Fluctuat nec mergitur

Fluctuat nec mergitur est une locution latine utilisée comme devise de la ville de Paris, signifiant « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas ».

Pour les articles homonymes, voir Fluctuat.

Pour le documentaire, voir 13 novembre : Fluctuat nec mergitur.

La devise inscrite dans les ornements extérieurs du blason de Paris.

Traduction

La devise signifie « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas »[1]. On trouve aussi parfois cette devise traduite avec le verbe « fluctuo » rendu par « flotter »[2],[3], mais cette traduction est critiquée pour son manque de sens[4],[5],[6],[7].

Histoire

La devise accompagne et fait référence au navire représenté sur le blason de Paris, symbole de la puissante corporation des nautes de Lutèce. Elle rappelle « les dangers que Paris a courus, les terribles révolutions qui l'ont agité, les crises de toute nature qu'il a subies » et exprime « l'idée de vitalité, de force, de perpétuité qui caractérise la longue et glorieuse existence de cette ville »[8]

Elle apparaît sur des jetons dès la fin du XVIe siècle, mais n'est pour la ville, jusqu'à la Révolution, qu'une devise parmi d'autres[8]. Elle est rendue officielle par un arrêté du 24 novembre 1853 du baron Haussmann, alors préfet de la Seine[9].

Utilisations

Cette devise est inscrite sur les plaques des coiffes des gardes républicains et sur le casque de tradition des sapeurs-pompiers de Paris.

Georges Brassens prête ces mêmes qualités (« Ses fluctuat nec mergitur, c'était pas de la littérature ») au bateau Les Copains d'abord dans la chanson et l'album du même nom. Dans un autre registre, le groupe de rap 1995 sort en 2012 une chanson intitulée Flotte mais jamais ne sombre, sur l'album Paris Sud Minute. Dans ce même registre apparait en 2016 une chanson du rappeur Jazzy Bazz intitulée Fluctuat nec mergitur[10].

Fluctuat nec mergitur sur la place de la République.

Au lendemain des attentats du , la devise de Paris est invoquée à plusieurs reprises et devient un symbole de résistance contre le terrorisme[11],[12]. Des graffitis et fresques murales Fluctuat nec mergitur apparaissent sur les murs de Paris :

En outre, un documentaire sur ces attentats, intitulé 13 novembre : Fluctuat nec mergitur, de Jules Naudet et Gédéon Naudet, est diffusé sur Netflix.

La devise Fluctuat nec mergitur est aussi attribuée par certains auteurs à Aimargues dans le Gard ; dans ce cas elle s'applique à la croix représentée sur le blason de la ville, et non au navire comme à Paris[17]. Par ailleurs, Albert Uderzo a dessiné en 1993 le blason du Tartre-Gaudran, une commune aux confins de la région parisienne, en s'inspirant du blason de Paris, le navire étant remplacé par un sabot, et lui a donné la devise Nec mergitur item Il ne coule pas non plus ») par allusion à la devise de Paris[18].

Notes et références

  1. « «Fluctuat nec mergitur» : un blason et une devise pour Paris », Histoire et Mémoire, sur le site de la ville de Paris
  2. Jules Marouzeau, La traduction du latin, Paris, Les Belles lettres, , 57 p., p. 35 : « Il flotte sans sombrer ».
  3. Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, vol. 8 : F–G, [détail des éditions] (lire en ligne), p. 511 : « Il flotte sans être submergé ».
  4. Patrice Louis, C'est beau, mais c'est faux, Paris, Arléa, , 156 p. (ISBN 2-86959-490-9), p. 154.
  5. Jean-Joseph Julaud, Le français correct pour les nuls, Paris, First, coll. « Pour les nuls », , 437 p. (ISBN 978-2-7540-3232-2), p. 381.
  6. Alain Bentolila, La langue française pour les nuls, Paris, First, coll. « Pour les nuls », , 500 p. (ISBN 978-2-7540-3127-1).
  7. Le verbe latin fluctuo, fluctuare a pour sens premiers : « être agité (en parlant de la mer) ; être balloté par les flots » et le sens de « flotter » n'est que figuré (voir : Félix Gaffiot, Dictionnaire illustré latin-français, Paris, Hachette, 1934, p. 675 [lire en ligne]). Le verbe français flotter dérive bien de ce verbe latin, mais avec le sens premier tout autre : « être porté sur un liquide » (Le Petit Robert, 1993). D'où le manque de sens de cette traduction selon certains auteurs.
  8. Anatole de Coëtlogon et Lazare-Maurice Tisserand, Service historique de la ville de Paris, Les armoiries de la ville de Paris : Sceaux, emblèmes, couleurs, devises, livrées et cérémonies publiques, vol. 1, Imprimerie nationale, coll. « Histoire générale de Paris, collection de documents publiée sous les auspices de l'édilité parisienne », , chap. 2 (« Les devises de la ville de Paris »), p. 177–192, en particulier sur « Fluctuat nec mergitur », p. 180–181 [lire en ligne] et 189–192 [lire en ligne], repris dans Tausin 1914, « Fluctuat nec mergitur - La ville de Paris », p. 128–130 [lire en ligne].
  9. Philippe Lefrançois, Paris à travers les siècles, Calmann-Lévy, , p. 38.
  10. Azzedine Fall, « Jazzy Bazz, l’interview fleuve : “Je ne veux pas de l’étiquette old-school” », sur lesinrocks.com, .
  11. Mélissa Bounoua, « «Fluctuat nec mergitur»: ce que veut dire cette phrase devenue virale », sur Slate.fr, .
  12. « "Fluctuat nec mergitur" : la devise de Paris devient un slogan de résistance », Le Monde, .
  13. (en) Corinne Segal, « Graffiti artists come out to ‘spray for Paris’ after attacks », PBS, .
  14. Stéphane Dreyfus, « « Fluctuat nec mergitur », une devise devenue slogan », La Croix, .
  15. « Paris je t’aime10 : Fluctuat Nec Mergitur », sur trompe-l-oeil.info, .
  16. « Fluctuat Nec Mergitur », sur trompe-l-oeil.info, .
  17. Henri Tausin, Les Devises des villes de France : Leur origine, leur historique, avec les descriptions des armoiries, Paris, Honoré Champion, , 428 p., « Fluctuat nec mergitur - Aimargues », p. 127–128 [lire en ligne].
  18. Virginie Wéber et Mehdi Gherdane, « Yvelines : le père d’Astérix a marqué à vie Le Tartre-Gaudran », Le Parisien, .

Voir aussi

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