Rosaceae

Les Rosaceae (Rosacées) sont une famille botanique qui réunit environ 3 370 espèces réparties en plus d'une centaine de genres.

Cette famille cosmopolite comprend aussi bien des plantes herbacées vivaces que des arbustes ou des arbres. Elle est représentée par de nombreuses espèces sauvages (on peut citer le sorbier, l'aubépine, le prunelier, l'églantier, la ronce commune, les fraisiers, les benoîtes, les potentilles, la reine-des-prés, la pimprenelle, l'aigremoine, etc.) et cultivées parmi les plus importantes (voir leur importance économique)

Étymologie

Le nom vient du genre type Rosa qui a une racine indo-européenne, vrod signifiant flexible, qui a donné le grec ροδόν / rodon et le latin rosa[1].

Description

Les Rosaceae sont une famille par enchaînement[2], montrant plusieurs tendances évolutives, ce qui explique la diversité de l'appareil végétatif (grande variabilité morphologique) et reproducteur (évolution vers l'inférovarie et la réduction de l'androcée et du gynécée)[3].

Appareil végétatif

Les Rosacées sont des plantes herbacées (vivaces comme le fraisier ou plus rarement annuelles comme le genre Aphane) et les trois quarts des plantes ligneuses à l'écorce lisse, sous forme d'arbrisseaux, d'arbustes (rosiers, ronces dont les poils épidermiques se lignifient et se transforment en aiguillons), ou d'arbres (cerisier, prunier, pêcher, pommier dont certains rameaux peuvent se transformer en épines) à feuilles caduques ou persistantes.

Les bourgeons foliaires sont disposés en spirale et ont des stipules soudées. Les feuilles à nervation pennée, à pétiole sans pulvinus sont souvent alternes, stipulées (stipules libres ou adnés au pétiole), à marge dentée et glanduleuse sur le limbe. Elles sont primitivement composées-imparipennées (folioles pétiolulées de ronces, folioles sessiles de rosier). L’évolution emprunte deux voies : confluence des folioles entre elles pour former une feuille simple (11-17 paires de folioles chez le Sorbier des oiseleurs, une feuille simple chez le sorbier des Alpes) ; réduction à 3 folioles (fraisier) ou même une foliole (pommier, prunier, cerisier). La réduction à trois folioles s'accompagne parfois d'une surévolution par le développement de folioles de 3e ou de 3e ordre sur les deux folioles latérales, donnant une disposition digitée (feuille de la potentille), avec parfois soudure des folioles (Alchemilla)[4]. Des glandes peuvent se développer sur le pétiole.

Les tiges sont dressées, plus rarement étalées ou rampantes. Elles sont dotées souvent de poils simples ou étoilés, comme les feuilles. Certains poils épidermiques très développés se lignifient, se transformant en aiguillons piquants. Des rameaux de cerisiers, pêchers, poiriers, peuvent se transformer en épines[4].

Chimiquement, les plantes produisent des tanins (leur conférant souvent un intérêt médicinal), des huiles essentielles et des hétérosides de type saponosides ou glycosides cyanogènes (150 espèces à l'exception des Rosoideae contiennent ces composés potentiellement toxiques donnant le goût amer aux amandes)[5].

Appareil reproducteur

Le calicule du Fragaria est composé de 5 sépalules provenant chacun de la soudure 2 à 2 de 10 stipules.

Les inflorescences sont variables. Il s'agit le plus souvent de grappes (ou des formes dérivées : épi, corymbe, panicule), plus rarement des fleurs terminales solitaires (espèces de Rosa)[6].

Le réceptacle floral est composé de deux parties : l'hypanthium (les Rosaceae étaient traditionnellement classées dans les dialypétales « caliciflores[7] ») de forme variée (aplati, cupulaire ou cylindrique), libre ou adné aux carpelles, parfois caduc (prunier) ou accrescent dans le faux-fruit (pomme, poire) ; le gynophore plus ou moins développé selon les sous-familles peut être sec (framboisier, ronce) ou charnu (fraisier). Lorsque l'hypanthium est présent, la fleur est plus ou moins périgyne (épigyne chez Malus). L'entomophilie par des pollinisateurs généralistes est favorisée par la présence d'un anneau ou disque nectarifère à l'intérieur de l'hypanthium[8].

