Grand Ballon
Le Grand Ballon (en allemand : Belchen[2], en alsacien : Grosser Belchen) est le point culminant du massif des Vosges, de la région Grand Est, de la Collectivité européenne d'Alsace et du département du Haut-Rhin. Il est situé à 25 km au nord-ouest de Mulhouse dont il domine visuellement l'agglomération.
Pour les articles homonymes, voir Ballon.
Grand Ballon | |
Vue du sommet depuis le Storkenkopf. | |
Géographie | |
---|---|
Altitude | 1 423 m[1] |
Massif | Vosges |
Coordonnées | 47° 54′ 03″ nord, 7° 05′ 53″ est [1] |
Administration | |
Pays | France |
Région | Grand Est |
Collectivité territoriale | Collectivité européenne d'Alsace |
Ascension | |
Voie la plus facile | Route en été puis marche |
Certains l'appellent encore Ballon de Guebwiller, du nom de la ville la plus proche, située à 8 km à l'est, à vol d'oiseau. Il s'élève à 1 423 mètres[1].
Toponymie
Il est souvent appelé Ballon de Guebwiller, et parfois Ballon de Soultz ou Sultzer Belchen puisqu'il se trouve sur la limite occidentale du ban de Soultz. D'ailleurs, dans certaines communes allemandes, on trouve une rue du Ballon-de-Soultz. Cette particularité, géographique et historique est due au fait que la ville de Guebwiller est plus proche que celle de Soultz, et a même été confirmée par certains dictionnaires et référentiels[réf. nécessaire]. Mais dans les documents officiels, il s'agit bien du Ballon de Soultz[réf. nécessaire]. Bien que la partie sommitale fasse partiellement partie de la commune de Soultz via l'enclave de la commune de Soultz et la forêt reculée de Soultz, le Grand Ballon est géré conjointement par la communauté de communes de la région de Guebwiller et par la communauté de communes de la Vallée de Saint-Amarin. Autre particularité, le code postal est celui de la commune de Willer-sur-Thur.
Géographie
Situation
Le Grand Ballon est situé dans le département du Haut-Rhin en Alsace (région administrative Grand Est). Il est situé à 8 km à vol d'oiseau à l'ouest de Guebwiller.
La route des Crêtes contourne le sommet par l'est, franchissant un col à l'altitude de 1 325 mètres, entre le Markstein et le Hartmannswillerkopf (Vieil Armand).
L'ensemble des Vosges, la Forêt-Noire, le Jura et les Alpes sont visibles, en particulier depuis la tour du Belvédère à Mulhouse. La vision sur le massif du Mont-Blanc, situé à 229 km, est surtout possible entre octobre et mai et dans les meilleures conditions météo, peu d'humidité. On découvre théoriquement la partie supérieure du mont Blanc, à partir d'une altitude d'environ 3 500 mètres.
Il faut en effet tenir compte :
- de l'influence de la courbure terrestre, ici marquée ;
- du positionnement de l'obstacle, dans l'axe, par rapport aux deux points extrêmes ;
- de l'altitude dudit obstacle le plus pénalisant (pas forcément le plus haut), ici oscillant autour de 1 270 m, soit la montagne du Droit, mais pouvant atteindre 1 600 m au Chasseral, soit dans la direction de la partie ouest des Alpes du Valais et l'extrême est du massif du Mont-Blanc.
Ces trois paramètres particuliers ont pour effet d'occulter plus ou moins la base des sommets, en ce qui nous concerne ceux n'atteignant pas les 4 100 mètres d'altitude environ, dans les conditions de dégagement (côté observateur) les moins favorables.
Plus vers l'est, le barrière du Jura évoluant entre 1 445 mètres (Hasenmatt) et 1 300 m, puis 1 200 m, et avec le rapprochement du sujet (175 km), c'est-à-dire les Alpes bernoises, le « panorama vertical » alpin s'améliore, parfois dès 2 000 m d'altitude.
Parmi les sommets visibles depuis le sommet du Grand Ballon citons, en Valais, le Weisshorn, la Dent Blanche et, dans l'Oberland bernois, le Finsteraarhorn, la Jungfrau, le Mönch, l'Eiger…
Signalons en outre que dans certaines conditions l'observateur peut bénéficier du phénomène de réfraction apportant un panorama de découverte meilleur que celui calculé de façon standard et donné à pur titre indicatif.
- La face Sud, depuis la vallée de la Thur.
- L'hiver. À droite l'hôtel du Club Vosgien.
- Radar et monument des Diables bleus.
Le sommet du Grand Ballon est propice à l'observation des Alpes bernoises et d'une partie des Alpes françaises jusqu'au mont Blanc.
- Panorama des Vosges depuis le sommet - .
- Panorama du sommet avec toponymie - .
Topographie
Avec ses 1 424 mètres d'altitude, le Grand Ballon est le plus haut sommet du massif des Vosges.
