Hôtel de la Caisse d'épargne de Fontainebleau

L'hôtel de la Caisse d'épargne est un bâtiment de la fin du XIXe siècle, à Fontainebleau, en France.

Pour d'autres hôtels homologues, voir Hôtel de Caisse d'épargne.

Il a autrefois accueilli un établissement bancaire, pour lequel il a été construit. Au XXIe siècle, une galerie d'art contemporain s'y est installée.

Situation et accès

L'édifice est situé au no 17 de la rue Paul-Séramy, sur le tronçon compris entre la rue du Château et la rue d'Avon, au sud du centre-ville de Fontainebleau, et plus largement au sud-ouest du département de Seine-et-Marne.

Deux accès — initialement conçus pour l'entrée, à gauche, et la sortie, à droite — figurent sur les côtés de la façade principale.

Histoire

Contexte

En , quelques personnes, notamment encouragées par la loi du qui reconnaît alors les Caisses d'épargne comme établissements privés d'utilité publique, fondent la Caisse d'épargne[AF 1]. En 1837, on crée la succursale de Fontainebleau[1].

À cette époque, un petit immeuble à l'intersection de la rue d'Avon et de l'impasse du même nom — aujourd'hui rue Auguste-Barbier — accueille les bureaux de la recette municipale et c'est à ce service qu'est annexée la Caisse d'épargne. L'accès s'y fait avec un escalier peu commode, que plusieurs habitants surnomment « l'escalier de monte à regret ». Le livret se présente alors avec une couverture blanche sur laquelle l'identité du client est inscrite en calligraphie avec plume d'oie et les opérations signées bien lisiblement[AF 1].

Quelques années plus tard, ils se trouvent au premier étage d'une annexe située dans la cour de l'hôtel de ville ; au rez-de-chaussée de cette annexe a été établie la chambre de sûreté. Les locaux permettent la mise en place d'une entrée et d'une sortie distinctes, une tradition perpetuée par la suite. Depuis l'aggrandissement de la mairie au XIXe siècle, ce bâtiment n'existe plus[AF 1].

En 1848, on installe la Caisse d'épargne dans le bâtiment de la Mission, dans la partie qui deviendra plus tard la chapelle de l'Ange-Gardien. Vers 1860, les bureaux déménagent et changent successivement de locaux dans la rue Saint-Merry. Également après la liquidation en rente des fonds de toutes les Caisses d'épargne, l'institution réemménage dans le bâtiment de la Mission, mais cette fois dans sa partie opposée, au rez-de-chaussée[AF 1].

Un temps, l'institution siège à la justice de paix pendant la saison hivernale. Pour avoir un lieu fixe, il a été alors décidé « à titre provisoire » de l'installer dans une maison de la rue du Château, dont le jardin contigu à l'hôtel de ville fait suite. Cette dernière occupation durera toutefois 27 ans[AF 1].

Concours

En 1891, la Ville de Fontainebleau lance un concours public pour la « construction d'un Hôtel destiné à la Caisse d'épargne », ouvert jusqu'au pour les architectes français exerçant dans les trois départements de Seine, Seine-et-Oise et Seine-et-Marne[2].

Vingt-neuf projets sont reçus. Le jury, appelé à l'examination des projets, se réunit le à 13 h à la salle des élections. Ce jury est composé du maire de Fontainebleau, alors Lucien Regnart — également président du conseil d'administration de la caisse d'épargne —, des membres du comité de direction (dont M. Boucher, désigné secrétaire), de trois administrateurs qui leur sont adjoints et de trois architectes désignés par le maire et n'ayant pas participé au concours. Les projets sont numérotés puis, par voie d'élimination, trois examens sont établis : après chacun d'eux, il n'en reste respectivement plus que 15, 7 et 6. Un quatrième examen est alors établi avec six scrutins pour déterminer le classement final[AF 2].

Résultats des six scrutins réalisés après le quatrième examen[AF 2],[3]
Place Pour Contre No  Devise Candidats
1er 5 2 2 Pratique Octave Courtois-Suffit
2e 6 1 16 In manus Alexandre Maistrasse
Paul Lecardonnel (d)[PD 1],[A 1]
3e 4 3 3 Gagne ce que tu peux, garde bien ce que tu gagnes Henri Pronier (d)[PD 2],[A 2]
Pierre Harant (d)[A 3]
MH 1 4 3 21 Fourmi Pli cacheté non ouvert
MH 2 6 1 15 X Pli cacheté non ouvert
MH 3 6 2 5 Une étoile Pli cacheté non ouvert

Les plis cachetés relatifs aux devises des trois premiers sont ouverts, réserve est faite pour celles des mentions honorables si les auteurs des projets viennent à le demander[AF 2]. La première prime revient à Octave Courtois-Suffit, qui est donc chargé du projet[AF 2],[3],[4]. En foi de quoi, on dresse le procès-verbal qui est signé par le président et le secrétaire[AF 2].

