Evo Morales

Juan Evo Morales Ayma, dit Evo Morales [ˈeβo moˈɾales][alpha 2], né le dans l'Altiplano, est un dirigeant syndical et homme d'État bolivien. Il est président de la République de Bolivie puis de l'État plurinational de Bolivie du au .

Pour les articles homonymes, voir Morales.

Evo Morales

Evo Morales en 2018.
Fonctions
Président du Mouvement vers le socialisme
En fonction depuis le
(24 ans, 1 mois et 23 jours)
Prédécesseur Création du parti
Président pro tempore de l'Union des nations sud-américaines

(11 mois et 30 jours)
Prédécesseur Mauricio Macri
Successeur Vacant
Président de l'État plurinational de Bolivie[alpha 1]

(13 ans, 9 mois et 19 jours)
Élection 18 décembre 2005
Réélection 6 décembre 2009
12 octobre 2014
20 octobre 2019 (annulée)
Vice-président Álvaro García Linera
Prédécesseur Eduardo Rodríguez
Successeur Jeanine Áñez
Biographie
Nom de naissance Juan Evo Morales Ayma
Date de naissance
Lieu de naissance Orinoca (Oruro, Bolivie)
Nationalité Bolivienne
Parti politique MAS
Fratrie Esther Morales
Profession Syndicaliste
Religion Catholicisme romain
Résidence Chimoré, Cochabamba


Présidents de l'État plurinational de Bolivie

Paysan cocalero issu d'une famille aymara d'Orinoca, une ville de mineurs du département d'Oruro, il dirige l’un des principaux syndicats de coca et prend part à des luttes syndicales à partir des années 1980. Son arrestation en 1994 et sa grève de la faim le font connaitre dans le pays. Il fonde et prend la tête du Mouvement vers le socialisme (MAS) en 1997 et se présente à l'élection présidentielle de 2002, où il arrive en deuxième position avec 21 % des voix. Il compte l’année suivante parmi les meneurs des manifestations paysannes pendant la guerre du gaz, ce qui conduit à la démission du président Gonzalo Sánchez de Lozada. Evo Morales remporte ensuite l'élection présidentielle de 2005 avec 53,7 % des suffrages. En 2009, il est réélu avec 64,1 % des voix, tandis que son parti obtient la majorité absolue dans les deux Chambres, puis en 2014 avec 61,4 %.

Bien qu'il ne soit pas le premier chef d'État d'ascendance amérindienne du pays, il est le premier à s'affirmer en tant que tel et à déclarer écouter les revendications culturelles et sociales des populations indigènes. Les politiques qu'il met en œuvre se concrétisent par une réduction significative de la pauvreté, de l’analphabétisme et des inégalités. Les critiques lui reprochent de ne pas suffisamment traduire dans la pratique ses projets sur la préservation de l'environnement et de trop souvent soutenir les revendications des indigènes et des classes populaires au risque de porter atteinte à la cohésion de la société bolivienne. Sur le plan international, il est proche du président vénézuélien Hugo Chávez, avec qui il partage certains éléments de sa vision socialiste de l'Amérique latine.

En 2016, il perd un référendum constitutionnel devant lui permettre de briguer un quatrième mandat présidentiel, mais une décision controversée du Tribunal constitutionnel, passant outre ce référendum, l'y autorise. Candidat à l’élection présidentielle de 2019, il est réélu avec 47,1 %, mais se résout à la tenue d’un nouveau scrutin après des manifestations de masse  organisées par l'opposition qui conteste les résultats  et émaillées de violences et après que l'OEA a fait état d'irrégularités ; deux mois avant la fin de son troisième mandat, il annonce finalement sa démission depuis son fief de Chimoré où il s'est replié après sa fuite de la capitale à la suite de la défection de l'armée et de la police. Des études du MIT et du New York Times révélerons par la suite que les conclusions d’irrégularités de l’OEA sont fausses et ne reposent sur rien.

Il part alors en exil au Mexique, puis en Argentine. Depuis ce pays, après l'invalidation de sa candidature comme sénateur, il gère la campagne de son parti pour les élections générales boliviennes de 2020, qui sont remportées par le MAS, avec notamment l’élection à la présidence de l’État de son ancien ministre de l'Économie Luis Arce. Au lendemain de l'investiture de ce dernier, Morales retourne en Bolivie et s'installe à Chimoré.

Origines et jeunesse

Issu d'une famille modeste de paysans amérindiens, il doit rapidement mettre un terme à sa scolarité pour gagner sa vie. Il exerce alors des emplois aussi divers que peintre en bâtiment, maçon, boulanger ou bien encore trompettiste, avant d'effectuer son service militaire obligatoire[1]. Il prend finalement le chemin du Chapare, la zone de colonisation des migrants andins dans les basses-terres du département de Cochabamba.

Sa langue maternelle est l'aymara, il a ensuite appris le quechua au contact des populations migrantes établies comme lui dans le Chapare, mais il ne maîtrise pas suffisamment bien cette langue pour pouvoir tenir un discours. Il a aussi parfois un espagnol hésitant, ce qui s'explique par l'interruption de sa scolarité, ayant dû très jeune subvenir aux besoins de sa famille[2],[3]. Quatre de ses six frères sont morts avant l'âge de deux ans, emportés par la maladie[4] à cause de l’absence de médicaments et d’hôpitaux dans les régions rurales.

