Bernard Herbecq

Né à Bruxelles, Bernard Herbecq grandit dans la commune de Jette.

Là-bas, il étudiera d'abord au Collège du Sacré-Coeur et fera ensuite une partie de ses humanités au collège Saint Pierre (section gréco-latines).

Pendant ses vacances scolaires, il séjourne en région liégeoise dans la famille de ses parents. Il y découvre notamment le travail manuel grâce à son oncle, ingénieur industriel, qui y possède un atelier. Cette révélation aura un impact sur son approche de l’architecture, comme il l’affirme lui-même: « Étant gosse, je bricolais déjà beaucoup. Cela déteint sur l'architecture »[1].

C’est également à Liège qu’il pourra s’épanouir dans la nature, ce qui est presque impossible à la capitale. Il se rend très souvent dans une ferme dans laquelle il  participe aux travaux agricoles. De plus, il en profitera pour alimenter sa curiosité et sa culture avec sa tante en se rendant souvent à des expositions, dans des musées ou encore au cinéma par exemple.

Au vu de l’intérêt important qu’il porte aux activités manuelles et au bricolage, il arrêta l’enseignement général en 1965 au profit d’humanités artistiques à l’institut Saint-Luc de Bruxelles. Echouant fin d’année, il décide de se réorienter en 1966 dans la section dessin d’architecture où il réussira aisément ses trois années. Il entre ensuite en 1969 à l’I.S.A. Lambert Lombard où il sera diplômé en 1974.

Là-bas, Bernard Herbecq porte un grand respect et une reconnaissance particulière à deux de ses professeurs, Jacques Gillet et Michel Boulanger. A leur cours respectif, le premier cité proposa comme exercice préalable, la construction de cabanes tandis que le deuxième soumit un travail de construction de mobilier.

Ceux-ci ravivent en Bernard une passion oubliée , la création manuelle. Il renoue alors avec le travail de la matière et des matériaux.

Ils deviendront très rapidement des influences pour Herbecq. Nous pouvons également souligner que c’est Jacques Gillet qui initie Herbecq à l'architecture organique.

Une fois diplômé, Herbecq vit à Liège avec son épouse dans une petite maison. Ayant très peu de meubles, il se lance dans la fabrication de ceux-ci et élabore sa première armoire en 1974, la première d’une longue série.

Au même moment, il entame ses stages au sein de l’atelier d’architecture de Jean Marie Pissart à Esneux.

Il ira ensuite chez Jean Maquet à Liège puis chez Guy Ciplet à Huy.

Ces collaborations auront peu d’influence sur les pratiques architecturale d’Herbecq.

En 1975, lui et sa femme quittèrent le centre de Liège pour s’installer dans un corps de ferme dans la localité de Bodegnée en Hesbaye liègeoise. Cette région et son environnement rural leur permettent de vivre en adéquation avec la nature. Ils partagent avec le voisinage une recherche d’autarcie et de communautarisme. Par exemple, ils mettent en place des potagers collectifs ou encore des ateliers de menuiserie.

Au cours de ces années là, Herbecq entreprend la réalisation d’un grand nombre de meubles. Ses tentatives et ses élaborations multiples vont l’aider à réaliser ce qui l’intéresse et ce qui caractérise sa création artistique. Il réalise des meubles avec comme logique constructive des assemblages simples qui s’écartent des assemblages traditionnels utilisés en menuiserie.

Dans une époque portée par différents mouvements: hippie, l’écologie, l’auto-construction, etc. lui et sa femme (aidés de leur ami Gilles Préat) vont se lancer dans l’élaboration de leur maison personnelle à Jehay de 1979 à 1981.

Ce projet est important car il représente la première œuvre architecturale construite du protagoniste.

Dans les mois qui suivirent, étant que très peu connu et n’ayant pas encore de commande, Herbecq préfère se faire embaucher comme homme d’ouvrage plutôt que de chercher de l’emploi dans un bureau d’architecture. Le travail de bureau n’étant pas le reflet de sa personnalité, il favorise les tâches manuelles et travaille sur des petites extensions d’habitation dans la commune de Jehay.

Comme il le dit lui même:

« Normalement un jeune architecte cherche un boulot chez un confrère. Moi non. J’ai préféré aller chauler des caves que d’être dans un bureau d’architecture. Je me sentais plus manuel que statique dans un bureau. Quand tu es jeune, dans un bureau d’architecture, ce n’est pas toi qui vas sur chantier. J’avais horreur de la vie de bureau. Chez moi, je mettais la radio, je travaillais une demi-journée au bureau puis j’allais sur chantier. Je préférais réaliser un garage ou une extension d’habitation de temps en temps parce que ce qui me plaisait, c’était le contact avec les gens. J’aimais bien aller chez les gens, puis y retourner avec l’avant-projet, on discutait et la glace était brisée. Tandis que chez un architecte, tu étais au bureau et ce n’était pas ton projet. J’aimais mieux faire un petit truc « stupide » qui n’avait pas une portée énorme. Ça me correspondait à ce moment là. » -Bernard Herbecq, 2017 [2]

Quelque temps après sa réalisation, la maison personnelle située à Jehay est reprise dans plusieurs textes, revues et ouvrages d’architecture à l’échelle internationale.

À la suite de cette mise en lumière, les commandes de petits projets affluent peu à peu pour Herbecq. