Forteresse de Saint-Vidal
Le château de Saint-Vidal est une forteresse médiévale située dans la commune de Saint-Vidal, dans l'ancien Velay, à environ 7,5 km au Nord-Ouest du centre-ville du Puy-en-Velay, dans le département de la Haute-Loire.
Château de Saint-Vidal | |||
Vue actuelle du château fort de Saint-Vidal. | |||
Nom local | château de Saint-Vidal | ||
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Période ou style | Médiéval | ||
Type | Château Fort | ||
Début construction | XIIIe siècle[1],[2] | ||
Fin construction | XVIe siècle[1] | ||
Propriétaire initial | Famille de Goudet | ||
Destination initiale | château défensif | ||
Propriétaire actuel | Vianney Audemard d'Alançon[3] | ||
Protection | Classé MH (1958) Inscrit MH (1991) |
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Coordonnées | 45° 04′ 26″ nord, 3° 47′ 59″ est | ||
Pays | France | ||
Région | Auvergne | ||
Département | Haute-Loire | ||
Localité | Saint-Vidal | ||
Géolocalisation sur la carte : Haute-Loire
Géolocalisation sur la carte : France
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Construit au XIIIe siècle[4] comme maison-forte, puis transformée en une imposante forteresse au XVIe siècle[1] par Antoine II de La Tour Saint Vidal, c'est l'un des fleurons de l'architecture militaire de l'Auvergne et l'une des forteresses les mieux conservées de la région.
Situation
Situé à 10 km au nord-ouest du Puy, le château fort de Saint-Vidal est une imposante forteresse dans la vallée de la Borne (altitude : 700 m). La forteresse compense par l'importance de ses défenses la faiblesse de sa position.
Histoire
La forteresse de Saint-Vidal fait partie des castra (sing. castrum) fortifiés avant le XIIIe siècle dans le Velay médiéval[5].
La seigneurie de Saint-Vidal est attestée dès la fin XIIIe siècle, mais Jacques Viscomte et Francisque Mandet, tous deux historiens et archéologue du Velay, pensent qu'existait un site seigneurial à Saint-Vidal dès le IXe siècle : la forteresse actuelle aurait été bâtie sur une motte féodale.[réf. nécessaire]
D'après Francisque Mandet, on trouve le seigneur de Saint-Vidal accompagné d'Héracle de Polignac comme porte étendard de l'évêque du Puy Adhémar de Monteil lors de la première croisade. Tous trois sont tués au siège d'Antioche.[réf. nécessaire]
Les premiers seigneurs connus de Saint-Vidal se nomment Goudet, sans que l'on puisse dire précisément à partir de quelle époque ils apparaissent. En 1300, Guigon de Goudet est seigneur de Saint-Vidal [6].
Un acte du XIVe siècle relate l'odyssée d'un Hugues de Saint-Vidal, capitaine des baillages de Velay, Vivarais et Valentinois, fait prisonnier en 1383 par les Anglais durant la guerre de cent-ans, pour lequel une importante rançon fut demandée en échange de sa libération[7].
La seigneurie de Saint-Vidal passe ensuite à la famille de La Tour, qui avant de s'installer au XIIIe siècle dans les lieux était fixée à Barges[8]. En 1266 Adhémare est la femme de Hugues de La Tour, seigneur de Barge. Il est très probable que cette dernière était la sœur de Guigon de Goudet. Selon cette hypothèse, la famille de La Tour serait devenue maîtresse de Saint-Vidal par cette union. Les La Tour deviennent barons de Saint-Vidal.
Au XVIe siècle, Antoine Ier de La Tour Saint-Vidal, modernise le château. Il fait percer des baies dans le logis, construit une aile supplémentaire, relie les communs au logis par une galerie à deux niveaux dont il subsiste quelques piliers et arcatures, fait percer un monumental portail d'entrée à la mode romaine alors mise en vogue en France par l'architecte Sebastiano Serlio.[réf. nécessaire]
Son fils Antoine II de La Tour Saint-Vidal (1540?-1591) fut nommé gouverneur militaire du Velay et Haut-Vivarais en 1562 par Anne de Montmorency, connétable de France et lieutenant du roi en Languedoc. Plus tard, Henri III le nomme gouverneur et sénéchal du Gévaudan, gouverneur du Velay.