Premiers engagements

À l'age de 19 ans, il quitte son Altiplano natal, où les mines ferment tour à tour, pour gagner les plaines de la province de Chapare. Avec sa famille, il cultive d’abord du riz, puis des bananes, et enfin de la coca, plante dont la Bolivie est alors le premier producteur au monde[5].

Face aux injustices dont lui semblent être victimes les habitants locaux, dont les revenus principaux sont générés par la production de coca, il décide de s'engager dans le combat politique et la lutte syndicale. En 1988, le gouvernement décide sous la pression internationale de détruire les récoltes et de les remplacer par d'autres cultures. La politique d'éradication de la coca (en), financée pour une grande part par la Drug Enforcement Administration provoquera sa rancœur vis-à-vis des États-Unis[6]. Elle nuirait selon lui aux petits exploitants sous couvert de lutte contre les narcotrafiquants.

Émergence politique des cocaleros

Apparue pour la première fois lors d'un congrès extraordinaire de la Confédération syndicale unique des travailleurs paysans de Bolivie (CSTUCB) en 1988, la thèse dite de « l'instrument politique » défend la création d'un parti politique qui permettrait la participation des syndicats paysans au jeu électoral[7]. À partir de 1991, elle devient l'une des revendications portée par les représentants des cocaleros[8], et, en 1994, elle est majoritaire au sein de la CSTUCB. Toujours en 1994, alors qu'il est l'un des dirigeants du mouvement syndical paysan, Morales est frappé par des policiers puis, accusé d’être « une menace pour la sécurité nationale », est incarcéré[9] pendant quelques jours. Sa grève de la faim le fait connaître dans tout le pays[5].

Pendant l'ensemble de la décennie 1990, les nombreuses divisions persistant au sein des syndicats de planteurs de coca poussent cependant certains cocaleros à opter pour des stratégies d'alliance avec des partis politiques existants tandis que les fractions les plus radicales du mouvement paysan, comme certains kataristes, refusent tout bonnement le jeu électoral classique. Partagés entre la Gauche unie (Izquierda Unida) et le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire) de Jaime Paz Zamora, les syndicats paysans rejoignent aussi progressivement les groupes indigènes émergents tandis que se consolide un nationalisme cimenté par l'opposition à une politique anti-coca vécue comme une ingérence américaine.

L'axe Pachakuti constitue en 1993 une première tentative de candidature autonome, qui obtiendra un élu au parlement bolivien. En 1995, une grande partie du mouvement social se fédère autour de l'Assemblée pour la souveraineté des peuples (ASP). Elle fait campagne lors des élections législatives de 1997 avec la Gauche Unie qui obtient quatre sièges, dont un remporté par Evo Morales.

Au cours de la décennie, Morales devient ainsi l'une des figures reconnues du mouvement des cocaleros. Élu en 1996 à la tête des six fédérations de syndicats paysans de la région du Chapare, son implantation locale se concrétise en 1997 par une confortable élection au Parlement bolivien (plus de 70 % des voix)[10].

Sa notoriété grandissante lui permet de doter le mouvement social paysan de son « instrument politique » avec la création en 1998 de l'« Instrument politique pour la souveraineté des peuples » (IPSP)[11]. La difficulté administrative de fonder un parti le pousse, à l'occasion des élections municipales de 1999, à rejoindre le MAS qui bénéficie déjà d'une personnalité juridique. Autour de ce petit parti ouvrier à la faible audience va progressivement se fédérer une grande partie du mouvement social bolivien.

Expulsion du Parlement

Morales siège au Parlement sous les présidences de l'ex-dictateur Hugo Banzer et de Jorge Quiroga, alors que la campagne d'éradication de la coca s'intensifie avec le Plan Dignidad, lancé en 1998, qui affecte particulièrement le Chapare. Le député Morales dénonce une « militarisation » du conflit, et affirme en retour le droit des paysans à résister militairement aux troupes boliviennes qui tireraient sur les manifestants.

En janvier 2002, des affrontements opposent durant quatre jours des cocaleros aux forces de sécurité dans la région de Cochabamba, faisant neuf victimes (cinq paysans, trois militaires et un policier)[12]. En raison du soutien de Morales aux revendications des cocaleros, la commission d'éthique du parlement le destitue peu après de son mandat législatif. En mai 2002, il dépose un recours devant le Tribunal constitutionnel pour violation de ses droits : selon lui, la présomption d'innocence, son droit à la défense et son immunité parlementaire auraient été injustement ignorés[13].

Chef de l'opposition

En 2002, il se présente à l'élection présidentielle et obtient plus de 20 % des voix, ne comptabilisant au premier tour que 2 points de retard sur le candidat élu (le libéral Sánchez de Lozada). Il s'impose alors comme une personnalité capable de fédérer l'opposition sociale et politique bolivienne au gouvernement néo-libéral de Gonzalo Sánchez de Lozada (alias « Goni »). La droite tente alors d'empêcher l'entrée de députés amérindiens (élus) du MAS au Parlement[14].

Les conflits sociaux s'exacerbent en 2003 concernant un projet d'exportation du gaz naturel (la Bolivie détenant les deuxièmes plus grandes réserves de gaz d'Amérique après le Venezuela) sans industrialisation préalable vers le Chili et, in fine, la Californie. La « guerre du gaz », dans laquelle Morales ainsi que Quispe sont particulièrement actifs, se solde par plus de 80 morts en octobre 2003, le président « Goni » ayant ordonné à l'armée de tirer par hélicoptères sur El Alto, la banlieue de La Paz. Les conséquences politiques de ce massacre l'obligent cependant à démissionner[15].