Géologie
Climat
Le climat est de type montagnard[3]. C'est généralement le point le plus froid et venteux de la région Grand Est avec le Hohneck (1 363 m). La température la plus basse a été atteinte le avec −31,2 °C, la plus élevée le avec 29 °C (41 °C 1 200 m plus bas, en plaine). La différence de température avec la plaine, près de Mulhouse, évolue autour de 10 °C et parfois plus en été. En hiver, lors de conditions anticycloniques et de la formation de brouillard dans la plaine, le phénomène d'inversion thermique se produit à cette altitude. Il en résulte ainsi une température plus élevée sur le sommet que dans la plaine d'Alsace.
L'épaisseur du manteau neigeux est généralement supérieure à un mètre en hiver, couramment 1,50 m au-dessus de 1 350 mètres. Le meilleur enneigement, ou hauteur cumulée, est observé le , avec 3,70 mètres, les anciennes hauteurs remarquables, environ 3 mètres, dataient de 1969 et 1970.
L'observation des conditions météo sur site peut se faire en temps réel ou mise à jour régulière, par caméra et par stations météos.
Faune
L'inventaire du patrimoine naturel, de la faune et la flore a été réalisé sur la commune de Goldbach-Altenbach[4].
Flore
Au niveau de la flore, le secteur du Grand Ballon est l'un des plus intéressants du massif des Vosges, après le Hohneck, avec plus de 230 espèces recensées dont une vingtaine sont protégées[5].
Dernier étage forestier avant la chaume qui domine la partie sommitale, la hêtraie subalpine présente sur les contreforts du Grand Ballon abrite entre autres le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), l'alisier blanc (Sorbus aria) et le sorbier de Mougeot (Sorbus mougeotii) dont la répartition est plus sporadique. On y trouve également le rosier des Alpes (Rosa pendulina)[6], l'ail des cerfs (Allium victorialis) et l'épervière orangée (Hieracium aurantiacum)[7].
La partie sommitale est dominée par une lande subalpine où fleurissent notamment la potentille de Crantz (Potentilla crantzii)[8], l'œillet des Chartreux (Dianthus carthusianorum)[8] ainsi que la gentiane des champs (Gentianella campestris)[9]. On note également la présence du trolle d'Europe sous sa forme naine (Trollius europaeus subsp. europaeus)[7] et du myosotis des Alpes (Myosotis alpestris)[7].
Sur les versants exposés au sud, on trouve une prairie appelée calamagrostidaie car dominée par une graminée, la calamagrostide, où fleurissent de nombreuses espèces remarquables telles que le lis martagon (Lilium martagon)[10], l'arnica des montagnes (Arnica montana)[11], la gentiane jaune (Gentiana lutea)[11], la porcelle à feuilles tachées (Hypochoeris maculata)[12] ou encore l'orchis globuleux (Traunsteinera globosa)[10]. Dans les pierriers et éboulis du versant sud, on note également la présence de l'allosore crépu (Cryptogramma crispa) et de l'androsace carnée (Androsace carnea)[11], dernière station connue du massif[13].
Les mégaphorbiaies présentes dans le secteur abritent entre autres la laitue des Alpes (Cicerbita alpina), la mulgédie de Plumier (Cicerbita plumieri), le silène enflé (Silene vulgaris), l'épilobe en épi (Epilobium angustifolium)[12], l'aconit napel (Aconitum napellus)[11], l'aconit tue-loup (Aconitum vulparia)[11], la digitale à grandes fleurs (Digitalis grandiflora) ainsi que la centaurée des montagnes (Centaurea montana)[12] et quelques stations de centaurée des Alpes (Centaurea alpestris)[14].
Le versant nord abrite quant à lui plusieurs espèces d'orchidées dont l'orchis miel (Pseudorchis albida), l'orchis grenouille (Dactylorhiza viridis), l'orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), le platanthère à fleurs vertes (Platanthera chlorantha) et le platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia). On y retrouve également la pulsatille blanche (Pulsatilla alpina subsp. austriaca) et le maïanthème à deux feuilles (Maianthemum bifolium)[15].
Histoire
Un monument aux Diables bleus[16] de la Première Guerre mondiale, les Chasseurs alpins, a été érigé en 1927[17] (sculpteur André Vermare) à l'instigation du Club alpin français et inauguré par Raymond Poincaré. Dépossédé de sa statue de bronze lors de la percée allemande de , il retrouva son état originel en octobre 1960[17], grâce au sculpteur Pierre Bouret.
