Dessaux

Dessaux est une ancienne entreprise française spécialisée dans la production de vinaigre.

Dessaux
Dessaux-Greffier
Dessaux Fils

Création 1824
Disparition 1984
Fondateurs Charles-Prosper-Alexandre Dessaux
Personnages clés Charles-Laurent Dessaux
Jules Dessaux
Paul Dessaux
Ludovic Dessaux
André Dessaux
Siège social Orléans
 France
Activité fabrication de condiments et assaisonnements ; tonnellerie
Produits vinaigre, moutarde, cornichons, tonneaux
Société mère Indépendant (1824-1964)
Amora (1964)
Générale Alimentaire (?)
Générale Occidentale (?)
Boussois-Souchon-Neuvesel (1980)
Effectif 1 800 (v. 1900)
130 (v. 1960)
50 (v. 1980)

La vinaigrerie a été basée à Orléans (Loiret) entre 1824 et 1984. Elle est successivement indépendante puis, dès 1964 dépendante de sociétés mères (Amora, Générale Alimentaire, Générale Occidentale et Boussois-Souchon-Neuvesel (BSN, futur Danone).

La société s'étendra sur plus de 50 sites en France et en Afrique. Elle est l'un des plus importants producteurs de vinaigre et doit sa renommée à la production de vinaigre d'Orléans selon le procédé artisanal dit de méthode d'Orléans entre sa création et le milieu du XIXe siècle. Elle adopte par la suite des techniques de fabrication industrielle.

L'entreprise prend le nom de Dessaux-Greffier vers 1840 puis de Dessaux Fils.

Géographie

L'ancienne vinaigrerie Dessaux dans le centre-ville d'Orléans

Les premières implantations de la vinaigrerie sont situées dans le centre-ville d'Orléans, sur la rive nord de la Loire, dans les rues de la Tour-Blanche et des Africains[1], un entrepôt est situé sur le quai du Roi[2].

À La Chapelle-Saint-Mesmin, commune située à l'ouest d'Orléans, l'entreprise dispose d'un entrepôt, d'une distillerie et d'une verrerie[2].

Dans les années 1950, l'entreprise compte vingt centres de production en France (Cherbourg, Jarnac, Montrouge, Niort, Rennes, Tours...)[3] et six en Afrique (Algérie, Maroc, Tunisie, Égypte)[4],[5].

Histoire

Charles-Prosper-Alexandre Dessaux travaille chez les vinaigriers orléanais Greffier-Hazon dès le début de la Révolution française en 1789 puis choisit de créer sa propre entreprise en 1824[1],[6].

À partir de 1840, Charles-Prosper-Alexandre Dessaux et son fils Charles-Laurent codirigent l'entreprise qui prend le nom de Dessaux-Greffier[1].

Après la retraite de Charles-Prosper-Alexandre Dessaux, Charles-Laurent gère l'entreprise avec son frère Jules. La vinaigrerie change à nouveau de nom et devient Dessaux Fils[1].

À la suite d'un différend avec Jules, qui part fonder une vinaigrerie concurrente, Charles-Laurent choisit son fils aîné Paul pour diriger l'entreprise[7].

De 1872 à 1903, Ludovic, deuxième fils de Charles-Laurent, prend la direction de l'entreprise et modifie les techniques de fabrication. La production de vinaigre passe de 3 500 000 litres en 1872 à 12 000 000 litres en 1900[7].

L'entreprise se dote d'une tonnellerie afin de pouvoir faire face à l'augmentation de sa production. Au début du XXe siècle, elle fabrique 25 000 tonneaux de 100 litres en chêne par an pour l'expédition et possède 5 000 vaisseaux en chêne de 250 litres pour la production[8].

Vers 1900, l'entreprise emploie environ 1 800 personnes[2].

Dans l'édition datée de 1912 de l’annuaire de l'union fraternelle du commerce et de l'industrie, Dessaux Fils déclare une vente annuelle de vinaigre de 13 000 000 litres et de 650 000 kg de moutarde[9].

Pendant le Seconde Guerre mondiale, André Dessaux, dirigeant de l'entreprise, Résistant et futur maire d'Orléans, est arrêté par la Gestapo et déporté en Allemagne nazie[10]. Les installations Dessaux ne sont pas touchées par les bombardements de la ville et la production peut reprendre dès la fin du conflit[4].

À partir de 1957, la fabrication du vinaigre est effectuée dans des fermenteurs de type Acetator, la production artisanale selon le procédé d'Orléans est abandonnée[4].

En 1960, l'entreprise n'emploie plus que 130 personnes à l'année[11].

Dessaux fils, alors dirigé par Henri Dessaux, est racheté en 1964 par l'entreprise française Amora de Raymond Sachot. L'entreprise avait également été contacté par Maille dirigé par André Ricard[12]. L'ensemble porte pendant une période le nom d’Amora-Dessaux[11].