Le conflit du gaz persiste toutefois sous son successeur, Carlos Mesa, qui démissionne en 2005 pour des raisons également liées à l'industrialisation du pays. C'est aussi l'époque où le MAS devient la première force politique du pays : en 2004, les municipales attribuent au parti quelque 18 % des suffrages.

Élection présidentielle de 2005

Evo Morales est candidat à l'élection présidentielle bolivienne du . Plusieurs sondages le donnent vainqueur dès le premier tour. Le 19 décembre, il obtient 53,7 % des voix[16] et devient le premier Aymara à accéder à la plus haute fonction de l'État. Il a pu compter sur le soutien d'Álvaro García Linera, sociologue qui a théorisé le mouvement social bolivien, et qui occupe maintenant le poste de vice-président. Symboliquement intronisé le par les représentants indigènes sur les ruines pré-incas de Tiwanaku, il prête serment, le lendemain, devant le Congrès en présence d'une dizaine de chefs d'États d'Amérique latine et d'Europe.

Président de la Bolivie

Premier mandat

Le 23 janvier, Evo Morales nomme un gouvernement composé de seize ministres issus du MAS et des mouvements indigènes, paysans et syndicaux. Pour la première fois, une femme, Alicia Munoz Ale, obtient le ministère de l'Intérieur. Lors du discours qu'il prononce en cette occasion, Morales réaffirme sa volonté de « changer le modèle néolibéral » et de combattre la corruption, exigeant des membres de son gouvernement un « niveau zéro de corruption et de bureaucratie »[17].

Ses premières annonces concernent :

  • la production de coca : il affirme sa volonté de lutter contre le trafic de drogue et que l'une des lignes de son futur gouvernement sera : « zéro cocaïne, zéro trafic de drogue ». Mais il précise : « il ne peut y avoir, sous prétexte de lutte contre la drogue, zéro coca ou zéro cocaleros (le nom des cultivateurs de coca), il faut changer ces politiques ». Il désire, dans cette optique, voir dépénalisée au niveau international la culture de la coca. La mastication de la feuille de coca est une tradition millénaire[18] en Bolivie, et l'effet, bien que procurant une stimulation, n'a que fort peu à voir avec celui de la cocaïne[19]. Les opposants de Morales l'accusent d'utiliser le prétexte de la défense d'une culture traditionnelle pour couvrir le trafic de drogue[20] ;
  • la présence militaire étrangère : concernant les États-Unis, il estime que sous couvert de lutte contre la culture de la coca, les États-Unis installent des bases militaires. Il estime qu'actuellement « dans le cadre de politiques de lutte contre le trafic de drogue, les forces armées et la police sont subordonnées à des forces étrangères armées et en uniforme ». S'y opposant, il ajoute : « nous mènerons la lutte contre le trafic de drogue, mais sans aucune intervention policière ni militaire d'un pays étranger » ;
  • la gestion des ressources naturelles : il ne compte pas chasser les multinationales du pétrole de son pays, mais nationaliser les entreprises exploitant les ressources naturelles, notamment l'industrie gazière et éventuellement pétrolière.

Une Assemblée constituante est élue en 2006 afin de réformer la Constitution du pays[14]. Finalement, son gouvernement met l'accent sur l'alphabétisation, la pauvreté (augmentation du salaire minimum de 13 % lors de la seule année 2006[14], la distribution de bons scolaires aux foyers pauvres[14], la loi de redistribution des terres[14]) et la mortalité infantile, se souciant ainsi des classes misérables, en majorité indigènes, et largement délaissées auparavant[21]. Il décide également de réduire de moitié son salaire de président et celui des hauts-fonctionnaires[14].

En février 2007, il renvoie son ministre de l'Éducation, Félix Patzi, qui soutenait une réforme de l'éducation mettant l'accent sur les langues indigènes au détriment de l'espagnol, prenant ainsi ses distances avec l'indigénisme radical[14].

En septembre 2008, dans la région de Santa Cruz, des groupes paramilitaires abattent une trentaine de paysans et s'emparent de l’aéroport de la capitale provinciale, ainsi que des champs pétroliers. La facilité avec laquelle ces groupes neutralisent les forces de sécurité locale semble suggérer une complicité de certains responsables policiers, tandis que le Comité civique pro Santa Cruz appelle à la mobilisation contre le gouvernement bolivien. Après plusieurs semaines de vives tensions, le mouvement séparatiste donne des signes d’apaisement[22].

Réélection en 2009

Le 6 décembre 2009, Evo Morales est réélu en obtenant 64 % des voix, contre 27 % à son principal adversaire, le conservateur Manfred Reyes[21],[23],[24]. Le MAS obtient en même temps la majorité absolue au Parlement bolivien. Peu de temps après, Manfred Reyes, mis en examen pour corruption, s'enfuit pour les États-Unis, tandis que l'ex-gouverneur de La Paz, José Luis Paredes, s'exile en Argentine pour des raisons similaires[21]. L'industriel Branko Marinkovic, ancien président du Comité Pro Santa Cruz qui avait aussi appelé au soulèvement contre Morales, prend également la fuite (il est soupçonné d'être lié au complot du boliviano-croate Rozsa Flores, démantelé en avril 2009, et qui visait à assassiner Morales)[25].

