Jean Aicard
Jean François Victor Aicard, né le à Toulon (Var) et mort le à Paris, est un poète, romancier et dramaturge français.
Ses parents
Son père était un républicain saint-simonien, rédacteur dans des journaux d'opposition sous la monarchie de Juillet. Il meurt quand son fils a cinq ans[1].
Biographie
Jean Aicard naît le à Toulon (Var). Une plaque signale sa maison natale. Il fait ses études à Mâcon, où il fréquente Lamartine, puis au lycée de Nîmes, puis en droit à Aix-en-Provence.
Venu à Paris en 1867, il y publie un premier recueil, les Jeunes Croyances, où il rend hommage à Lamartine[2]. Le succès qu'il rencontre lui ouvre les portes des milieux parnassiens, grâce à son cousin, Pierre Elzéar. En 1869, il collabore au deuxième recueil du Parnasse contemporain[3]. En 1870, une pièce en un acte est produite au théâtre de Marseille. Pendant la guerre, il reste à Toulon dans sa famille. Après la guerre, il assiste aux dîners des Vilains Bonshommes et participe à la création de la revue La Renaissance littéraire et artistique[4].
On le retrouve dans un portrait de groupe réalisé par Henri Fantin-Latour en 1872, Un coin de table. Il est à droite des trois personnes debout, à côté d'Émile Blémont. Cinq sont assis, Paul Verlaine et Arthur Rimbaud, Léon Valade, Ernest d'Hervilly et Camille Pelletan. [5].
En 1874, il publie Poèmes de Provence, qui font de lui le poète de cette région. En 1876, il collabore au troisième recueil du Parnasse contemporain.
Les deux romans qui lui valent la reconnaissance sont Maurin des Maures (1908) et L'illustre Maurin. D'une façon générale, l'enfance incarne une source d'inspiration prédominante dans son œuvre[6].
En 1894, il devient président de la Société des gens de lettres. Le guide Paris-Parisien, qui le considère en 1899 comme une « notoriété des lettres », note le « romantisme méridional »[7] de son œuvre.
En 1909, il entre à l'Académie française au fauteuil de François Coppée.
Il est élu maire de Solliès-ville en 1920.
La mésentente avec Frédéric Mireur était de notoriété publique. Il égratignera son côté anti-clérical dans son livre "Les anciens couvents de Draguignan". Une rue, paradoxalement, portera son nom à Draguignan quasiment dans le prolongement de la rue Jean Aicard. Frédéric Mireur lui reprochait son côté parisianiste, opportuniste et grossier. Tandis que Jean Aicard voyait en Frédéric Mireur un homme réactionnaire et proche des idées anti-dreyfusardes[8]. La dissension atteint son paroxysme lors de l'écriture de "Maurin des Maures". Fréderic Mireur considérera, entre autres, le passage avec le préfet de Draguignan[9] comme grotesque et fantaisiste. Dans ce roman, les Varois en général et les habitants de Gonfaron en particulier sont décrits comme simplets et de mœurs primitifs[10]. Dans ce même chapitre, il imaginera les habitants de ce village souffler un par un dans l'anus d'un âne : "Ils amenèrent sur la place publique un vieil âne qui n’était plus bon à rien, pensant que si celui-là montait au ciel et ne reparaissait plus on ne perdrait pas grand-chose ; et ils se mirent en posture de le gonfler de leur respiration, en la lui soufflant, — sauf votre respect — par le trou que tous les ânes ont sous la queue." le curé Pignerol et l'ermite de Notre-Dame-des-Anges sont, entre autres, deux caricatures d'homme d'Eglise dans ce même récit. Jean Aicard les dépeint comme hypocrites et sots :
"Je l’ai connu, ce Pignerol ; je la lui ai servie plus d’une fois, la messe. Il arrivait ici à cheval, sautait à bas de sa monture, sa soutane haut retroussée laissant voir des culottes de velours gris côtelé ; il la relevait ainsi, toute la jupe sur son bras, de peur qu’elle s’accrochât à ses grands éperons ; et, en entrant dans l’église, il allait poser d’abord, avec une génuflexion, sa cravache sur l’autel."
"L’ermite était un ancien valet de ferme, un fainéant venu on ne sait d’où, qui avait eu (comme tant d’autres en maint autre lieu) l’idée de s’affubler d’une méchante robe de bure, de se ceindre les reins d’une corde et d’attendre les pèlerins, dévots à Notre-Dame-des-Anges, pour tirer d’eux quelques petits profits."
Jean Aicard meurt le au sein de la Clinique Oudinot dans le 7e arrondissement de Paris[11].
