Cormier

Sorbus domestica

Pour les articles homonymes, voir Cormier (homonymie).

Sorbus domestica
Cormier.
Classification
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Rosidae
Ordre Rosales
Famille Rosaceae
Genre Sorbus

Espèce

Sorbus domestica
L., 1753
Feuilles et fruits.

Répartition géographique

Le Cormier ou Sorbier domestique (Sorbus domestica L.) est un arbre de la famille des Rosacées. Il donne des fruits appelés « cormes » ressemblant à des petites poires, d'où leur surnom de poirillons.

Il fait partie des espèces testées en agrosylviculture en France, dans des champs ou vignes[1].

Au Canada, l'espèce appelée cormier est le sorbier d'Amérique, espèce voisine. Il est souvent confondu avec le sorbier des oiseleurs.

Description

Espèce post-pionnière d'origine méditerranéenne, il vivait à l'origine sur tout le pourtour du bassin et fut dispersé au temps de l'Empire romain jusque dans le reste de l'Europe.

Dans son biotope du Sud, il ne dépasse guère 10 à 12 m de hauteur et un diamètre de tronc de 30 à 45 cm. En remontant dans les régions plus humides et aux sols plus riches, il atteint des circonférences deux fois plus grandes et en forêt, arrive à égaler de peu les plus grands arbres. Une variété parmi les espèces de sorbiers possède une facilité d'acclimatation dans beaucoup de zones différentes. Avec les migrations végétales actuelles et des aires de répartition qui s'agrandissent avec les températures changeantes, il n'aura aucun problème quant à son intégration dans de nouvelles aires.

Sa multiplication par germination n'est pas très efficace dans certains biotopes et ses rejets pas toujours suffisants pour pérenniser l'espèce. C'est pour cela que l'assistance de l'humain est nécessaire pour des plantations et sélections d'individus aux caractères génétiques riches (notamment dans la partie nord de la France, au-delà de la ligne allant de la Drôme du nord au sud de la Dordogne). C'est un arbre à l'écorce brun-orangé, qui ressemble à celle du chêne[2], aux feuilles caduques pennées (13 à 21 folioles) et aux fleurs blanches. Ses fruits verts tachés de brun-rougeâtre à maturité peuvent ressembler à de petites pommes ou à de petites poires selon les cultivars. Ces fruits sont très appréciés des petits mammifères, en particulier du blaireau (Meles meles) qui joue un rôle primordial dans la dissémination des graines[3] (excréments enterrés contenants les graines).

Le cormier a des besoins en lumière élevés (même s'il préfère un léger ombrage au plein soleil) ; c'est un arbre à forte croissance et à axe continu capable de développer un grand houppier.

Le cormier supporte mal la concurrence d'autres arbres, c'est pour cela qu'on le retrouve souvent sur des stations un peu difficiles, la concurrence y est moins vive que dans les stations les plus fertiles. Toutefois, cet arbre se plaît parfaitement sur les meilleurs sols, mais il nécessite un suivi régulier de sa concurrence. La longévité moyenne du cormier est de 150 à 200 ans, des individus pouvant atteindre plus de quatre siècles[4].

Caractéristiques

Organes reproducteurs :

  • Type d'inflorescence : corymbe
  • Répartition des sexes : hermaphrodite
  • Type de pollinisation : monogame
  • Période de floraison : avril à juin

Graine :

Habitat et répartition : forêt

  • Habitat type : bois quadrifoliés proeuropéens, basophiles, oligotrophes
  • Aire de répartition : méditerranéen.

Espèce en danger

Le cormier est un arbre de plus en plus rare. Il figure sur la liste des espèces en danger en Suisse et en Autriche. L'atlas de la flore lorraine le considère comme « rare » sur le territoire considéré[5]. Cultivé en pépinière en France, il apparaissait en en 38e position dans le palmarès des essences (22e position des essences feuillues) avec 45 469 plants vendus, nombre en régression par rapport à celui de l'année précédente[2].

Le cormier a quelques ennemis comme les insectes ou les champignons parasites, le chancre nectrien particulièrement virulent.

Arbres remarquables

Le plus grand et certainement le plus ancien spécimen d'Europe se situe près de la ville de Strážnice dans la province de Moravie, en République tchèque. Son tronc mesure plus de 4,50 m de circonférence et on estime qu'il aurait plus de 400 ans. Mais le plus gros cormier est slovaque, avec 5,06 m de circonférence et plus de 20 m de hauteur.

Le cormier de Commercy.

En France

En Moselle, à Ebring, un spécimen atteint un diamètre de 75 cm et une hauteur de seize mètres. À Théding, toujours dans le département de la Moselle, il en subsiste aussi quelques spécimens de belle taille dont un de 3,03 m de tour qui prospère dans une haie champêtre. Dans la forêt domaniale du Buchholz à Sarreguemines (Moselle), un individu de 2,02 m de circonférence et une taille de 32 +/- 2m a un âge estimé entre 160 et 190 ans. À Puttelange-aux-Lacs, le chemin d'accès à la ferme du Welschof , entre le lac du même nom et l'autoroute, sont plantés une douzaine de cormiers en alignement d'un diamètre de 40 à 50 cm et d'une vingtaine de mètres de hauteur. Des semis de cormiers sont victimes du gibier (très appétents pour le chevreuil comme tous les fruitiers). Dans la forêt communale de Guenviller, dans la parcelle existe un individu très bas, branchu, dont le diamètre est d'environ 80 à 90 cm.