Deuxième mandat

Dans la foulée de son élection, fin décembre 2009 à Copenhague, lors du sommet sur le réchauffement climatique, Evo Morales propose un référendum mondial sur le principe d'un tribunal international climatique et de la défense des droits de la Terre mère[26]. En avril 2010, il reprend ces thèmes lors de la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique que son gouvernement a organisée à Cochabamba[27].

Le 2 juillet 2013, l'avion d'Evo Morales est contraint d'atterrir à Vienne après une demande d’atterrissage en urgence car le Portugal, puis l'Espagne, la France (juste avant le passage de la frontière) et l'Italie lui interdisent le survol de leur territoire. Il est retenu à l'aéroport de Vienne durant plus de 13 heures au prétexte qu'il transporte peut-être Edward Snowden[28]. Lors de son retour en Bolivie dans la nuit du 3 juillet 2013, le président Morales exprime son indignation et sa colère sur la façon dont il a été traité, au mépris selon lui du droit international. L'Argentine, le Venezuela, l’Équateur, le Nicaragua, le Surinam, l'Uruguay et Cuba font part de leur soutien à Evo Morales, qui demande « des explications claires et franches » aux pays concernés[28]. Les ambassadeurs de trois pays (Italie, France, Espagne) ainsi que le consul du Portugal sont officiellement convoqués à La Paz. En août 2013, dans les colonnes du Monde diplomatique, Evo Morales publie l'article « Moi, président de la Bolivie, séquestré en Europe[28] », où il dénonce sa séquestration, ce qu'il considère comme un acte de terrorisme d'État. Le ministre français des Affaires étrangères appelle son homologue bolivien pour s'excuser[29].

Réélection en 2014

Il est réélu président au premier tour de l’élection présidentielle le 12 octobre 2014. Il considère que ce vote était « un débat entre deux modèles : les nationalisations et les privatisations » et que « les nationalistes l'ont emporté par plus de 60 % ». Cette confortable victoire s'expliquerait par de bons résultats obtenus en matière de politique économique et par les succès rencontrés par les programmes sociaux élaborés par son gouvernement, qui ont permis une réduction de l’extrême pauvreté d'un taux de 38 % en 2006 à 19 % en 2014 selon les chiffres des Nations unies [30],[31]. Evo Morales s'engage alors à éliminer l’extrême pauvreté avant 2025[32].

Troisième mandat

Evo Morales en 2017.

Evo Morales promeut notamment le « Buen Vivir », symbole de développement alternatif[33], mariant équilibre écologique et équité sociale[34].

En 2018, il inaugure un nouveau palais présidentiel, la Casa Grande del Pueblo, l'ancien palacio Quemado étant reconverti en musée. Ce nouveau bâtiment, une tour de 29 000 m2 regroupant les services de la présidence, de la vice-présidence et des ministères, comprend également pour le chef de l'État un luxueux appartement de 1 000 m2, avec ascenseur privé, jacuzzi, sauna, salle de gym et salon de massage, ce qui provoque des critiques de l'opposition. L'autorisation de construction a également provoqué une polémique, les constructions hautes étant normalement interdites dans le centre-ville de La Paz[35].

Référendum perdu de 2016

Le souhait d'Evo Morales de briguer un quatrième mandat est évoqué, mais la Constitution le lui interdit. Pour supprimer cet obstacle, qu'il a pourtant instauré en 2009, Evo Morales convoque un référendum constitutionnel.

Au cours de la campagne, des accusations de corruption sont lancées à son encontre. Evo Morales aurait usé de son influence en faveur de Gabriela Zapata, qui a été sa compagne dix ans auparavant, pour permettre à l'entreprise dont elle compte parmi les dirigeants de signer des contrats avec le gouvernement pour des centaines de millions de dollars. Des enquêtes judiciaires sont alors ouvertes[36]. La polémique prend de l'ampleur lorsque Gabriela Zapata accuse le président d'avoir eu avec elle un fils qu'il aurait refusé de reconnaître. Au sujet des affaires judiciaires le concernant, Evo Morales est finalement innocenté des accusations de corruption par le rapport d’enquête, après le déroulement du scrutin, tandis qu'une comparaison d'ADN constate l'absence de lien de parenté entre le président et l'enfant présenté comme étant son fils[37].

Le 22 février 2016, le « non » l'emporte avec 51,3 % des suffrages, ce qui constitue la première défaite électorale d'Evo Morales[36],[38]. Pour Evo Morales, cette défaite électorale serait essentiellement due aux accusations calomnieuses lancées contre lui, qui n'ont été démontées qu'après le scrutin[39].

Décision du Tribunal constitutionnel

Evo Morales en .

Néanmoins, le Mouvement vers le socialisme cherche des solutions pour contourner ce refus populaire d'une nouvelle candidature de son dirigeant[40]. Les partisans du gouvernement désignent le 21 février (date du référendum) comme le « jour du mensonge ». Une enquête effectuée par Market Opinion Research International (Ipsos MORI) indique que 53 % de ses sondés auraient été influencés par l'affaire Zapata au moment de voter. Juan Ramón Quintana, ministre de la Présidence, affirme en décembre 2016 que la campagne du référendum a fait l'objet d'une « conspiration » et d'un coup d’État « politico-médiatique », invoquant notamment « la relation entre l’auteur de la dénonciation sur le supposé fils d’Evo et l’ambassade nord-américaine »[41],[42]. Il déclare ainsi envisager « la possibilité de remettre en question les résultats », et Evo Morales lui-même indique qu'il entend se représenter, malgré sa promesse du début de sa présidence d'exercer le pouvoir « temporairement »[20],[43].

