Jean-Charles Brisard

Jean-Charles Brisard, né le à Dijon, est directeur d'une société de renseignement privée[1], spécialisé dans la question du financement des organisations terroristes islamistes. La justice le présente comme un « honorable correspondant » des services de sécurité français.

Biographie

Jean-Charles Brisard est titulaire d’un DEA en droit international public obtenu à l’université Paris II Panthéon-Assas en 1994. Il est diplômé de l’Institut de droit comparé de Paris où il s’est spécialisé dans l’étude comparative du droit des pays du Common law, des pays arabes et des pays de l’Est. Il a également étudié le droit international à la School of Foreign Service de l’université de Georgetown (États-Unis).

À partir de 1994, Jean-Charles Brisard mène deux missions en parallèle : attaché militaire au sein du cabinet du Premier ministre Édouard Balladur jusqu’en 1995, il travaille également à l’Assemblée nationale jusqu’en 1997, en tant que collaborateur d’Alain Marsaud, alors chef de la section section anti-terroriste du parquet de Paris.[réf. nécessaire]

Jean-Charles Brisard est assistant parlementaire du député RPR Christian Estrosi, puis d'Alain Marsaud, et rédige une biographie de Charles Pasqua en 1994 (Charles Pasqua : Une force peu tranquille).

De 1997 à 2001, Jean-Charles Brisard travaille à la direction de la prospective de Vivendi[2] (ex-Compagnie générale des eaux, renommée depuis Veolia) sous les ordres de l’ancien juge anti-terroriste Alain Marsaud[2],[3], alors un des cadres dirigeants de la société[4], chargé des dossiers de sécurité et d'intelligence économique, ainsi qu'en tant qu'assistant parlementaire de ce dernier[5].

En enquêtant avec Internet, Jean-Charles Brisard s'efforce de décrypter la nébuleuse financière de la famille Ben Laden[2] et rédige en 1999 un rapport sur le financement des ONG musulmanes par des milliardaires saoudiens et sur le lien entre ces dernières ONG et la mouvance islamiste, qui ne tarde pas à circuler au sein de l'OCDE.

Au lendemain des attentats du , ce rapport qui dénonce l'implication de riches Saoudiens dans le financement du terrorisme international est actualisé par Jean-Charles Brisard pour finalement être repris dans la presse[6]. Devenu le « Rapport sur l'environnement économique d'Oussama ben Laden », l'origine de ce document de 56 pages est présenté de façon contradictoire (cf. #controverses).

Le rapport est publié en annexe du dernier rapport du député Arnaud Montebourg sur les paradis fiscaux[7]. Il prétend avoir été commandé par les services de renseignement[8].

Jean-Charles Brisard est finalement licencié par Vivendi et se reconvertit en enquêteur privé[2].

Il fonde également Dataceo en 2001, une société de bases de données spécialisée dans le renseignement économique[3].

À la fin de l'année 2001, il publie avec Guillaume Dasquié, rédacteur en chef de la lettre Intelligence On-Line, un livre aux éditions Denoël, Ben Laden, la vérité interdite, qui « puise sa substance dans des notes déclassifiées de la CIA, [...] dans des registres du commerce [...] et surtout sur le fameux « Rapport sur l'environnement économique d'Oussama ben Laden » »[8]. Selon un portrait de Jean-Charles Brisard paru dans Le Monde, l'éditeur chargé de cet ouvrage, Guy Birenbaum, a attesté par écrit, lors d'une procédure en justice, « Je reste, après toutes ces années, avec un goût amer en bouche à propos de JCB dont j’ai du mal à saisir la crédibilité, l’identité (enquêteur ou lobbyiste, agent d’influence ou agent tout court, etc.) et l’honnêteté intellectuelle. »[9]

De 2002 à 2010, il est mandaté par un avocat américain ayant déposé un recours collectif (class action) contre l'Arabie saoudite pour démontrer l'implication de la monarchie saoudienne dans les attentats[2].

Il a témoigné de son travail devant plusieurs commissions parlementaires aux États-Unis et en France. Il a témoigné dans plusieurs procédures judiciaires portant sur le terrorisme, le financement du terrorisme et le blanchiment, en France, en Suisse, en Grande-Bretagne ainsi qu’aux États-Unis.[réf. nécessaire]

Jean-Charles Brisard a créé en 2003 la société JCB Consulting International, qui a été liquidée en 2007[10],[2].