Les fleurs de type euanthe sont souvent grandes, régulières, actinomorphes (à symétrie rayonnée), presque toujours bisexuées et pentamères. Elles présentent parfois, sous le calice, un calicule (appelé aussi épicalice) de 3 ou 5 pièces (genres Fragaria, Potentilla, Alchemilla)[9].

Le calice est le plus souvent formé de 5 sépales (parfois réduits à 3) et est parfois soudé à l'ovaire. La corolle est en général formée de 5 pétales libres et entiers (parfois 3 ou 10). Les pétales sont souvent fixés à l’hypanthium, parfois nuls (Alchemilla, Aphanes).

Les étamines sont nombreuses (supérieures à 10, se multipliant par méristémonie pour atteindre 100 chez des rosiers), rarement en nombre déterminé et réduites à 12 ou 5. Cette méristémonie correspond à une polyandrie secondaire, adaptation particulière à l'entomophilie[10]. Les étamines ont des filets libres (ou soudés à la base pour les Chaenomeles) et de petites anthères didymes qui s'ouvrent par des fentes longitudinales. La position de l'ovaire uniloculaire est supère ou infère. Le pistil est formé primitivement de cinq carpelles libres multiovulés (nombre indéterminé d'ovules) qui peuvent se réduire à un (Prunus), 2-3 (Crataegus) ou devenir nombreux (plusieurs centaines), pauciovulés (un ou deux ovules) et diversement unis (les carpelles soudés de Pyrus ont un ovaire à placentation axile) lorsque le réceptacle floral se développe[11].

Formule florale :

Les fruits sont très divers : ce peut être un follicule (ex : follicule spiralé de Spiraea), une drupe (Prunus), un akène (Rosa), un polyakène (Potentilla), des drupéoles multiples (Rubus) ou un faux-fruit (telle la pomme constituée du réceptacle charnu), mais jamais une gousse ; les graines, petites et exalbuminées, sont dispersées par zoochorie ou anémochorie[12].

Sous-familles

On distingue parmi les Rosacées quatre sous-familles homogènes : les Amygdaloideae (ou Prunoideae, famille du pêcher), les Maloideae (famille du pommier), les Rosoideae (famille du rosier) et les Spiraeoideae (famille de la spirée).

Leurs principales caractéristiques sont résumées dans le tableau suivant :

Sous-famille pos. de l'ovaire type de fruit nb. de chromosomes
Amygdaloideae infère libre (ou supère), unicarpellé, uniovulé drupe 8
Maloideae Infère adhérant, uni à penta carpellé syncarpe, uniovulé piridion 17
Rosoideae infère libre (ou supère) pluricarpellé, apocarpe, uniovulé akène ou drupéoles 7
Spiraeoideae infère libre (ou supère), uni à penta carpellé, apocarpe, pluriovulé follicule 9

Distribution

Cette famille cosmopolite est surtout représentée dans les régions tempérées de l'hémisphère nord. Les genres les plus importants sont Potentilla (500 espèces dont 42 en France), Cotoneaster (260 espèces), Rubus et Alchemilla (250 espèces), Prunus (200 espèces dont onze spontanées en France), Sorbus (193 espèces), Crataegus (500 espèces dont 42 en France), Rosa (150 espèces dont 32 en France)[13].

En phytosociologie, la classe Crataego monogynae-Prunetea spinosae est typique des manteaux forestiers, des haies et fruticées. La famille des Rosaceae (Rubus, Rosa, Malus, Prunus, Sorbus) est très représentée dans cette classe[14].