Saisi par le parti, le Tribunal constitutionnel bolivien décide, le , de supprimer la limitation de mandats présidentiels[40]. Dans sa décision, non susceptible d'appel, le tribunal cite la Convention américaine relative aux droits de l'homme et estime que le droit à briguer librement une fonction est supérieur aux dispositions prévues dans la Constitution[40],[43]. Pour pouvoir se présenter à un troisième mandat, Evo Morales avait déjà précédemment obtenu de la justice que son premier mandat, ayant débuté avant l'adoption de la Constitution en 2009, n'entre pas en ligne de compte[43]. Selon l'avocat constitutionnaliste Bernardo Wayar, il s'agit d'une « rupture de l'ordre constitutionnel, cela veut dire que n'importe quel criminel pourrait se présenter »[44].

Dans la foulée de cette décision de justice, Evo Morales annonce sa candidature à un quatrième mandat, invoquant une nécessaire « stabilité »[45].

Le 10 avril 2019, le Sénat des États-Unis adopte une résolution demandant à Evo Morales de ne pas se présenter à l’élection présidentielle. Douze parlementaires boliviens d'opposition demandent à Donald Trump d’intervenir en ce sens et que « l’OEA fasse de même afin d’éviter la consolidation de la dictature totalitaire d’Evo Morales »[46]. Pendant la campagne, le secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro, avait soutenu la possibilité pour Morales de présenter sa candidature à un quatrième mandat[47].

Premières contestations

Au soir des élections générales, le , les résultats préliminaires donnent Evo Morales en ballotage, moins de 10 points le séparant de son plus proche adversaire, l’ancien président Carlos Mesa. Mais la durée de la suspension du dépouillement dans l'attente du décompte des bulletins des zones rurales et des Boliviens de l’étranger, qui sont traditionnellement favorables au président socialiste, suscite des interrogations : des observateurs et l'opposition dénoncent une initiative du pouvoir sortant visant à gagner du temps afin de pouvoir truquer les résultats[48],[49]. Une crise politique s’ensuit, avec l’éclatement de protestations et émeutes.

Crise politique post-électorale

Evo Morales revendique la victoire le , et dénonce la grève générale lancée par l’opposition et les comités de la société civile comme étant une tentative de « coup d'État ». Une partie radicale de l'opposition lui lance alors un ultimatum, et Luis Fernando Camacho appelle l'armée à « se ranger aux côtés du peuple »[50],[51]. Le président sortant est finalement proclamé vainqueur dès le premier tour avec 47,1 % des voix, contre 36,5 % pour Carlos Mesa[52].

Alors que les manifestations se prolongent, faisant trois morts et quelque 200 blessés[53],[54] et que Morales table sur un second tour, comme proposé au départ par l'Organisation des États américains (OEA)[44], les autorités boliviennes acceptent l’ouverture d’un audit réalisé par l’OEA et proposent à la Communauté civique de Carlos Mesa de s'y associer. Mais cette dernière dénonce un accord conclu sans représentants de la société civile ni partis politiques, et réclame la tenue d'un nouveau scrutin[53],[55]. Les 8 et , plusieurs unités policières se mutinent, et le président appelle au dialogue avec les partis représentés au Parlement, mais pas avec les comités de la société civile ayant lancé la contestation. L’offre est refusée par Carlos Mesa et les formations politiques[53]. Dans la foulée des événements, le , il est rapporté que les maisons de la sœur d'Evo Morales et des gouverneurs du Mouvement vers le socialisme des départements de Chuquisaca et d'Oruro ont été incendiées[56],[57].

Le , l’OEA fait état d'irrégularités et réclame un nouveau scrutin, indiquant : « En tenant compte des projections statistiques, il est possible que le candidat Morales soit arrivé premier et le candidat Carlos Mesa second. Néanmoins, il est statistiquement improbable que Morales ait obtenu les 10 points de différence pour empêcher un second tour[46],[58]. » Au contraire, un papier du Center for Economic and Policy Research (CEPR) indique que « l’analyse statistique des résultats des élections et des feuilles de dépouillement des élections du 20 octobre en Bolivie ne montre pas que des irrégularités ou des fraudes ont affecté le résultat officiel procurant au président Evo Morales une victoire au premier tour »[59].

Démission

À la suite des conclusions de l'OEA, qui mettent en lumière l'ampleur des irrégularités qui vont au-delà de la simple convocation d'un second tour[44], Evo Morales annonce le renouvellement de l'ensemble des membres du Tribunal électoral suprême et la tenue d'une nouvelle élection présidentielle[53],[60]. La situation continue de se dégrader en cours de journée : des manifestants prennent possession des médias publics et retiennent en otage des membres des familles de personnalités politiques proches du président, ce qui entraîne la démission de plusieurs ministres et députés. Le commandant en chef des armées, entouré d'officiers, appelle Evo Morales à démissionner, comme l'y autorise une loi organique[44]. Celui-ci, ayant également perdu le soutien d'une partie du mouvement indigène[20], démissionne dans la soirée[61] depuis son fief de Chimoré, à Cochabamba, où il s'était retranché[62].

