Château du Val de Ruel

Le château du Val de Ruel est un château situé à Rueil-Malmaison. Aujourd'hui disparu, il a été, de 1633 à sa mort, une des résidences du cardinal de Richelieu.

Château du val de Ruel

Vue du côté de la grille, à l'époque de Richelieu,
gravure de Gabriel Perelle
d'après un dessin d'Israël Silvestre
Type château
Début construction 1606
Destination actuelle détruit
Coordonnées 48° 52′ 12″ nord, 2° 11′ 05″ est
Pays France
Région historique Île-de-France
Commune Rueil-Malmaison

Origines

On trouve les premières traces du domaine en 1606 dans un acte de vente entre Pierre de la Bruyère et Jean de Moisset, un important financier du règne d'Henri IV. Devenu « seigneur du Val de Ruel, de la Grand'Maison et du fief de la Pallée », Jean de Moisset utilise sa grande fortune pour aménager le château, commence à doter les jardins de constructions, comme une première grotte avec des jeux d'eau. Il y organise de superbes fêtes, parfois en présence du souverain et de sa cour. Dans son journal, Jean Héroard note plusieurs visites du jeune Louis XIII à Ruel.

Le château sous Richelieu

Restitution du plan du château de Ruel, XVIIe

En 1633, Richelieu achète ce château du Val en raison de sa proximité avec Saint-Germain-en-Laye à maître Pierre Payen, héritier de Jean de Moisset.

Sous Richelieu, le château devient une demeure somptueuse. Le cardinal fait créer de magnifiques jardins à l'italienne, inspirés de ceux de la villa d'Este à Tivoli, agrémentés de bassins, jets d'eau et grottes de rocailles. Il y fit construire une chapelle, un jeu de paume, un théâtre…

En 1635, Richelieu achète à l'abbé de Saint-Denis la terre, seigneurie et châtellenie de Ruel pour la somme de 216 000 livres. Le domaine s'agrandit alors pour atteindre 55 hectares. Le cardinal est alors désigné comme le « seigneur de Ruel », avec droit de justice sur toute la châtellenie (Rueil, Colombes, Puteaux, Nanterre) ainsi que la perception des revenus des terres et des bois.

Louis XIII viendra souvent voir son principal ministre à Rueil, et le Conseil du Roi s'y tiendra même quelquefois. Anne d'Autriche et d'autres personnalités viennent également voir l'admirable domaine et ses jardins.

Plusieurs textes importants ont été signés au château : les lettres patentes donnant naissance à l'Académie française, le traité par lequel Colmar se place sous la protection du roi de France. En , la deuxième partie du procès du maréchal de Marillac, finalement condamné à mort pour péculat, se déroule au château.

Les jardins

Les jardins, que Richelieu créera de toutes pièces ou presque, sont la partie la plus remarquable du domaine. Quantité de bassins et de jets d'eau, une des premières grandes cascades de France, une orangerie avec un arc de triomphe adossé à un mur sur lequel est peint un paysage en trompe-l’œil, autant de choses que les invités de Richelieu venaient voir, parfois de loin.

Israël Silvestre a fait de nombreux dessins des jardins et du château ; ils ont été gravés par Gabriel Pérelle.

Après Richelieu

Portrait de la duchesse d'Aiguillon, gravure anonyme du XVIIe siècle.

Le château passe ensuite à la nièce de Richelieu, la duchesse d'Aiguillon après la mort du cardinal en 1642. Elle y recevra Anne d'Autriche et Louis XIV plusieurs fois, notamment le pour un grand banquet fêtant le renouvellement du traité avec l'Angleterre. Au moment de la Fronde, elle accueillera les souverains venus se réfugier à Rueil. Le traité de paix mettant fin à la Fronde, le traité de Rueil, est signé le au château.

En 1666, Louis XIV émet le désir d'acheter le château du Val, la duchesse d'Aiguillon ne refuse pas mais en demande un prix si élevé que le Roi renonce et se tourne alors vers Versailles… Les jardins perdent alors de leur éclat, en raison de leur coût d'entretien.

Le château devient en 1800 la propriété du général Masséna, jusqu'à sa mort en 1817. Sa famille garde le domaine jusqu'en 1832, année où elle le vend aux Lemarié et aux Mercier, qui démolissent le château et lotissent le parc. Au cours de ce lotissement, une des plus grandes parcelles est achetée par Jean Coquelin qui y fait construire un manoir (appelé souvent à tort « manoir de Richelieu »), qui sera ensuite la propriété de Georges Claude. Ce manoir a aujourd'hui disparu pour laisser place au siège social de Novartis, aujourd'hui démoli pour laisser place à une vaste entreprise immobilière. L'autre partie du domaine a été acheté par les Oblates de l'Eucharistie, institut de vie consacrée féminin, qui y a édifié un centre de soins palliatifs toujours en activité.

Il ne reste aujourd'hui du domaine que deux pièces d'eau et un banc du jardin, dans des propriétés privées, ainsi que le pavillon du Père Joseph, où logeait et est mort le l'éminence grise du cardinal : au cours du démembrement de la propriété, les Mercier gardent cette maison et lui donnent son aspect actuel, rajoutant des ailes et une rotonde centrale. Parmi les propriétaires suivants, on trouve Jean Robert Bréant[1], vérificateur général des monnaies de France, le contre-amiral Jacques Nicolas Lemarié (1790-1861), Haby Sommer, bienfaitrice de la ville, puis de la famille Gould, de riches Américains. À l'état d'abandon après la guerre, elle est rachetée par la ville de Rueil-Malmaison pour en faire un centre culturel, l'« Ermitage ».

Notes et références

  1. Sur Bréant, vérificateur des monnaies, chimiste et mécène : Eugène-Melchior Peligot, Notice biographique sur Jean-Robert Bréant : lue à la séance du dimanche 18 décembre 1887, 1888.

Annexes

Bibliographie

  • Dominique Helot-Lécroart, Le domaine de Richelieu à Ruel de 1600 à 1800, Rueil-Malmaison, Société historique de Rueil-Malmaison, 1985
  • Alfred Cramail, Le château de Ruel et ses jardins sous le cardinal de Richelieu et sous la duchesse d'Aiguillon, E. Bourges, 1888
  • Jules Jacquin et Joseph Duesberg, Rueil, le château de Richelieu, la Malmaison, Au comptoir des Imprimeurs-Unis, 1846 [[lire en ligne]]

Liens externes

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