Éléments biographiques de l'architecte

Louis Albert Octave Courtois-Suffit, né le et mort le , est un architecte parisien, diplômé du gouvernement, deuxième Second Grand Prix de Rome en 1882 et fait chevalier de la Légion d'honneur en 1889. Élève à l'École des beaux-arts de Paris, il devient inspecteur des Bâtiments civils et des palais nationaux. L'hôtel de la Caisse d'épargne de Fontainebleau est l'une de ses réalisations notables. Il sera également le concepteur d'un monument dédié à Théodore de Banville au jardin du Luxembourg et du mausolée de Bourgogne.

Première pierre

Pierres de droite au-dessus du soubassement dont l'une pourrait être la première pierre

La cérémonie de la pose de la première pierre a lieu le , dans le chantier déjà entamé. Une boîte de plomb a été préparée pour servir de capsule temporelle : elle contient une plaque de cuivre sur laquelle sont gravés les noms du chef de l'État (Sadi Carnot), du ministre des Finances (Maurice Rouvier), du ministre du Commerce (Jules Roche), de la Municipalité et des administrateurs de la caisse d'épargne, puis elle renferme également des pièces de monnaie frappées au millésime 1892 et un tube de cristal qui contient un parchemin du procès-verbal de la cérémonie. Le maire de Fontainebleau, Léon Charles Peclet, scelle cette boîte dans la première pierre de droite directement placée au-dessus du soubassement, au moyen d'une petite truelle en argent et de ciment gâché dans une auge en chêne cirée. Cette truelle est ensuite remise, selon la coutume, à l'architecte de l'édifice, Octave Courtois-Suffit. Par ailleurs, les ouvriers, qui ont bien avancé la construction, reçoivent une « gratitude » de 100 francs[AF 3],[AF 4].

Inauguration

L'édifice au tournant du XXe siècle

L'inauguration a lieu le , dans l'après-midi (selon les sources respectivement parisiennes et locale, à 14 h[5],[6] ou 16 h[AF 5]). Un comité se réunit dans le hall du nouvel édifice, composé de Léon Charles Peclet, maire de Fontainebleau qui préside la cérémonie[7], de M. Boucher, secrétaire du comité d'administration de la Caisse d'épargne, des administrateurs, de conseillers municipaux et de quelques invités. Le maire prononce alors une allocution, dans laquelle il mentionne notamment la cérémonie de la pose de la première pierre, félicite l'architecte et annonce l'inauguration de l'hôtel des Postes et Télégraphes pour 1894. Finalement, M. Boucher lit le procès-verbal de cette séance. La cérémonie dure une vingtaine de minutes[AF 5].

Antérieurement à la cérémonie, plusieurs élus ont sollicité le président de la République, Sadi Carnot, pour qu'il y assiste[AF 6], vu qu'il séjourne fréquemment à Fontainebleau. Mais dès l' de la même année, il décline les invitations et ne se présente pas pour l'inauguration de ce monument, tout comme pour une cérémonie de pose de première pierre de l'hôtel des Postes et Télégraphes ; en effet, il se rend dans ces environs pour y trouver repos[AF 7]. Toutefois, il est à noter que le , quand ce dernier accueille la Municipalité au palais de l'Élysée, il fait part de son intérêt pour les questions relatives à la rue du Parc — dans lequel se trouve cet édifice — et désirait notamment l'élargissement de cette voie[AF 8].

Ouverture du service

Les bureaux de Fauget et de ses employés sont démménagés depuis l'ancien immeuble et le service de la Caisse d'épargne ouvre dans ces nouveaux locaux le lendemain de l'inauguration, soit le lundi [AF 5].

Jean-Louis Fauget, né en 1839 ou 1840 à Fontainebleau et mort le dans cette ville, en son domicile au no 14 bis rue du Parc[AF 9],[AF 10] (en face de cet hôtel), est le caissier central de cette Caisse d'épargne. Il écrit, par ailleurs, plusieurs fois pour le journal local l'Abeille de Fontainebleau sous le pseudonyme « d'Herbin », empruntant le nom de sa grand-mère[AF 11], dont une notice sur l'historique de l'institution bellifontaine en 1899[AF 1].