En plus du président, le vice-président Álvaro García Linera, président de l'Assemblée législative plurinationale, qui fait office de successeur constitutionnel, démissionne lui aussi en dénonçant un « coup d'État »[63],[64]. Dans la foulée, après les démissions de la présidente de la Chambre des sénateurs, du président de la Chambre des députés et du premier vice-président de la Chambre des sénateurs, Jeanine Áñez, seconde vice-présidente de cette dernière chambre, se déclare chargée de l'intérim présidentiel[65],[66],[67]. Evo Morales déclare alors : « Le coup d’État le plus astucieux et le plus odieux de l’histoire a eu lieu. Une sénatrice issue d’un coup d’État de droite se proclame présidente du Sénat, puis présidente par intérim de la Bolivie sans quorum législatif, entourée d’un groupe de complices et dirigée par l’armée et la police, qui répriment le peuple »[67].

Dans son rapport final rendu le 5 décembre 2019, l'OEA estime qu'il y a eu une « manipulation délibérée » des résultats, et que l'écart réel entre Morales et Mesa est en réalité « minime », impliquant une « série d'opérations délibérées destinées à altérer la volonté exprimée dans les urnes »[68].

Une étude publiée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) en mars 2020 soutient au contraire qu'« Il n'y a aucune preuve statistique de fraude que nous puissions trouver [...] Dans l’ensemble, l’analyse statistique et les conclusions de l’OEA semblent profondément erronées »[69]. Selon le New York Times du , une étude de trois chercheurs indépendants montre que l'enquête diligentée par l'OEA présente des problèmes méthodologiques[70],[71].

Économie

Au sujet de la gestion des ressources naturelles, il ne compte pas chasser les multinationales du pétrole de Bolivie mais renforcer le rôle de l’État, notamment dans les industries gazière et pétrolière, et accroître la proportion revenant à la Bolivie des richesses produites par l'exploitation de ces ressources. En mai 2006, il annonce des contrats d'exploitation des ressources pétrolières plus contraignants pour les compagnies étrangères et étend les prérogatives de la compagnie publique nationale[72]. Une vingtaine d’entreprises reviennent dans l’administration publique après avoir été privatisées par les gouvernements précédents[73].

En février 2009, il conclut un accord avec l'industriel français Vincent Bolloré, à qui il accorde l'accès au lithium du salar d'Uyuni  qui abrite la majorité des réserves mondiales de ce produit  pour sa production de batteries de voitures électriques. Mais Morales renonce finalement au projet en raison de l’hostilité des autochtones[20].

La Bolivie atteint en 2013 son record historique de croissance économique avec un taux de 6,5 %[74]. Entre 2005 et 2013, le PIB par habitant est multiplié par deux[75]. Par ailleurs, l'indice de Gini sur les inégalités se contracte pour tomber de 0,60 en 2005 à 0,47 en 2015[76]. De plus, l'extrême pauvreté a nettement baissé, passant de 38 % à 15 %[77],[78].

Droit du travail et retraites

À partir de février 2008, la réforme des retraites institutionnalisée par son gouvernement permet à tous les retraités boliviens (dont seul un sur cinq disposait d'une retraite auparavant) de percevoir un revenu correspondant à 40 % du salaire minimum[79]. Une nouvelle réforme est engagée en 2010 pour abaisser l'âge d'accès à la retraite à 58 ans[80].

Le salaire minimum est régulièrement rehaussé pour atteindre une hausse de près de 300 % depuis 2007 en 2016[73]. En décembre 2016, la Bolivie détient le taux de chômage le plus faible d'Amérique du Sud (4,1 %)[81], soit deux fois moins qu'en 2006[82].

Santé et éducation

De 2007 à 2014, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le budget alloué à la santé a progressé de 173 %, ce qui ferait de la Bolivie l'un des pays d’Amérique du Sud les plus déterminés à donner priorité à la santé[83]. L’Organisation panaméricaine de la santé indique en 2015 que les campagnes de vaccination ont permis d'éliminer ou de réduire significativement la poliomyélite, la rubéole et la rougeole[84]. En 2017, l'OMS déclare que la mortalité infantile a reculé de 50 % et la sous-nutrition chez les enfants de 14 % en une décennie[85].

En 2006, Evo Morales a voulu s'inspirer de la campagne d’alphabétisation de la révolution cubaine en 1960 et a envoyé dans les campagnes des milliers d’enseignants. Près d’un million de personnes ont ainsi appris à lire et à écrire. À la fin de l'année 2008, Evo Morales annonce que la Bolivie s'est libérée de l’analphabétisme selon les standards posés par l'Unesco, le taux d’analphabétisme étant passé sous les 4 % (contre 13 % en 2005) selon les statistiques gouvernementales. La Bolivie serait ainsi devenue le troisième pays de la région « libre d’analphabétisme » après Cuba en 1961 et le Venezuela en 2005[86],[87]. En 2019, l’analphabétisme ne touche plus que 2,7 % de la population. La Bolivie investit 7,7 % de son PIB dans l’éducation, un record en Amérique latine, et nombre d’écoles et le taux d’enfants scolarisés ont nettement augmenté. Néanmoins, la qualité de l’éducation publique reste critiquée[82].

Questions sociétales

La Constitution bolivienne adoptée en 2009 est l’une des premières au monde à interdire expressément la discrimination sur la base de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre[88]. Le mariage homosexuel reste toutefois illégal[88]. En 2010, le Parlement adopte la loi contre le racisme et toutes les formes de discriminations, qui prohibe notamment les discriminations des personnes homosexuelles par des entreprises ou des individus et rend possible d’éventuelles condamnations[89]. En 2016, une loi permet aux transgenres de pouvoir changer l'indication de leur nom et de leur sexe sur leurs papiers d'identité, après consultation d'un médecin, sans avoir recours préalablement à une opération de changement de sexe[90]. Depuis 2017, le mariage leur est également possible[91].

