Jacques Poirier (SOE)

Jacques Poirier, né le à Neuilly-sur-Seine et mort le dans le 17e arrondissement de Paris, fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent français du Special Operations Executive. Avec le nom de guerre « Nestor », il fut d'abord l'adjoint d'Harry Peulevé « Jean », chef du réseau AUTHOR qui opéra en Corrèze, en Dordogne et dans le Lot ; puis il lui succéda fin comme chef du réseau, renommé DIGGER. Il fut l'un des acteurs de la libération de Brive-la-Gaillarde, intervenue le .

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Identités

  • État civil : Jacques René Édouard Poirier
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Enregistré : Jack Peters
    • Nom de guerre (field name) : « Nestor »
    • Nom de code opérationnel : DIGGER (en français TERRASSIER)
    • Fausse identité (établie par la mairie de Brive-la-Gaillarde) : Jacques Perrier, exploitant forestier, employé de Maurice Arnouilh.
    • Pour les résistants : Jack l'Anglais, capitaine Jack

Parcours militaire : SOE, section F, General List ; grade : lieutenant (1942), captain, puis major.

Pour accéder à une photographie de Jacques Poirier, se reporter au paragraphe Sources et liens externes en fin d’article.

Famille

Son père : Robert Poirier, membre du réseau Nestor-DIGGER.

Éléments biographiques

Jacques Poirier naît le à Neuilly, près de Paris.

Il n’a pas encore 18 ans en  ; mais sa réaction devant la défaite et ses lâchetés sont immédiates, et sa surprise grande de devoir constater que peu de ses compatriotes, à l’époque, partagent sa révolte devant la présence de l’ennemi sur leur sol et sa volonté de poursuivre, ou de reprendre, le combat.

Avec quelques camarades, il imagine (étant alors à Cannes) de gagner Gibraltar en utilisant une vedette trouvée dans le port et que, petit à petit, il équipe. Mais le projet est évidemment un peu fou ; il se trouve bientôt seul et doit abandonner. Il cherche d’autres voies, approchant l’un ou l’autre qui lui semble digne de confiance et prêt à faire quelque chose... et, vers la fin de 1941, il trouve enfin : le voici engagé dans un mouvement actif ; il est agent de liaison, transporte des tracts et même un poste émetteur.

Les mois passent, et, soudain, le destin frappe : Jacques est mis en présence d'Harry Peulevé, agent du SOE arrivé en , qui s’est cassé une jambe à l’atterrissage, a dû rester dans le midi et est sur le point de retourner en Angleterre. L’Anglais jauge vite notre camarade, informe ses chefs et, avec leur accord, lui propose de faire le voyage avec lui.

Jacques est accueilli par Maurice Buckmaster, chef de la section F, auquel Peulevé le présente ; et il est envoyé à l’entraînement en Écosse puis près de Manchester, enfin à Beaulieu.

Au début de 1944, il est prêt. Il est parachuté en France, où il rejoint Harry Peulevé, déjà bien installé en Corrèze, dont il devient l’adjoint au sein du réseau AUTHOR et avec lequel il rencontre André Malraux. Moins de trois mois plus tard, la Gestapo arrête Harry Peulevé, le radio Louis Bertheau et Roland Malraux[1] ; mais ce jour-là, Jacques est loin. Son chef lui a imposé quelques jours de détente et c’est chez sa mère, en Savoie, qu’il apprend le drame : écoutant la BBC, il entend un message par lequel Londres l’avertit.

Aussitôt, Jacques retourne dans sa région et, passant par le truchement du réseau voisin, se manifeste et demande des instructions. La réaction est immédiate : Londres a eu le temps de prendre sa mesure ; le voici promu captain et chargé de reprendre en main le réseau rebaptisé en conséquence DIGGER. Et bientôt, le 9 avril 1944, arrivent pour le seconder un instructeur Peter Lake « Basil » qui deviendra son adjoint, et un radio Ralph Beauclerk « Casimir ».