La vinaigrerie de Jarnac, rachetée en 1957, est fermée en 1966[4].

La tonnellerie orléanaise est fermée en 1967, les tonneaux de chêne sont remplacés par des jerricans en plastique. La moutarderie du site orlénais est transférée à Yvetot (Seine-Maritime)[4].

Elle change dans les années suivantes plusieurs fois de main ; elle est intégrée à l'entreprise agroalimentaire française de la Générale Alimentaire, puis passe sous contrôle de l'entreprise française de la Générale Occidentale[11]. En 1980, Boussois-Souchon-Neuvesel (BSN) rachète Dessaux fils qui emploie alors une cinquantaine de personnes. La même année, les terrains et bâtiments de l'entreprise sont vendus à la municipalité d'Orléans. La société devient locataire[13].

À Orléans, la fabrication du vinaigre est arrêtée en juillet 1984 et l'entreprise définitivement fermée le 15 décembre 1984[13].

Culture

Dessaux Fils passe plusieurs commandes pour le marché international aux céramistes Aimé Henry et Jeanne Champillou : entre 1948 et 1952, 30 000 pièces d'un moutardier (modèle 1789)[14] ; entre 1951 et 1955, un nombre indéterminé d'un autre modèle de moutardier (modèle 1830)[15]. Certains de ces pots à moutarde sont exposés au musée de la marine de Loire à Châteauneuf-sur-Loire (Loiret)[16] et au musée historique et archéologique de l'Orléanais à Orléans.

Vers 1955, l'affichiste Edgard Derouet et le dessinateur Paul Fromentier s'associent pour réaliser une illustration vantant la moutarde Dessaux Fils sur laquelle figurent un mouton, un bœuf et un cochon regardant tristement un pot de moutarde et la mention « Elle nous aura ! ». L'illustration est utilisée pour représenter la marque sur des affiches, des buvards et des moutardiers[17].

La direction de l'entreprise a mis peu à peu en place un musée ayant pour thématique la fabrication du vinaigre. À la fermeture de l'entreprise en 1984, les pièces du musée ont été déménagées dans une autre société du groupe BSN à Dijon (Côte-d'Or)[13].

Plusieurs séquences de la série télévisée française Les Brigades du Tigre ont été tournées dans les locaux de l'entreprise Dessaux[13].

Dans les années 2000 et 2010, sous les mandatures de Serge Grouard, l'idée de reconvertir le bâtiment de la vinaigrerie orléanaise en centre d'Art est évoquée puis abandonnée[18].

Notes et références

  1. Jolly 2005, p. 36
  2. Jolly 2005, p. 41
  3. Les sites de production de Cherbourg, Montrouge, Niort, Rennes et Tours sont mentionnés au dos d'une carte postale ancienne représentant en vue aérienne les bâtiments de l'usine dans le centre de la ville d'Orléans.
  4. Jolly 2005, p. 44
  5. « Carton publicitaire et étiquettes "Vinaigre Dessaux fils Orléans" », sur www.archives-loiret.fr (consulté le )
  6. Jérémie Morvan, « Orléans, capitale mondiale du vinaigre », Réponses cuisine, , p. 78-79 (ISSN 1636-1180, lire en ligne, consulté le )
  7. Jolly 2005, p. 38
  8. Jolly 2005, p. 39
  9. Collectif, Annuaire de l'Union fraternelle du commerce et de l'industrie, vol. 21, Paris, Union fraternelle du commerce et de l'industrie, , 694 p. (lire en ligne), p. 292.
  10. Jolly 2005, p. 42
  11. Jolly 2005, p. 45
  12. Elzingre 2013, p. 130
  13. Jolly 2005, p. 46
  14. « Moutardier, modèle 1789 : tonnelier », notice no IM45001788, base Palissy, ministère français de la Culture
  15. « Ensemble de 3 moutardiers, modèle 1830 : porteuse de seaux et décor de vigne », notice no IM45001849, base Palissy, ministère français de la Culture
  16. « Pot à moutarde vinaigres Dessaux », notice no M0280001261, base Joconde, ministère français de la Culture
  17. « Buvard publicitaire. Moutarde Dessaux Fils », sur www.reseau-canope.fr, Réseau Canopé (consulté le )
  18. Johnny Roussel et David Creff, « Le maire d'Orléans abandonne son projet dédié à la création artistique à la vinaigrerie Dessaux », sur www.larep.fr, La République du Centre, Centre-France, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Roger Jolly, « La vinaigrerie Dessaux », Bulletin de la société archéologique et historique de l'Orléanais, Société archéologique et historique de l'Orléanais, t. 18, no 146, , p. 36-47.
  • Francis Elzingre, 50 marques françaises, histoire et objets publicitaires, Francis Elzingre, coll. « Déjà-hier », (ISBN 978-2-9543736-1-4, lire en ligne)

Articles connexes

Lien externe

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