John Sewell Sanborn
John Sewell Sanborn, né le à Gilmanton, New Hampshire, et mort le à Asbury Park, New Jersey, est un professeur, avocat, homme politique et juge canadien.
Origine et formation
John Sewell Sanborn est issu de la famille Sanborn, une influente famille basée dans le New Hampshire, la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-Écosse[1]. Son ancêtre était Martin Sanborn[2]. Son père était à la fois fermier et professeur[3] et son frère, Edwin David Sanborn, était un historien du New Hampshire et enseignant au Dartmouth College[4]. C'est là qu'il a entamé ses études supérieures, y décrochant une maîtrise ès arts (1845) et, en fin de vie, un doctorat en droit (1874), puis il est allé du côté de l'Université Bishop's de Lennoxville où il obtint une autre maîtrise ès arts (1854) ainsi qu'un doctorat en droit civil (1873)[3]. Après avoir terminé ses études de droit à Sherbrooke et à Montréal, il fut admis au Barreau de la Section du district de Montréal en 1847[3]. De 1842 à 1845, il a été le directeur de la Sherbrooke Academy et le diacre de la Sherbrooke's Congregationalist Church[5]. Sanborn enseigna le droit à Lucius Seth Huntington, notamment[6].
Carrière politique
John Sewell Sanborn prônait l'annexion des Cantons-de-l'Est aux États-Unis. C'est sur cette base politique qu'il se présenta aux élections législatives de 1850 pour la circonscription de Sherbrooke. Il remporte le vote populaire avec une avance de 34 voix sur son adversaire, sur un total de 1 448 bulletins de vote, faisant de Sanborn le seul annexionniste présent en chambre[7]. Les idées sécessionnistes de Sanborn et son élection à l'Assemblée législative ne sont pas étrangères à la création éventuelle d'un chemin de fer connectant les Cantons-de-l'Est au Maine. Il est réélu en 1852, mais cette fois en renonçant à ses idées annexionnistes, et fut à nouveau réélu en 1854 dans la circonscription de Compton, et finit par délaisser son siège en 1857[8]. Entre-temps, en 1854, Sanborn est élu bâtonnier du Québec, un mandat qui durera une année[9].
Le , Sanborn est élu sans opposition au Conseil législatif pour la division électorale de Wellington, poste qu'il maintiendra jusqu'à la création du Dominion du Canada, en 1867[5],[10]. Lors d'une réunion du Conseil, John Sewell Sanborn s'éleva contre la proposition de Confédération et désapprouva les Résolutions de Québec. Rappelant la nature pécheresse de l'homme, et bien que constatant l'esprit plus libéral des Canadiens français, Sanborn déclara :
« Ce serait cependant une grave erreur d'ignorer les garanties et les règles nécessaires pour perpétuer les bonnes mœurs et empêcher les dispositions aux agressions qui existaient déjà dans plus ou moins dans tous les esprits. Ce principe - l'amour du pouvoir - se trouve dans chaque cœur humain, aucun n'en est exempt, et l'histoire du monde montre qu'aucun peuple ne lui jamais été supérieur. L'honorable Premier ministre avait reconnu cette vérité dans les remarques qu'il avait faites au sujet des difficultés [relatives à la coexistence] entre le Haut et le Bas-Canada. »[11]
— John Sewell Sanborn, 1865
Également, durant son mandat sénatorial, déclara être pour la peine de mort pour les cas de viol d'enfants et, souhaitant davantage affirmer l'indépendance juridique du Canada, avança que « les lois anglaises ne conviennent pas à ce pays et ne peuvent en règle générale être importées dans nos systèmes régnants sans grand danger »[12]. En général, Sanborn était très actif lors des rencontres et des débats entourant la formation du Dominion du Canada[13]. Sanborn était affilié avec les Rouges du Parti libéral du Canada, aux côtés de Luther Hamilton Holton, Antoine-Aimé Dorion et Alexander Tilloch Galt, le tout premier ministre des Finances du Canada très proche partenaire de Sanborn[14].
En , John Sewell Sanborn est nommé à titre de sénateur du Dominion du Canada représentant la province de Québec par la reine Victoria, à la suite d'une sanction royale de la part de la monarque britannique et qui atteste officiellement l'union de la Province du Canada, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse[15].
Carrière professionnelle
Sanborn était un promoteur de la Compagnie du chemin de fer de Saint-François et Mégantic, et a fait de la collusion avec Luther Hamilton Holton et Alexander Tilloch Galt pour favoriser l'adoption d'un projet de loi sur le chemin de fer à l'Assemblée législative, notamment à l'aide d'un système d'obligations et de redevances[16].
Au cours de sa vie, Sanborn a été président de la Société de tempérance du Québec, président de la Library Association of Sherbrooke et un des administrateurs du Congregational College of British North America, à Montréal[3],[5].
Haute magistrature
En 1873, Sanborn se désiste de son poste lorsqu'il fut nommé à la Cour supérieure du Québec pour le district Saint-François par John A. MacDonald, à la suite de quoi il devint juge à la Cour du banc de la reine (aujourd'hui Cour d'appel du Québec) en 1874[8],[17]. La nomination de Sanborn à la Cour du banc a été facilitée par son ami Antoine-Aimé Dorion, figure importante d'un gouvernement libéral nouvellement porté au pouvoir[3].