Guerres de Religion
La période troublée des Guerres de Religion sera la raison d'un renforcement du château pour l'adapter contre les tirs d'artillerie : de 1563 à 1578 les communs sont fortifiés, les murailles renforcées par des talus, le donjon surélevé, la forteresse parfaitement équipée pour l'utilisation de pièces d'artillerie[1].
En janvier 1591, Antoine II de La Tour Saint-Vidal est assassiné (ainsi qu'Antoine son lieutenant, et plusieurs de leurs hommes) [9] par Pierre de la Rodde [10], sur le pont d'Estroulhas [11] à Espaly. Il laisse de son mariage avec Claire de Saint-Point deux filles, dont Claire de Saint-Vidal, mariée le 1er août 1582 à Claude de Rochefort d'Ailly [12], qui devient ainsi nouveau seigneur du lieu.
Le 12 juillet 1591, une armée d'Henri IV, commandée par Chambaud (chef des Protestants du Vivarais) et le sénéchal de Chaste, vint assiéger la forteresse. Pierre Portal commande la garnison. Se croyant trop faible pour résister, il offre de capituler à la condition toutefois d'avoir l'assentiment du vicomte de Lestrange, chef des ligueurs au Puy. Pour toute réponse, ce dernier jure de faire pendre Portal et ses soldats s'ils mettent bas les armes. Cette menace donne du cœur aux défenseurs de Saint-Vidal, qui repoussent les assaillants. Ceux-ci lèvent le siège au bout de huit jours sans avoir pu exécuter la sentence donnée à Tours par le roi de Navarre : que la maison de Sainct-Vidal seroict desmollye et abbattue pour en perdre toute mémoire[13].
Toujours en 1591, les ligueurs du Puy obtiennent de Claire de Saint-Point, sa veuve, l’autorisation d’en retirer "les 118 charges de poudre ou de boulets qu’il y avait déposées"[14].
Les tensions religieuses persistant, le cardinal de Richelieu ordonne le désarmement de la forteresse. Ceci s'explique par le fait qu'Antoine de La Tour, baron de Saint-Vidal, était devenu l'âme de la Ligue catholique dans le Velay, et que cette dernière était devenue menaçante envers la royauté.[réf. nécessaire]
Guillaume de Rochefort d'Ally, baron de La Tour Saint Vidal, page de la grande écurie du roi, lègue en 1742 Saint-Vidal à Pierre de Dienne, seigneur de Chavagnac, son cousin germain[15].
Pierre-Joseph, marquis de Rochefort d'Ally, le rachete en 1748 et le vend vers 1765 à Louis-Augustin Porral, conseiller en la sénéchaussée et siège présidial du Puy[16]. Le château devint ensuite la propriété de l'évêché du Puy-en-Velay.
Époque contemporaine
Délaissé par le diocèse du Puy-en-Velay, le château est acheté en 1930 par la famille Sahy. Bernard Sahy, qui restaure cet ensemble unique en Auvergne et l'ouvre aux associations, contribue à lui redonner vie[17].
En 2016, le château est racheté à Bernard Sahy par Vianney Audemard d'Alançon[Note 1], qui déclare envisager d'en faire la principale attraction touristique d'Auvergne[19], selon le modèle du Puy-du-Fou, c'est-à-dire autour d'un spectacle animé avec le concours de professionnels, d’acteurs et figurants bénévoles[20]
Les aménagements intérieurs du château ont été confiés à Didier Repellin, architecte en chef des Monuments historiques et les aménagements extérieurs, le jardin à François d’Orléans.
À cet effet, il fonde l’association pour la valorisation du Velay, Auvergne et Gévaudan en vue de porter le projet, selon un plan de financement composé de 300 000 euros de subventions octroyées par l'agglomération du Puy, 600 000 euros octroyés par la région Auvergne Rhône-Alpes et de 300 000 euros octroyés par le département de la Haute-Loire, soit 1,2 million d'euros[21]. Cette association a annoncé une inauguration au mois de juin 2018[22].
