Guillaume de Rubrouck

Guillaume de Rubrouck ou de Rubroeck, dit Rubruquis, né probablement dans les années 1210 ou 1220 à Rubrouck (comté de Flandre, royaume de France) et mort, selon les sources, dans les années 1270 ou après 1293[1], est un franciscain de langue flamande, sujet et intime de Saint Louis.

Pour les articles homonymes, voir Ruysbroeck.

Il se rend en Mongolie en 1253-1254, précédant ainsi Marco Polo. Il visite Karakorum, la capitale de l'Empire dont il donnera quelques descriptions. Ne pouvant, à son retour, joindre le roi, il lui écrit une longue lettre relatant son voyage dans l'Empire mongol, source essentielle et grande œuvre littéraire, mais qui ne connaîtra pas la popularité du livre de Marco Polo.

Premiers contacts de la chrétienté avec les Mongols

Le contexte géopolitique au milieu du XIIIe siècle

Les Mongols d'Ögödei, le fils de Gengis Khan, s'emparent de Moscou en 1238, puis de Kiev, en 1240. Ils envahissent la Pologne, menacent Vienne, occupent Zagreb, non loin de l'Adriatique. C'est la nouvelle de la mort d'Ögödeï qui provoque le retrait des chefs mongols qui s'en vont régler les problèmes de succession au cœur de l'Asie centrale. Tout l'Occident a tremblé mais les possibilités d'entente semblent plus grandes avec les peuples des steppes qu'avec le monde islamique qui reste l'ennemi principal depuis le XIe siècle. Les hordes mongoles ne se sont pas encore intégrées au monde islamique et on sait qu'elles comptent en leur sein des chrétiens nestoriens. Après sa rupture avec le reste de la chrétienté, l'Église nestorienne s'est en effet réfugiée en Perse. De là, elle a rayonné jusqu'au Tibet et en Chine.

Les missions de Jean de Plan Carpin (1244) et d'Ascelin de Lombardie

À la fin de 1244, le pape Innocent IV envoie vers l'Orient, à la rencontre du Grand Khan, le franciscain Jean de Plan Carpin et un dominicain du nom d'Ascelin de Lombardie. Partis de Lyon vers l'Orient, ils sont porteurs de lettres réprouvant les massacres et les destructions des Mongols et invitant leurs chefs à rentrer dans le droit chemin.

Le nouveau Grand Khan, Güyük, fils d'Ögödei, que Plan Carpin finit par rejoindre près de Karakorum, s'en montre fort irrité. Le « Khan océanique du grand peuple tout entier » répond à Innocent IV qu'il n'a pas précisément l'intention de se soumettre à une quelconque autorité temporelle ou spirituelle. Tout au plus veut-il bien reconnaître le chef des chrétiens comme son vassal.

La mission d'Ascelin auprès du chef des armées mongoles en Perse manque de plus mal tourner encore. Baïdju renvoie le dominicain, mais flanqué de deux ambassadeurs chargés de remettre au pape une lettre qui évoque la possibilité d'une alliance entre les Francs et les Mongols. Innocent IV y répond avec empressement en novembre 1245.

Quelques mois plus tard, Altigidaï, commissaire mongol en Transcaucasie, propose à Louis IX une action militaire commune. Saint-Louis est alors installé à Chypre, d'où il dirige la septième croisade. Selon le plan envisagé, les armées franques doivent retenir le Sultan du Caire au sud, tandis que les Mongols attaquent le califat de Bagdad au nord.

La mission d'André de Longjumeau

À la suite de ses contacts avec le commissaire mongol Altigidaï, saint Louis a envoyé en Mongolie, en 1249, une délégation[2] conduite par le dominicain André de Longjumeau. Lorsqu'elle arrive à la cour, Güyük vient de mourir. Sa veuve, la régente Oghul Qaïmish reçoit avec satisfaction les cadeaux offerts par saint Louis, parmi lesquels figurent des reliques de la Vraie Croix. Elle en remet elle-même aux envoyés français pour leur souverain. Mais des déclarations hautaines les accompagnent, et une invitation à saint Louis de se considérer comme son vassal[2].

