, Canada, 2002, 108 minutes
  31. Vincent Malausa, Wes Anderson : La Famille Tenenbaum, Paris, CNC, , p. 24

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Mark Browning, Wes Anderson : Why his movies matter, Praeger, , 190 p. (ISBN 978-1598843521)
  • (en) Matt Zoller Seitz (préf. Michael Chabon, ill. Max Dalton), The Wes Anderson Collection, New York, Éditions Abrams Books, , 336 p. (ISBN 978-0-8109-9741-7)
  • (en) Peter C. Kunze, The Films of Wes Anderson : Critical Essays on an Indiewood Icon, Palgrave Macmillan, , 236 p. (ISBN 978-1349486922)
  • (en) Donna Kornhaber, Wes Anderson, University of Illinois Press, , 194 p. (ISBN 978-0252082726)

Articles connexes

Liens externes

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