Derbent

Derbent (en russe : Дербент) est une ville de la fédération de Russie et le centre administratif du raïon de Derbent, dans la république du Daghestan dont elle fut, historiquement, la capitale. Sa population s'élevait à 125 832 habitants en 2020.

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Derbent
(ru) Дербент

Héraldique

Panorama de Derbent, de la forteresse vers la Caspienne.
Administration
Pays Russie
Région économique Caucase du Nord
District fédéral Caucase du Nord
Sujet fédéral  Daghestan
Code OKATO 82 410
Indicatif (+7) 87271
Démographie
Population 125 832 hab. (2020)
Géographie
Coordonnées 42° 04′ nord, 48° 17′ est
Fuseau horaire UTC+04:00
Divers
Fondation fin du IVe siècle av. J.-C.
Statut Ville depuis 1840
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Russie
Derbent
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
Derbent
Géolocalisation sur la carte : Russie européenne
Derbent
Liens
Site web www.derbent.ru
Sources

    Géographie

    Derbent est située dans le sud du Daghestan, au bord de la mer Caspienne, à proximité des contreforts du Caucase, à 120 km au sud-est de Makhatchkala. À cet endroit du littoral de la Caspienne, le climat est de type pontique, soit continental froid en hiver (dominante « Dfc »), mais subtropical humide en été (dominante « Cfa »)[1].

    Vue de la forteresse de Derbent en hiver.
    Muraille de Derbent.

    Histoire

    Derbent est la ville la plus ancienne de l'actuelle fédération de Russie. Les premiers établissements urbains y apparurent à l'Âge du bronze, à la fin du IVe millénaire av. J.-C., c'est-à-dire il y a 5 000 ans. La ville est mentionnée sous le nom de « Portes Caspiennes » — Πύλοι τών Κασπιανών — au VIe siècle av. J.-C., par le géographe grec Hécatée de Milet, qui précise qu'on y trouve des Ibériens, des Hyrcaniens, des Mèdes, des Scythes, des Grecs et des Arméniens. Selon une légende[2], Derbent aurait été fondée par Marpésia, une reine des Amazones d'origine gothique. Quant à la « Porte de fer » dont on attribue l'édification à Alexandre le Grand pour contenir les nomades du Nord, elle est souvent tenue pour légendaire quoique Flavius Josèphe déjà la mentionne vers l'an 80[3].

    Au Moyen Âge, la ville était fortifiée : deux murailles plus ou moins parallèles, construites par les Perses au Ve siècle et allant de la montagne à la mer, la protégeaient au nord et au sud ; selon d'Ohsson, leurs murs avaient 40 m de haut, et une grande porte de fer défendait au nord l'entrée de la ville[4]. Derbent a été contrôlée successivement par les Sassanides, les Arabes, l'Empire mongol et l'Empire timouride. Après avoir été d'abord christianisée par les nestoriens, elle fut islamisée par les Arabes qui la nomment Bab al-Abwâb (en arabe : bāb al-ʾabwāb, باب الأبواب : « porte des portes »). Outre les Arabes, on y trouvait alors des Alains, des Avars, des Azéris, des Darguines, des Géorgiens, des Juifs, des Khazars, des Laks, des Lezguiens, des Nogaïs, des Pontiques, des Routouls, des Tabassarans et des Turcs qui la nomment Demir Kapı Porte de fer »)[5]. En outre, le port était une escale des Varègues descendus par la Volga pour commercer avec l'Iran[6].

    Derbent fut une des résidences des Chirvanchahs dont la dernière lignée issue de Ibrahim Ier Derbendy b. Sultan Muhammad b. Kay Qubadh est originaire de la cité.

    La ville de Derbent et des environs sont décrits en 1624 par le marchand Fédot Afanassiévitch Kotov dans son Itinéraire de Moscou au royaume de Perse commandé par le ministère des Finance de la nouvelle dynastie Romanov afin de développer les relations diplomatiques et commerciales entre l'Europe et la Perse dont la nouvelle route passe par la Russie afin d'éviter l'Empire ottoman[7].

    Le tsar de Russie, Pierre Ier le Grand s'empare de Derbent en septembre 1722 et nomme comme khan un certain imam Kouli. Sans égard pour les droits de Mohammad Hassan Khan (fils d'Iman Kouli), Nader Chah place un sultan perse à la tête de la ville. À la mort de Nader Chah en 1747, Mohammad Hassan Khan devient khan de Derbent où il se maintient jusqu'en 1766. À cette date, Fetih Ali Khan, puissant khan de Kouba, soumet la ville. Derbent est une nouvelle fois occupée par les Russes en 1775. Fetih Ali Khan reconnait leur suzeraineté, ce qui lui permet de développer sa puissance et de rendre tributaires le khanat de Bakou et le khanat de Chirvan.

