ERC-90 Sagaie

L’ERC-90 (Engin à Roues, Canon de 90 mm), dit « Sagaie », est un blindé français léger à six roues motrices. Il a été conçu par Panhard sur ses fonds propres en profitant des travaux réalisés en vue d'un concours lancé en 1970 par l’Armée française pour la conception d’un véhicule de l'avant blindé remporté par Renault.

Pour les articles homonymes, voir ERC.

Panhard ERC-90 Sagaie

ERC-90 Sagaie français en 2015.
Caractéristiques de service
Service Depuis 1980 (dans l'Armée de terre)
Utilisateurs France

Argentine
Mexique
Tchad
Côte d'Ivoire
Gabon
Nigeria
Irak

Conflits Force intérimaire des Nations unies au Liban

Guerre de Bosnie-Herzégovine
Guerre du Kosovo
Crise politico-militaire en Côte d'Ivoire
Guerre civile tchadienne
Opération Serval

Production
Concepteur Societe de Constructions Panhard et Levassor
Année de conception 1975
Production 411 exemplaires[1]
Caractéristiques générales
Équipage 3 (conducteur, tireur et chef d'engin)
Longueur 7,7 m (avec tourelle TS90)
Largeur 2,50 m
Hauteur 2,25 m
Masse au combat 8,3 t à 9,5 t
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Type 10 mm d'acier offrant une protection contre les balles de 7.62 mm à 30 mètres
Armement
Armement principal 1 canon CN90 F1 de 90 mm (appelé précédemment D-921F1)

ou
1 canon CN 90 F4 de 90 mm (appelé précédemment Super 90)
20 obus

Armement secondaire 2 mitrailleuses AANF1 de 7,62 mm (2 000 cartouches)
Mobilité
Moteur Peugeot V6 (Moteur PRV) (essence)
MTU suralimenté 4 cylindres en ligne (diesel)
Puissance 155 ch (dernière version)(essence)
170 ch (diesel)
Transmission (six rapports vers l'avant et un vers l'arrière)
Suspension ressorts hélicoïdaux et amortisseurs hydrauliques
Vitesse sur route 90 km/h (essence)
95 km/h (diesel)
Puissance massique 16,3 ch/t (9,5 t) à 18,7 ch/t (8,3 t)
Réservoir 242 ℓ
Autonomie 730 km(essence)
800 km (diesel)

Histoire

ERC-90 et P4 au Gabon en 2003.

Le premier véhicule sort en 1977. Il est équipé d'une tourelle Saviem F3 de 90 mm, il s'agit d'un véhicule développé à partir du VCR (Véhicule de Combat à Roues (en)).

Des commandes sont passées par l’Argentine, la France (en décembre 1980, livraison de 1984 à 1990[2]), l’Irak, la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Mexique, le Tchad et le Gabon. Les premières viennent de l'Irak qui veut y adapter ses tourelles UTM-800. Panhard choisit ensuite d’y monter une tourelle plus moderne équipée d'un canon de 90 mm F4. Ce véhicule est un 6 × 6 amphibie dont les deux roues intermédiaires peuvent être relevées. Il est aérotransportable par Transall C 160 et Hercules C 130. Il peut être utilisé en atmosphère contaminée grâce à un système de pressurisation et filtration de l'air (NBC).

Remotorisation et revalorisation

La rénovation (revalorisation) de 160 engins en service, sur les 192 livrés à l'Armée de terre française, a été effectuée. L'opération comprend l'installation d'un moteur diesel, de marque MTU Friedrichshafen (mais siglé Mercedes-Benz), accouplé à une boîte de vitesses automatique Renk ainsi que la valorisation de la tourelle, afin d'améliorer l'observation, la conduite de tir et le commandement. L'achèvement de la rénovation des 160 châssis fut effectif fin 2009. La valorisation de la tourelle (numérisation, etc.) a été abandonnée. Leur consommation sur route est de 25 litres de gazole au 100 km[3].

Courant 2011, Panhard rachète à l'Armée française 24 ERC-90 en version essence[4]. Ces véhicules sont destinés à l'exportation, ils conservent leurs motorisations essence mais voient leurs systèmes aquatiques (hydro-jets) démontés.

ERC-90 Sagaie 2 (bimoteur)

Sagaie 2 au musée de Saumur

Commandé par le Gabon (6 exemplaires), la "Sagaie 2" est un ERC "allongé" équipé de 2 moteurs 4 cylindres Peugeot diesel de 98 chevaux chacun, il s'agit du moteur monté sur le V.B.L. (Véhicule blindé léger). Un prototype équipé de 2 moteurs V6 PRV fut construit, sans lendemain.