Aucun progrès n'a été fait depuis la mission de Plan Carpin. André de Longjumeau, toutefois, a rapporté des renseignements utiles, tant sur la rigoureuse neutralité en matière religieuse des Mongols que sur la présence de chrétiens nestoriens dans la haute administration et jusqu'aux abords du trône. Il a également rencontré quantité de chrétiens déportés: Géorgiens, Hongrois, Coumans, Alains

Saint Louis décide d'envoyer en Mongolie une nouvelle ambassade[2]. On dit que la mère et plusieurs des femmes de l'empereur Mongku sont chrétiennes. On le dit aussi de Sartaq, un arrière-petit-fils de Gengis Khan, qui commande pour le compte de l'empereur entre le Don et la Volga. Tout se passe comme si toute l'aristocratie des steppes est près de basculer du côté des chrétiens.

La mission de Guillaume de Rubrouck

Le départ de Guillaume (1253)

Guillaume, originaire de Rubrouck, un village de la Flandre française, est un frère mineur de la seconde génération (il n'a pas rencontré François d'Assise). Il rencontre Saint Louis à Chypre, le suit en Égypte puis, après sa captivité, en Terre-Sainte où il a sans doute pu converser avec André de Longjumeau en 1251. Échaudé par la réponse du khan, qui lui demande de se soumettre formellement, le roi préfère ne pas donner un caractère trop officiel à la mission de Guillaume[2]. Il semble d'ailleurs que celui-ci se soit d'abord donné comme but d'apporter le réconfort de la foi aux chrétiens déportés par les Mongols, notamment des Allemands dont lui avait parlé André de Longjumeau. Les lettres que le roi remet à Guillaume contiennent quelques politesses pour le prince tartare et le prient d'autoriser le porteur et son compagnon, frère Barthélemy de Crémone, à séjourner dans les contrées qu'il contrôle « pour y enseigner la parole de Dieu ». Il s'agit donc de lettres de recommandation, ce qui n'empêchera pas Guillaume de Rubrouck d'être considéré comme un ambassadeur par les Mongols. Saint Louis demande également à Guillaume[3] de lui faire un rapport sur tout ce qu'il pourrait apprendre des Tartares : l'expédition revêt ainsi un caractère à la fois missionnaire et géographique.

Le récit laissé par Guillaume de Rubrouck (Voyage dans l'empire Mongol, Bibliothèque nationale, 1997) est, avec celui de Jean de Plan Carpin, l'une des rares sources que l'on possède sur la vie mongole au XIIIe siècle ainsi que sur l'éphémère capitale de l'empire, Karakoroum.

Après avoir étudié les géographes Solinus et Isidore de Séville, les deux franciscains quittent Constantinople le . Guillaume est un robuste Flamand alors que Barthélemy, l'Italien, est plus malingre, avec des faiblesses de l'appareil digestif qui lui donnent un teint verdâtre. Guillaume supporte les difficultés du voyage bien mieux que son compagnon, toujours sur le point de défaillir de fatigue, d'inconfort, de froid, de faim ou de nausées, avec un estomac incapable de s'adapter aux nourritures exotiques.

La route de Guillaume de Rubrouck (1253-55)

La découverte du monde des Tartares

fermentation du comos dans un sac en cuir.

Lorsqu'il franchit l'isthme de Pérékop et les monts de Tauride, Guillaume découvre les Tatars et il a l'impression que « les portes de l'enfer viennent de se refermer derrière lui ». En découvrant la steppe, il décrit un monde « sans forêt, sans montagnes, sans pierres, couvert d'une herbe magnifique ». Il doit accepter de manger la nourriture de ces « démons » et boire une tasse de lait de jument, le « comos » (koumys). En fait, il s'accoutume assez rapidement aux manières de vivre des Mongols, ce qui lui permet de se montrer dans la suite du récit assez bienveillant à leur égard.

La première horde qu'il découvre, sur la rive orientale de la Volga près de son embouchure, est celle de Batou, un petit-fils de Gengis Khan. La horde est un mot mongol qui signifie camp militaire. La demeure du chef se trouve au milieu du camp, et chacun installe sa tente plus ou moins loin du centre en fonction de sa place dans la hiérarchie. Régie par des règles impérieuses, la horde est également le théâtre d'un incroyable grouillement de peuples divers et de troupeaux d'animaux de toutes sortes.

