Château d'Aiguefonde

Le château d'Aiguefonde est un château de style Renaissance situé sur la commune d'Aiguefonde, dans le Tarn, en région Occitanie (France). Bâti au XIVe siècle, c'est aujourd'hui une belle demeure témoignant des remaniements faits par les propriétaires nobles successifs.

Château d'Aiguefonde

Le château d'Aiguefonde, début XXe siècle
Période ou style Renaissance
Type Château résidentiel
Début construction XIVe siècle
Fin construction Remanié au XVIe siècle
Propriétaire initial Famille Bonhomme (branche de la famille d'Hautpoul)
Destination initiale Demeure seigneuriale
Propriétaire actuel Famille de Vilder
Destination actuelle Chambres d'hôtes
Coordonnées 43° 29′ 37″ nord, 2° 18′ 56″ est
Pays France
Région historique Languedoc
Région Occitanie
Département Tarn
Commune Aiguefonde
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : région Occitanie
Géolocalisation sur la carte : Tarn

Historique

Le site accueillant le château est occupé depuis l'Antiquité, étant l'emplacement de l'ancien camp romain d'Aqua Fonda. Ce nom provient des sources d'eau naturelles présentes sur place, et a ensuite donné son nom au village d'Aiguefonde.

A la fin du XIIIe siècle apparait le premier seigneur attesté d'Aiguefonde, un certain Isarn Bonhomme, qui est cité comme tel en 1277. C'est un membre d'une des branches cadettes de la famille d'Hautpoul[1]. C'est ensuite cette famille d'Hautpoul qui bâtira le premier château d'Aiguefonde, au début du XIVe siècle. Durant les guerres de Religion, le 1er septembre 1580, des troupes huguenotes s'emparent de la bâtisse, troupes menées par le vicomte Henri de La Tour d'Auvergne et possédant un canon[2].Un protestant, un certain Josué d'Alba, devient alors seigneur d'Aiguefonde, et se marie à une membre de la famille de Madaillan de Lesparre. Henri III de Navarre, futur roi de France sous le nom d'Henri IV, aurait séjourné au château en 1586[3]. En 1595, l'édifice est grandement remanié et, à la suite de cette campagne de construction, apparait dans sa forme actuelle. En 1622, les enfants de Josué d'Alba vendent la demeure à la famille d'Espérandieu. Les dernières modifications de grande ampleur sur la bâtisse ont lieu au cours du XVIIIe siècle[4]. Cette famille ne sera par ailleurs nullement inquiétée par les événements de la Révolution française, puisqu'on la retrouve encore par la suite en possession de l'édifice.

Vers la fin du XIXe siècle, Charles-Louis-Jacques d'Espérandieu est le dernier membre de la famille à posséder le château, qui va passer par les mains de multiples propriétaires, avant d'échoir au vicomte de Taffanel de La Jonquière en 1919. À la suite de cela, le domaine est ensuite de nombreuses fois vendu à partir de 1980, avant d'être acquis par le propriétaire actuel, un certain Paul de Vilder, qui restaure le château. Aujourd'hui, le château d'Aiguefonde sert de chambres d'hôtes de charme. Il est par ailleurs régulièrement ouvert au public pour des spectacles ou lors des Journées européennes du Patrimoine[5].

Architecture

On accède au château d'Aiguefonde à travers une grande cour d'honneur, ouverte au Nord-Est par un portique à trois arcs avec piliers, et donnant sur un majestueux hall d'entrée équipée d'un escalier à double révolution.

La demeure s'organise avec un corps de logis autour duquel s'articulent deux ailes, selon un plan en U. Celles-ci ferment donc la cour. L'aile Sud-Est renferme ainsi plusieurs salons et cuisines, ainsi que différentes chambres et salles d'eau. L'aile Nord-Ouest renferme elle aussi salons et chambres, ainsi qu'une bibliothèque. Son étage abrite la "suite royale" et de son salon privé, avec deux autres chambres[6]. L'extrémité de cette aile est une massive tour ronde.

Le château possède entre autres huit chambres pour 10 salles de bains. Mais il a surtout la particularité de posséder d'immenses jardins (14 hectares), dont un jardin à la française dessiné par le célèbre André Le Nôtre. À cela s'ajoute des jardins à l'anglaise, des fontaines éclairées, des jeux d'eaux et piscines, des bassins et rivières artificielles[7], etc.

Seigneurs et propriétaires d'Aiguefonde

La famille Bonhomme

La famille Bonhomme est une branche cadette de moindre importance issue de la famille d'Hautpoul.

La famille d'Alba

Voir ci-dessous.

La famille d'Espérandieu

Voir ci-dessous.