Il apporte son expertise sur des sujets aussi variés que l’intelligence économique, le droit international public, les affaires publiques et la communication.[réf. nécessaire] Il intervient ponctuellement dans les médias français sur les questions liées au terrorisme et à son financement. En 2012, le journal Le Monde écrit à son sujet qu'il « fait partie de ces personnages insaisissables que l’on voit souvent apparaître au détour des dossiers sensibles, sans que l’on sache précisément quels intérêts ils représentent ni quelle fiabilité on peut leur accorder »[11].

En janvier 2014, après sept ans de procédure, le juge Marc Trévidic rend un non-lieu dans une affaire concernant Guillaume Dasquié, qui était poursuivi pour divulgation d'informations classifiées, à la suite d'un reportage paru en avril 2007 dans le journal Le Monde[12] consacré aux données détenues par la DGSE sur Al-Qaida avant le 11 septembre. Dans son ordonnance, le magistrat mentionne que Jean-Charles Brisard est un indicateur des services de renseignement français, et précise que, dans ce dossier, il était chargé d'identifier les sources de son ancien co-auteur[13].

En 2015, Brisard enquête pour le compte du groupe LVMH sur le groupe de militants qui publie le journal Fakir (dont François Ruffin) et leurs activités[14],[15]. Cette activité lui rapporte plus de 50 000 euros[16].

En novembre 2017, Jean-Charles Brisard se fait passer pour un journaliste du Wall Street Journal[17] afin d'obtenir de la part de Carson Block, dirigeant de la société de conseil en investissements Muddy Waters Research, des informations quant à ses intentions vis-à-vis du français Groupe Casino. Averti de la supercherie, Carson Block filme la scène de leur rencontre à l'aide de son téléphone portable et la réaction de Jean-Charles Brisard lorsque celui-ci se voit démasqué[18]. Carson Block critiquait régulièrement depuis 2015 Groupe Casino en lui reprochant de gonfler artificiellement ses bénéfices en employant des artifices comptables.

Controverses

Les contradictions sur le commanditaire du rapport

Le « Rapport sur l'environnement économique d'Oussama ben Laden », livré à la presse au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 et rédigé par Jean-Charles Brisard, est présenté comme « un rapport d’enquête officiel franco-américain » selon La Tribune[19] ou bien comme « l’œuvre d’un expert international ayant travaillé sur ce sujet dans le cadre d’une mission pour un organisme fiscal »[20] par Intelligence Online qui le publie in extenso.

En décembre 2002, il fait circuler une nouvelle version de son rapport sur l'environnement économique d'Oussama ben Laden, cette fois présentée comme une commande du président colombien du Conseil de sécurité des Nations unies, l’ambassadeur Alfonso Valdivieso, qui dément catégoriquement[21],[5],[22].

L'ouvrage Ben Laden, la vérité interdite

En 2002, dans un rapport rendu à la presse, Jean-Charles Brisard dénonce des liens suspects entre Yeslam Binladin et son demi-frère Oussama Ben Laden : du à , Oussama Ben Laden possédait un compte à la banque UBS, numéro de compte 575 167, et Yeslam Binladin disposait d'une procuration[23].

En , le juge Renaud Van Ruymbeke convoque Yeslam Binladin[24] mais rend, le , un non-lieu[25].

Le , Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié publient des excuses officielles dans les journaux français Le Figaro et Le Monde, pour avoir porté des accusations contre Khaled bin Mahfouz, sur la base de sources erronées[26],[27] Cependant, au-delà de cette date, son co-auteur Guillaume Dasquié continue à publier des enquêtes sur ce responsable financier saoudien.

Coauteur du livre, Guillaume Dasquié critique aujourd'hui sévèrement Jean-Charles Brisard, le décrivant comme « un garçon fragile, soucieux de plaire aux services secrets, pour lesquels il rédige quantité de notes où rumeurs grossières et informations s'entremêlent. »[28]

Ouvrages

  • 2005 : Zarkaoui, le nouveau visage d’Al-Qaida, avec Damien Martinez, Fayard[29]
  • 2002 : Ben Laden, la vérité interdite, nouvelle éd. rév. et préf. par les auteurs, éd. Gallimard[30]
  • 2001 : Ben Laden, la vérité interdite, avec Guillaume Dasquié, Denoël[31]
  • 1996 : Enquête au cœur du RPR, avec Patrice Pinard, éd. Jacques Grancher[32]
  • 1994 : Charles Pasqua : Une force peu tranquille, avec Géraud Durand, préf. Jean Foyer, éd. Jacques Granger[33]

Décoration

En 2008, il est fait chevalier de l’Ordre national du Mérite[34].