Dans la forêt de Commercy (Meuse), un cormier de 200 ans atteint 35 m de hauteur (+/-1,5 m) pour environ 2,35 m de circonférence (mesure 2011). Dans les Vosges dans la forêt de Moriville, un cormier de 28 m de haut et 70 cm de diamètre a été découvert en 1980.

En Alsace, à Marmoutier, un cormier de 250 ans, 14 m de haut et 3,3 m de circonférence a été classé arbre remarquable national en 2016.

En Anjou, dans le parc du château du Martreil, à Sainte-Christine, on peut admirer un spécimen remarquable dont le tronc mesure 3,70 m de circonférence à 1,20 m de hauteur. C'est un des plus beaux spécimens de l'Ouest de la France[6].

En Champagne, dans la Forêt du Chêne à la Vierge, sur la commune de Saint Imoges, le cormier de Montrieul a atteint une hauteur de 15 mètres et une circonférence de près de 2 mètre. Son port aérien et sa rareté en font un arbre exceptionnel dans cette forêt domaniale.[réf. nécessaire]

Usages

Trusquin de menuisier, en bois de cormier.

Le bois du cormier est très dense : 800 à 900 kg/m3 (par comparaison : 700 à 800 kg/m3 pour le chêne et 550 à 600 kg/m3 pour le merisier), et figure parmi les bois indigènes les plus durs en France. Aussi sert-il à la fabrication de manches d'outils particulièrement résistants. Il a longtemps été prisé aussi pour la confection des fûts d'outils de corroyage (rabots, riflards, varlopes, guillaumes...) ou pour la réalisation d'outils de traçage (règles, trusquins) et de toise. Dans les moulins, les dents rapportées (alluchons) sur couronne en fonte de l'engrenage multiplicateur étaient faites en cormier. Les graveurs sur bois ont aussi utilisé le cormier pour l'impression d'images. D'une façon générale, le bois du cormier est apprécié comme bois d'œuvre en ébénisterie.

Le cormier est utilisé en agroforesterie pour protéger des vignes du soleil par son feuillage léger ou pour favoriser le développement de la truffe car la corme en se décomposant libère du carbone qui lui est favorable. Par ailleurs, les fleurs du cormier sont mellifères[2].

Il semble que les fruits du cormier, cormes ou sorbes, comestibles[7],[8],[9], aient été appréciés des Grecs dès l'Antiquité. Platon y fait référence (τὰ ὄα) dans Le Banquet, dans le discours d'Aristophane, et y évoque un processus de conservation, sans entrer dans le détail[10].

Après blettissement, comme pour la nèfle, on les a aussi utilisés pour préparer une boisson faiblement alcoolisée, la piquette de cormes ou cormé. En Alsace, après macération, ils sont distillés pour fabriquer de l'eau-de-vie (schnaps). Il est possible aussi de les transformer en confiture[2].

Calendrier républicain

Dans le calendrier républicain, le Cormier était le nom attribué au 29e jour du mois de brumaire[11].

Photos

Notes et références

  1. Vidéo « Agroforesterie tempérée : intensification écologique décortiquée à l'aide d'outils de simulation innovants », par Christian Dupraz durant le séminaire 2011-11-08, d'Agropolis International
  2. Pascal Charoy, « Le cormier sort du bois », Forêts de France, no 610, , p. 42-43 (ISSN 0046-4619)
  3. https://howlingpixel.com/i-fr/Cormier
  4. Sur l'espèce en milieu forestier
  5. Floraine, association des botanistes lorrains, Floraine, atlas de la flore lorraine, Strasbourg, Vent d'Est, , XXXVII-1241 p. (ISBN 979-10-90826-15-1), p. 1018-1019
  6. Le parc du château du Martreil à Sainte-christine.
  7. Petit atlas... des plantes comestibles, éd. Soregraph, Delachaux et Niestlé, (ISBN 978-2-603-01550-6)
  8. http://www.fruitiers-rares.info/articles-A117a122/article118-cormes-Sorbus-domestica-Cormier.html
  9. « Zoom : Fruit du sorbier », sur Ooreka.fr (consulté le ).
  10. Le Banquet, 190d : ὥσπερ οἱ τὰ ὄα τέμνοντες καὶ μέλλοντες ταριχεύειν (traduction de Paul Vicaire, C.U.F., 1989 : « comme on coupe les cormes pour les mettre en conserve »), mais selon d'autres éditions τὰ ὠὰ « les œufs » (traduction de Luc Brisson, GF, 1998 corrigée en 2007 : morceau de phrase non traduit, considéré en note comme interpolé à partir de la suite « comme on coupe les œufs avec un crin »).
  11. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 20.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Thomas Scaravetti, Le Cormier : un arbre à redécouvrir, trésor de notre patrimoine, Paris, CNPF, , 296 p. (ISBN 978-2-916525-63-1).

Liens externes

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