Hénoch

Hénoch (hébreu חֲנוֹךְ (ḥănōkh), latin Enoch, arabe إدريس (Idris)) est un patriarche biblique. Il est le fils de Yared, le père de Mathusalem et l'arrière-grand-père de Noé. Septième patriarche du lignage de Seth, il a selon le livre de la Genèse vécu 365 ans avant que Dieu le prenne pour le placer au ciel : Hénoch « marchait avec Dieu »[1], ce qui exprime une relation privilégiée avec Dieu. Sa durée de vie terrestre est courte en comparaison avec les autres patriarches antédiluviens et suggère un lien avec l'année solaire de 365 jours[2].

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Dieu prend Hénoch
par Gerard Hoet

Littérature intertestamentaire

Une collection de textes apocryphes de la période du Second Temple, appelée Livre d'Hénoch, prétend rapporter des révélations reçues par Hénoch et transmises par son fils Mathusalem.

L'un de ces textes apocryphes, 1 Hénoch (appelé aussi l'Hénoch éthiopien) est rapporté de l'Empire d'Éthiopie en Angleterre en 1773 lors d'un voyage de l'explorateur James Bruce.

Un autre apocryphe, 2 Hénoch (appelé aussi le Livre des secrets d'Hénoch ou Hénoch slave car il doit sa survie dans les pays slaves[3]) a été découvert au XIXe siècle à Belgrade. Il proviendrait d'un texte original écrit en grec, qui a circulé en Europe de l'Est jusqu'au XIIIe siècle.

L’épître de Jude mentionne qu’il a prophétisé les temps depuis la Création jusqu'au Dernier Jugement, divisés en dix semaines[4].

Le nom Hanoucca, fête d'inauguration du Second Temple, a la même étymologie.

Homonymes

Il ne doit pas être confondu avec Hénoch, fils de Caïn, en ce qu'il inaugure la nomination des lieux tandis qu'Henoch, fils de Jared, inaugure le décompte des temps (premier calendrier connu), ni avec Hénoch (ou Enosh), fils de Seth. Voltaire rapproche d'ailleurs le nom de Hénoch de celui de Janus, d'où vient Janvier[5].

Statut dans les religions monothéistes

Judaïsme

Dans le pseudépigraphe 3 Hénoch, il est relaté comment Hénoch est enlevé au ciel et nommé gardien de tous les trésors célestes, chef des archanges, et le préposé immédiat auprès du « Trône divin », à qui sont révélés tous les secrets et les mystères. Dans cet ouvrage, il est identifié à Metatron, l'ange qui communique la Parole divine. Dans la littérature rabbinique, la kabbale et les ouvrages de mystique juive, il est celui qui a communiqué la révélation divine à Moïse.

Le Targum Jonathan Genesis dit qu'Hénoch servit devant le Seigneur et qu’il fut retiré pour monter au firmament où son nom devint Metatron le grand scribe. Dans son commentaire des Cinq livres de Moïse, Menachem[Qui ?] écrit que le Seigneur prit Hénoch pour qu’il se tienne devant le Trône de Sa majesté, devant les roues de Son chariot, pour accomplir les tâches du Plus-Haut. Il fut porté au ciel dans un chariot tiré par des chevaux de feu et entra en présence de Dieu, des bêtes sacrées, des séraphins, ophanim et chérubins et des roues du chariot[6].

Christianisme

Cité par St Jude, Origène, St Augustin, St Clément d’Alexandrie et d’autres écrivains, Hénoch n’est pas resté dans l’ombre. La dernière copie du livre de Hénoch a été retracée aux environs de l’an 110 av. J.-C. et souffert de nombreuses interpolations, d’où la difficulté de distinguer l’original des additions.

Le livre de Hénoch (መጽሐፈ ፡ ሄኖክ)[7] est considéré canonique par les églises arménienne et éthiopienne, et cité par les chrétiens de la première ère. Au VIIIe siècle, le moine byzantin Syncellus en rapporte des passages dans sa chronographie Syncellus & Nicephorus scriptorum historiae Bizantinae, qui étaient tout ce que nous en connaissions jusqu’au dernier siècle.

Dans l'Ancien Testament, Hénoch et Élie ont tous deux été enlevés au ciel, trait qu'ils partagent avec Jésus dans le Nouveau Testament. L'ascension au ciel d'Hénoch et Jésus est également mentionnée dans le Coran. Hénoch et Elie sont par ailleurs censés redescendre sur terre pour combattre l'antéchrist dans l'Évangile de Nicodème qui est apocryphe.

