Gérard Guillaumat
Gérard Guillaumat, né le à Paris et mort le est un conteur et comédien français
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Biographie
Bien que déclaré né à Paris Gérard Guillaumat voit le jour dans le train qui ramène sa mère de Varsovie à Paris. Sa mère est danseuse dans la compagnie des Ballets russes de Serge de Diaghilev[1] et son père, russe, est chef d'orchestre de la même troupe. Ils se sépareront. Gérard porte le nom de sa mère. Il est placé chez une nourrice et ne vivra jamais avec ses parents. Il va à l'école à L'Isle-Adam. Durant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans la Résistance[2]. Alors qu'il transporte des courriers, il est arrêté à Bayonne. Il est torturé et condamné à mort. Grâce à l'intervention de sa mère, la peine n'est pas exécutée. Il est transféré au camp de Compiègne puis, de là, au camp de concentration de Buchenwald. Grâce à son ami Francis, il survit. Il est libéré par les Américains et soigné, durant deux ans, à la Salpêtrière.
En 1947, il rencontre Charles Dullin qui lui fait faire de la figuration, puis il tient des seconds rôles et assiste Dullin. Il part ensuite quelques années en Angleterre. Il se marie et a une fille dont il ne s'occupera guère. Il participe au travail de l'Anglo-French-Theater, une troupe qui réunit d'autres débutants tels que Peter Brook ou Peter Zadek[3]. Il va ensuite aux États-Unis; il se drogue et doit suivre une cure de désintoxication. IL retourne en France, à Saint-Étienne, où il rencontre Jean Dasté. Il joue des rôles secondaires (le comte Almaviva du Mariage de Figaro Smerdiakov des Frères Karamazov ; il assiste Jean Dasté qui lui confie la responsabilité des Tréteaux[4], petite formation détachée de la troupe qui se produit dans les villages, sur les places…
En 1962, il rejoint Roger Planchon qui a fondé le théâtre de la Cité à Villeurbanne. Il est présent dans la quasi-totalité des créations de Roger Planchon.
Dans les années 1970, son activité principale est celle de conteur. Lorsqu'il vivait à Londres, il entendit Emlyn William, comédien, conter en public des extraits de Charles Dickens et cette forme l'a marqué, il a choisi de suivre cette voie. Guillaumat eut le sentiment que cette manière de faire entendre et partager les auteurs était la sienne. "Il s'est progressivement affirmé comme un passeur, un contrebandier de la lecture, se détachant du théâtre, mécontent et insatisfait de la tournure que la scène française était en train de prendre" c'est ce qu'écrit[5] Philippe Macasdar, directeur du théâtre Saint-Gervais à Genève, avec qui il a travaillé et participé à des entretiens filmés réalisés par Maurizio Giuliani, réalisateur et photographe à Genève.
Il passe les dernières années de sa vie à Saint-Jacques-des-Arrêts (Rhône).
Comédien
- 1953 À chacun sa vérité de Luigi Pirandello mise en scène René Lesage
- 1954 La Tempête d'après William Shakespeare mise en scène John Blatchley
- 1956 Le Héros et le Soldat de George Bernard Shaw mise en scène Jean Dasté
- 1955 Le Malade imaginaire de Molière mise en scène René Lesage
- 1955 La P... respectueuse de Jean-Paul Sartre mise en scène Jean Dasté
- 1959 Les Coréens de Michel Vinaver mise en scène Gabriel Monnet
- 1960 Oncle Vania d’Anton Tchekhov mise en scène Gabriel Monnet
- 1960 La Cerisaie d’Anton Tchekhov mise en scène Gabriel Monnet
- 1962 Le Tartuffe de Molière mise en scène Roger Planchon
- 1962 Don Juan de Molière mise en scène Gabriel Monnet
- 1964 Troïlus et Cressida de William Shakespeare mise en scène Roger Planchon
- 1964 La Vie imaginaire de l'éboueur Auguste Geai d’Armand Gatti mise en scène Jacques Rosner
- 1964 Schweyk dans la deuxième guerre mondiale de Bertolt Brecht mise en scène Roger Planchon
- 1965 Récital Maupassant de Guy de Maupassant mise en scène Yves Kerboul
- 1965 Patte blanche de Roger Planchon mise en scène Jacques Rosner
- 1965 Bérénice de Jean Racine mise en scène Roger Planchon
- 1966 Richard III de William Shakespeare mise en scène Roger Planchon
- 1966 Poussière pourpre de Seán O'Casey mise en scène Jacques Rosner
- 1966 George Dandin de Molière mise en scène Roger Planchon
- 1968 Richard II de William Shakespeare mise en scène Jo Tréhard
- 1969 L'Infâme de Roger Planchon mise en scène Roger Planchon
- 1969 Dom Juan de Molière mise en scène Patrice Chéreau
- 1971 Bleus, blancs, rouges ou les Libertins de Roger Planchon mise en scène Roger Planchon
- 1972 La Langue au chat de Roger Planchon mise en scène Roger Planchon
- 1973 Une saison en enfer d’Arthur Rimbaud mise en scène Bruno Boëglin