Galerie d'art contemporain

Banderole de l'exposition Street Art en 2012

À partir de , le bâtiment accueille une galerie d'art contemporain, Galerie 17 · Arts[8],[9], et ce jusqu'à la fin de la décennie.

Structure

Généralités

Le bâtiment s'élève sur trois niveaux au-dessus du sol et comporte un sous-sol. La façade qui donne sur la rue compte cinq rangées de fenêtres. La toiture est surmontée d'un épi de faîtage[10]. La parcelle possède un jardin à l'arrière de l'édifice.

Extérieur

Les points d'accès, surmontés d'un double perron[AF 5], sont situés de part et d'autre de la façade de la rue. Ils sont tous deux surmontés d'un fronton entre lequel se glisse l'inscription « Entree » pour celui de gauche et « Sortie » pour celui de droite[10].

Une partie centrale de trois rangées de fenêtres est avancée vers l'avant. Les fenêtres du rez-de-chaussée se cachent derrière des grilles bleues aux extrémités volutées. Celles du premier étage sont devancées par un balcon orné de bas-relief représentant des cornes d'abondance sur les côtés, encadrant l'inscription dorée « Caisse / d'Epargne » ; ce balcon est également coiffé d'un quintuple porte-drapeau. La fenêtre centrale du deuxième étage est surmontée d'un fronton circulaire à volutes plastronné par le blason de la ville à double lettre F[10].

Deux tuyaux de gouttières longent l'avance centrale, se finissant en modestes gargouilles. Latéralement, quatre ancres en forme de T sont disposées au niveau du premier étage ; deux paires se répondant symétriquement au niveau de l'avance et au niveau du mur latéral[10].

Rez-de-chaussée

Le rez-de-chaussée dispose d'une vaste salle où s'installaient autrefois les guichets[AF 5].

Premier étage

Le premier étage contient une antichambre, suivie d'un grand salon conçu pour les réunions du conseil d'administration. S'y dresse, dans le fond, une cheminée ornée de la salamandre bellifontaine. Le plafond y est décoré des armes de Fontainebleau ainsi que de celles de Moret-sur-Loing, Château-Landon, Nemours et La Chapelle-la-Reine où des succursalles ont été établies. Le premier étage abrite également les appartements du caissier central[AF 5].

Second étage

Le second étage abrite une salle pour les archives, des chambres et le logement du concierge. Pour remédier à cette incohérence, un réduit provisoire avait été construit dans le jardin[AF 5].