    En 1789 après la mort de Fetih Ali, son fils aîné Ahmed lui succède comme khan pour quelques années avant de disparaître à son tour et d'être remplacé par son frère Shéïk Ali. Celui-ci reconnaît à nouveau la suzeraineté russe sur la ville en 1795 mais de facto, il est indépendant, et Derbent est prise une nouvelle fois par l'expédition russe en Perse de 1796, menée par le général Zoubov qui remet la ville à Hassan, le frère de Shéïk Ali. Après l'accession au trône de l'empereur de Russie Paul Ier, Derbent et Kouba sont rendues à Shéïk Ali à la mort de son frère Hassan.

    La protection que Shéïk Ali accorde à Hussein Kouli de Bakou, meurtrier du général russe Paul Tsitsianov en 1806, génère une nouvelle intervention militaire des Russes qui prennent Derbent pour la quatrième fois le . Ils annexent la ville bien qu'ils laissent la région sous l'autorité du Chamkhal de Tarki[8].

    Le traité de Golestan confirme que Derbent est rattachée à l'Empire russe en 1813. Elle devient chef-lieu de gouvernement en 1846 et entre dans l'oblast du Daghestan. C'est le début de son essor économique lié notamment à l'exploitation de la garance des teinturiers, qui figure sur les armoiries de la ville. Derbent est reliée par le chemin de fer à Petrovsk-Port (aujourd'hui Makhatchkala) et à Bakou en 1898.

    Population

    Démographie

    Recensements ou estimations de la population [9] :

    Évolution démographique
    1856 1886 1897 1926 1931 1939 1959
    15 26515 30014 64923 11127 50034 05247 318
    1970 1979 1989 2002 2010 2012 2013
    57 19269 57578 371101 031119 961119 476119 813
    2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
    120 470121 251122 354123 162123 720124 677125 832

    Nationalités

    Au recensement russe de 2002, la population de Derbent se composait de [10] :

    Impacts de balles sur la façade de l'église arménienne de Derbent, datant d'août 1999.

    Religion

    La majorité de la population de Derbent professe l'islam sunnite, sauf les azéris qui sont de tradition chiite, les chrétiens (principalement russes et arméniens) et les juifs, parmi lesquels on distingue trois groupes : les ashkénazes, les sépharades et les juhuros. Le 7 août 1999, Derbent a été le théâtre d'un bref raid de rebelles wahabbites tchétchènes qui ont mitraillé les façades des églises et de la synagogue. Le 12 août, alors qu'ils retournaient vers les montagnes, les rebelles furent bombardés par l'aviation russe : la ville n'a plus connu de violences depuis.

    Patrimoine

    L'ensemble de la Citadelle, vieille ville et forteresse de Derbent fait partie des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO.

    Personnalités

    Jumelages

    Derbent est jumelée avec :

    Notes et références

    1. .
    2. Claude et René Kappler, dans Guillaume de Rubrouck, Voyage dans l'empire mongol, Paris, Payot, 1985, p. 270.
    3. La guerre des Juifs, livre 7, VII-4 : « Les Scythes ... traitèrent avec le roi d'Hyrcanie (sud Caspienne), maître du passage que le roi Alexandre a fermé avec des portes de fer » (lire en ligne)
    4. D'Ohsson, Des peuples du Caucase et des pays au nord de la mer Noire et de la mer Caspienne, Didot, 1828, p. 160 (lire en ligne).
    5. (en) R. Chenciner, Daghestan, Tradition & Survival, New York, St. Martin's Press, 1997.
    6. Thomas Schaub-Noonan, When did Rus' Merchants First Visit Khazaria and Baghdad ? in : Archivum Eurasiae Medii Aevi, no 7, 1987-1991, p. 213–219.
    7. Jacques La Besse Kotov, Itinéraire de Mosou au royaume de Perse par Fédot Afanassiévitch Kotov, 1624, Paris, L'Harmattan, , illustrations, 122 p. (ISBN 978-2-343-22189-2, lire en ligne)
    8. Eyriès, Alexandre de Humboldt, Larenaudière, Auguste de Saint-Hilaire… Nouvelles annales des voyages et des sciences géographiques, Paris, Librairie de Gide, p. 300-301.
    9. (ru) Population du Daghestan par subdivision administrative et par nationalité aux recensements de 1897, 1926, 1939, 1959, 1970, 1979, 1989 et 2002 sur le site ethno-kavkaz.narod.ru — >« Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(ru) « Office fédéral de statistiques, Recensement de la population russe de 2010 », sur www.ru[RAR] (ru) « Population résidente par municipalité de la Fédération de Russie au 1er janvier 2012 », sur gks.ru[RAR] (ru) « Population résidente par municipalité de la Fédération de Russie au 1er janvier 2013 », sur gks.ru
    10. (ru) (ru) « Population du Daghestan par subdivision administrative et par nationalité de 1886 à 2010 », sur ethno-kavkaz.narod.ru Consulté le 15 octobre 2012.

    Liens externes

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