La proportion de femmes dirigeantes syndicales, ministres ou députées a sensiblement augmenté. En 2017, la Bolivie est le deuxième pays au monde avec la plus importante proportion de femmes au sein de son Parlement (52 % à l'Assemblée nationale, 47 % au Sénat)[92].

Selon le ministre bolivien Carlos Romero, le gouvernement d'Evo Morales est confronté à un taux de criminalité supérieur à certains pays voisins, le taux d'homicides, de 10,8 pour 100 000 habitants, dépassant ceux de l'Argentine, du Pérou, du Chili et de l'Équateur, mais restant inférieur à la moyenne latino-américaine[réf. souhaitée]. Divers facteurs en seraient les causes, les principaux étant la consommation excessive de boissons alcooliques, l'usage d'armes à feu et la consommation de drogues[93]. En 2016, le taux d’homicides recule à 8,5 pour 100 000 habitants[94].

Affaires étrangères

En juillet 2007, l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) est accusée d’acheminer des financements aux groupes d’opposition. Les autorités avaient intercepté des documents évoquant la nécessité de financer des programmes pour « rétablir un gouvernement démocratique »[22]. Selon des informations dévoilées par WikiLeaks, les États-Unis auraient versé 4 millions de dollars en 2007 à des organisations séparatistes de Santa Cruz afin de déstabiliser le gouvernement bolivien[95].

En 2008, l'ambassadeur américain Philip Goldberg et la DEA sont expulsés, accusés d'espionnage et d'opérations de déstabilisation. La Bolivie était alors confrontée à une opposition sécessionniste de la part de certaines provinces, notamment de Santa Cruz. À la suite de cela, les États-Unis ont retiré à la Bolivie le bénéfice de l'Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act et l'ont classée comme l'un des « mauvais élèves » de sa « guerre contre la drogue »[96].

La Bolivie adhère en 2006 à l'Alliance bolivarienne pour les Amériques, fondée à l'initiative de Cuba et du Venezuela, et devient membre permanent du Mercosur en 2015.

Les problématiques relatives à l’environnement constituent l'axe majeur de la politique extérieure d'Evo Morales[97]. Depuis l’échec de la Conférence de Copenhague de 2009, la Bolivie tente de lancer un front écologique alternatif pour redéfinir les engagements internationaux dans la lutte contre le changement climatique, qui se matérialise en 2010 avec l'organisation de la Conférence mondiale des peuples contre le changement climatique[97],[98].

À partir du , Evo Morales assure pour la Bolivie la présidence pro tempore de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR). Cependant, le , l’Argentine, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Paraguay et le Pérou annoncent leur retrait de l’organisation pour une durée indéterminée, sur fond de pression du gouvernement fédéral des États-Unis et de désaccord du Venezuela et de la Bolivie sur la candidature argentine de José Octavio Bordón (es) au poste de secrétaire général de l’UNASUR[99].

En janvier 2019, il assiste à l'investiture du président brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro[100]. Le même mois, il accepte d'extrader Cesare Battisti vers l'Italie, provoquant des critiques au sein de son camp et recevant le soutien de l'opposition[101].

Après la présidence

Départ en exil

Evo Morales au Mexique ().

Un mandat d'arrêt est émis contre lui le [102]. Le même jour, il part avec sa famille et son vice-président en exil au Mexique, présidé par son allié Andrés Manuel López Obrador, après l'avoir sollicité en ce sens[103],[104]. L'avion mexicain rencontre des difficultés à obtenir l'autorisation des autorités péruviennes et équatoriennes pour survoler leur territoire, mais il peut finalement faire escale dans ces pays[105]. Le 13 novembre, lors d'une conférence de presse à Mexico, il appelle au dialogue et promet de revenir « tôt ou tard » pour pacifier le pays[106].

Jeanine Áñez déclare qu'en cas de retour dans le pays, il risquerait des poursuites pour fraudes électorales et pour corruption[107] et qu'il n’est pas éligible à un quatrième mandat[108]. Le 23 novembre, le Sénat et la Chambre des députés approuvent l’annulation des élections générales d’octobre et l'interdiction pour un chef de l’État ayant déjà effectué un deuxième mandat d’en faire un troisième[109],[110], ainsi qu'une loi d'amnistie pour Morales  contre qui le gouvernement provisoire a porté plainte la veille pour « sédition » et « terrorisme »[111] , que la présidente par intérim rejette cependant[112].

Poursuite de la crise politique

Le 8 décembre, Evo Morales est nommé directeur de campagne de son parti pour les élections générales boliviennes de 2020[113].

Après une brève étape cubaine, Evo Morales se réfugie le 13 décembre en Argentine, présidée depuis quelques jours par Alberto Fernández[114]. Un mandat d'arrêt international est émis contre Morales le 15 décembre[115]. Lors de son exil argentin, il affirme être encore le président du pays jusqu'au 22 janvier 2020[116]. Il propose de créer des milices sur le modèle de la Garde nationale vénézuélienne dans le cas où il rentrerait d'exil[117]. Il adoube ensuite l'ancien ministre de l'Économie Luis Arce comme candidat présidentiel du MAS[118]. L'Aymara David Choquehuanca a d'abord été annoncé comme précandidat[119], alors que le jeune syndicaliste Andrónico Rodríguez avait les faveurs de Morales[120].

