Gros-Horloge

Le Gros-Horloge est l'un des monuments emblématiques de la ville de Rouen [1]. La construction, accolée à un beffroi, est constituée d'une arche Renaissance enjambant la rue du Gros-Horloge surmontée d'une horloge astronomique du XIVe siècle.
Le Gros-Horloge fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[2].

Le beffroi

Au sud du Gros-Horloge se trouve un beffroi datant des XIVe et XVe siècles, ce qui explique les baies au remplage gothique rayonnant de l'avant-dernier niveau et gothique flamboyant du dernier. À l'origine, une flèche en charpente couronnait l'ensemble, mais on lui a préféré, à l'époque moderne, une coupole de style classique. Il remplace un beffroi plus ancien, qui a été rasé après la révolte de la Harelle (1382)[3], assorti d'une interdiction pour les Rouennais d'en faire construire un nouveau, mais, passant outre, sous le prétexte de bâtir une tour d'horloge et non plus un beffroi, les habitants l'ont réédifié en 1398[4].

Il abrite dès l'origine le mécanisme du Gros-Horloge ainsi que les cloches sur lesquelles il sonne. Le mécanisme d'horlogerie est l'un des plus anciens de France : le mouvement en a été fabriqué en 1389[3]. L'horloge elle-même a été installée durant la même année[5].

L'horloge

Au XVe siècle, la porte Massacre forme une arche au-dessus de la rue du Gros-Horloge, surmontée d'une construction à pans de bois qui accueille de chaque côté les cadrans d'une horloge mise en place en 1410[4].

Les deux façades de l'horloge actuelle sont issues d'une reconstruction postérieure d'époque Renaissance et représentent un soleil doré de 24 rayons sur un fond bleu étoilé ; le cadran mesure 2,50 mètres de diamètre[6]. Une aiguille unique, au bout de laquelle est représenté un agneau, pointe l'heure. Les phases de la lune sont indiquées dans l'oculus de la partie supérieure du cadran par une sphère de 30 cm de diamètre[6]. Cette dernière effectue une rotation complète en 29 jours[6]. Il apparaît aussi un « semainier » à l'intérieur d'une ouverture pratiquée à la base du cadran. Celui-ci est décoré de sujets allégoriques : la Lune en Diane pour le lundi, Mars pour le mardi, Mercure pour le mercredi, Jupiter pour le jeudi, Vénus pour le vendredi, Saturne pour le samedi et Apollon pour le dimanche. Actuellement, le fonctionnement de l'ensemble du mécanisme est assuré par l'électricité et cela depuis les années 1920, alors que le mouvement mécanique est en parfait état de marche.

Restauré à partir de 1997, mis en lumière en 2003 par l'entreprise Neo Light, le lieu a été rouvert au public en .

Détail du semainier : vendredi est représenté par Vénus sur un char.

L'arche

Ces cadrans d'horloge sont montés sur un pavillon lui aussi de style Renaissance, qui a été édifié entre 1527 et 1529[6], à une époque où Rouen s'est parée de nombreux édifices dans ce style, et qui enjambe la rue. Il remplace l'ancienne porte Massacre, détruite à cet effet.

Le premier étage est en pierre. Au centre de l'arcade surbaissée, on peut voir les armes de la ville représentant l'agneau pascal qui remplace l'ancien léopard normand, mais le fond rouge, couleur de la Normandie, a été conservé. Le dessous de la voûte, richement sculpté, nous montre notamment le Christ en Bon Pasteur et était polychrome à l'origine. Sur la face droite du Gros-Horloge, des anges sont gravés sur la pierre, dont l'un a la tête positionnée à l'envers, signe du mécontentement des ouvriers lors de la construction de l'horloge.

Les étages supérieurs du pavillon sont en colombage plâtré, où l'on discerne les moulures de pilastres caractéristiques du style Renaissance.

L'ensemble a été restauré en 1892[7], date à laquelle la toiture est surmontée d'une frise en plomb et d'épis de faîtage dus au ferronnier Ferdinand Marrou.

Le blason de Rouen : un agneau portant une croix ; détail du Gros-Horloge.