- 1974 Folies bourgeoises mise en scène Roger Planchon
- 1975 A.A. d'après Arthur Adamov mise en scène Roger Planchon
- 1976 Sartre d'après Jean-Paul Sartre mise en scène Robert Gironès
- 1978 Périclès, prince de Tyr de William Shakespeare mise en scène Roger Planchon
- 1978 Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare mise en scène Roger Planchon
- 1979 Prévert Jacques d'après Jacques Prévert mise en scène André Cellier
- 1980 Athalie de Jean Racine mise en scène Roger Planchon
- 1981 Les Contes paysans d'après Guy de Maupassant mise en scène Jean-Louis Martin-Barbaz
- 1983 Ionesco d'après Eugène Ionesco mise en scène Roger Planchon
- 1985 Mes amis d'après Emmanuel Bove mise en scène Dominique Bagouet
- 1986 Cabaret d'après Christopher Isherwood mise en scène Jérôme Savary
- 1989 Féroé, la nuit... de Michel Deutsch mise en scène Georges Lavaudant
- 1989 Passé cinq heures de Jean-François Abert mise en scène Philippe Delaigue
- 1989 Le Poisson-scorpion d'après Nicolas Bouvier mise en scène Martine Paschoud
- 1990 Francis de Gérard Guillaumat mise en scène Jean-Louis Martinelli
- 1991 Fragile forêt de Roger Planchon mise en scène Roger Planchon
- 1991 Le Vieil Hiver de Roger Planchon mise en scène Roger Planchon
- L'homme qui rit de Victor Hugo, mise en scène d’Isabelle Chladek,
- 2000 Contes paysans, d'après Guy de Maupassant, collaboration artistique, Jean-Michel Meyer
- 2003 Le Livre de ma mère d'après Albert Cohen mise en scène Jean-Louis Hourdin
- 2005 D'où viens-tu mon petit ? de Gérard Guillaumat
- 2006 Boby dit... mise en scène Jean-Louis Hourdin
- 2010 En attendant Beckett d'après Samuel Beckett conception Isabelle Chladek…
Metteur en scène
- 1955 Le Bal des voleurs de Jean Anouilh (à la comédie de Saint-Étienne, Jean Dasté)
- 1997 L'Histoire passionnante de la vie d'un petit ramoneur savoyard d'après Joseph Laurent Fénix conception Gérard Guillaumat
- 1997 Récital Dickens d'après Charles Dickens Guillaumat
- 2011 L'homme qui rit d'après le roman de Victor Hugo conception Gérard Guillaumat et Isabelle Chladek.
Auteur, entretien
D'où viens-tu mon petit ? entretien entre Philippe Macasdar, directeur du théâtre St-Gervais Genève et Gérard Guillaumat où Gérard Guillaumat raconte toute sa vie. Entretiens filmés, 2 DVD. Réalisation Maurizio Giuliani[6].
Gérard Guillaumat, lecteur d'exception, artiste singulier. Entretiens filmés avec Philippe Macasdar, directeur Théâtre St-Gervais Genève. 4 DVD. Réalisation Maurizio Giuliani.
Francis (mise en scène par Jean-Louis Martinelli) édition du théâtre de Lyon, 1989, 60 p..
Critiques sur le travail Gérard Guillaumat
Sur le lecteur-conteur : La préférence donnée au texte sur le jeu : Isabelle Chladek, sa dernière compagne, comédienne et metteur en scène explique "Il faut comprendre que Gérard ne veut pas jouer. Cela ne l’a jamais vraiment intéressé. Ce qu’il veut, c’est s’effacer derrière un texte pour que celui‑ci seul soit sur le devant de la scène. Paradoxalement, en s’effaçant ainsi, il s’approprie à tel point le texte qu’on a l’impression que c’est lui qui parle, qu’il en est devenu l’auteur"[7].
Sur le comédien : Claude Sarraute dans une critique du Monde consacrée à Richard II écrit[8] : "Gérard Guillaumat est Richard ; il le dessine d'un sourire mi-entendu, mi-éperdu, d'un doigt pensif revenant par habitude à la commissure des lèvres ; il lui prête dès le début cette force fragile qui est celle du héros de la Renaissance, celui que Jean-Louis Barrault a si bien surnommé le Héros du doute. Il a su donner à la scène de la déposition la solennité rituelle de la messe ; il a su trouver dans les réflexions du roi-mendiant sur la vanité de la condition humaine des accents qui annoncent, par delà Hamlet, le Roi Lear".
Notes et références
- Alexandre Demidoff, « Acteur solaire au service de Hugo et de Rimbaud, Gérard Guillaumat s’éclipse », letemps.ch, (lire en ligne)
- Il explique que son engagement n'était pas fondé sur la défense du pays, sur des valeurs, mais qu'il lui permettait, en transportant des plis, de gagner sa vie.
- Claude Quetard notice biographique https://www.theatre-contemporain.net/biographies/Gerard-Guillaumat/presentation/
- Yves Florenne, « Les Tréteaux de Jean Dasté », Le Monde, (lire en ligne)
- Philippe Macasdar, « Mort de Gérard Guillaumat, conteur, passeur de mots », L'humanité, (lire en ligne)
- Visible sur YouTube.
- Trina Mounier, « Passeur d’auteurs. Les Trois Coups », Les trois coups.Le journal du spectacle vivant, (lire en ligne)
- Claude Sarraute, « RICHARD II " de Shakespeare, à Caen », Le Monde, (lire en ligne)