Hoz (Turquie)

Hoz ou Horze (en syriaque : ܗܙ, , en kurde : Hoze, et en turc : Ayrim) est un ancien village assyro-chaldéen situé dans le district de Beytüşşebap de la province de Şırnak (aujourd'hui en Turquie).

Pour les articles homonymes, voir Hoz.

Hoz
ܗܙ
(ku) Hozi (tr) Ayrim
Administration
Pays Turquie
Région Anatolie du Sud-Est
Province Şırnak
District Beytüşşebap
Code postal 73802
Indicatif téléphonique international +(90)
Plaque minéralogique 73
Démographie
Gentilé Hoznayé
Population hab. (1986)
Géographie
Coordonnées 37° 35′ 42″ nord, 42° 50′ 43″ est
Altitude 1 620 m
Localisation

Districts de la province de Şırnak
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Hoz
Géolocalisation sur la carte : Turquie
Hoz
Sources
« Index Mundi/Turquie »

    Avant sa disparition, il était l'un des derniers villages assyriens du pays (il en existait neuf dans la région). Il est représentatif de l'exode des Assyro-Chaldéens vivant dans la région au cours du XXe siècle[1].

    Localisation

    Le village, à flanc de montagne, est situé le long de la rivière Hezil dans le Hakkiari, région montagneuse aujourd'hui turque de l'Anatolie du Sud-Est.
    Il est à 65 km à l'ouest de Beytüşşebap, chef-lieu de l'arrondissement dont dépend le village, à environ 25 km au nord à vol d'oiseau de la frontière irakienne, et à environ 65 km au nord-est à vol d'oiseau de la frontière syrienne.

    Le village est atteignable grâce à une seule et unique route que l'on peut prendre depuis les autres villages assyriens voisins de Meer au nord-est et de Baznayé au sud.

    Histoire

    Le roi d'Assyrie Sennachérib conquiert la région en 697 av. J.-C., alors aux mains des urartiens[2].

    Les premiers habitants s'installent dans le lieu pour fuir les massacres perpétrés par les Kurdes entre les XVIIIe et XIXe siècles.

    À l'origine, les villageois de Hoz sont originaires de la région iranienne d'Ourmia (région nommée en assyrien « Galé d-Tyaréh » ou région de Tyaréh)[3].

    Le village est fondé sur les fondations d'un ancien village chrétien, dont subsistaient les restes d'une église appelée Mar Gahda, construite en 669[3]. Les églises locales étaient reliées au diocèse de Gazarta (en syriaque : ܓܙܪܬܐ).

    Tous issus de villages différents, les habitants (répartis sur une centaine de familles) se répartissaient en quatre clans (qui fondèrent le village)[3] :

    • Beth Shtita (les plus nombreux)
    • Beth Shabo
     
    • Beth Talia
    • Beth Zaranda

    Durant la période ottomane, les villageois de Hoz étaient des Rayats de la principauté du Botan soumis à l'autorité de l'agha kurde local[4] (quasi-indépendant du pouvoir central turc à Constantinople à cause de l'isolement et de l'inaccessibilité des montagnes), qui leur devait théoriquement protection en échange de la moitié du produit de leur travail[5]. Administrativement, le village était situé dans le sandjak de Mardin de l'ancienne province de la Vilayet de Diyarbekir.

    De nombreux liens (mariages, enterrements, fêtes religieuses et échanges commerciaux) existaient entre Hoz et les villages assyriens voisins (notamment Meer, Ischy et Baznayé), tous en autosuffisance alimentaire. Hoz était également entouré de nombreux villages kurdes (dont certains d'origine assyrienne ou arménienne remplacés par des populations kurdes à la suite de massacres et spoliations, et dont les noms des villages ont été changés).

    La population de Hoz subit les massacres ottomans contre les populations chrétiennes de 1826 (sous le règne du sultan Mahmoud II), de 1843 (sous le règne du sultan Abdülmecid Ier), et de 1895 lors des massacres hamidiens (sous le règne du sultan Abdülhamid II)[3].

    Au total, le village a été détruit quatre fois[3]. Lors de la première destruction de Hoz, un nombre important d'habitants du village fuient vers l'Empire russe, l'Arménie, l'Irak (nombreux y meurent de déshydratation et de maladie durant leur fuite), ou encore la Perse, avant d'un certain nombre ne retournent à Hoz au bout de quelques années.

    En 1913, Hoz et le village assyrien limitrophe de Meer étaient peuplés de 500 habitants. La deuxième destruction de Hoz a lieu lors du génocide de 1915, où la majorité des Hoznayés fuient vers l'Irak ou les villages assyriens voisins (tels que Bespin, Ischy, Meer, Harbolé ou encore Baznayé).

    Hoz est officiellement renommée Ayrim[4] en 1958 par le gouvernement turc et sa politique de turquisation.

    À partir des années 1970, le gouvernement turc construit des écoles dans les villages reculés du pays, et ce n'est qu'à partir de cette période que les habitants des villages assyriens se mettent à apprendre le turc (en plus de l'araméen, leur langue natale, et du kurde, la langue locale[6]).

    S'ensuivent deux destructions supplémentaires au cours du XXe siècle qui scellent le sort du village, puisque la population de Hoz et des villages assyro-chaldéens de la région émigre massivement de Turquie pour s'installer à l'étranger à partir de 1975 et ce durant deux décennies, à la suite des différents conflits et exactions touchant la région (guérilla du PKK, discriminations subies par les populations turques et kurdes, etc.). La plupart des habitants partent pour la France.

    Le village est définitivement abandonné en [7].

    Aujourd'hui, la plupart des anciens habitants du village et leurs descendants vivent en région parisienne, dans le Val-d'Oise notamment (comme à Sarcelles et dans les villes limitrophes[8],[9]).

    Démographie

    Évolution de la population
    Année Habitants
    1913500
    19860

    Économie

    Les Hoznayés étaient connus comme étant principalement agriculteurs (miel, blé, poires, noix de pécan et pommes de terre), bergers (moutons et chèvres) ou forgerons.

    Durant la période estivale, en plus de la période de transhumance de trois mois des agriculteurs, les forgerons de Hoz se rendaient dans d’autres villages comme celui d’Ischy pour y travailler le fer, et revenaient à Hoz au début de l’hiver.

    Annexes

    Liens internes

       

    Notes et références

    1. Comment la Turquie a éradiqué ses minorités chrétiennes
    2. (nl) Macht op de kale berg — www.shlama.be
    3. Risko Kas, « L'histoire des autres villages Assyro-Chaldéen du Sud Est de la Turquie », sur Meer (consulté le )
    4. Un village chaldéen: Ischy — ischy.fr
    5. Joseph Alichoran, Les Assyro-Chaldéens d'Ile-de-France, une intégration réussie, Bulletin de l'Œuvre d'Orient n° 782, 2016
    6. (nl) Herbul - een Franse terugblik — www.shlama.be
    7. (de) Eine untergegangene Welt: Chaldäerdörfer in der Türkei — www.rbenninghaus.de
    8. Marwan Chahine, « Sarcelles en Chaldée », sur Libération.fr, (consulté le ).
    9. Robert Alaux, « Assyro-Chaldéens, la fuite », Les Cahiers de l'Orient, vol. 93, no 1, , p. 23 (ISSN 0767-6468 et 2552-0016, DOI 10.3917/lcdlo.093.0023, lire en ligne, consulté le ).


    • Portail des chrétiens d’Orient
    • Portail du Kurdistan
    • Portail de la Turquie
    Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.