Importance économique

Cette famille a une grande importance économique car une grande partie des fruits cultivés dans les régions tempérées est produite par des espèces lui appartenant (par ordre alphabétique) :

En classement par genre, cela donne :

De nombreux genres sont utilisés comme plantes d'ornements herbacées ou ligneuses :

La Reine-des-prés et le Prunus laurocerasus sont connus pour leurs propriétés médicinales. L'écorce de Quillaja saponaria est utilisée comme savon. Plusieurs genres sont employés en bois d'œuvre, le Cerisier d'automne étant prisé en ébénisterie[15]..

Liste des genres

Selon Angiosperm Phylogeny Website (31 mai 2010)[16] :

  • genre Acaena Mutis ex L.
  • genre Adenostoma Hooker & Arnott
  • genre Agrimonia L.
  • genre Alchemilla L.
  • genre Amelanchier Medik.
  • genre Aphanes L.
  • genre Aremonia Neck. ex Nestl.
  • genre Aruncus L.
  • genre Bencomia Webb & Berthel.
  • genre Cercocarpus Kunth
  • genre Chaenomeles Lindl.
  • genre Chamaebatia Bentham
  • genre Chamaebatiaria (Porter) Maxim.
  • genre Chamaemeles Lindl.
  • genre Chamaerhodos Bunge
  • genre Cliffortia L.
  • genre Coleogyne Torr.
  • genre Coluria R. Brown
  • genre Cotoneaster Medik.
  • genre Cowania D.Don
  • genre X Cratae-Mespilus E.G.Camus
  • genre Crataegomespilus Simon-Louis & Bellair
  • genre Crataegus L.
  • genre Cydonia Mill.
  • genre Dichotomanthes Kurz
  • genre Docynia Decaisne
  • genre Dryas L.
  • genre Drymocallis Fourr. ex Rydb.
  • genre Duchesnea Sm.
  • genre Eriobotrya Lindl.
  • genre Exochorda Lindl.
  • genre Fallugia Endl.
  • genre Filipendula Mill.
  • genre Fragaria L.
  • genre Geum L.
  • genre Gillenia Moench
  • genre Guamatela Donn.Sm.
  • genre Hagenia J.F.Gmel.
  • genre Hesperomeles Lindl.
  • genre Holodiscus (K.Koch) Maxim.
  • genre Horkelia Cham. & Schltdl.
  • genre Horkeliella (Rydb.) Rydb.
  • genre Ivesia Torrey & A. Gray
  • genre Kageneckia Ruiz & Pavon
  • genre Kelseya Rydb.
  • genre Kerria DC.
  • genre Leucosidea Eckl. & Zeyh.
  • genre Lindleya Kunth
  • genre Luetkea Bong.
  • genre Lyonothamnus A.Gray
  • genre Maddenia J. D. Hooker & Thomson
  • genre Malacomeles (Decaisne) Engl.
  • genre Malus Mill.
  • genre X Margyracaena Bitter
  • genre Margyricarpus Ruiz & Pavon
  • genre Mespilus L.
  • genre Neillia D.Don
  • genre Neviusia A.Gray
  • genre Novosieversia F.Bolle
  • genre Oemleria Reichenbach
  • genre Orthurus Juz.
  • genre Osteomeles Lindl.
  • genre Pentactina Nakai
  • genre Peraphyllum Nutt.
  • genre Petrophytum (Nutt.) Rydb.
  • genre Photinia Lindl.
  • genre Physocarpus (Cambess.) Maxim.
  • genre Pleiosepalum Hand.-Mazz.
  • genre Polylepis Ruiz & Pavon
  • genre Potaninia Maxim.
  • genre Potentilla L.
  • genre Prinsepia Royle
  • genre Prunus L.
  • genre Pseudocydonia (C.K.Schneid.) C.K.Schneid.
  • genre Purpusia Brandegee
  • genre Purshia DC. ex Poir.
  • genre Pyracantha M.Roem.
  • genre X Pyronia Veitch ex Trab.
  • genre Pyrus L.
  • genre Rhaphiolepis Lindl.
  • genre Rhodotypos Siebold & Zuccarini
  • genre Rosa L.
  • genre Rubus L.
  • genre Sanguisorba L.
  • genre Sarcopoterium Spach
  • genre Sibbaldia L.
  • genre Sibbaldiopsis Rydb.
  • genre Sibiraea Maxim.
  • genre Sieversia Willd.
  • genre Sorbaria (Ser. ex DC.) A.Braun
  • genre X Sorbaronia C.K.Schneid.
  • genre X Sorbopyrus C.K.Schneid.
  • genre Sorbus L.
  • genre Spenceria Trimen
  • genre Spiraea L.
  • genre Spiraeanthus (Fisch. & C.A.Mey.) Maxim.
  • genre Stellariopsis (Baillon) Rydb.
  • genre Stephanandra Siebold & Zuccarini
  • genre Tetraglochin Poepp.
  • genre Vauquelinia Correa ex Humb. & Bonpl.
  • genre Waldsteinia Willd.
  • genre Xerospiraea Henr.

