Edward Heath

Né dans un milieu ouvrier[1]^,[2]^,[3], fils d'un charpentier et d'une domestique, Edward Richard George Heath est né à Broadstairs dans le Kent.

Il devient étudiant de philosophie, politique et économie au Balliol College à l'université d'Oxford, où grâce à ses talents musicaux, il obtient une bourse d'étude pour organistes universitaires (organ scholarship). Il est remarqué par Winston Churchill pour ses vues opposées à la politique d'apaisement à l'égard de Hitler, vues qu'il exprime notamment en soutenant le candidat anti-munichois A.D. Lindsay lors d'élections partielles à l'automne 1938[1]. Churchill deviendra son mentor[3].

Heath rejoint l'armée britannique le 22 mars 1941. Il est lieutenant dans la Royal Artillery. Pendant la guerre, il sert à Liverpool. En 1944, Heath participe au Débarquement de Normandie, où il rencontre Maurice Schumann[4]. Il est démobilisé en août 1946 et il est promu au rang de lieutenant-colonel le 1^er mai 1947.

Élu député conservateur de Bexley en 1950 par une courte victoire[1]^,[2], Heath siège à la Chambre des communes jusqu'en 2001.

Il est d'abord responsable de l'organisation du groupe parlementaire conservateur (Chief whip)[3]. En tant que plus ancien membre, il était devenu le « Doyen de la Chambre » (Father of the House).

Edward Heath en 1960.

Il est ministre du Travail en 1959 puis lord du sceau privé dans le cabinet Harold Macmillan en 1960 chargé des négociations pour l'adhésion du Royaume-Uni à la CEE mais se heurte au veto de De Gaulle en 1963[2]^,[3]. En 1963, il est toutefois lauréat du prix international Charlemagne.

Dans le gouvernement d'Alec Douglas-Home (1963-1964), il est ministre du Commerce (President of the Board of Trade) et secrétaire d'État au Commerce, à l'Industrie et au Redéploiement régional. Il procède en partie à la libéralisation des prix[3].

En 1965, il succède à Douglas-Home à la tête du Parti conservateur et mène la campagne électorale victorieuse de 1970 qui l'envoie au 10 Downing Street[2].

Ce fils de charpentier qui détone au Parti conservateur ne gouverne le Royaume-Uni que pour un seul mandat, marqué par la contestation sociale et les difficultés économiques. Il se démarque explicitement de l'approche politique et économique prédominante des années 1950 et 1960 pour faire reculer le rôle de l'État, au même titre que Margaret Thatcher quelques années plus tard, mais sans pouvoir bénéficier comme elle d'un soutien populaire suffisamment consensuel[3]^,[5]. Il nomme un gouvernement composé de figures connues du Parti conservateur, comme Douglas-Home aux Affaires étrangères, Macleod à l'Échiquier ou encore Maudling à l'Intérieur ; mais le charismatique Iain Macleod décède brutalement le 20 juillet 1970, ce qui porte un coup considérable au gouvernement comme au Parti[6].

Il parvient à faire entrer le Royaume-Uni dans la Communauté économique européenne après avoir convaincu une opinion publique et un parti conservateur plutôt tièdes. « C'est le plus beau jour de ma vie » s'exclame-t-il lorsqu'il signe le traité d'accession de son pays à la Communauté européenne au Palais d'Egmont à Bruxelles le 24 janvier 1972[2]. Par le biais du référendum, le président Georges Pompidou avait auparavant fait lever le veto français mis par de Gaulle à l'entrée du Royaume-Uni. L'entrée en vigueur du traité a lieu le 1^er janvier 1973, date à laquelle la Communauté s'élève à neuf membres avec le Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark[3].

Son gouvernement reconnait rapidement le régime militaire d'Augusto Pinochet au Chili et entretient de bonnes relations avec lui, en dépit de la répression qu'il organise dans le pays[7].

Il est aussi le Premier ministre qui envoie l'armée britannique en Irlande du Nord, mais sans parvenir à résoudre ce conflit[2].

Critiqué dans son parti, notamment par l'aile thatchérienne, Edward Heath, qui se veut libéral sur le plan économique, mais progressiste sur le plan social, cristallise sur lui le mécontentement populaire.

En 1974, une grève de mineurs, dirigée notamment par Arthur Scargill, pousse Edward Heath à convoquer des élections législatives anticipées[2]. Il perd le pouvoir au profit du travailliste Harold Wilson.

Edward Heath en 1987.

En 1975, il est battu à l’élection pour la direction de son parti par Margaret Thatcher[3], qui dénonce le « socialisme sournois » de son prédécesseur.

Heath continue à exprimer occasionnellement ses positions pro-européennes dans un pays et un parti gagnés par l'euroscepticisme.

Il met fin à son engagement politique en 2001 et meurt à l'âge de 89 ans, le 17 juillet 2005, à Salisbury, d'un cancer intestinal. Il est enterré dans la cathédrale de Salisbury.

Membre de la commission Brandt, il participe donc à l'élaboration du Rapport Nord-Sud (1980).

Passionné de voile (il possédait un bateau nommé Morning Cloud, vainqueur du tour de l'île de Wight 1971), doté d'un très grand sens de l'humour, il était aussi un musicien accompli. Il fut même tenté un moment par une carrière de chef d'orchestre.

Il est un des seuls Premiers ministres qui soit resté toujours célibataire. Il a été chevalier de la Jarretière et membre de l'ordre de l'Empire britannique.

On lui doit des mémoires : The Autobiography of Edward Heath: The Course of My Life, Hodder & Stoughton, 1988 (ISBN 0-340-70852-2), 767 p.

Il est mis en cause en 2015, dix ans après sa mort, dans une affaire de pédophilie supposée[8]^,[9]. Un responsable policier britannique précise fin 2016 que ces accusations sont portées par un nombre « significatif » de personnes[10].

• (en) Robert Blake, The Conservative Party from Peel to Thatcher, Fontana Press, 1985 (ISBN 0-00-686003-6).

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