La première rencontre avec Batou se déroule devant toute la cour. Celui-ci se tient assis sur un long siège doré élevé de trois marches au-dessus du sol. Une troupe de hauts fonctionnaires et de courtisans l'entourent. L'entrée de Guillaume et Barthélemy fait le silence. Ils sont assistés par leur interprète Abdallah. Guillaume ouvre les débats en déclarant « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. » Et il insiste encore sur les peines éternelles qu'encourrait inéluctablement celui qui repousserait la vraie foi. La joute oratoire qui suit tourne plus ou moins à la déroute des deux religieux occidentaux, sans doute parce que la cour qui assiste au spectacle n'est pas vraiment impartiale, mais Batou reste bienveillant à l'égard de ses visiteurs, il leur offre du lait dans une coupe ornée de pierres précieuses, ce qui est une marque de grande faveur. Cette histoire racontée par Guillaume est recoupée par un récit du roi d'Arménie, Héythoum Ier, à un autre religieux du nom de Jacques Iseo.

De toutes façons, Batou n'est pas le chef suprême des Mongols, et les relations avec le roi de France dépassent sa compétence. Seul l'empereur Mongku est qualifié pour y répondre. Il faut aller le trouver à Karakorum, au nord du désert de Gobi. Conduits par un riche marchand mongol, Guillaume et Barthélemy, maintenant habillés de fourrures, avec un bonnet tartare et des bottes de feutre, quittent la Volga le .

D'après le récit, ils ne mettent que deux mois et demi pour arriver à Karakorum, à plus de 3 000 kilomètres. C'est très peu, même si le voyage[2] leur est facilité par le service des postes de l'empire Mongol, car ils doivent quand même franchir les cols du Tarbagataï, ce qui n'est pas une mince affaire en plein hiver.

La rencontre avec l'empereur Mongku (3 janvier 1254)

Guillaume et Barthélemy rencontrent la horde de Mongku avant d'arriver à Karakorum[2]. Mongku (ou Mangou), 46 ans, est le petit-fils de Gengis Khan. Avant de succéder à Güyük, en 1248, il a participé aux campagnes mongoles en Russie. À Kiev, il aurait cherché à sauver du massacre des richesses byzantines. Une fois monté sur le trône, après avoir éventé un complot, il s'est lancé dans une répression sanglante au cours de laquelle la veuve de l'empereur, Oghul Qaïmich, est cousue et étouffée dans un sac.

Guillaume et Barthélemy sont reçus par Mongku dans le palais de sa fille préférée, Cirina, une chrétienne. On leur offre de l'alcool de riz. Tout le monde boit beaucoup, surtout l'interprète et l'empereur, l'ambiance est euphorique, mais de ce premier contact, les deux voyageurs obtiennent quand même la permission de séjourner à la cour pendant deux mois ou de se rendre à Karakorum, à dix jours de marche. En fait, ils vont rester près de l'empereur qu'ils sont venus évangéliser.

La horde de Mongku est une tour de Babel regroupant, en plus des Mongols, des populations, captives ou non, venant de toutes les régions de l'Empire. Pasteurs nomades et guerriers, au départ analphabètes, possédant peu d'artisans et peu d'administrateurs, les Mongols ont l'habitude d'utiliser les compétences extérieures d'où qu'elles viennent pour gérer leur empire.

Le séjour à Karakorum (1254)

Entre-temps, la horde de Mongku s'est mise en route pour Karakorum. Elle y arrive le . C'est la première fois que des ambassadeurs chrétiens occidentaux pénètrent dans la ville. Ils y sont accueillis solennellement par les nestoriens de la ville, venus en procession au-devant d'eux.

Guillaume compare Karakorum à ce qu’il connaît : cela « ne vaut pas Saint-Denis », dit-il ; et le palais du Khan « ne représente pas la moitié du monastère de cette ville ». De fait, bâti par Ögôdaï sur un projet de Gengis Khan, Karakorum est une ville champignon bâtie sur un haut plateau au climat difficile peu fourni en bois. Elle est surtout habitée par des populations non-mongoles déportées. Notre voyageur explique que le khan n'y réside que deux fois par an, pour y tenir ses « beuveries », en fait les assemblées où se rassemblent chefs de clans et ambassadeurs des paysans tributaires. Le reste du temps, il réside sous la yourte. Par contre, Guillaume est frappé par le quartier des Sarrasins, grouillant de marchés, de bazars, de commerçants de toute espèce, fréquentés par les ambassadeurs et les élégants de la cour; par le quartier chinois, plus pauvre, habité par des artisans, ainsi que par les marchés extérieurs installés aux quatre portes de la ville. Là arrivent chaque jour 500 chariots de vivres et d'immenses et bruyants troupeaux pour la nourriture de tout ce monde.