Activités
Contrôle aérien
Le sommet est équipé depuis 1997 d'un radar servant à l'aviation civile, pour la gestion du trafic aérien du centre de contrôle régional de Reims ainsi qu'à l'approche des aéroports internationaux de Mulhouse et Strasbourg. Entouré d'un belvédère circulaire, ce bâtiment a été dessiné par Claude Vasconi[18]. Le centre du radôme se trouve précisément à l'altitude de 1 435,5 mètres et la table d'orientation à 1 431 m. Depuis ce point la limite de visibilité théorique est de l'ordre de 120 km en direction du nord de la plaine d'Alsace. Sur le flanc est, un relais radioamateur est implanté à l'arrivée des remontées mécaniques. Le radar est situé sur le ban de la commune de Goldbach, retenue pour le dépôt du permis de construire.
Tourisme
La montagne abrite une station de ski et de détente (ferme-auberge à 1 100 m, un restaurant à 1 342 m et l'hôtel-restaurant[19] du Club vosgien, ouvert toute l'année, à 1 351 m). Depuis le sommet, une table d'orientation circulaire permet d'apercevoir au premier plan, en plaine, Mulhouse, Bâle, Fribourg-en-Brisgau, Colmar, puis en second plan la Forêt-Noire et les Jura suisse et français, et en arrière-plan, par conditions météo favorables, une vaste partie de la chaîne des Alpes, de l'Autriche et du Liechtenstein au mont Blanc.
Point de départ de nombreuses randonnées pédestres[20], le sommet du Grand Ballon est accessible par trois sentiers, à environ 15 minutes de marche à partir de la route des Crêtes. Le sentier de grande randonnée GR 5 qui relie la mer du Nord à la mer Méditerranée passe au Grand-Ballon. Il mène au Markstein d'un côté et descend vers Thann de l'autre.
En hiver (en présence de hautes pressions) et par inversion de température, la visibilité est particulièrement bonne, dès 800 à 900 mètres d'altitude.
- Le col à 1 325 mètres d'altitude.
- Le haut de la station de ski.
- Aperçu du domaine de ski.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- André Kuentz, Randonnées botaniques dans les Vosges : La Haute-Alsace, Illfurth, Saint-Brice, , 180 p. (ISBN 978-2-918854-05-0, OCLC 863034726)
- Hervé Parmentelat, Merveilles des Vosges : Fleurs, arbres et milieux naturels remarquables, Nancy, Place Stanislas, , 221 p. (ISBN 978-2-35578-052-3, OCLC 690490738)
- L'inventaire national du patrimoine naturel : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- FR3800119 - Partie sommitale du Grand Ballon, Arrêté de protection de biotope, d'habitat naturel ou de site d'intérêt géologique
- Cartographie de la partie sommitale du Grand Ballon
- ZNIEFF 420030120 Grand Ballon
- Grand Ballon (Identifiant national : 420030120) (ZNIEFF continentale de type 1)
- ZNIEFF 420030121 Chaumes et zones humides de la ferme du Grand Ballon à Soultz (Haut-Rhin)
- Chaumes de Rondjeanfels et Gerstacker à Goldbach (Identifiant national : 420030136) (ZNIEFF continentale de type 1)
- ZNIEFF 420030275 Hautes-Vosges Haut-Rhinoises
- Chaume du Schweisel (Identifiant national : 420030113) (ZNIEFF continentale de type 1), Muséum national,d'histoire naturelle
Notes et références
- « Carte IGN classique » sur Géoportail.
- Georges Stoffel, Dictionnaire topographique du département du Haut-Rhin, 1868.
- Daniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot et Jean Cavailhes, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergeo, (ISSN 1278-3366, DOI 10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
- Inventaire national du patrimoine naturel de la commune
- Fabien Dupont, « Document d'objectifs Grand Ballon, Cahier 1 » [PDF], parc naturel régional des Ballons des Vosges, (consulté le ), p. 17.
- Kuentz 2013, p. 71.
- Kuentz 2013, p. 72.
- « Liste des habitats présents, faune et flore remarquables, dynamique actuelle » [PDF], parc naturel régional des Ballons des Vosges, (consulté le ).
- Parmentelat 2010, p. 147.
- Kuentz 2013, p. 73.
- « Liste des espèces végétales remarquables du secteur Grand Ballon » [PDF], parc naturel régional des Ballons des Vosges, (consulté le ).
- Kuentz 2013, p. 74.
- Kuentz 2013, p. 70.
- Kuentz 2013, p. 178.
- Kuentz 2013, p. 75.
- Et il se défendirent, tels des diables... bleus à Altenbach
- Pierre Deslais, L'Alsace, géographie curieuse et insolite, Rennes, Éditions Ouest France, , 116 p. (ISBN 978-2-7373-6364-1), p. 97
- Je suis l'oeil de la Région à Altenbach
- Rendez-vous à Altenbach, Œuvre de Maritta Winter près de l'hôtel du Grand Ballon
- « Rando Grand Ballon : le portail de la randonnée pédestre » (consulté le ).
- Portail de la montagne
- Portail des sports d’hiver
- Portail du Haut-Rhin