D'autres institutions soutiennent ce projet, comme la famille Dassault à travers le fonds de dotation Jeune et Innovant[23] ou encore la Fondation Michelin[24]. Diverses personnalités comme Stéphane Bern, Lorànt Deutsch, Sébastien Cauet et Bernard de La Villardière ont également apporté leur soutien public au projet[25],[26].
Description
Extérieur
« Quatre logis, disposés sur plan carré autour d'une cour, sont fortement talutés vers l'extérieur et flanqués aux angles de quatre tours rondes. L'une d'elles, qui est plus grosse, fait fonction de donjon ; elle est munie de bretèches de couronnement et accostée d'un appendice rectangulaire. Des canonnières largement évasées battent l'approche au ras du sol et à divers niveaux. La cour est bordée sur trois côtés d'une galerie de cloîtres voûtés d'ogives. Des braies, également flanquées, clôturent une basse-cour, dans laquelle est bâtie, au haut du château et devant l'accès, l'ancienne chapelle castrale devenue église paroissiale »[27]. La tour maîtresse qui commande l'accès au château possède en partie haute une salle d'artillerie sur plancher souple[28].
Le bâtiment principal, un quadrilatère d'apparence austère, s'organise autour d'une cour intérieure. Trois tours rondes, dont deux couronnées de parapets, remontent au XVe siècle. Antoine II de La Tour de Saint Vidal fit rajouter au XVIe siècle à l'angle sud-ouest une tour donjon d'habitation dont l'étage supérieur, prévu pour la défense, présente un grand nombre de canonnières. Partout des bouches à feu percent des murailles que renforcent d'épais talus. Les différents points de défense utilisent tous les procédés recommandés à l'époque par les traités d'architecture, notamment par l'utilisation de meurtrières adaptées aux différentes armes à feu. Il fit également renforcer les murailles d'un glacis destiné à les rendre résistantes aux tirs de canon, et construire des communs prolongés par une courtine sud. Les travaux furent réalisés de 1563 à 1578[1].
Intérieur
L'intérieur bien meublé est resté extrêmement évocateur de la vie quotidienne dans une forteresse. Les portails franchis des galeries très sobres aux arcs surbaissés élevées en 1563 entourent la cour intérieur et son puits. Elles donnent accès aux constructions médiévales à moitiés enterrés dont la « cuisine » vestige de la première salle du château, présente d'impressionnantes cheminées et une remarquable voûte gothique à la clef sculptée. À l'étage les appartements conservent plusieurs cheminées très anciennes et un portail d'un style Renaissance. Le rez-de-chaussée du donjon a gardé des traces de ses fresques, peintures grotesques et portraits. On trouve dans les parties hautes du château, plusieurs pièces aménagées pour les canons dont les dispositions savantes pour le tir et l'évacuation de la fumée sont telles qu'au XVIe siècle.
Personnalités liées au château
- Antoine II de La Tour Saint Vidal
- Jean-Joseph d'Apchier
- Famille de Rochefort d'Ailly
- Famille de La Tour de Saint-Vidal
- Vianney Audemard d'Alançon, propriétaire et exploitant du château (spectacles historiques) depuis 2019[3]
Classement
La forteresse est entièrement classée au titre des Monuments historiques depuis 1958 ; l'enceinte est inscrite depuis 1991[1].
Bibliographie
- Rocher Archaud, Le Baron de Saint Vidal, Édition du Roure, 2004
- Régis Thomas, Jacques Barrot, Châteaux de Haute-Loire, Watel, Brioude, 1993, 467 p.