Reconstitution moderne de la fontaine de l'orfèvre Guillaume.

Au lendemain de leur arrivée, Guillaume et ses compagnons sont accueillis par une Lorraine de Metz, nommé Pasha ou Paquette, enlevée en Hongrie et déportée jusqu'à Karakorum. Au service d'une dame mongole chrétienne, Paquette est mariée à un Russe qui exerce le métier de constructeur de maisons, de qui elle a eu trois enfants. Paquette leur parle d'un orfèvre nommé Guillaume Boucher dont le père, Roger, tenait boutique à Paris sur le pont au Change. Alors qu'il se trouvait à Belgrade, au service d'un évêque normand, les Mongols, qui massacraient les populations mais épargnaient les artisans spécialisés, l'avaient fait prisonnier. Une fois arrivé à Karakorum, Mongku l'avait donné à son frère cadet, au service duquel il demeure. Informé des talents de l'orfèvre par son frère, le Khan commande à maître Guillaume un grand arbre à boisson en argent distribuant du vin, du koumis et de l'hydromel. Sur recommandation de Paquette, Guillaume de Rubrouck utilise les services du fils adoptif de l'orfèvre pour pallier l'incompétence de son interprète. Lors de son départ, l'orfèvre remet à frère Guillaume une croix ouvragée à remettre au roi de France, son ancien souverain.

Frère Guillaume, cependant, n'oublie pas sa mission. Il note que Karakorum abrite deux mosquées musulmanes, une église nestorienne, douze temples bouddhistes ou taoïstes. Toutes ces religions bénéficient de la protection des Mongols qui pratiquent encore le chamanisme. Frère Guillaume décrit d'ailleurs une cérémonie chamaniste.

Dans l'entourage de l'empereur, Guillaume et Barthélemy découvrent le monde des nestoriens, bien en cour puisqu’ils exercent les fonctions d'interprètes, de fonctionnaires, de ministres, de précepteurs des enfants royaux. On les trouve aussi dans les bureaux des chancelleries et dans les cours des tribunaux. Ils ont une réputation exécrable. D’après le récit de Guillaume, ils sont un peu plus cupides, corrompus et dépravés que la moyenne. Il note la présence d'évêques qui ordonnent tous les enfants mâles « même ceux qui étaient au berceau… de sorte, écrit-il, que chez les nestoriens, presque tous les hommes étaient prêtres. »

Sergius, un ancien tisserand qui se disait moine arménien, avait réussi à se faire passer pour le guérisseur d'une des femmes de Mongku, nommée Cotta. Il s’était commandé un trône épiscopal, des gants, une mitre en plumes de paon, ornée d'une croix d’or, avait fait décorer une bannière de croix peintes, qu’il promenait en procession à travers le camp, attachée à une sorte de lance surmontée d'une croix. Il se montrait d'une brutalité inouïe avec les Sarrasins qu’il traitait de chiens et accablait de coups de fouet. Appelé auprès d'un nestorien mourant, ce Sergius l’avait piétiné avec rage, le laissant mort, et se vantant ensuite de l’avoir fait mourir, par ses prières, comme ennemi de la vraie foi. De tels imposteurs, accourus de tous les coins du monde, fourmillaient dans la horde de Mongku. Il en était rejailli un certain discrédit sur le christianisme.

Des prisonniers catholiques, originaires de l'Occident, viennent se confesser à Guillaume : certains ont volé des maîtres qui ne leur donnent pas de quoi se nourrir et se vêtir. Frère Guillaume les apaise. « Vous n’avez pas péché, en conscience ; vous pouvez prendre sur le bien de vos maîtres ce qui est nécessaire pour vivre. » D’autres sont soldats. À ceux-là, il interdit de se battre contre les chrétiens.

Les rencontres entre Guillaume et les chrétiens de Karakorum sont publiques et Mongku, qui en est informé, ne sévit pas. Il décide d’organiser une controverse entre musulmans, idolâtres, bouddhistes et catholiques. Elle se tient à la veille de la Pentecôte. Les controversistes doivent promettre de ne pas se servir de « paroles désagréables ou injurieuses pour leurs contradicteurs, ni provoquer un tumulte qui puisse empêcher cette conférence, sous peine de mort. »

