Conte d'hiver

Conte d'hiver est un film français réalisé par Éric Rohmer, sorti en 1992. Ce drame sentimental fait partie du cycle des Contes des quatre saisons qui explore la complexité de l'amour à travers des personnages indécis.

Conte d'hiver
Réalisation Éric Rohmer
Scénario Éric Rohmer
Acteurs principaux

Charlotte Véry
Frédéric van den Driessche
Michel Voletti
Hervé Furic

Sociétés de production Les Films du Losange
Compagnie Éric Rohmer
Canal+
Pays d’origine France
Genre Comédie dramatique
Durée 114 minutes
Sortie 1992

Série

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Félicie vit un amour de vacances merveilleux avec Charles mais à cause d'un lapsus idiot, lorsqu'elle lui communique son adresse à la fin de l'été, il sera impossible à Charles de la retrouver. Ils perdent toute trace l'un de l'autre. De cet amour, naît une fille, Élise. Félicie continue à vivre hantée par le souvenir de cet amour. Elle est coiffeuse et vit dans la région parisienne avec un intellectuel, Loïc, qui l'aime profondément. Elle décide de vivre avec son amant et patron, le coiffeur Maxence, qui ouvre un salon à Nevers, espérant que la distance faciliterait l'oubli. Malgré tout, elle ne parvient pas à oublier Charles et ne peut plus supporter sa vie à Nevers.

Fiche technique

Distribution

Production

Les scènes de vacances au début du film ont été tournées à l'Île aux Moines dans le Morbihan en Bretagne[1]. Le reste du film se déroule à Levallois, à Maisons-Laffitte, à Villejuif[2] et au quartier de Belleville (Paris 20e) où Félicie a son salon de coiffure[3] et Nevers, dans la Nièvre en Bourgogne, notamment dans la cathédrale de Nevers.

Analyse

Le titre est une référence à une pièce de théâtre écrite par Shakespeare, Conte d'Hiver, dans laquelle un homme raconte un conte d’hiver donc un conte triste. Dans le film de Rohmer, nous retrouvons, comme chez Shakespeare, l’idée de retrouvailles après une longue séparation.

La musique

Le film s’ouvre sur un moment édénique. Les corps des amants sont nus sur cette île, un paradis écarté de la société. Les personnages, Félicie et Charles, ne se parlent pas. Ceci met en avant leur fusion : ils n’ont pas besoin des paroles pour s’entendre, ils communiquent par la voie du désir. L’absence de paroles est comblée par une musique dans le prologue. Cette même musique, nous la retrouvons plus tard aux moments qui constituent un tournant dans le film : quand Félicie est dans la cathédrale et quand elle assiste à la pièce de théâtre. Cette musique revient trois fois, une répétition tertiaire qui évoque les trois coups de théâtre avant le lever du rideau, c’est-à-dire avant le dévoilement de la vérité. Les accords retentissant de cette musique reflètent Félicie qui s’accorde enfin avec elle-même. Rohmer a toujours réservé une place mineure à la musique dans ses films[4] mais une place centrale dans sa vie et dans Conte d'hiver. D'ailleurs, il a écrit un ouvrage sur cet art profond. La musique lui est sacrée. Rohmer considère que nous nous découvrons libres face aux possibilités offertes par la vie par le biais de la musique.[5]

Les personnages

Les personnages du film appartiennent à une classe sociale plutôt moyenne, ce que nous devinons par le métier de Félicie (coiffeuse) et le registre de langue courant et le langage de grossièreté qui priment dans le film.

Après une étude onomastique, nous notons que le nom de Félicie renvoie à la félicité que nous pouvons découvrir en Dieu selon Pascal et le nom de Maxence évoque un "maximum de sens". Ce dernier ne se situe donc qu'au niveau des sens, c'est l'être sensuel.

Ce film s’apparente à un roman d’apprentissage. C’est que Félicie est toujours dans ce stade de formation à la vie et elle reçoit cet apprentissage grâce aux différentes personnes dans son entourage. Prenons pour instance Loïc qui lui apprend à s’instruire, qui l’initie à la culture des livres et au théâtre. D’ailleurs, la pièce de théâtre à laquelle assiste Félicie est une mise en abyme qui reflète ce que le film raconte : une histoire de perte et de retrouvailles.[6]

Le pari pascalien

La référence à Pascal est souvent présente dans les films de Rohmer, elle est assez subtile dans Conte d'hiver. Lorsque Félicie choisit de rejoindre Maxence à Nevers, ceci constitue un pari contre ses retrouvailles avec Charles : il y n’y a aucune chance de le voir à Nevers. Elise, sa fille, qui ne va pas s’y plaire, devient adjuvante, une figure auxiliaire dans le projet des retrouvailles. Après l’épisode de Félicie dans la cathédrale, c’est un autre pari qui se pose, c’est à elle de jouer, de choisir : c’est un pari en faveur de ses retrouvailles avec Charles.

Les conditions de la réalisation de ce pari sont, comme chez Pascal, la suppression des obstacles (Maxence et Loïc) et l’intervention de la foi. De plus, le pari de Félicie pour Maxence contre Charles n’est pas intéressé. Toutefois, son pari en faveur de ses retrouvailles avec Charles est intéressé. C’est qu’il faut un intérêt infini dans un pari.[7]

Distinctions

Notes et références

  1. François de Beaulieu, « Cinéma », dans Dictionnaire du golfe du Morbihan, Le Télégramme, (ISBN 978-2-84833-229-1)
  2. « Conte d'hiver », sur cineclubdecaen.com (consulté le )
  3. « Conte d'hiver », sur bifi.fr (consulté le )
  4. Jean-Louis Valero, « « Pas besoin de musique » », dans Rohmer et les Autres, Presses universitaires de Rennes, coll. « Spectaculaire | Cinéma », (ISBN 9782753526891, lire en ligne), p. 233–235
  5. « Eric Rohmer, le son au plus vrai », sur LExpress.fr, (consulté le )
  6. « Conte d’hiver – Eric Rohmer – 1992 », sur Eureka (consulté le )
  7. Dudley Andrew, « Le fluide magnétique d’Éric Rohmer », dans Rohmer et les Autres, Presses universitaires de Rennes (ISBN 9782753504097, lire en ligne), p. 123–137

Bibliographie

  • Jean-François Pigoullié, « Malick, Dumont, Rohmer : Réenchanter le monde », Études, no 418, , p. 363-374 (lire en ligne)
  • Éric Rohmer, Contes des 4 Saisons, Paris, Petite bibliothèque des Cahiers du cinéma, 1998, p. 187.
  • Alain Bergala, « Les jeux du choix et du hasard », Cahiers du cinéma, no 653, , p. 20-21.
  • Pascal Bonitzer, chapitre « L’amour admirable, À propos de Conte d’hiver », in Bonitzer, Pascal (éd.), Éric Rohmer, Paris, Cahiers du Cinéma, 1999, p. 135-45.
  • Bernard Bénoliel, « Conte d’hiver, Dieu est vivant », in La Revue du Cinéma, n°479, , p. 23-24.
  • Les Cahiers du Cinéma, n°653, Rohmer for ever, (numéro complet sur Rohmer).
  • Laurence Giavarini, « Les vies de Félicie », in Cahiers du Cinéma, n° 452, , p. 20-22.
  • Blaise Pascal, Pensées, Paris, Hachette, 1871 (Œuvres complètes tome I, p. 302-307.

Liens externes

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