- Gaston de Jourda de Vaux, Les Châteaux historiques de la Haute-Loire (castels, maisons-fortes, manoirs), Éditions de la Société Académique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire, le Puy-en-Velay, 1911
- Truchard du Molin, La Baronnie de Saint-Vidal, Régis Marchessou, 1897
- Abbé Theillière, Armorial des Barons Diocésains du Velay, J-M Freydier, 1880
- Adrien Lascombe, Documents sur l’ancienne famille de Saint-Vidal, Collection des Tablettes historiques de la Haute-Loire, 1876
Notes et références
Notes
- Le nom légal et complet du nouveau propriétaire est Vianney Audemard d'Alançon et non Vianney d'Alançon[18].
Références
- « Château et son enceinte », notice no PA00092881, base Mérimée, ministère français de la Culture
- Cependant, dans un article web du journal Le Pèlerin daté de 2019 ("À 32 ans, un entrepreneur redonne vie à la forteresse de Saint-Vidal"), l'actuel propriétaire des lieux, Vianney d'Alençon, laisse entendre qu'il daterait du XIe siècle. Le site internet www.auvergne-centrefrance.com ("Château de Saint-Vidal") avance le XIIe siècle.
- « Forteresse de Saint-Vidal », sur societe.com
- Cette datation est incertaine, voir "Références" numéro 2, en bas de page.
- Mélinda Bizri, « Construction et pratique sociale de l'espace fortifié en Velay. XIIIe-XVe s. », Art et histoire de l'art. Université Blaise Pascal - Clermont-Ferrand II, , p. 84 (lire en ligne)
- Jean Theillière, Armorial des barons diocésains du Velay, J.-M. Freydier, 1880, page 80.
- Adrien Lascombe Documents sur l’ancienne famille de Saint-Vidal, Tablettes historiques de la Haute-Loire, 1876, page 536.
- Mémoires de Jean Burel bourgeois du Puy, Volume 3, 1875, page 34.
- Roger Archaud, Le baron de Saint-Vidal, Editions du Roure, , 290 p. (ISBN 978-2906278462)
- Histoire de Velay jusqu'à la fin du régime de Louis XV, Jean-Arnaud-Michel Arnaud, Ed. La Couche, 1816, page 77
- Voir page Wikipedia de la ville d'Espaly-Saint-Marcel, chapitre Guerres de Religion.
- Florentin Benoît d'Entrevaux, Armorial du Vivarais, 1908, page 302.
- Mémoires de Jean Burel, bourgeois du Puy, publiés au nom de la Société Académique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire par Augustin Chassaing, Editeur, Le Puy-en-Velay, M.-P. Marchessou, 1875, p.278
- Jean-Léandre-Romain Truchard Du Molin, Les Baronnies du Velay, éd. J. B. Dumoulin, 1870, ca 110 pages, p 75
- Mémoires de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand, 1909, page 454.
- Jean Theillière, Armorial des barons diocésains du Velay, J.-M. Freydier, 1880, page 83.
- Leprogrès.fr du 27 janvier 2019 : Bernard Sahy, l’homme qui a sauvé le château de Saint-Vidal
- société.com : dirigeant d'entreprise : Vianney Audemard d'Alançon.
- L'Éveil de la Haute-Loire S.A., « Le château de Saint-Vidal renoue avec l’histoire de France », Site, (lire en ligne).
- zoomdici.fr du 20 février 2018.
- www.zoomdici du 11 octobre 2017.
- valeursactuelles.com du 6 août 2017.
- http://www.zoomdici.fr/actualite/La-famille-Dassault-en-soutien-de-la-forteresse-de-Saint-Vidal-id163463.html zoomdici.fr du 27 février 2018.
- L'Éveil de la Haute-Loire, « Le projet conduit à la forteresse de Saint-Vidal a séduit la Fondation Michelin », site, (lire en ligne).
- leprogrès.fr du 4 novembre 2017.
- leprogrès.fr du 19 janvier 2018
- Charles-Laurent Salch, Dictionnaire des châteaux et des fortifications au Moyen Âge, Strasbourg, Publitotal, 1979.
- Nicolas Faucherre, « La fin du château fort », Dossiers d'archéologie, no 404, , p. 70 (ISSN 1141-7137).
Articles connexes
- Portail des châteaux de France
- Portail de la Haute-Loire
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