Âge du cuivre

L’âge du cuivre, ou Chalcolithique (Eneolitico en italien), désigne la période du Néolithique durant laquelle les hommes maitrisent la métallurgie du cuivre, avant que l'apparition de la métallurgie du bronze ouvre un peu plus tard l'âge du bronze. Pendant une grande partie du Néolithique, la métallurgie du cuivre cohabite avec les industries lithiques et osseuses, le cuivre pur étant un métal trop mou pour pouvoir s'imposer dans l'outillage et dans l'armement. À cette époque, d'autres métaux tels que l'or ou l'argent étaient aussi travaillés pour fabriquer des ornements, mais la production d'outils et d'armes demeurait principalement en pierre et en os[1].

Reconstitution de la hache en cuivre d'Ötzi, datée d'environ

Le terme français « Chalcolithique » a été forgé par les préhistoriens à partir des racines grecques khalkos (cuivre) et lithos (pierre)[2].

Artisanat du cuivre

À la différence du bronze et du fer, l'artisanat du cuivre semble avoir coexisté très longtemps avec celui de la pierre, sans avoir amené de réels bouleversements socio-économiques chez les groupes humains qui le connaissaient. L'archéologie montre aussi que certains groupes maitrisent le travail du cuivre pendant que des groupes voisins ou contemporains l'ignorent, tandis que d'autres possèdent déjà la métallurgie du bronze.

La faible incidence du cuivre sur les cultures néolithiques s'explique par le faible intérêt du cuivre pur par rapport à la pierre. Recueilli à l'état naturel, le cuivre natif est martelé avant d'être fondu et moulé à 1 000 °C environ. La production est anecdotique comparée à l'industrie lithique et concerne principalement des pièces de taille modeste. Poignards à soie et alênes en sont les pièces les plus représentatives. À la même époque, les productions lithiques sont aussi souvent plus fines.

Autres techniques

Cette période est surtout connue pour :

  • la retouche par pression, technique permettant une grande finesse dans l'élaboration du mobilier lithique (notamment des pointes de flèches), par le détachement successif de petits éclats ;
  • la culture mégalithique, à partir de 4500 avant Jésus-Christ dans toute l'Europe atlantique ;
  • les stèles anthropomorphiques du nord de la mer Méditerranée (Languedoc-Roussillon, Provence, Corse, Sardaigne).

D'autres innovations apparaissent durant cette période, comme l'utilisation du sel comme technique de conservation. La première ville connue en Europe, à Solnitsata, en Bulgarie (datée de 4700 à ), est construite autour de la production de sel[3].

Habitat

Durant cette période, les villages se développent, avec :

  • l'apparition d'enceintes défensives : de grands fossés qui entourent les espaces habités ;
  • la structuration de l'espace dans les plus gros villages.

Repères chronologiques

Quelques repères permettent d'évaluer la diffusion des métaux au cours du Néolithique :

  • en Asie du Sud, la culture de Mehrgarh, au Baloutchistan pakistanais, plus particulièrement durant la période dite "Mehrgarh III" (4800 - 3500 av. J.-C.), l'utilisation de forets en cuivre, ainsi que celle de fours et de creusets pour faire fondre le cuivre est attestée, suite aux fouilles initiées par l'archéologue Jean-François Jarrige entre 1975 et 2000[4] ;
  • en Égypte, le mobilier en cuivre se répand durant la période caractérisée par le site de Nagada, de 4000 à  : haches plates, herminettes, ciseaux, couteaux à manche en os et épingles en témoignent ;
  • dans la vallée de l'Indus, l'usage du métal est attesté vers 2500 av. J.-C. : les sites d'Harappa et de Mohenjo-Darô y ont fourni du mobilier en plomb, argent, cuivre à forte teneur en arsenic (à l'état quasi-naturel) et même en bronze comme en témoignent scies, perles, fermoirs de colliers, ou encore anneaux de chevilles ;
  • à Chypre, c'est sans doute sous l'influence anatolienne que se développe l'exploitation du minerai de cuivre. À Ambelikou, la présence de céramiques rouges permet de la dater d'environ 2300 à  ;
  • à Troie, les fouilles d'Heinrich Schliemann révèlent la présence de cuivre au niveau le plus ancien, mais c'est surtout aux niveaux II-III (2300 à ) que le mobilier en cuivre se multiplie ;
  • en Amérique du Nord, l'usage du cuivre natif, sans métallurgie, date dans la région des Grands Lacs d'un peu avant  ;
  • en Amérique du Sud, la métallurgie du cuivre apparait dans les Andes vers [5].