Remplacement français

Dans le cadre du programme Scorpion, il est prévu de remplacer ce matériel ainsi que l'AMX-10 RC par l'Engin blindé de reconnaissance et de combat "Jaguar"[5].

Les livraisons devraient débuter en 2021 et porteront sur un maximum de 250 exemplaires d'EBRC[6].

Sans attendre les premières livraisons, l'Armée française retire progressivement le Sagaie du service en le remplaçant sur le terrain par l'AMX-10 RC[7].

ERC 90 F4 Sagaie 2 TTB 190

Engin de reconnaissance basé sur le châssis du ERC-90 Sagaie 2 proposé à l'export et équipé d'une nouvelle tourelle développé par la SAMM (Société d'Application des Machines Motrices) et présenté à l'occasion de "L'Exposition de Materiels d'Armements Terrestres : SATORY X 1985"[8] (Aujourd'hui EUROSATORY). Son développement s'est achevé en 1983 et des essais sur véhicules menés par la STAT ont eu lieu courant 1984[9]


Le véhicule est équipé d'une nouvelle tourelle TTB 190, plus moderne que la tourelle TS90. Cette tourelle dispose de plusieurs degrés de modernité et de protection selon le souhait de l'éventuel acheteur.


La tourelle peut en effet être équipée de deux types de motorisations.

- Electrique dont les vitesses d'évolution en élévation et en rotation sont respectivement de 17°/s et 35°/s avec possibilité de stabilisation deux axes pour le tire en marche[10]

- Hydraulique dont les vitesses d'évolution en élévation et en rotation sont respectivement de 20°/s et 30°/s[10]

Plusieurs types de conduites de tir.

- Conduite de tir SOPTAC à lunette télescopique et télémètre laser au poste tireur avec viseur épiscopique indépendant SOPELEM TJN2-71 au poste chef [10]

- Conduite de tir SOPTAC à lunette télescopique et télémètre laser au poste tireur avec viseur épiscopique indépendant AERITALIA P204 au poste chef[10]

-Conduite de tir SFIM L.R.S 5 à lunette épiscopique et télémètre laser au poste tireur et le choix entyre les deux viseurs cités plus haut au poste chef[10]

Toutes ces options intègrent automatiquement les paramètres de tir sur cible fixes ou mobiles une fois la phase de télémétrie achevée et permettent de mettre au but sur la cible désigné dans 90% des cas jusqu'à 2000 mètres.

Pour le combat de nuit, en plus des itensificateurs de lumière intégrés aux optiques du tireur et du commandant, la tourelle peut également être équipé de la caméra thermique première génération "CASTOR" et de moniteur TV[11]

Deux niveaux de protection balistique

- Tourelle de 3 tonnes avec protection frontale contre les munitions perforantes de 12.7 mm et 14,5 mm à toute distances et une protection à 360 degrés et toutes les distances contre les éclats d'obus et les munitions antipersonnelles telle que la 7.62 soviétique.

- Tourelle de 4 tonnes avec protection frontale à toute distance contre les perforantes de 20 mm et une protections à 360 degrés contre les munitions perforantes de 12.7 mm et 14,5 mm

La tourelle intègre également un dispositif d'aide au chargement du canon par barillet (en plus des 13 autres munitions pouvant êtres stockée en nuque de tourelle) pouvant contenir 10 obus. Ce dispositif si utilisé par un équipage compétent permettrait, véhicule à l'arrêt un taux de feu de 10 coups par minute soit de charger dans le canon, chacun des obus contenu dans le barillet en 6 secondes seulement[10]


Comparé à la tourelle TS90 de GIAT, la tourelle TTB 190 de SAMM ne présentait que des avantages. Malheureusement, jugée trop coûteuse et trop technologique pour être utilisé sur un simple engin de reconnaissance et d'appui tel que l'ERC 90-F4 Sagaie, elle ne sera pas adoptée par l'Armée française. Seul le Gabon en commandera un nombre indéterminé d'exemplaire et bien que des études d'intégration de la tourelle aient été proposées pour le TH 400 Allemand de Thyssen, le Mowag Pirahna, Le Véhicule d'exploration de cavalerie, le M113 et le BMP2 [9]et malgré le fait que ce fût à l'époque, la tourelle de blindé léger la plus moderne et performante sur le marché, aucun pays ne passera commande.