Œuvre
Poésie
- Jeanne d'Arc (Le rachat de la Tour), , imprimerie d'E. Aurel, Toulon
- Les Jeunes Croyances, Alphonse Lemerre, 1867 lire en ligne sur Gallica
- Au clair de la lune, 1870, Alphonse Lemerre
- Rébellions et Apaisements, 1871, Alphonse Lemerre
- Mascarille, 1873, Alphonse Lemerre
- Pierre Puget, 1873, L. Laurent, Toulon (médaille d'or au concours de poésie de Toulon)
- Poèmes de Provence, 1874, Alphonse Lemerre - Prix Montyon de l’Académie française
- La Chanson de l'enfant, 1876, Fischbacher - Prix Montyon de l'Académie française
- Le Petit Peuple, 1879, Cayer
- Les Poèmes de Provence ; les cigales, 1878
- Miette et Noré, idylle provençale, 1880, Charpentier - Prix Vitet de l'Académie française 1881
- Lamartine, 1883, Ollendorff - Prix de poésie de l'Académie française
- Le Dieu dans l’homme, 1885, Ollendorff
- L'Éternel Cantique, 1885, Fischbacher
- Maternités, 1886
- Le Livre des petits, 1886, Delagrave
- Le Livre d’heures de l'amour, 1887, Alphonse Lemerre
- Jésus, 1896, Flammarion
- Sauveteurs, 1898, Mouillet
- Italie et France (vers), 1903, Crété
- Hollande, Algérie (poèmes et prose), 1913, Flammarion
- Le Témoin, 1914 - 1916, Flammarion
- Le Jardin des enfants, 1914, Flammarion
- La Légende du Chevrier, (adaptation musicale de Emile Dens), 1914, J. Poulalion
- Le Sang du sacrifice, 1917, Flammarion
Romans et nouvelles
- Roi de Camargue, 1890, Testard
- Le Pavé d'amour, 1892, Ollendorff
- L'Ibis Bleu, 1893, Flammarion
- Fleur d'abîme, 1894, Flammarion
- L'Été à l'ombre (nouvelles), 1895, Flammarion
- Diamant noir (roman), 1895, Flammarion
- Notre-Dame-d'Amour, 1896, Flammarion - texte en ligne
- L'Âme d'un enfant, 1898, Flammarion
- Mélita (roman bohème), 1898, Flammarion
- Tata, 1901, Flammarion
- Benjamine, 1906, Flammarion - lire en ligne sur Gallica
- Maurin des Maures, 1908, Flammarion
- L'Illustre Maurin, 1908, Flammarion
- Arlette des Mayons (roman de la terre et de l'école), 1917, Flammarion
- Gaspard de Besse : un bandit à la française, 1918, Flammarion
- Le Fameux Chevalier Gaspard, 1908, Flammarion
- Des cris dans la mêlée, (prose), 1916, Flammarion
- Le Rire de Maurin, 1923, Flammarion
- La Gueuse des Marais, 1928, Flammarion
Théâtre
- Au clair de la lune, comédie en un acte en vers, Alphonse Lemerre, 1870
- Pygmalion, poème dramatique en un acte, Alphonse Lemerre, 1872
- Othello ou le More de Venise, drame en 5 actes en vers, Charpentier, 1881
- Smilis, drame en 4 actes en prose, Ollendorff
- Mascarille, à-propos en vers pour l'anniversaire de Molière, Alphonse Lemerre,
- La Comédie française à Londres, Jouaust
- La Comédie française à Alex. Dumas, Ollendorff
- Smilis, drame en quatre actes et en prose, 1884, Ollendorff
- Le Père Lebonnard, 1889 ; pièce produite pour la première fois au Théâtre-Libre. et tournée au cinéma en 1939
- La Légende du Cœur, Théâtre antique d'Orange, , Flammarion
- Le Manteau du Roi, Théâtre de la Porte-Saint-Martin, , Flammarion
- Don Juan ou la Comédie du siècle, 1889 (XIXe siècle), poème dramatique en 5 actes
- Forbin de Solliès, pièce en 2 actes, 1920, Flammarion
- La Milésienne, 1924, Flammarion
Essais
- La Vénus de Milo : recherches sur l'histoire de la découverte, d'après des documents inédits, 1874, Sandez
- Leconte de Lisle, librairie Fischbacher, 1887, texte sur Gallica.
- Alfred de Vigny, , conférence de la Revue Hebdomadaire, Flammarion
- Comment rénover la France (prose), 1918, Flammarion
Archives
- Le fonds d'archives de l'écrivain est conservé aux archives municipales de Toulon[12].
Maisons
- À La Garde, près de Toulon, une maison ancienne, transformée en musée, concerne notamment J. Aicard, ancien occupant[13]
Maison natale à Toulon
- Près de Toulon, à Solliès-Ville, l'ancienne maison du poète[14]
Adaptations
Au cinéma
- 1919 : L'Ibis bleu, film muet français réalisé par Camille de Morlhon
- Le cinéaste André Hugon a porté à l'écran les romans Roi de Camargue (film muet, 1921), Les Trois Masques (1929), Maurin des Maures (1932), L'Illustre Maurin (1933) et Gaspard de Besse (1934).
- 1946 : Le Gardian, film français réalisé par Jean de Marguenat, adaptation du roman Roi de Camargue
À la télévision
- Les romans Maurin des Maures et l'Illustre Maurin sont adaptés respectivement en 1970 et 1974 sous forme de feuilletons télévisés (voir Maurin des Maures).