Rubrouck raconte que les nestoriens l’ont chargé de parler à leur place. Il rencontre d’entrée de jeu un représentant bouddhiste, l’une des célébrités de la Chine. Il raconte l’avoir emporté si vite sur le point de l’unité et de la toute-puissance de Dieu que les Sarrasins ont éclaté de rire, mais il note cependant que ce succès d’éloquence ne déclenche aucune conversion. Les nestoriens et les musulmans chantent ensemble, les bouddhistes se taisent, et pour finir tous boivent « copieusement ». Comme l’écrira Bernard de Vaulx, « Avec tristesse, le franciscain voyait s’évanouir ses rêves d’apôtre. »

Le lendemain de la controverse, Guillaume est reçu par Mongku en même temps que son adversaire bouddhiste. Il rapporte ainsi les propos de Mongku : « Nous, Mongols, nous croyons qu'il n’y a qu'un seul Dieu par qui nous vivons et par qui nous mourons, et nous avons pour lui un cœur droit… De même que Dieu a donné à la main plusieurs doigts, de même Il a donné aux hommes plusieurs voies. Dieu vous a fait connaître les Écritures saintes, et vous autres, chrétiens, vous ne les observez pas… À nous, Il a donné des devins. Nous faisons ce qu'ils disent et nous vivons en paix… » Finalement, Mongku clôt le débat et signifie aux deux religieux qu’il est temps pour eux de repartir. Il demande à Guillaume de transmettre ses paroles et ses lettres en Occident. Guillaume acquiesce, mais refuse tout présent. Mongku l’assure qu’il sera à nouveau le bienvenu si son roi le charge d’une autre mission.

Épilogue

De retour à Saint-Jean-d'Acre, Guillaume fait parvenir à son roi ses notes manuscrites. Celles-ci constituent un témoignage sur les contrées traversées, leurs populations et sur la découverte d'une autre culture par un occidental du XIIIe siècle. « Lorsque j'entrai parmi eux, dit Guillaume à propos des Mongols, il me semblait véritablement que j'entrai dans un autre monde ». Rentré à Paris, il semble que Guillaume de Rubrouck ait rencontré le savant franciscain, Roger Bacon, alors exilé par l'université d'Oxford du fait de ses idées jugées hétérodoxes. Impressionné par le récit de Rubrouck, Bacon en incorpore de larges extraits dans son encyclopédie scientifique l'Opus majus. La lettre de Guillaume de Rubrouck fut publiée pour la première fois en Français en 1634, puis, de façon scientifique, par le Franciscain Van den Wyngaert en 1929.

Guillaume de Rubrouck vécut jusqu’en 1295 au moins.

Voyage dans l’Empire Mongol

Voyage dans l’Empire Mongol est le titre du rapport de mission établi par Guillaume pour le roi Louis IX [4]

Ce rapport, malgré ses grandes qualités, a été peu diffusé. En effet, il n’a pas eu la chance, comme ceux de Jean de Plan Carpin ou de Simon de Saint-Quentin, de figurer dans la plus riche des encyclopédies médiévale le Speculum Historiale de Vincent de Beauvais dont la rédaction s’est achevée en 1253. Néanmoins, il est connu de Roger Bacon qui l’utilise dans son Opus Majus.

Henry Yule le spécialiste de Marco Polo du XIXe siècle a rendu à Rubrouck un éclatant hommage :

« Son récit, par son caractère richement détaillé, la vivacité des images, l’acuité d’observation et le robuste bon sens, me paraît constituer un livre de voyages à plus juste titre que n’importe quelle série de chapitres de Marco Polo ; un livre certes à qui il n’a jamais été rendu justice car il en est peu qui lui soient supérieurs dans toute l’histoire des Voyages. » (Yule, The Book of ser Marco)

Cinq manuscrits du voyage de Rubrouck sont actuellement connus :

  • Corpus Christi College, Cambridge, ms° 181. Le plus ancien et le meilleur. Utilisé par Van den Wyngaert pour son édition. Le manuscrit comprend également l’historia Mogolarum quod nos Tartaros appellamus de Jean de Plan Carpin ;
  • Corpus Christi College, Cambridge, ms° 66. Le manuscrit rassemble 26 textes sur le thème de l’Imago mundi ;
  • Corpus Christi College, Cambridge, ms° 407. Le texte est incomplet. Le manuscrit comprend également le récit de voyage d’Odoric de Pordenone ;
  • British Museum, Reg 14 C. XIII. Manuscrit incomplet. Il a été utilise par Richard Hakluyt pour établir son édition latine et la traduction anglaise en 1598 ;
  • Université de Leyde, n° 77, copie fidèle du ms° 181.

