Carie (Antiquité)

La Carie (en grec ancien Καρία / Karía) est une région historique du Sud-Ouest de l'Asie mineure, située entre la Lycie à l'est, la Pisidie au nord-est, la Lydie au nord et la mer Égée au sud-ouest. Elle correspond à l'actuelle région de Bodrum au sud-ouest de la Turquie.

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L'Asie Mineure au temps des Diadoques.
Sites de Carie dans l'Antiquité.

Aperçu historique

Origines

À l'origine, la Carie apparaît aux XVe et XIVe siècles comme un petit royaume d'abord vassal des Hittites, puis indépendant.

Elle subit tôt l'influence grecque et utilise l'alphabet grec pour transcrire la langue carienne, idiome de la famille des langues anatoliennes déchiffrée à partir de 1981, mais dont la connaissance reste extrêmement fragmentaire.

La côte carienne est d'abord fréquentée par les Phéniciens, puis par les Doriens qui fondent les cités de Cnide et d'Halicarnasse. Les dates traditionnelles de la fondation de Milet varient : -1077 ou -1044. La Carie devient aux VIIIe et VIIe siècles vassale de la Phrygie, puis aux VIe et Ve siècles de la Lydie, avant de passer en -546 sous domination perse pour être intégrée à la satrapie de Sardes.

Milet en revanche ne s'est rendu qu'au bout de trois ans de siège : de -497 à -494. Les satrapes locaux jouissent d'une grande autonomie, comme Mausole ou sa femme Artémise II. Pour l'empire perse, Milet n'est qu'un allié ponctuel se situant à la marge de l'empire et dont le soutien n'est pas volontaire mais forcé.

En -479, après la bataille du cap Mycale, les forces navales Perses perdent le contrôle de la côte carienne avec Milet, Cnide et Halicarnasse, qui rejoignent ensuite la Ligue de Délos ; à l'hiver -412/-411, ont lieu la révolte et la bataille de Milet.

Alexandre le Grand conquiert la Carie en -334 avec l'aide d'Ada, détrônée par son frère et les Perses. À sa mort, elle échoit brièvement au royaume Séleucide avant d'être partagée entre deux cités-états : celle de Rhodes qui domine la côte, et celle de Cibyrrhée la Grande qui domine l'intérieur[1].

Des légendes, Homère dit des Cariens - qu'il différencie des Lélèges[2] - sans jamais citer le nom de Carie - qu'ils ont une langue barbare, c'est-à-dire tout sauf grecque. Commandés par Amphimaque et Nastès, deux frères dont le père se nomme Nomion, ils envoient des troupes à Priam. Amphimaque (dont le nom signifie « qui combat de tous côtés ») sera tué par Achille, qui s'empare en trophée de son armure en or[3]. Les Cariens, après les guerres médiques, fournissent des mercenaires aux armées grecques, et sont regardés comme de grossiers montagnards ou paysans incultes et comme des barbares - et ce jusqu'au temps de Platon, qui les caricature dans l'Euthydème[4], moquerie habituelle des Grecs vis-à-vis des barbares.

Province romaine puis thème byzantin

En -130, Rome intègre la Carie occidentale à la province d'Asie (province romaine) nouvellement créée. Sous la domination romaine, la région achève de s'helléniser et se christianise au IVe siècle (la légende de Saint Nicolas de Myre, en Lycie voisine, est à l'origine du mythe du Père Noël). La Carie fournit à la flotte de l'Empire romain d'Orient bois et marins ; elle est intégrée au thème byzantin des Cibyrrhéotes.

Province ottomane

En 1176 de notre ère, l'ancienne Carie est conquise par le Sultanat seldjoukide de Roum ("des Romains" en turc, c'est-à-dire "des byzantins") puis, à l'époque des beylicats, échoit successivement aux sultanats turcs des Mentechéïdes et, après 1390, des Ottomans.

Petit à petit, la population carienne, devenue grecque et orthodoxe durant le premier millénaire de notre ère, devient turque et musulmane au fil des conversions (entre autres, pour éviter de payer le haraç (impôt sur les non-musulmans), et de subir le devchirmé (enlèvement des garçons pour le corps des janissaires).

Seuls les villages de pêcheurs de la côte restent grecs jusqu'en 1923, lorsqu'en application du Traité de Lausanne leurs habitants sont expulsés vers la Grèce : certains villages sont repeuplés de Turcs, d'autres restent).

Histoire récente

La Carie fait aujourd'hui partie des provinces turques de Muğla, Denizli (province) et Burdur.

Pour les monuments et archéologie, les sites et vestiges sont nombreux : remparts, murailles, palestres, stades, temples (Euromos, Mylasa et Aphrodisias) et le sanctuaire de Labranda[5].

Villes

Personnages célèbres

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Debord Ender Varinlioglu, Cités de Carie. Harpasa, Bargasa, Orthosia, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Archéologie & culture », , 384 p. (ISBN 978-2753-511316).
  • Homère (trad. Robert Flacelière), Iliade, Éditions Gallimard, (1re éd. 1955) (ISBN 2-07-010261-0), p. 132-133. 
  • Olivier Henry and Koray Konuk, (eds.), KARIA ARKHAIA ; La Carie, des origines à la période pré-hékatomnide (Istanbul, 2019). 604 pages. (ISBN 978-2-36245-078-5).
  • Isabelle Pimouguet-Pédarros, Archéologie de la défense. Histoire des fortifications antiques de Carie, époques classique et hellénistique, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, coll. « Institut des sciences et techniques de l'Antiquité », , 508 p. (ISBN 2-913322-88-3).
  • (en + tr) Olivier Henry et Ayşe Belgin-Henry, The Carians : From Sea Farers to City builders, Istanbul, HiSoMA, (présentation en ligne)

Antiquité préromaine

Antiquité romaine

Références

  1. D'après Hans-Erich Stier (dir.): « Westermann Grosser Atlas zur Weltgeschichte », 1985, (ISBN 3-14-100919-8), pp. 5, 9, 11, 15, 16, 22, 26, 27, 34, 44, 50, 64, 66, 70 et 103.
  2. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] : X (428)
  3. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] : II (867-871, 867-875)
  4. 285c
  5. Vallée du Méandre - carte - map
  6. Dion Chrysostome, Discours, 28 et 29.
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