Décolonisation de l'Afrique
La décolonisation de l'Afrique correspond au retrait des puissances coloniales de l'Afrique après la Seconde Guerre mondiale.
État des lieux
Durant le partage de l'Afrique à la fin du XIXe siècle, les puissances européennes ont divisé l'Afrique et ses ressources en zones politiques à la Conférence de Berlin de 1884-85.
En 1905, le territoire africain est complètement approprié par les nations européennes, à l'exception du Liberia et de l'Abyssinie. La Grande-Bretagne et la France ont les plus grandes possessions, mais le Portugal, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie et la Belgique sont également plus ou moins largement propriétaires de portions du territoire africain. L'Afrique a d'un côté souffert, à court et à long terme, des effets de la colonisation et de l'impérialisme, avec l'exploitation de ses ressources naturelles comme l'or et le diamant et de sa main-d'œuvre, le bouleversement économique, social et culturel, une division géopolitique et un assujettissement politique. D'autre côté, le transfert d'éléments de la civilisation européenne et la constitution d'unités politiques plus larges a ouvert de nouvelles perspectives[2].
Causes
Sur le plan africain, la Seconde Guerre mondiale a vu les colonies venir en aide à leurs colonisateurs dans le processus de guerre, mais sans mention de l'indépendance pour les nations africaines. Le dominion de Union sud-africaine dirigée par Jan Smuts est entré en guerre aux côtés des Alliés, s'est engagé en Égypte et à Madagascar et a participé à la libération de l'Éthiopie. La plupart des gouverneurs coloniaux français ont montré leur loyauté au régime de Vichy jusqu'en 1943. La propagande allemande durant la guerre n'est pas étrangère à cette méfiance envers l'autorité britannique. Du fait que la conquête impériale japonaise ait commencé en Extrême-Orient, elle a fait face à une insuffisance en matière première telle que le caoutchouc et divers minerais. L'Afrique était alors forcée de compenser cette pénurie et a beaucoup bénéficié de ce changement. Un autre problème clé auquel les Européens ont dû faire face était la présence d'U-boots (sous-marins allemands) qui patrouillaient dans l'océan Atlantique. Ceci a réduit la quantité de matières premières transportées vers l'Europe et a poussé à la création d'industries locales en Afrique. Ces industries ont, à leur tour, causé l'agrandissement et la création de nouveaux quartiers. Avec l'accroissement des zones urbaines et de l'industrie est venue celle des syndicats. En plus des syndicats, l'urbanisation a encouragé la lecture et l'écriture, qui ont favorisé la naissance de journaux pro-indépendance[réf. nécessaire].
Durant les années 1930, certaines élites, formées dans les universités occidentales et familières avec des idées comme l'autodétermination voient émerger des leaders, dont quelques nationalistes majeurs comme Jomo Kenyatta (Kenya), Kwame Nkrumah (Côte-de-l'Or, Ghana), Léopold Sédar Senghor (Sénégal) et Félix Houphouët-Boigny (Côte d'Ivoire), ont mené la bataille pour l'indépendance.
Depuis la Première Guerre mondiale, la position des États-Unis est devenue déterminante sur le plan international. D'une manière générale, ceux-ci avaient intérêt au démantèlement des empires coloniaux britanniques et français qui leur interdisaient le marché des territoires sous domination européenne. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Franklin Roosevelt jugeait de surcroît, que la défaite de la France et la collaboration du gouvernement de Vichy avec l'Allemagne ôtait à celle-ci toute autorité politique pour conserver son empire colonial. Il donne ainsi avec Cordell Hull dès 1942, une impulsion sans précédent au mouvement de décolonisation[3].
En 1941, Roosevelt et Churchill se rencontrent pour discuter du monde de l'après guerre. Il en résulte la Charte de l'Atlantique. L'une des clauses de ce document, introduite par Roosevelt, était l'autonomie des colonies impériales. Après la seconde guerre mondiale, il y avait donc une pression sur les britanniques de se conformer aux termes de la Charte de l'Atlantique. Lorsque Churchill a introduit la charte au parlement, il a expressément transposé les colonies en pays récemment conquis à l'Allemagne pour pouvoir la faire passer[réf. nécessaire]. Après la guerre, les colonies africaines étant toujours considérées « infantiles » et « immatures », des gouvernements démocratiques n'ont été introduits qu'à l'échelle locale. Les derniers mois de sa vie, Roosevelt est contraint, du fait de considérations de sécurité militaire, de modérer son anticolonialisme. La diplomatie américaine prend un cours plus pragmatique visant à rassurer ses partenaires occidentaux durant la guerre froide[3].