Le 21 janvier 2020, le Parlement accepte sa démission[121].

Le 3 février, Morales annonce sa candidature pour un siège de sénateur[122]. Le 10 février, le Tribunal suprême électoral donne deux jours à Morales pour compléter son dossier de candidature, sous peine d'être empêché de participer au scrutin. Le MAS peut aussi le remplacer[123]. Le 20 février, sa candidature pour le Sénat est invalidée au motif qu’il ne réside pas en Bolivie[124].

Élections générales de 2020 et retour du MAS au pouvoir

En juillet-août 2020, les partisans de l'ancien président organisent de nouvelles manifestations et des blocages de routes, alors que, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, le gouvernement tente de reporter de le scrutin pour la troisième fois, ce qui est dénoncé par le MAS comme une réaction à la possibilité pour Arce de remporter le scrutin. Le 14 août, le Tribunal suprême électoral adopte une résolution empêchant tout nouveau report[125]. En août 2020, il est accusé par le gouvernement de transition de Bolivie d'avoir eu des liaisons avec deux mineures, dont l’une aurait eu un enfant avec lui à l’âge de 15 ans[126],[127]. Au début du mois, le gouvernement accuse également l'ancien président d'être derrière les blocus des routes, qui ont provoqué des dizaines de morts dans les hôpitaux du fait de pénuries d'oxygène[128]. En septembre 2020, Human Rights Watch accuse le gouvernement intérimaire de persécutions politiques par manipulation de la justice à l'égard de l'ancien président[129]. Le 18 octobre 2020, Luis Arce est élu président. Son investiture a lieu le 8 novembre suivant.

Retour en Bolivie

Le 26 octobre 2020, la justice annonce lever le mandat d'arrêt émis contre Morales pour « sédition et terrorisme »[130].

Le 9 novembre, au lendemain de l'investiture de Luis Arce et un an après son départ du pouvoir, Evo Morales rentre en Bolivie[131]. Après avoir marché plus de 1200 km à pied de Villazón, ville du sud du pays située à la frontière avec l'Argentine, et visité sa maison familiale située dans sa ville natale à Isallave, il arrive dans son fief de Chimoré à Cochabamba le 12 novembre[132].

Ce retour se déroule en l'absence de son dauphin. Selon l'analyste Carlos Cordero, « Evo Morales est un leader historique mais le pouvoir est aujourd'hui dans les mains de Luis Arce »[132].

Evo Morales est reconduit le 17 novembre 2020 à la tête du MAS, dont il reprend la présidence « active »[133]. Le 15 décembre, à l'occasion d'un bureau politique de son parti organisé en vue d'arrêter les listes de candidats pour les élections locales de 2021, il fait l'objet de jets de chaises[134].

Le , quatre mois après l’investiture de Luis Arce à la tête du pays, les élections municipales et régionales marquent un net recul du MAS, qui perd les principales municipalités boliviennes, dont Cochabamba, le fief d'Evo Morales[135].

Activité de footballeur

Grand passionné de football, Evo Morales signe, à l'âge de 54 ans, un contrat professionnel d'une année en mai 2014 pour jouer en première division bolivienne avec le club de Sport Boys Warnes[136].

Discours

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  • (fr) Pour en finir avec l'État colonial : discours d'investiture présidentielle (préface de Danielle Mitterrand, traduit de l'espagnol par l'association Le Jouet enragé), Le Jouet enragé, L'Esprit frappeur, Paris, 2006, 87 p. (ISBN 2-84405-227-4)

Notes et références

Notes

  1. Président de la République de Bolivie du au , puis président de l'État plurinational de Bolivie depuis l'approbation de la nouvelle Constitution le .
  2. Prononciation en espagnol d'Amérique retranscrite selon la norme API.

Références

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  26. Cf. site Primitivi.
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  134. « Bisbille. En Bolivie, Evo Morales se fait chahuter par son parti », sur Courrier international, (consulté le ).
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  136. (es) Evo Morales jugará en la Primera División de Bolivia, mundodeportivo.es, 18 mai 2014.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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  • (en) Betilde Muñoz-Pogossian, Electoral rules and the transformation of Bolivian politics : the rise of Evo Morales, Palgrave Macmillan, Basingstoke, New York, 2008, 240 p. (ISBN 978-0-230-60819-1).
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  • Hervé Do Alto et Pablo Stefanoni, Nous serons des millions : Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie, Éditions Raisons d'agir, Paris, 2008, 124 p. (ISBN 978-2-912107-39-8).
  • Denis Rolland et Joëlle Chassin (dir.), Pour comprendre la Bolivie d'Evo Morales, L'Harmattan, Paris, 2007, 447 p. (ISBN 978-2-296-04494-4).
  • René BOUGIE, L'étatisation de la justice autochtones paysanne communautaire en Bolivie, un nouveau défi à relever, Sherbrooke, Éditions Revue de Droit de l'Université de Sherbrooke, 2011.

Filmographie

  • Abya Yala es nuestra/Abya Yala nous appartient, film documentaire de Patrick Vanier réalisé en 2007 en France et en Bolivie, France-Amérique Latine 33, Bordeaux, 2008?, 80 min (DVD).

Liens externes

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