Ischy

Ischy ou Eschy (en syriaque : ܐܫܝ, en kurde : Şê[1], et en turc : Onbudak) est un ancien village assyro-chaldéen situé dans le district d'Uludere de la province de Şırnak (aujourd'hui en Turquie).

Ischy
ܐܫܝ
(ku) Şê (tr) Onbudak
Administration
Pays Turquie
Région Anatolie du Sud-Est
Province Şırnak
District Uludere
Code postal 73602
Indicatif téléphonique international +(90)
Plaque minéralogique 73
Démographie
Gentilé Ischayé
Population hab. (1987)
Géographie
Coordonnées 37° 28′ 58″ nord, 42° 44′ 53″ est
Altitude 1 220 m
Localisation

Districts de la province de Şırnak
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Ischy
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Ischy
Sources
« Index Mundi/Turquie »

    Avant sa disparition, il était l'un des derniers villages assyriens du pays (il en existait neuf dans la région). Il est représentatif de l'exode des Assyro-Chaldéens vivant dans la région au cours du XXe siècle[2].

    Localisation

    Le village, à flanc de montagne et entouré de forêts, est situé le long de la rivière Eneid Chiteidazzo[3] dans le piémont du Hakkiari, région montagneuse aujourd'hui turque de l'Anatolie du Sud-Est.
    Il est à 25 km à l'ouest d'Uludere, chef-lieu de l'arrondissement dont dépend le village, à environ 12 km au nord à vol d'oiseau de la frontière irakienne, et à environ 47 km au nord-est à vol d'oiseau de la frontière syrienne.

    Le village est atteignable grâce à une seule et unique route que l'on peut prendre depuis le village kurde voisin de Şenoba (ancien village assyrien auparavant appelé Ségueirik) au sud-ouest.

    Histoire

    Le roi d'Assyrie Sennachérib conquiert la région en 697 av. J.-C., alors aux mains des urartiens[4].

    Le village, qui existe depuis plus de 1000 ans[3], est bâti autour de l'église catholique chaldéenne Mar Yawsep Hazzaya[5] (en français : Saint Joseph le voyant) (édifiée au IXe siècle), saint patron local ayant vécu au VIIe siècle[6]. Une deuxième église, Mart Maryam Qaraya[7] (en français : Notre-Dame de Qarayé), construite entre et , était située dans la partie en aval de la rivière du village appelée Qarayé[3]. Les églises locales étaient reliées au diocèse de Gazarta (en syriaque : ܓܙܪܬܐ).

    Les habitants se répartissaient en sept clans (qui fondèrent le village)[3] :

    • Beth Avdo
    • Beth Koma
    • Beth Sappanes
     
    • Beth Danno
      (familles arrivées d'un autre village)
    • Beth Yonané Yomo
      (familles arrivées d'un autre village)
    • Beth Poles Hanna
      (familles arrivées d'un autre village)
     
    • Beth Bichaqqe
      (familles arrivées d'un autre village)

    Lors des invasions mongoles en Anatolie de 1241-1243, le village est rasé par les troupes de Baïdju[3].

    Durant la période ottomane, les villageois d'Ischy étaient des Rayats de la principauté du Botan soumis à l'autorité de l'agha kurde local[3] (quasi-indépendant du pouvoir central turc à Constantinople à cause de l'isolement et de l'inaccessibilité des montagnes), qui leur devait théoriquement protection en échange de la moitié du produit de leur travail[8]. Administrativement, le village était situé dans le sandjak de Mardin de l'ancienne province de la Vilayet de Diyarbekir.

    De nombreux liens (mariages, enterrements, fêtes religieuses et échanges commerciaux) existaient entre Ischy et les villages assyriens voisins (notamment Hoz, Meer et Baznayé)[6], tous en autosuffisance alimentaire. Ischy était également entouré de quelques villages kurdes (dont certains d'origine assyrienne ou arménienne remplacés par des populations kurdes suite à des massacres et spoliations, et dont les noms des villages ont été changés).

    En 1915, Ischy, tout comme les autres villages assyriens de la région, n'échappe pas au génocide assyrien perpétré par l'Empire ottoman sur les populations chrétiennes. Durant ces massacres, de nombreux habitants du village assyrien de Hoz se réfugient à Ischy.