Famille d'Alba

Famille d'Alba

Blason sur les lettres patentes d'anoblissement de 1638

Blasonnement De gueule à trois têtes de chiens courants d'argent; un chef d'azur chargé de trois molettes d'éperon d'or
Branches de Lespinassat
de Monbazillac
de Pousset
de la Gironie
de la Béraudié
de Panisseau
Période XVe - XXIe siècle
Allégeance Royaume de France
Demeures Château de Monbazillac
Château de Lespinassat
Charges Vicomtes de Monbazillac
Preuves de noblesse
Montres Lettres patentes de décembre 1638

La famille d'Alba est une famille noble française d'origine espagnole, issu du peuple séfarade, arrivée en France au XVe siècle, vers 1450[8]. Dès leur arrivée en France, ses membres achètent le domaine de Lespinassat à Bergerac, où ils font bâtir un château, avant de se convertir au calvinisme, une branche du protestantisme.

La famille d'Alba se divise en différentes branches, les principales étant celle de Lespinassat et celle de Monbazillac (vicomtes), mais on trouve aussi celle de Pousset, de la Gironie, de la Béraudié ou de Panisseau. On trouve aussi un certain Josué d'Alba dans l'albigeois, où il achète le château d'Aiguefonde dont il est attesté seigneur en 1586, alors qu'il y accueille Henri III de Navarre, futur Henri IV.

Sous Louis XIII, un certain Hélie d'Alba, avocat, est anobli par lettres patentes de décembre 1638, qu'il enregistre le 12 mai 1640 à la cour des Aides de Bordeaux. Après la révocation de l'Édit de Nantes en 1685, les membres de la famille empruntent des voies différentes. Certaines se convertissent au catholicisme, comme Daniel d'Alba, vicomte de Monbazillac, tandis que Josué d'Alba de Lespinassat préfère émigrer, se réfugiant à Amsterdam[9].

Branche de Monbazillac

  • Hélie d'Alba, premier membre anobli, avocat. Marié à Isabeau de Loches, dont :
    • Daniel d'Alba, qui suit ;
    • David d'Alba (1654 - 1716), colonel au régiment d'Auvergne, brigadier des armées du roi puis 4e vicomte de Monbazillac à la mort de son frère aîné Daniel. Pas d'héritier.
  • Daniel d'Alba (1648 - 1715), 3e vicomte de Monbazillac (obtenu après un procès contre Elisée de Marsoulier) et propriétaire du château. Converti au catholicisme après la révocation de l'Édit de Nantes. Marié en 1672 à Suzanne de Lagrézille, dont :
    • David II d'Alba, qui suit ;
    • David-Daniel d'Alba, qui suit.
  • David II d'Alba (1674 - 1731), 5e vicomte de Monbazillac (hérité de son oncle David d'Alba) et seigneur de Grateloup (seigneurie achetée en 1718). En 1719, il offre cette dernière à son cadet, David-Daniel d'Alba. Il meurt sans héritier.
  • David-Daniel d'Alba (1682 - 1754), frère du précédent, 6e vicomte de Monbazillac à la mort de son aîné et seigneur de Grateloup dès 1719. Il meurt sans héritier, ce qui sonne le glas de la famille d'Alba de Monbazillac.

Branche de Lespinassat

Les descendants de Josué, habitants Amsterdam, finissent par aller en Pologne, et s'installent dans différentes villes, comme à Raciaz. Beaucoup redeviennent juifs, et certains rentreront en France au début du XXe siècle[9].

Famille d'Espérandieu

Famille d'Espérandieu
de Spérandieu

Armes de la famille : Famille d'Espérandieu
de Spérandieu

Blasonnement Écartelé aux 1 et 4, d'argent au lion de gueules; aux 2 et 3, d'azur à la bande d'or
Période XVIe - XXe siècle
Pays ou province d’origine Uzès
Allégeance Royaume de France
Fiefs tenus Aiguefonde
Demeures Château d'Aiguefonde
Preuves de noblesse
Montres Jugement d'août 1669

La famille d'Espérandieu ou de Spérandieu est une famille noble originaire de la cité d'Uzès[10]. Le premier membre connu est un certain Gilles d'Espéradieu, juge-mage à Uzès, au début du XVIe siècle. Elle s'implante par la suite en albigeois, principalement dans la seigneurie d'Aiguefonde en achetant le présent château, puis se convertit au protestantisme.

Elle est maintenue dans sa noblesse par jugement de Claude Bazin de Bezons, intendant du Languedoc, en août 1669[11].