L’équipe sera solide ; et Jacques la dirige avec efficacité, utilisant habilement ce que peut apporter la coopération avec un personnage comme André Malraux. Les opérations se succèdent, d’importants sabotages sont effectués, Jacques s’engage personnellement, avec Peter Lake, dans des actions contre l’ennemi ; et il participe avec finesse aux manœuvres qui conduisent à la reddition de l’importante unité qui occupe Brive-la-Gaillarde.

Brive libérée, Le 24 août 1944 a lieu à Périgueux, le défilé de libération auquel Jacques Poirier participe, avec de nombreux autres résistants dont Roger Ranoux, Édouard Valéry, ou Yves Péron,[2] puis Jacques Poirier retourne en Angleterre.

Rendu à la vie civile, Jacques Poirier entre à la Shell : il y fait carrière jusqu’en 1977, parcourant le monde au fur et à mesure des affectations et des promotions : Venezuela, Argentine, Angleterre et Pays-Bas. Il crée un cabinet-conseil.

Parvenu à la retraite, il prend la plume pour raconter ses aventures à ses petits-enfants. Ce doit être une affaire de famille ; mais il faudrait que l’entreprise reste ignorée des nombreuses relations littéraires nouées pendant les hostilités du fait des liens entretenus avec André Malraux : Jean Lescure a vent de ce que fait Jacques ! Grâce à lui, et aussi parce que Jacques comprend que ce peut être une façon de rendre hommage à ceux qui ont combattu à ses côtés, le texte prend forme d’un livre, La girafe a un long cou....

Le , en remplacement de Jean-Bernard Badaire décédé, Jacques Poirier est élu président de la Fédération Nationale Libre Résistance, qui rassemble les anciens des réseaux de la section F.

Un film tourné en 2005 (notamment à Niversac) pour France 3 par Jean-Marie Barrère, « Robert et les ombres », a suggéré l’importance du rôle joué par le SOE dans le Sud-Ouest en général et dans les Landes et la Dordogne en particulier. Ici, Jacques Poirier, alias Captain Jack (patron historique du SOE), et Peter Lake, alias Jean-Pierre (ex-diplomate parti pour Cambridge), ou le capitaine Ralph Beauclerk, alias Casimir, vivant à Londres, font partie des 150 anciens du SOE-France qui se rendaient en pèlerinage annuel à Valençay, au Mémorial de Valençay inauguré par la reine Elizabeth Bowes-Lyon[3].

Jacques Poirier meurt le d'un arrêt cardiaque. Ses obsèques ont lieu le  : une cérémonie religieuse à l'église Sainte-Odile à la porte de Champerret, suivie de l'inhumation au cimetière parisien de Saint-Ouen.

Œuvre

Jacques R. E. Poirier a écrit ses mémoires, La girafe a un long cou..., préface de Jean Lescure, prix du Maréchal Foch 1993 de l'Académie française, prix du Général Chassin-Robert-Dufour :

  • édition originale : Périgueux, Fanlac, 1992, (ISBN 2-86577-156-3) ;
  • réédition : collection « Résistance Liberté-Mémoire », Paris, Éditions du Félin, 2003, (ISBN 2-86645-531-2) ;
  • (en) traduction anglaise par John Brownjohn, The Giraffe Has a Long Neck, Pen & Sword Books Limited, 1997, (ISBN 085052461X).

Reconnaissance

Jacques Poirier a reçu les distinctions suivantes :

Annexes

Notes

Sources et liens externes

  • Fiche Jacques Poirier, avec photographie, sur le site Special Forces Roll of Honour
  • Libre Résistance, bulletin d’information et de liaison, anciens des Réseaux de la Section F du S.O.E. (Special Operations Executive), Amicale BUCK, numéro 16, 1er trimestre 2006.
  • Michael Richard Daniell Foot, Des Anglais dans la Résistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis Crémieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Fiche Jacques Poirier sur le site de Nigel Perrin, avec photographie.
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