Selon NCBI (31 mai 2010)[17] :

Selon DELTA Angio (24 juillet 2017)[18] :

Selon ITIS (24 juillet 2017)[19] :

Selon Plants of the World online (POWO) (21 septembre 2020)[20] :

Notes et références

  1. Paul-Victor Fournier, Les quatre flores de France, Paris, Lechevalier, , 1104 p. (ISBN 978-2-7205-0529-4), p. 487
  2. Une grande différence existe entre les espèces, mais de nombreux intermédiaires les relient les unes aux autres.
  3. Rodolphe-Edouard Spichiger, Vincent V. Savolainen, Murielle Figeat, Daniel Jeanmonod, Botanique systématique des plantes à fleurs : une approche phylogénétique nouvelle des angiospermes des régions tempérées et tropicales, Presses polytechniques et universitaires romandes, , p. 188.
  4. Michel Botineau, Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, Lavoisier, , p. 648
  5. Michel Botineau, op. cit., p. 662
  6. Michel Botineau, op. cit., p. 650
  7. Corolle, calice et androcée sont concrescents en une coupe (calix en latin).
  8. Walter S. Judd, Christopher S. Campbell, Elizabeth A. Kellogg, Peter Stevens, Botanique systématique : une perspective phylogénétique, De Boeck Supérieur, , p. 292
  9. Rodolphe-Edouard Spichiger et Murielle Figeat, Botanique systématique des plantes à fleurs, Presses polytechniques et universitaires romandes, , p. 85
  10. (de) W. Kania, « Entwicklungsgeschichtliche. Untersuchungen an Rosaceenblüten », Bot. Jahrb. Syst., vol. 93, , p. 175–246.
  11. (de) Hans Oscar Juel, « Beiträge zur Blütenanatomie und zur Systematik der Rosaceen », Svenska Vetenskapsakad. Handl., vol. 58, no 5, , p. 1–81.
  12. (en) Gurcharan Singh, Plant Systematics : an Integrated Approach, Science Publishers, , p. 419
  13. Michel Botineau, Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, Lavoisier, , p. 647
  14. Michel Botineau, Botanique systématique et appliquée des plantes à fleurs, Lavoisier, , p. 657
  15. Walter S. Judd, Christopher S. Campbell, Elizabeth A. Kellogg, Peter Stevens, Botanique systématique : une perspective phylogénétique, De Boeck Supérieur, , p. 294
  16. Angiosperm Phylogeny Website, consulté le 31 mai 2010
  17. NCBI, consulté le 31 mai 2010
  18. DELTA Angio, consulté le 24 juillet 2017
  19. ITIS, consulté le 24 juillet 2017
  20. POWO (2019). Plants of the World Online. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet ; http://www.plantsoftheworldonline.org/, consulté le 21 septembre 2020

Liens externes

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