Les constructions voisines

Au pied du Gros-Horloge, du côté ouest, une fontaine (1743) représente une scène mythologique illustrant les amours du fleuve Alphée et de la nymphe Aréthuse, symbolisées par la figure d'un Cupidon qui vole au-dessus d'eux. Elle a été construite sur l'emplacement d'une autre fontaine du XVe siècle[6], gothique et de forme pyramidale. Alphée symbolise à la fois la Seine, « le » fleuve, et Aréthuse, la fontaine. On peut y voir également un signe d'allégeance, voire d'amour de la ville pour le roi Louis XV, dont une plaque fixée au bas de l'édifice rappelle la dédicace. La fontaine fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1889[2].

Au rez-de-chaussée contre le beffroi, une échoppe du XVIe siècle, contemporaine de l'arche, permettait à l'horloger résident de faire commerce de différents articles d'horlogerie. Elle sert aujourd'hui d'entrée au musée.

Au XVIIe siècle, l'échoppe est surélevée de deux étages hébergeant un atelier d'horlogerie[8] plus complet, muni de larges fenêtres donnant sur le cadran est du Gros-Horloge.

Le musée du Gros Horloge

Le musée permet de voir l'atelier de l'horloger, les cloches, les poids, les machines, le dôme. Les différentes salles d'exposition sont en relation avec l'édifice et l'histoire de Rouen. La plate-forme supérieure offre un panorama sur les toits de la cité et la cathédrale Notre-Dame.

Vue intérieure.

Philatélie

Deux timbres postaux français représentant le Gros-Horloge ont été émis en 1976 et en 2014.

Éclairage du Gros-Horloge

Le travail des perspectives est ici primordial. Visible dans la continuité de la rue du même nom, le Gros Horloge bénéficie d’une mise en lumière réalisée par l'agence de conception lumière Neo Light, avec une vision lointaine (vue de la rue piétonne) et d’une vision proche. Elle baigne l’ensemble du Beffroi, du Gros Horloge et de la fontaine dans une ambiance chaleureuse et rassurante. Les détails architecturaux sont révélés de façon douce et sont amplifiés par le jeu des contrastes. L’arche qui chevauche la rue semble venir protéger le passant qui se plait à en admirer la minutie.

Le Gros-Horloge de nuit.

Représentations

Le Livre des Fontaines de Jacques Le Lieur, daté de 1526, contient une des plus anciennes représentations graphiques du beffroi et du cadran. Bien qu'approximative et reflétant la vision de l'artiste, elle donne cependant une évocation spatiale du beffroi et de l'horloge avant les travaux de 1527[9].

Le Gros-Horloge est représenté dans un médaillon de la porte principale de la cathédrale Notre-Dame du Liban à New York.

Annexes

Notes et références

  1. Jules Adeline, La Normandie Monumentale et Pittoresque, Seine-inférieure, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, (lire en ligne), p. 25-32
  2. Notice no PA00100834, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. A. Vernon, « Le Gros-Horloge : un musée à remonter le temps », 2007, p. 75
  4. Yadegar Asisi, Rouen 1431, asisi Edition, , p. 111
  5. Arch. municipale de Rouen, Ms A1
  6. A. Vernon, « Le Gros-Horloge : un musée à remonter le temps », 2007, p. 76
  7. Guy Pessiot, Histoire de Rouen 1850-1900, éd. du P'tit Normand, , 250 p., p. 162
  8. « KIT PÉDAGOGIQUE CYCLE 3 - Le Gros-Horloge de Rouen », sur https://rouen.fr (consulté le )
  9. Lucien-René Delsalle, Rouen à la Renaissance : Sur les pas de Jacques Le Lieur, Rouen, L'Armitière, , 591 p. (ISBN 978-2-9528314-1-3), p. 141

Bibliographie

  • Eustache de La Quérière, Notice historique et descriptive sur l'ancien hôtel-de-ville, le beffroi et la grosse horloge de Rouen, H. Boissel, Rouen, 1864, 76 p. ;
  • Jules Adeline, Le Gros-Horloge, in La Normandie Monumentale te Pittoresque, Seine-inférieure, 1893, Le Havre, Lemale et Cie, imprimeurs, éditeurs, p. 25-32 ;
  • Arnaud Périnelle, Rouen : le Gros Horloge, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, 1982
  • Alexandre Vernon, « Le Gros Horloge : un musée à remonter le temps », dans Patrimoine normand, août-, no 63, p. 75-80

Articles connexes

Liens externes

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