Anecdotes
Si l'on en croit Léon Daudet, Aicard possédait un tel talent pour réciter des vers qu'il transformait alors chaque poésie, même médiocre, en un chef-d'œuvre fugitif[15]. Rimbaud n'avait pas dû être sensible à son charme, car on connaît l'épisode où il ponctuait du mot de Cambronne chaque vers d'un poème que récitait Jean Aicard[16]. C'est cependant à ce poète qu'il a dédié Les Effarés[17].
Prix
- Prix Montyon (1874 et 1876) de l’Académie française.
- Prix Vitet (1881) de l'Académie française.
- Prix de poésie (1883) de l'Académie française.
Hommages toponymiques posthumes
Par ordre alphabétique des villes :
- une rue à Bormes-les-Mimosas, où il est écrit "Maurin des Maures" dans une maison de la rue Carnot, appartenant a son ami et maire de Bormes, Mr Vigourel
- une rue à Besse-sur-Issole
- une rue à Cannes dans le quartier de La Bocca
- une rue à Clermont-Ferrand
- une avenue à Collobrières
- une école primaire à La Crau
- une rue à Cuers
- une école maternelle et une rue à Draguignan[19]
- une école primaire à La Farlède
- une rue et un bâtiment au Lavandou
- un musée, une école primaire et une rue à La Garde
- un lycée à Hyères
- une rue à Hyères
- un groupe scolaire au Luc
- une rue à Nice
- une avenue et un square à Paris 11è (avec un arrêt éponyme du bus 96 de la RATP, montant/descendant les rues Oberkampf et de Ménilmontant)
- une rue aux Pennes Mirabeau
- une rue à Roquebrune-sur-Argens
- une rue à Saint Laurent du Var
- une rue à Saint Mandrier
- une rue aux Saintes Maries
- une rue à Saint-Raphaël
- une place à Solliès-Ville
- une école maternelle, une école primaire et un musée à Toulon ; de plus, un buste sculpté se trouve dans le jardin Alexandre-Ier
- une rue à Toulouse
- une école élémentaire à Pourrières
- une école élémentaire à Gonfaron
Liens externes
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- WorldCat
- Ressources relatives à la littérature :
- Site consacré à l'écrivain Jean Aicard
- L'Univers littéraire de Jean Aicard voyageant aux Pays-Bas en 1878
- Site officiel de l'association des Amis de Jean Aicard
- Jean Aicard et Solliès-Ville
- « Jean Aicard », sur gutenberg.org (livre gratuit, disponible en : html, epub, kindle, texte.)
Notes et références
- Victor Duclos, Jean Aicard : Simple notice sur sa vie et ses écrits, éditions L. Duc, 1894.
- Constantin Lecigne, Jean Aicard, Éditions Sueur-Charruey, 1901.
- Violette Bouyer-Karr, Jean Aicard, Éditions du Var, 1921.
- Tony Marmottans, Jean Aicard, du poème au roman, éditions Université de Toulon et du Var, 2000.
- « Notice de Coin de table », sur Musée d'Orsay (consulté le )
- Nieres-Chevrel, Isabelle, 1941- ... et Perrot, Jean, 1937- ..., Dictionnaire du livre de jeunesse : la littérature d'enfance et de jeunesse en France, Paris, Electre-Ed. du Cercle de la Librairie, dl 2013, 989 p. (ISBN 978-2-7654-1401-8 et 2765414017, OCLC 862208705, lire en ligne), p. 12
- Paris-Parisien, Ollendorff, , p. 48
- Sur l'engagement d'Aicard dans l'affaire Dreyfus, voir sa notice du Dictionnaire biographique et géographique de l'affaire Dreyfus {https://dicoaffairedreyfus.com/index.php/2020/01/09/jean-aicard/}.
- https://fr.wikisource.org/wiki/Maurin_des_Maures/XXVII
- Chapitre 37 "Où l’on verra que les habitants d’une bourgade prédestinée, appelée Gonfaron ou Gonfleron, en Provence, ont inventé la montgolfière, à la forme près."
- Archives de Paris 7e, acte de décès no 865, année 1921 (page 22/31)
- « Litterature », sur http://www.litterature-lieux.com (consulté le )
- Musée Jean Aicard Paulin Bertrand
- http://www.solliesville.fr/listeLieux00010068.html
- « Léon Daudet - Souvenirs des milieux littéraires, politiques, artistiques », sur https://fr.wikisource.org/wiki/ (consulté le )
- Cet épisode est discuté par Daniel A. De Graaf dans Arthur Rimbaud : sa vie, son œuvre, publié par L'Harmattan en 2005, (ISBN 2-7475-8303-1), p. 93-94. Voir ici.
- « rimbaud lettre à aicard », sur http://abardel.free.fr (consulté le )
- Tombeaux des Immortels, Où sont inhumés les académiciens français ?
- José Rubio Arvelo et Michaël Crosa, Draguignan et ses rues : Les illustres illustrés, Éditions Livres de Provence, 2011.
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