ERC 90 Sagaie 2 équipé de la tourelle TTB 190 et conservé au musée des blindés

Les seuls exemplaires en état de fonctionnement sont donc ceux encore potentiellement possédés par l'Armée gabonaise et l'exemplaire conservé au Musée des Blindés à Saumur.

Utilisateurs

  • Argentine : 12 ERC‑90F1 Lynx commandés en 1979[12]. Ils sont équipés de tourelles électriques Hispano-Suiza F1, dérivée de la tourelle H‑90 et initialement développée pour la Malaisie.
  • Côte d'Ivoire : 7 ERC Sagaie équipés de la tourelle GIAT TS 90[12].
  • Équateur : 12 ERC[12].
  • France : 192 ERC Sagaie réceptionnés[12],[13], 100 en service en 2013[14], 40 au [15]. Voici les unités équipés en 2013 :
  • Gabon : 3 ou 4 ERC Sagaie, 4 ERC-20 Kriss (tourelle équipée de deux canons de 20 mm) et 6 ERC‑2 Sagaie.
  • Irak : 200 VCR sont livrés entre 1980 et 1984 avec une tourelle lance-missiles UTM-800[16]. Plusieurs exemplaires font l'objet d'une rénovation en 2015 par les équipes techniques irakiennes[17].
  • Mexique : 120 ERC Lynx acquis au travers de deux commandes en février 1981 (40 Lynx) et en mai 1981 (80 Lynx)[12]. Les effectifs sont complétés pour atteindre 207 exemplaires. 105 Lynx font partie d'un programme de valorisation pour 107,4 millions de dollars et sont destinés à constituer quatre régiments de reconnaissance.
  • Nigeria : 46 ERC Sagaie dont 23 équipés de la tourelle GIAT TS 90[12].
  • Tchad : 4 ERC Lynx (dont 1 détruit au combat[réf. nécessaire]). 9 ERC-9O donnés par la France le [18],[19].

Références

  1. http://www.army-guide.com/eng/product936.html.
  2. (en) « ERC 90 Wheeled Armoured Vehicles, France », sur http://www.army-technology.com (consulté le ).
  3. Ava Djamshidi, « Biocarburant : les militaires se mettent au vert », sur Le Parisien, (consulté le ).
  4. source : usine Panhard lors de la journée porte ouverte du 17 septembre 2011.
  5. « Projet de loi relatif à la programmation militaire pour les années 2009 à 2014 et portant diverses dispositions concernant la défense », (consulté le ).
  6. Alain Ruello, « Le nouveau calendrier de la modernisation de l’Armée de terre se précise », (consulté le ).
  7. Laurent Lagneau, « Sans attendre l’arrivée du Jaguar, l’Armée de terre retire le blindé ERC-90 Sagaie du service », .
  8. (en + fr + es) SATORY X : Exposition de Matériels d'Armements Terrestres, SOFRESA, p. Volume 2 : Mobilité; pages 104 et 105.
  9. Patrick MERCILLON, « La tourelle SAMM TTB 190 », DEFENSE ET ARMEMENT, , p. 45-49.
  10. (en) Société d'Application des Machines Motrices, Brochure commerciale : TTB 190 turrets.
  11. (fr + en + es) SATORY X:Exposition de Matériels d'Armement Terrestres, SOFRESA, , p. Volume 1 Armes et Munitions pages 128-129.
  12. Pierre Petit, « L’ERC-90 « Sagaie », du désert à la montagne », Areion24.news (DSI), .
  13. (en) « ERC-90 F4 Sagaie » (consulté le ).
  14. « ERC-90 Sagaie », (consulté le ).
  15. Les chiffres clés de la défense édition 2020, Ministère des Armées français, , 36 p. (lire en ligne), p. 22.
  16. Jean-Marc Nesme, « Rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères sur le projet de loi, adopté par le Sénat, autorisant l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République d’Irak relatif à la coopération dans le domaine de la défense » [PDF], sur Assemblée nationale, (consulté le ).
  17. Haidar Sumeri@IraqiSecurity, Iraqi engineers have refurbished AMX-10P and Panhard IFVs/APCs in Basra, southern #Iraq. For security forces, 25 novembre 2015.
  18. « La France remet des blindés à l’Armée tchadienne », sur www.alwihdainfo.com (consulté le ).
  19. « Remise de 9 engins blindés de type ERC-90 à l’Armée nationale tchadienne », sur Ambassade de France au Tchad (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

  • Portail de l’histoire militaire
  • Armée et histoire militaire françaises
  • Portail des chars de combat
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.