Notes et références

  1. Violette Lazard, L’Élysée et la Libye, forts bruits de fonds,liberation.fr, .
  2. Comment les islamistes attaquent la France, lepoint.fr, .
  3. « ENTRE LA CWA ET LYONNAISE DES EAUX/VIVENDI:L’homme derrière le contrat secret de 1999 », Le Mauricien, .
  4. Le marché de l'eau en Arabie finit en baston au George-V, Libération, .
  5. Gérard Davet et Fabrice Lhomme, « Affaire de Karachi : Jean-Charles Brisard, "expert" insaisissable », article réservé aux abonnés, Le Monde, (consulté le ).
  6. « Les complexes réseaux de Ben Laden », La Tribune, .
  7. Rapport d'information,assemblee-nationale.fr, .
  8. Christophe Deloire, « Ben Laden au peigne fin », Le Point, .
  9. « Portrait de Jean-Charles Brisard ».
  10. JCB Consulting, Societe.com.
  11. François Krug, Qui sont vraiment les experts en terrorisme que l’on voit partout ?, Le Monde, .
  12. « 11 septembre : les français en savaient long », sur www.lemonde.fr, (consulté le ).
  13. « Affaire Dasquié : le juge épingle les méthodes de la DCRI », sur www.leparisien.fr, (consulté le ).
  14. Simon Piel, « Comment LVMH a fait espionner François Ruffin », Le Monde, .
  15. Fabrice Arfi, « Comment François Ruffin et le journal «Fakir» ont été espionnés par LVMH », Mediapart, .
  16. Didier Hassoux et Christophe Labbé, « Des commis de l’État pris la main dans le sac Vuitton », Le Canard enchainé, , p. 3
  17. (en-US) Nick Kostov, « To Meet Carson Block, He Posed As Journal Reporter...And Got Caught », Wall Street Journal, (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) « Caught on Camera: Short Seller Carson Block Confrontation » [vidéo], The Wall Street Journal, (consulté le ).
  19. « Les complexes réseaux de Ben Laden », La Tribune, 13 septembre 2001.
  20. « Ussama Bin Laden : un Saoudien, surtout ! », Éditorial d’Intelligence Online no 413, 20 septembre 2001.
  21. , « French Investigator Tricked UN Over Terror Report, Say Al-Qadi Lawyers » par Abdul Wahab Bashir, Arab News Staff, 1er mars 2004.
  22. Les lettres peuvents être consultées ici et ici .
  23. Ian Hamel, « Oussama Ben Laden, ancien client de l'UBS », Swissinfo.ch, .
  24. « Le demi-frère de ben Laden convoqué chez le juge », NouvelObs.com, .
  25. Ian Hamel, « Les erreurs à répétition d'un «spécialiste» du terrorisme », Le Matin, .
  26. « Ouvrage sur Ben Laden : mea culpa des auteurs », NouvelObs.com, .
  27. Augustin Scalbert, « Un ex-espion condamné pour avoir diffamé un journaliste », sur L'Obs, (consulté le ).
  28. Qui sont les "experts en terrorisme" qui squattent les médias après un attentat ?, Francetvinfo.fr, .
  29. Jean-Charles Brisard et Damien Martinez, Zarkaoui, le nouveau visage d’Al-Qaida, éd. Fayard (ISBN 2-213-62241-8).
  30. Jean-Charles Brisard, Ben Laden, la vérité interdite, nouvelle éd. rév. et préf. par les auteurs, Gallimard, coll. « Folio / Documents » (no 6) (ISBN 2-07-042377-8).
  31. Jean-Charles Brisard et Guillaume Dasquié, Ben Laden, la vérité interdite, Denoël, coll. « Impacts » (ISBN 2-207-25320-1).
  32. Jean-Charles Brisard et Patrice Pinard, Enquête au cœur du RPR, éd. Jacques Grancher (ISBN 2-7339-0534-1).
  33. Jean-Charles Brisard et Géraud Durand, préf. Jean Foyer, Charles Pasqua : Une force peu tranquille, éd. Jacques Granger (ISBN 2-7339-0470-1).
  34. Décret du portant promotion et nomination, JORF no 266 du , p. 17476, texte no 4, NOR PREX0823631D, sur Légifrance.

Liens externes

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