Islam

En raison d'une élévation au ciel similaire aux récits biblique, Idris a été associé alternativement à Henoch et à Elie. Si le Coran ne donne presque aucune information sur Idris, la tradition musulmane donne d'autres éléments sur cette figure. Le corpus des hadiths raconte que Mahomet aurait, lors de son voyage nocturne, rencontré Idris au quatrième Ciel[8]. Les principales sources d'information pour les commentateurs sont les isrâ'iliyyat, récits judéo-chrétiens, présent en particulier dans le corpus des midrash et transmis à l'islam par un juif converti Ka'b al-Ahbar. Si Ibn Kathir émet quelques réserves quant à ces récits, il est obligé de s'en contenter, faute d'autres sources[8]. Dans la tradition juive (Livre des Jubilés), Hénoch est le premier homme à apprendre l'écriture et la science. La tradition musulmane attribuera ces caractéristiques à Idris[8]. Celui-ci va jouer un rôle important dans la littérature hérmétiste musulmane[8]. Ibn Arabi décrit Idris comme le « prophète des philosophes » vu le nombre de connaissances qu'il a pu apporter[9].

Mormonisme

Pour les Mormons, il est celui qui a fondé la cité de Sion. Selon le Livre de Moïse, Sion fut enlevée au ciel à cause de la justice de ceux qui y vivaient.

Dans la culture populaire

  • Dans le jeu vidéo El Shaddai: Ascension of the Metatron, il est assimilé à Metatron dont le joueur suit le parcours. Il pourchasse sept Anges Déchus au nom de Dieu. Dans ce jeu, Lucifer est l'intermédiaire de la voix divine, et Henoch, un prêtre qui ne peut connaitre la mort.
  • Dans le jeu vidéo Off de Mortis Ghost, Enoch, le Gardien de la Zone 3, est à l'évidence une référence au personnage Biblique.
  • Dans la série animée Over the garden wall, Enoch est le chef de la ville Pottsfield, qui se trouve être un jeu de mot macabre vis-à-vis de ce qu'est la ville réellement
  • Dans la trilogie À la croisée des mondes de Philip Pullman, Métatron, appelé aussi le Régent, est le bras droit de l'Autorité (Dieu)[10], et il administre le Chariot, appelé aussi la Montagne nébuleuse. C'est l'ennemi par excellence de l'armée de Lord Asriel.
  • Dans Aventures, Enoch est un roi des enfers, père de Balthazar Octavius Barnabé, l'un des quatre Aventuriers
  • Dans le roman Miss Peregrine et les Enfants particuliers, écrit par Ransom Riggs (2011) et dans le film Miss Peregrine et les Enfants particuliers réalisé par Tim Burton (2016), Enoch O'Connor (Finlay MacMillan) : Un garçon capable de donner (ou redonner) la vie à un être ou un objet inanimé et de l'insuffler à un autre pour une courte durée.


« Enok repris par Dieu », peinture à la chaux, Eglise Härkeberga, Suède.

Notes et références

  1. Gn 5,24
  2. Hess 1992
  3. Il existe en deux recensions, l'une en russe, l'autre en bulgare mais a été faite en vieux slave occidental sur un original grec.
  4. Livre de Hénoch (v.2) - chap.93.
  5. Dictionnaire philosophique, Elie et Enoch.
  6. (en) Hugo Odeberg, 3 Enoch Or The Hebrew Book Of Enoch, CreateSpace Independent Publishing Platform, 2012 (ISBN 978-1479372270)
  7. መጽሐፈ ፡ ሄኖክ (Metsahaf Henoc / Livre du Prophète Hénoc) - lire en ligne à http://www.tau.ac.il/~hacohen/Biblia.html
  8. Addas Cl., "Idris" dans DIctionnaire du Coran, 2007, Paris, p.410-412
  9. G. Vajda, Encyclopedia of Islam, Idris.
  10. « En ce temps-là je m'appelais Enoch, le fils de Jared, le fils de Mahalalel, le fils de Kenan, le fils d'Enoch, le fils de Seth, le fils d'Adam. J'ai vécu sur Terre pendant 65 ans, puis l'Autorité m'a entraîné dans son Royaume. » Le miroir d'ambre, p. 458.

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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