Gaznakh

Gaznakh ou Geznakh (en syriaque : ܓܙܢܟ, en kurde : Geznex, et en turc : Cevizağacı[1]) est un village assyro-chaldéen situé dans le district de Beytüşşebap de la province de Şırnak (aujourd'hui en Turquie).

Gaznakh
ܓܙܢܟ
(ku) Geznex
(tr) Cevizağacı
Administration
Pays Turquie
Région Anatolie du Sud-Est
Province Şırnak
District Beytüşşebap
Code postal 73802
Indicatif téléphonique international +(90)
Plaque minéralogique 73
Démographie
Gentilé Gaznakhayé
Population 50 hab. (2021)
Géographie
Coordonnées 37° 36′ 04″ nord, 43° 06′ 11″ est
Altitude 1 780 m
Localisation

Districts de la province de Şırnak
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Gaznakh
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Gaznakh
Sources
« Index Mundi/Turquie »

    C’est l'un des derniers villages assyriens du pays (il en existait neuf dans la région, Gaznakh étant le plus oriental de tous). Il est représentatif de l'exode des Assyro-Chaldéens vivant dans la région au cours du XXe siècle[2].

    Localisation

    Le village, à flanc de montagne, est situé le long de plusieurs ruisseaux affluents de la rivière Gökçe dans le Hakkiari, région montagneuse aujourd'hui turque de l'Anatolie du Sud-Est.
    Il est à 10 km à l'ouest de Beytüşşebap, chef-lieu de l'arrondissement dont dépend le village, à environ 25 km au nord à vol d'oiseau de la frontière irakienne, et à environ 80 km au nord-est à vol d'oiseau de la frontière syrienne.

    Le village est atteignable grâce à une seule et unique route que l'on peut prendre depuis les villages voisins d'Ilıcak au sud-est et de Tuzluca au nord-ouest.

    Histoire

    Le roi d'Assyrie Sennachérib conquiert la région en 697 av. J.-C., alors aux mains des urartiens[3].

    Le village (autrefois nestorien puis devenu catholique), qui existe depuis le XIVe siècle[4], est bâti autour de l'église catholique chaldéenne Mar Echa’ya[5] (en français : Saint Isaïe), reliée au diocèse de Gazarta (en syriaque : ܓܙܪܬܐ). Il existait autrefois un diocèse, un monastère (appelé monastère Saint-Jean) et sept paroisses dans le village (Saint-Gawssa, Sainte-Simone ou encore Saint-Gabriel entre autres), aujourd'hui disparues[4].

    Un des principaux clans fondateurs du village est le clan Yaramis[6].

    Gaznakh était uniquement entouré de nombreux villages kurdes[5] (dont certains d'origine assyrienne ou arménienne remplacés par des populations kurdes à la suite de massacres et spoliations, et dont les noms des villages ont été changés).

    Durant la période ottomane, les villageois de Gaznakh étaient des Rayats de la principauté du Botan soumis à l'autorité de l'agha kurde local[7] (quasi-indépendant du pouvoir central turc à Constantinople à cause de l'isolement et de l'inaccessibilité des montagnes), qui leur devait théoriquement protection en échange de la moitié du produit de leur travail[8]. Administrativement, le village était situé dans le sandjak de Mardin de l'ancienne province de la Vilayet de Diyarbekir.

    En 1915, les populations de Gaznakh survivantes du génocide assyrien perpétré par l'Empire ottoman sur les populations chrétiennes doivent fuir le village[9].

    Gaznakh est officiellement renommée Cevizağacı[1],[7] en 1958 par le gouvernement turc et sa politique de turquisation.

    Gaznakh figure parmi les villages parlant une des nombreuses variétés du soureth, lui-même branche du néo-araméen oriental.

    À partir des années 1970, le gouvernement turc construit des écoles dans les villages reculés du pays, et ce n'est qu'à partir de cette période que les habitants des villages assyriens se mettent à apprendre le turc (en plus de l'araméen, leur langue natale, et du kurde, la langue locale[10]). Les habitants du village parlaient un dialecte du soureth local quelque peu différent des autres villages assyriens de la région[11].

    La population de Gaznakh et des villages assyro-chaldéens de la région émigre massivement de Turquie pour s'installer d'abord à Istanbul, puis à l'étranger à partir de 1975 et ce durant deux décennies, à la suite des différents conflits et exactions touchant la région (guérilla du PKK, discriminations subies par les populations turques et kurdes, etc.).

    En , le village assyrien de Meer est détruit par l'armée turque, forçant les sept familles restantes à fuir pour Gaznakh[12]. À partir de 1995, les habitants quittent définitivement le village.

    À partir de 2004, quatre familles repartent vivre à Gaznakh.

    Aujourd'hui, la plupart des anciens habitants du village et leurs descendants vivent en région parisienne, dans le Val-d'Oise notamment (comme à Sarcelles et dans les villes limitrophes[13],[14]), et pour un petit nombre d'entre eux en Belgique (principalement à Malines, Anvers et Bruxelles[15]) et en Allemagne[4].

    Démographie

    Évolution de la population
    Année Habitants
    1975241[16]
    1985286[16]
    1990120[16]
    202150

    Économie

    Les Gaznakhayés étaient connus comme étant principalement agriculteurs, bergers (moutons et chèvres) et artisans (principalement tisserands[17]).

    Durant la période estivale de transhumance, les habitants se déplaçaient avec leurs troupeaux plus en altitude pour profiter d'un temps plus frais.

    Annexes

    Liens internes

       

    Notes et références

    1. Le nom turc du village, Cevizağacı, est dérivé de « Ceviz » (en français : Noix) et de « Ağacı » (en français : Arbe), Cevizağacı se traduisant donc par « Noyer » en turc.
    2. Comment la Turquie a éradiqué ses minorités chrétiennes
    3. (nl) Macht op de kale berg — www.shlama.be
    4. Reportage: Zackarie Yaramis — ninwaymag.files.wordpress.com
    5. Risko Kas, « L'histoire des autres villages Assyro-Chaldéen du Sud Est de la Turquie », sur Meer (consulté le )
    6. (en) Geznakh - BACK TO HAKKARI — shlama.be
    7. Un village chaldéen: Ischy — ischy.fr
    8. Joseph Alichoran, Les Assyro-Chaldéens d'Ile-de-France, une intégration réussie, Bulletin de l'Œuvre d'Orient no 782, 2016
    9. List of Assyrian tribes — zims-en.kiwix
    10. (nl) Herbul - een Franse terugblik — www.shlama.be
    11. (en) Ariel Gutman, Attributive constructions in North-Eastern Neo-Aramaic, Berlin, Language Science Press, (ISBN 978-3-96110-081-1, DOI 10.5281/zenodo.1182527, lire en ligne [PDF])
    12. (tr) Hatice Kamer, « Şırnak'ta 11 Ocak'tan beri kayıp olan Keldani çiftin oğulları Papaz Diril: 'Hayatta olduklarını umuyoruz' », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
    13. Marwan Chahine, « Sarcelles en Chaldée », sur Libération.fr, (consulté le ).
    14. Robert Alaux, « Assyro-Chaldéens, la fuite », Les Cahiers de l'Orient, vol. 93, no 1, , p. 23 (ISSN 0767-6468 et 2552-0016, DOI 10.3917/lcdlo.093.0023, lire en ligne, consulté le ).
    15. Chaldéens en Belgique — chaldeans.be
    16. (de) Eine untergegangene Welt: Chaldäerdörfer in der Türkei — www.rbenninghaus.de
    17. (nl) Clothing & Crafts — www.shlama.be


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