    Entre 1923 et 1926, de nombreuses familles fuient le village et les persécutions pour s'installer dans le nord de l'Irak, puis à nouveau après la seconde Guerre mondiale en 1945.

    Ischy est officiellement renommée Onbudak[3] en 1958 par le gouvernement turc et sa politique de turquisation.

    En 1964 est construite la première école du village par le gouvernement turc (et ce n'est qu'à partir de cette période que les habitants du village se mettent à apprendre le turc en plus de l'araméen, leur langue natale, et du kurde, la langue locale[9]), et en 1975 y sont construites trois fontaines pour approvisionner les habitants en eau.

    D'une population de 620 habitants en 1977[6], la population d'Ischy et des villages assyro-chaldéens de la région émigre massivement de Turquie pour s'installer d'abord à Istanbul à partir de 1972, puis à l'étranger à partir de 1979 et ce durant une décennie, suite aux différents conflits et exactions touchant la région (guérilla du PKK, discriminations subies par les populations turques et kurdes, etc.). En 1983, les populations kurdes environnantes s'approprient les biens abandonnés du village et l'occupent pendant un temps.

    En , le village est bombardé et rasé par le gouvernement turc[3],[10].

    Aujourd'hui, la plupart des anciens habitants du village et leurs descendants vivent en région parisienne (les premiers arrivant en 1979[3]), dans le Val-d'Oise notamment (comme à Sarcelles et dans les villes limitrophes[11],[12]).

    Démographie

    Évolution de la population
    Année Habitants
    1913200
    1977620
    1985317[13]
    19870

    Économie

    Les Ischayés étaient connus comme étant principalement agriculteurs (maïs, blé, orge, seigle, raisins, pommes, poires, prunes, grenades, figues, noix, tomates, concombres, choux et haricots verts)[3], éleveurs (bovins et chevaux), bergers (moutons et chèvres), viticulteurs ou artisans.

    Durant la période estivale de transhumance (sur le mont Khanga principalement[14]), les habitants se déplacaient avec leurs troupeaux à 1800 m d'altitude pour profiter d'un temps plus frais[6]. Durant cette même période, les forgerons du village de Hoz se rendaient dans d’autres villages dont celui d’Ischy pour y travailler le fer, et revenaient à Hoz au début de l’hiver[6].

    Le village possédait un moulin à eau pour y transformer les grains blé en farine, et les habitants du village de Baznayé se rendaient à Ischy pour se procurer de la farine[6].

    Annexes

    Liens internes

       

    Notes et références

    1. Également connu sous le nom kurde de İşşi ou Şi.
    2. Comment la Turquie a éradiqué ses minorités chrétiennes
    3. Un village chaldéen: Ischy — ischy.fr
    4. (nl) Macht op de kale berg — www.shlama.be
    5. Ou Mar Yossep Hazzaya.
    6. Risko Kas, « L'histoire des autres villages Assyro-Chaldéen du Sud Est de la Turquie », sur Meer (consulté le )
    7. Ou Mat Miryam'd Qaraya.
    8. Joseph Alichoran, Les Assyro-Chaldéens d'Ile-de-France, une intégration réussie, Bulletin de l'Œuvre d'Orient n° 782, 2016
    9. (nl) Herbul - een Franse terugblik — www.shlama.be
    10. Isabelle RIGONI: Mobilisations, actions et recompositions. Migrants de Turquie et réseaux associatifs en France, en Allemagne et en Belgique — bnk.institutkurde.org
    11. Marwan Chahine, « Sarcelles en Chaldée », sur Libération.fr, (consulté le ).
    12. Robert Alaux, « Assyro-Chaldéens, la fuite », Les Cahiers de l'Orient, vol. 93, no 1, , p. 23 (ISSN 0767-6468 et 2552-0016, DOI 10.3917/lcdlo.093.0023, lire en ligne, consulté le ).
    13. (de) Eine untergegangene Welt: Chaldäerdörfer in der Türkei — www.rbenninghaus.de
    14. Jacques Rhétoré, Les chrétiens aux bêtes : Souvenirs de la guerre sainte proclamée par les Turcs contre les chrétiens en 1915, Éditions du Cerf, 2005, 397 p. (ISBN 2-204-07243-5)


    • Portail des chrétiens d’Orient
    • Portail du Kurdistan
    • Portail de la Turquie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.