Notes et références

  1. « Encyclopédie Larousse en ligne - Guillaume de Rubroek ou Guillaume de Rubrouck ou Guillaume de Ruysbroek ou Guillaume de Rubruquis », sur larousse.fr (consulté le ).
  2. Jacques Le Goff, Saint Louis, Paris, Bibliothèque des histoires ; NRF Gallimard, , 954 p. (ISBN 2-07-073369-6), p. 48; 200; 553;554 et Carte 6 en fin de volume
  3. Yann Potin, sous la direction de Patrick Boucheron, Histoire mondiale de la France, Paris, Editions du Seuil, Points Histoire, , 1076 p. (ISBN 978-2-7578-7442-4), p. 250
  4. Source principale : Guillaume de Rubrouck, Voyage dans l'empire mongol, (1253-1255), trad. et commentaire Claude et René Kappler, édit. Payot (1983). Rééditions 1993, 1997, 2007 (Imprimerie nationale), (ISBN 978-2-7427-7083-0).

Voir aussi

Éditions du texte latin

  • Richard Hakluyt, dans The first volume of the principall Navigations, Voyages, Traffiques and Discoveries of the English nation…, Londres, 1598.
  • Francisque Michel et Theodor Wright, dans Recueil de voyages et mémoires, t. IV, Société de géographie, Paris 1839.
  • Anastasius Van den Wyngaert, dans Sinica Franciscana, Vol.1, Florence 1929.

Traductions en français

  • Voyages autour du monde, en Tartarie et en Chine (trad. de l'anglais par Pierre Bergeron), Paris, (lire en ligne), « Voyage remarquable de Guillaume de Rubruquis »
  • Guillaume de Rubrouck, ambassadeur de Saint Louis en Orient, récit de son voyage (traduit de l'original en latin, et annoté par le philologue et historien flamand Louis de Backer), Paris, Ernest Leroux, 1877
  • Guillaume de Rubrouck et Marco Polo (trad. Eugène Muller, Pierre Bergeron), Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, par Guill. de Rubruquis envoyé de Saint Louis et Marco Polo, marchand vénitien, Paris, Ch. Delagrave, (notice BnF no FRBNF31131553, lire en ligne)
  • Itinéraire de Guillaume de Rubruk ( - ), dans Les précurseurs de Marco Polo, traduction et commentaire d'Albert t'Serstevens, édit. Arthaud (1959)
  • Guillaume de Rubrouck, Voyage dans l'empire mongol, (1253-1255), trad. et commentaire Claude et René Kappler, édit. Payot (1983). Rééditions 1993, 1997, 2007 (Imprimerie nationale) (ISBN 978-2-7427-7083-0).

Études

  • Céline Lhotte et Elisabeth Dupeyrat, Dame Pauvreté chez les Mongols : l'épopée franciscaine de Jean de Plan Carpin et de Guillaume de Rubrouck, au XIII°s, Paris, Éditions Franciscaines, 1947.
  • Bernard de Vaulx, Histoire des missions catholiques françaises, Fayard, 1951.
  • René Guennou, Les Missions catholiques dans: Histoire des Religions, Gallimard, 1972.
  • Jean Richard, La papauté et les missions d'Orient au Moyen Âge (XIIe-XVe siècles), École Française de Rome, Rome, 1998.
  • Jean-Paul Roux, Les Explorateurs au Moyen Âge, Fayard, coll. « Pluriel », Paris, 1985.
  • René Grousset, L'Empire des steppes, Payot, 1965, p. 342-348.
  • Solange Marin, Rubrouck ou Rubroek Guillaume de (1215 env.-apr. 1295). dans: Encyclopédia Universalis. Encyclopaedia universalis France, Paris 2001, online partielle.
  • DACIA PREISTORICĂ de Nicolae Densușianu cu o prefață de dr. C. I. ISTRATI București (ISBN 973-9296-33-5) – ediție facsimil - Editura Arhetip 2002 București pages 809 - 810.

Spectacle vivant

La compagnie musicale La Camera delle Lacrime a entrepris un projet de création intitulé "La Controverse de Karakorum" à partir du récit laissé par Guillaume de Rubrouck et son voyage vers Karakorum. Ce programme a donné lieu à un enregistrement discographique intitulé "Itinerarium ad partes orientales" (label "En Live").

Articles connexes

Liens externes

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