Lignée

  • Gilles d'Espéradieu (vers 1510 - ?), juge-mage à Uzès. Marié en 1539 à Philippine de Lubières[12] ;
  • Jean d'Espéradieu (1539 - 1626), conseiller ainsi que maître des requêtes du roi du Navarre (lettres patentes du 3 août 1605), et lieutenant-principal de la sénéchaussée d'Uzès. Marié en 1571 à Marguerite de Mercier, dont :
    • Louis d'Espérandieu (1574 - 1634), devient lieutenant-principal à la place de son père, le 28 août 1609, puis juge-mage d'Uzès le 7 juin 1619. Marié en 1627 à Marie de Rossel.
    • Guillaume d'Espérandieu, qui suit.
    • Jean II d'Espérandieu (? - 1636), seigneur de La Baume (correspondant possiblement à Serviers-et-Labaume). Marié en 1623 à Jeanne de Clérieu, sa descendance est sans suite.
  • Guillaume d'Espérandieu (1579 - 1640), seigneur d'Aiguefonde et co-seigneur d'Hautpoul. Docteur, avocat puis premier consul de Castres. Lors de la question de l'instauration d'une Chambre de l'Édit en Languedoc, le Parlement de Toulouse insiste pour que celui-ci soit dans une ville catholique. Guillaume est alors envoyé avec pour mission de changer la donne. Cela fonctionne, car la Chambre de l'Édit est instaurée à Castres. Il en devient par ailleurs conseiller. Il fait l'acquisition de la seigneurie d'Aiguefonde et du présent château en 1622, et devient co-seigneur d'Hautpoul. Marié en 1605 à Gabrielle de Cassagne ;
    • Jacques d'Espérandieu, qui suit ;
    • Jean III d'Espérandieu (1615 - 1652), seigneur de Saint-Alby (lieu-dit d'Aiguefonde). Avocat à la cour et membre de l'Académie de Castres, sa petite fille Anne de Rotolp épousera un autre membre de la famille, Pierre d'Espérandieu, en 1702.
  • Jacques d'Espérandieu (1615 - 1670), seigneur d'Aiguefonde et co-seigneur d'Hautpoul. Avocat au Parlement et à la Chambre de l'Edit. Marié en 1641 à Madeleine de Faure ;
  • Salomon Annibal d'Espérandieu (1643 - ?), seigneur d'Aiguefonde et de Lacalm, coseigneur de Calmon et d'Hautpoul. Avocat à la Cour et capitaine des chasses du roi. Marié en 1672 à Marie de Rozet ;
  • Pierre d'Espérandieu (1673 - ?), seigneur d'Aiguefonde et de Lacalm. En 1689, il se signale volontaire à Toulon pour entrer dans la Marine. Marié en 1702 à Anne de Rotolp, dont :
    • Jean-Louis d'Espérandieu, qui suit ;
    • Louis-Gédéon d'Espérandieu, seigneur de Saint-Sauveur ;
    • Pierre II d'Espérandieu, seigneur de Saint-Alby.
  • Jean-Louis d'Espérandieu (1714 - ?), seigneur d'Aiguefonde. Lié de loin à l'affaire Sirven, car Pierre-Paul Sirven travaillait pour lui et mettait de l'ordre en ses archives[13]. Marié en 1742 à Renée de Chauvet ;
  • Jean-Louis II d'Espérandieu (1749 - ?), seigneur d'Aiguefonde dont on ne connait quasiment rien. Néanmoins, la lignée doit se poursuivre, car à la fin du XIXe siècle, on retrouve Charles-Louis-Jacques d'Espérandieu comme dernier propriétaire du château d'Aiguefonde pour cette famille.
  • ...
  • Charles-Louis-Jacques d'Espérandieu (? - 1872)

On ne sait pas si par la suite, la famille d'Espérandieu se poursuit, ou si elle s'éteint dès lors.

Notes et références

Articles connexes

Référence

  1. Châteaux, Manoirs et Logis, le Tarn
  2. Aubais, Pièces fugitives pour servir à l'histoire de France, avec des notes historiques et géographiques, chez Hugues-Daniel Chaubert, (lire en ligne)
  3. « Château d'Aiguefonde - informations & réservation || Inside Luxury Hotels », sur www.insideluxuryhotels.fr (consulté le )
  4. « Château d'Aiguefonde - Tarn, propriété privée », sur www.chateau-fort-manoir-chateau.eu (consulté le )
  5. « Aiguefonde. Un château ouvert au public et à la culture », sur ladepeche.fr (consulté le )
  6. « Chateau à vendre en Midi Pyrenees - Tarn AIGUEFONDE Superbe Château des 16ème et 18ème siècles, 16 pièces, 1500 m2 habitables,dépendances , parc 8ha ,piscine,1h deToulouse REF: 49213CP81 | [12577] », sur www.leggett-immo.com (consulté le )
  7. « Les jardins du château ouverts à la visite », sur ladepeche.fr (consulté le )
  8. (en) « Family tree of Histoire de la famille d'ALBA, olim ALBA (en Bergeracois) », sur Geneanet (consulté le )
  9. « Armorial de France et blason de ma famille - Histoire des Juifs en Europe », sur lesermentdupuits.canalblog.com, (consulté le )
  10. « P11 », sur jean.gallian.free.fr (consulté le )
  11. Gustave (1863-1923) Auteur du texte Chaix d'Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. XVI. Eas-Eys. - 1918 / par C. d'E.-A. [Chaix d'Est-Ange], 1903-1929 (lire en ligne)
  12. (en) « Family tree of Gilles d'ESPÉRANDIEU », sur Geneanet (consulté le )
  13. Claude de Vic, Histoire générale de Languedoc: avec des notes et les pièces justificatives, composée ..., J.B. Paya, (lire en ligne)
  • Portail des châteaux de France
  • Portail du Tarn
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.