Chronologie
À noter que seul le Liberia (indépendant en 1847) est daté d'avant 1949 n'a jamais été colonisé car il restait sous l'emprise et la protection des États-Unis. L'Éthiopie sera occupée en 1936 par l'Italie fasciste pendant 5 ans (occupation italienne de l'Éthiopie).
- Chronologie détaillée de la décolonisation franco-africaine: voir l'article Décolonisation
Conséquences
Dans la plupart des colonies britanniques et françaises, la transition à l'indépendance a été relativement pacifique. Certains colons désapprouvaient cependant l'introduction de gouvernements démocratiques.
À la suite de la décolonisation, l'Afrique a affiché une instabilité politique, un désastre économique et une dépendance à la dette. L'instabilité politique est arrivée avec l'introduction des influences marxiste et capitaliste ainsi que les frictions permanentes dues aux inégalités entre les races[réf. nécessaire]. Ceci menait à la guerre civile, des mouvements nationalistes noirs ont participé à des attaques violentes à l'encontre des colons blancs, tentant de mettre fin à la « dominance de la minorité blanche » dans les gouvernements.
D'autres violences ont lieu à cause du désaccord relatif au découpage géographique fait durant la colonisation. Malgré une acceptation très répandue de ce découpage, des conflits frontaliers comme ceux entre le Tchad et la Libye, l'Éthiopie et la Somalie et le Nigeria et le Cameroun surgissent. Certains conflits de cette nature perdurent encore aujourd'hui, comme c'est le cas du Sahara occidental, disputé par les trois États frontaliers (Algérie, Maroc, Mauritanie)[4], soit directement ou par l'intermédiaire de mouvements armés soutenus par l'une ou l'autre partie, mais la Mauritanie a laissé tomber l'affaire en 1979.
Un autre résultat du colonialisme, suivi de la décolonisation, fut l'appauvrissement en ressources naturelles de l'économie africaine[réf. nécessaire] sans possibilité de diversification de l'exportation de ses cultures commerciales vers les pays colons. Souffrant de famine et de sécheresse, l'Afrique a lutté pour industrialiser sa main-d'œuvre frappée par la pauvreté, avec des fonds insuffisants.
Dans une tentative d'influencer le Tiers Monde pour qu'il adopte, soit l'idéologie du capitalisme, soit celle du communisme, les États-Unis et l'Union soviétique ont prêté de la nourriture et de l'argent à l'Afrique. Pour nourrir, éduquer, et moderniser ses populations, l'Afrique a emprunté des sommes importantes à diverses nations, banques et compagnies. En retour, les créanciers ont contraint les pays africains à dévaluer leurs monnaies et ont tenté d'exercer une influence politique en Afrique. Cependant, l'argent emprunté ne releva pas l'économie dévastée[réf. nécessaire]. Les énormes capitaux empruntés étant habituellement dilapidés par la mauvaise gestion des dictateurs corrompus, les problèmes sociaux comme l'éducation, la santé, et la stabilité politique ont été ignorés.
Les dérivés de la décolonisation, l'instabilité politique, les conflits frontaliers, l'écroulement économique, et une dette énorme continuent de ronger l'Afrique aujourd'hui.
L'ancien "Sahara espagnol" (aujourd'hui Sahara occidental), annexé par le Maroc en 1975 à la suite des Accords de Madrid , est dans une situation ambiguë et son statut est disputé. Tandis que le Maroc considère qu'il s'agit de territoires ayant appartenu au Royaume du Maroc avant la colonisation, l'ONU l'a inscrit dans la "Liste des territoires non-autonomes". D'autre part, le mouvement indépendantiste « Polisario », puissamment soutenu par l'Algérie, a créé la République arabe sahraouie démocratique" autoproclamée, qui revendique ce même territoire. Depuis le cessez-le-feu de 1991, environ 80 % du territoire sont sous administration marocaine, la partie restante étant sous contrôle du Polisario et de l'Algérie .
Notes et références
- Sarah Millin, Rhodes, London, 1933, p. 138
- Elikia M'Bokolo, Afrique Noire : Histoire et Civilisations, tome II, Du XIXe siècle à nos jours, 2e éd., Paris: Hatier, 2004
- Noraogo Kinda, Les États-Unis et le nationalisme en Afrique noire à l'épreuve de la décolonisation (Deuxième Guerre mondiale-1960), Outre-Mers. Revue d'histoire, Année 1992, 297, pp. 533-555
- « Maroc-Algérie, l’impossible conciliation? », sur RFI, (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (en) Kevin Shillington (1995). History of Africa (1st ed.). Palgrave Macmillan; Revised edition (ISBN 0-312-12598-4)
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