La métallurgie du bronze, qui va bouleverser les sociétés qui la maitrisent, apparait vers en Anatolie, et parvient en Europe de l'Ouest et en Chine vers Son apparition marque la fin du Néolithique en Eurasie.

Europe

Maquette d'un village fortifié de l'âge du cuivre, Los Millares, Espagne

Un site archéologique près de Prokuplje, en Serbie, renferme la plus ancienne preuve connue de travail du cuivre, datée de . La découverte de juin 2010 rallonge le registre connu de la fusion du cuivre d'environ huit cents ans et suggère que la fusion du cuivre pourrait avoir été inventée dans différentes parties de l'Asie et de l'Europe à cette époque plutôt que de se propager à partir d'une source unique[6],[7].

En Europe occidentale, l'âge du cuivre commence vers 3700 av. J.-C. (avec, par exemple, la culture de Pfyn, en Suisse). La diffusion de l'artisanat du cuivre dans ces régions pourrait s'être faite depuis les Balkans par la voie danubienne. Sur la façade atlantique, la production métallurgique dominante jusqu'à celle du bronze demeure cependant celle de l'or.

La connaissance de l'utilisation du cuivre était beaucoup plus répandue que le métal lui-même. La culture de la céramique cordée utilisait des haches en pierre polie modelées sur des haches en cuivre, avec même des moulures gravées dans la pierre. Ötzi, qui a été découvert dans les Alpes de l'Ötztal en 1991 et dont les restes sont datés d'environ , a été retrouvé avec près de lui une hache en cuivre, outil rattaché à la culture du lac de Mondsee.

Les exemples de cultures chalcolithiques en Europe incluent les sites de Vila Nova de São Pedro (en) et de Los Millares, dans la péninsule Ibérique. Des poteries de la culture campaniforme ont été découvertes sur les deux sites, datant de plusieurs siècles après le début du travail du cuivre. La culture campaniforme semble avoir répandu les technologies du cuivre puis du bronze en Europe, ainsi que les langues indo-européennes[8].

À partir du Néolithique, il semble y avoir une tendance générale à l'augmentation des inégalités sociales, qui s'intensifie à nouveau de manière significative au cours de l'âge chalcolithique et du bronze ancien (EBA) et s'est manifestement exprimée dans la culture matérielle et les coutumes funéraires[9].

Cultures

Des exemples de cultures de l’âge du cuivre en Europe sont :

Mais on peut aussi citer en Russie et Sibérie (les dates sont exprimées av. J-C) :

Références

  1. Marcel Otte, Mireille David-Elbiali et al., La protohistoire, Bruxelles, De Boeck université, , 382 p. (ISBN 978-2-804-15923-8, lire en ligne), p. 8-11
  2. (de) Konrad Spindler, Der Mann im Eis, Munich, 1993, p. 217
  3. (en) Vassil Nikolov, « Salt, early complex society, urbanization : Provadia-Solnitsata (5500 - 4200 BC) (Abstract) » [PDF], Académie bulgare des sciences (consulté le )
  4. https://www.thoughtco.com/mehrgarh-pakistan-life-indus-valley-171796
  5. (es) Scattolin, M. Cristina, M. Fabiana Bugliani, Leticia Cortés, Lucas Pereyra Domingorena, C. Marilin Calo, « Una máscara de cobre de 3000 años. Estudios arqueometalúrgicos y comparaciones regionales », Boletín del Museo Chileno de Arte Precolombino, Santiago de Chile, vol. 15, , p. 25–46 (DOI 10.4067/s0718-68942010000100003, lire en ligne)
  6. (en) Bruce Bower, « Serbian site may have hosted first copper makers », sur ScienceNews,
  7. (en) Ancient axe find suggests Copper Age began earlier than believed, thaindian.com, 9 octobre 2008
  8. (en) D. W. Anthony, The Horse, The Wheel and Language : How Bronze-Age riders from the Eurasian steppes shaped the modern world, Princeton University Press, 2007
  9. (en) A. Žegarac, L. Winkelbach, J. Blöcher et al., Ancient genomes provide insights into family structure and the heredity of social status in the early Bronze Age of southeastern Europe, Scientific Reports, volume 11, Article numéro: 10072, 12 mai 2021, doi.org/10.1038/s41598-021-89090-x

Bibliographie

  • Marcel Otte, Mireille David-Elbiali et al., La protohistoire, Bruxelles, De Boeck université, , 382 p. (ISBN 978-2-804-15923-8, lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

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