Références

  1. d'Herbin, de son vrai nom Jean-Louis Fauget, « Jeunes maisons, vieux souvenirs : I. — La Caisse d'Épargne », L'Abeille de Fontainebleau, , p. 2/4 (lire en ligne , consulté le )
  2. « Caisse d'épargne de Fontainebleau », L'Abeille de Fontainebleau, no 33, , p. 1/4 (lire en ligne )
  3. « Chronique locale » (écrit au futur pour la cérémonie, confirmé dans le numéro suivant), L'Abeille de Fontainebleau, no 24, , p. 1/6 (lire en ligne )
  4. « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 25, , p. 1/4 (lire en ligne ) :
    « La pose de la première pierre de l'hôtel de notre caisse d'Epargne a eu lieu samedi, dans le chantier de la rue du Parc, de la façon que nous avions indiquée. Nous n'avons rien à ajouter. Comme nous l'avions demandé, une gratitude de 100 francs a été donnée aux ouvriers. »
  5. « La nouvelle Caisse d'épargne de Fontainebleau », L'Abeille de Fontainebleau, no 42, , p. 3/4 (lire en ligne )
  6. « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 41, , p. 1/4 (lire en ligne ) :
    « Et dire que l'on voulait imposer cette cérémonie à M. Carnot, qui du reste s'est dérobé habilement aux sollicitations intempestives. »
  7. « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 34 de la 59e année, , p. 2/4 (lire en ligne , consulté le ) :
    « Mais M. Carnot ne posera pas, comme certains de nos édiles le désiraient, la première pierre de cet édifice, pas plus qu'il n'inaugurera l'hôtel de la caisse d'épargne. M. Carnot est ici pour se reposer et s'amuser si possible. Alors, vous comprenez, toutes ces inaugurations ne sont pas une fête pour lui. »
  8. « Chronique locale », L'Abeille de Fontainebleau, no 22 de la 58e année, , p. 1/4 (lire en ligne , consulté le ) :
    « D'après ce qui a été communiqué lundi au conseil municipal, M. Carnot a d'abord affirmé qu'il arriverait à Fontainebleau avec plaisir, cet été, aussitôt la séparation des Chambres. Ensuite il a demandé où en était la question de la rue du Parc, à laquelle il s'intéresse et dont il désire promptement l'élargissement. »
  9. « État-civil de Fontainebleau », L'Abeille de Fontainebleau, no 12 de la 79e année, , p. 2/6 (lire en ligne , consulté le ) :
    « 16. — Jean Fauget, caissier central de la Caisse d'épargne en retraite, 73 ans, rue du Parc 14 bis. »
  10. « Meubles anciens », L'Abeille de Fontainebleau, no 19 de la 79e année, , p. 4/6 (lire en ligne , consulté le ) :
    « À Vendre sans attribution de qualité En vertu d'une ordonnance Par suite du décès de M. FAUGET En son domicile à Fontainebleau rue du Parc, 14 bis »
  11. « Nécrologie », Supplément à l'Abeille de Fontainebleau, no 12 de la 79e année, , p. 5/6 (lire en ligne , consulté le )
  1. p. 189 [lire en ligne]
  2. p. 227 [lire en ligne]
  1. « Lecardonnel, Paul (10 septembre 1869 - 6 décembre 1898) », sur agorha.inha.fr (consulté le )
  2. « Pronier, Henri (11 juin 1855 - 1928) », sur agorha.inha.fr (consulté le )
  3. « Harant, Pierre Édouard (27 avril 1829 - après 1892) », sur agorha.inha.fr (consulté le )
  • Autres :
  1. Jean Marais, Eléments pour une histoire de Montereau sous le Premier Empire et les derniers rois, J. Marais, , 233 p. (lire en ligne ), p. 10 :
    « 1837 - Création d'une succursale de la Caisse d'épargne de Fontainebleau »
  2. Société centrale des architectes français, « Concours publics : Ville de Fontainebleau, construction d'un hôtel destiné à la Caisse d'épargne », L'Architecture, no 23, , p. 267 (lire en ligne )
  3. (en) The Builder, vol. 61, 46 rue Catherine (en), Londres, , 494 p. (lire en ligne), p. 175 :
    « The competition for a Savings Bank at Fontainebleau has been decided. The first premium has been given to M. Octave Courtois-Suffit; the second to MM. Maistrasse and Lecardonnel; the third to MM. Pronier and Harant. M. Courtois-Suffit is to carry out the work. »
  4. « Nouvelles : départements », La Construction moderne, no 47, , p. 564 (lire en ligne ) :
    « Caisse d’épargne de Fontainebleau. — Le jury du concours a été d’avis qu’il y avait lieu de confier l’exécution des travaux à M. Courtois-Suffit, qui a obtenu la première prime. »
  5. « Autour de Paris », Le Petit Parisien, no 6198, , p. 4 (lire en ligne) :
    « Fontainebleau. — Hier, à deux heures, a eu lieu l'inauguration officielle de l'Hôtel de la Caisse d'épargne de Fontainebleau. »
  6. « Dans la banlieue », La Presse, no 511, , p. 3 (lire en ligne) :
    « Fontainebleau. — Une inauguration. — Hier, à deux heures, a eu lieu l'inauguration officielle de l'Hôtel de la Caisse d'épargne de Fontainebleau. »
  7. « Nouvelles : départements », La Construction moderne, no 3, , p. 36 (lire en ligne ) :
    « M. le Président de la République n'ayant pu inaugurer ce petit monument, la cérémonie, tout intime, a été présidée par M. Péclet, maire de Fontainebleau. »
  8. « Galerie 17 Arts » [archive du ], sur tourisme.seine-et-marne-attractivite.fr (consulté le )
  9. « A propos » (version du 17 août 2018 sur l'Internet Archive), sur galerie17pointarts.com
  10. Médias présents dans l'article et disponibles dans la catégorie sur Wikimedia Commons.

Annexes

Bibliographie

  • Nouvelles annales de la construction: Series 1-7, (lire en ligne), planches 26-27, présentant les plans de l'édifice

Articles connexes

Liens externes

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