Féminité

La féminité est l’ensemble des caractères morphologiques, psychologiques et comportementaux spécifiques, ou considérés comme spécifiques aux femmes. Ils sont liés au sexe ou au genre, et fortement influencés, voire conditionnés par l’environnement socioculturel[1]. Dans l’usage, la part des caractères socioculturels de la féminité contribue à l’identité sexuelle.

La peinture occidentale représente très peu la féminité, préférant associer l’image de la femme et sa beauté à d’autres idées au travers d’allégories : ici, le Jour, par le peintre Bouguereau. S’éloignant du sujet par des considérations d’esthétisme, l’association de la maternité avec l’idée de Mère-Patrie se substitue également à la représentation de l’être féminin.

On peut aussi la définir comme l'ensemble des comportements, des attitudes, auxquels on attribue le qualificatif de féminin. Si elle prédomine chez les femmes, elle existe aussi chez les hommes. Son lien au sexe est moins évident qu'il n'y parait.

Pour les hommes, on parle de masculinité ou de virilité.

Une affaire de représentation

Pour Sandra Harding, dans The Science Question of Feminism, en 1986[2], la féminité est un symbolisme de genre, qui « renvoie à l'utilisation de métaphores binaires, n'ayant rien à voir avec les différences sexuelles, pour représenter le sexe (par exemple : force/fragilité, violence/douceur) » et dont les stéréotypes sexués sont des représentations. C'est l'un des trois processus concourant à la construction sociale du genre, avec la structuration selon le genre de certaines activités sociales (sexuation), et la construction individuelle de l'identité de genre[3].

Beaucoup d’artistes et de cinéastes hommes traitent le sujet, puisque pouvoir approcher ce qu’est la féminité est souvent rendu au travers d’un mode de représentation. L’article Image de la femme (XIXe) montre l’intérêt des impressionnistes et des néoclassiques pour le sujet féminin, cette fois au travers de sa féminité, mais il s’agit encore de peintres masculins.

L’un d’entre eux a été Bertrand Blier dans Combien tu m'aimes ? ; son actrice Monica Bellucci a déclaré que le réalisateur était encore loin d’avoir trouvé mais qu’il avait au moins le mérite de chercher.

Dans les contes de fées qui ont longtemps façonné l’imaginaire des enfants, on ne se demande guère pourquoi la belle-mère ou la sorcière est cruelle, on suppose qu’elle a toujours été comme cela. Vers l’an 200 après Jésus-Christ, presque toutes les images féminines de Dieu avaient disparu du courant dominant de la tradition chrétienne alors que jusqu’à cette époque les femmes ont occupé des situations importantes dans l’Église.

D’après la thérapeute américaine Maureen Murdock : « Si la psyché d’une femme a reçu sa mère d’une manière négative ou destructrice, elle se sépare de sa nature féminine positive et a beaucoup de difficultés à la récupérer. Beaucoup de femmes ont trouvé chez leur père le côté spontané, nourricier et joyeux de la féminité. La nature de la rupture mère/fille dépend aussi de la manière dont une femme intègre l’archétype de la Mère dans sa psyché, y compris notre Mère la Terre et le point de vue culturel sur la féminité ».

Tentatives de définition

On dit de plus qu’il y a une part de féminité dans tous les humains quel que soit le genre. En outre, les femmes étant toutes différentes, comment définir la féminité qui, en idée, les relie ?

La féminité est centrale dans le jeu de la séduction, et les hommes ou les femmes selon leurs goûts confient être attirés par elle (ou la représentation qu’ils ou elles ont d’elle) dans leurs rencontres. Aussi, selon ces rapprochements, d’autres femmes se disent ne pas correspondre à cette perception de la féminité, ou cultiver d’autres aspects.

La féminité « hégémonique »

R. W. Connell a défini en 1987 dans Gender and Power : Sexuality, the Person and Sexual Politics une « masculinité hégémonique » qui est « la forme culturellement idéalisée » de la masculinité à une époque donnée et dans une aire donnée. Bien qu'elle ait été réticente à utiliser cette expression pour la féminité, les femmes ayant toujours été subordonnées à la masculinité hégémonique, et lui ait préféré celle emphasized feminity (féminité accentuée, mise en avant), cette notion de féminité hégémonique a été reprise par de nombreux sociologues du sport. Ils la définissent comme « la forme culturellement idéalisée de la féminité, forme qui participe à la domination des femmes et qui exerce une domination sur les autres formes de féminité. » Il s'agit d'une représentation stéréotypée de ce qui serait féminin[3].