Vie privée et décès
Il épouse en à Sherbrooke Eleanor Hall Brooks, fille d'Elizabeth Towle et de Samuel Brooks, membre conservateur de l’Assemblée législative représentant Sherbrooke[3],[18]. Dans le cas de l'alliance familiale Brooks-Sanborn, Jacques Gagnon, professeur au Cégep de Sherbrooke, parle de transmission familiale d'une circonscription, un phénomène notamment présent dans les comtés à majorité anglophone de Sherbrooke, Arthabaska et Drummond[19]. Sanborn et Brooks eurent trois enfants ensemble[20]. En 1856, trois années après le décès d'Eleanor Hall Brooks, Sanborn épouse Nancy Judson Hasseltine, avec qui il eut une fille. De 1881 à 1886, la famille Sanborn est logée au 594, rue Queen Nord à Sherbrooke, résidence qui aujourd'hui porte le nom de Résidence Sanborn[21]. Son fils, Samuel Brooks Sanborn, lui aussi avocat, est mort sans enfant à Sherbrooke en 1885 suite au maniement imprudent d'une arme à feu[22].
John Sewell Sanborn est décédé à Asbury Park, au New Jersey, le . Ses obsèques furent célébrés à l'église American Presbyterian de Montréal[5].
Le bureau de poste et la station de train de la municipalité de Cookshire-Eaton, « Johnville », ainsi que la rue Sanborn de Sherbrooke ont tous été nommés en son honneur[23],[24]. Le journal L'Étendard affirme en 1884 que John Sewell Sanborn était un franc-maçon[25].
Notes et références
- (en) New England Historic Genealogical Society, The New England Historical and Genealogical Register: Volume 53, New England Historic Genealogical Society, , 668 p., p. 264.
- (en) « Sanborn Name Meaning, Family History, Family Crest & Coats of Arms », sur HouseOfNames (consulté le ).
- « Biographie – SANBORN, JOHN SEWELL – Volume X (1871-1880) – Dictionnaire biographique du Canada », sur www.biographi.ca (consulté le ).
- Sanborn Family in the United States and the brief sketch of life of John B. Sanborn with speeches and addresses, Saint-Paul, H. M. SMYTH PRINTING CO, .
- « John Sewell Sanborn - Assemblée nationale du Québec », sur www.assnat.qc.ca (consulté le ).
- Gaston Deschênes, Dictionnaire des parlementaires du Québec, 1792-1992, Québec, Presses Université Laval, , 859 p., p. 373.
- (en) J. I. Little, « The Short Life of a Local Protest Movement: The Annexation Crisis of 1849-50 in the Eastern Townships », sur érudit.org, The Canadian Historical Association/La Société historique du Canada.
- « Page:Appletons' Cyclopædia of American Biography (1900, volume 5).djvu/411 ».
- Le Barreau du Québec, « Bâtonnier du Québec », sur Le Barreau du Québec (consulté le ).
- (en-US) « Province of Canada, (Index) Parliamentary Debates on the Subject of the Confederation of the British North America Provinces, 8th Parl, 3rd Sess, 1865 », sur PrimaryDocuments.ca, (consulté le ).
- Church and State in the Confederation Debates of 1865, Ian Alexander Robert Mackay, 2017, https://mspace.lib.umanitoba.ca/bitstream/handle/1993/32802/Mackay_Ian.pdf;jsessionid=095FF91323EB30823A336FA14072F7B6?sequence=1.
- (en) David H. Flaherty, Essays in the History of Canadian Law: Volume II, University of Toronto Press, , 612 p., p. 207.
- Rose Hunter, Débats parlementaires sur la question de la confédération des provinces de l'Amerique Britannique du Nord. 3e session, 8e Parlement provincial du Canada, , 1027 p..
- (en-CA) Jean-Pierre Kesteman, « Sir Alexander Tilloch Galt - Canada's first finance minister », sur www.vancouversun.com (consulté le ).
- Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Louis Giard, Oscar Dunn, Journal de l'instruction publique, Volume 11, Département de l'instruction publique, , p. 62.
- « Sanborn, Famille (P058) | Fonds | Musée McCord Museum », sur collections.musee-mccord.qc.ca (consulté le ).
- « Politics and Government », sur www.archives.mcgill.ca (consulté le ).
- « Les Patriotes de 1837@1838 - BROOKS, Samuel (1793-1849) », sur www.1837.qc.ca (consulté le ).
- Jacques Gagnon, « Un comté en héritage? Les liens familiaux des députés provinciaux des Cantons-de-l'Est de 1829 à nos jours. ».
- « Famille Sanborn | Généalogie, arbre généalogique et origines », sur www.mesaieux.com (consulté le ).
- « Résidence Sanborn, 594 Queen nord à Sherbrooke », sur http://www.histoiresherbrooke.ca/.
- « Quebec Deaths 1878-1886 », sur www.genealogysearch.org (consulté le ).
- (en-US) « Cookshire-Eaton (Notre-Dame-de-la-Paix) » (consulté le ).
- « Fiche descriptive », sur www.toponymie.gouv.qc.ca (consulté le ).
- Baudouin Burger, L’Église et la Franc-Maçonnerie au Québec: Deux ou trois histoires à la fin du XIXe siècle sur la lutte des ultracatholiques contre les hommes abominables, Osmora Inc., 490 p., p. Canadiens francophones et francs-maçons.
Liens externes
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