Stéréotypes publicitaires

Grâce, charme, élégance, raffinement, éternelle jeunesse (liée à la crainte du vieillissement), sophistication, archétype de la mère de famille, de la femme comme séductrice, etc. sont, entre autres, des thèmes porteurs pour vendre des produits commerciaux permettant à la femme dite libérée, vue sous l’angle de la consommatrice, de révéler sa féminité. La publicité joue également sur les tabous liés aux modes (poids et gourmandise, sexualité libre, etc.), ce qui peut être perçu moins comme une libération de la féminité que comme l’acceptation des images reçues même si elles sont inversées.

Condition féminine

La féminité peut, selon le point de vue [Pour qui ?] , rassembler un ensemble de traits caractéristiques : pudeur, prudence, douceur, etc., mais avec souvent des qualités contraires : audace, volonté de séduire, cruauté, etc. qui font souvent associer à la féminité l’idée de contradiction [Pour qui ?] .

Comme la virilité, la féminité a ses défauts conçus comme des exagérations des qualités (tous ces critères étant définis culturellement, rien à voir donc avec le "genre biologique") : la timidité ou faiblesse de caractère qui peut dans certains cas conduire à la rancune et à la méchanceté (la vengeance féminine peut être perçue comme plus terrible que la vengeance de l’homme) [Pour qui ?] , l’inconstance (dans le comportement, les sentiments et les pensées), la vanité féminine de plaire, la superficialité[4][source insuffisante].

Il convient de réfléchir sur l’origine de ces associations de type symbolique. Pour certains, elle est fondée naturellement sur la supériorité physique de l’homme ; d’autres estiment qu’elle proviendrait du patriarcat qui aurait magnifié la virilité et imposé la modestie à la féminité. Cette réflexion est l’un des thèmes de travail de Michel Onfray à propos de ce qu’il nomme l’intersubjectivité sexuée.

Quand la société dénigre les qualités féminines, une femme n’a guère de raison de s’apprécier en tant que femme. Erica Jong écrit dans Alcestis on the Poetry Circuit : « La meilleure esclave n’a pas besoin d’être battue, elle se bat elle-même…/…avec le joli fouet de sa propre langue et la subtile raclée que son esprit donne à son esprit. Qui pourrait-elle détester plus qu’elle ? Et qui pourrait trouver pires injures que celles qu’elle s’adresse ? ».

Préjugés

Associer certaines qualités ou défauts à la féminité peut relever de préjugés. Les jugements laudateurs concernant les comportements féminins, tels que la tempérance, la patience et la douceur, relèvent néanmoins bel et bien de préjugés ou plus précisément d'une forme de sexisme appelé sexisme ambivalent.

Notes et références

  1. Définitions féminité, TLFI (Trésor de la Langue Française Informatisé - dictionnaire en ligne)
  2. Sandra Harding, The Science Question of Feminism, Ithaca, Cornell University Press, 1986
  3. I. Courcy, S. Laberge, C. Erard, C. Louveau, « Le sport comme espace de construction sociale de la féminité : jugements d'adolescentes et d'adolescents concernant les filles qui pratiquent des sports de tradition masculine  », Recherches féministes, 2006, 19 (2), p. 29-61, p.  34-35
  4. À la façon d'un libre penseur du XIXe siècle, Arthur Schopenhauer a d'ailleurs versé dans cette thématique dans son Essai sur les femmes.

Voir aussi

Bibliographie

  • Élisabeth Badinter, Le Conflit - la femme et la mère, Le livre de Poche, 124p. 2011
  • Maureen Murdock, Le Parcours de l’héroïne ou la féminité retrouvée, Dangles, 1993
  • Sigmund Freud, La Féminité, préface de Pascale Molinier, Petite Bibliothèque Payot, 2016.
  • Jeannette Geffriaud Rosso, Études sur la féminité au XVIIe et XVIIIe siècles, Pisa, Libreria Goliardia, 1984.
  • Nathalie Heinich, États de femme. L'identité féminine dans la fiction occidentale, Collection NRF Essais, Gallimard, avril 1996
  • Joan W. Scott, La Citoyenne paradoxale. Les féministes françaises et les droits de l'homme, Albin Michel, 1998
  • Maryse Vaillant, Sexy soit-elle, Les Liens qui libèrent, 2012
Revues
  • Revue Sciences Humaines :
    • « L'ère du postféminisme », no 214, 2010
    • « Femmes, combats et débats », HSS, no 4, 2005
    • « Hommes / femmes, quelles différences ? », no 146, 2004
    • « Nouveaux modèles féminins », no 85, 1998
    • « Masculin-féminin », no 42, 1994

Articles connexes

Lien externe

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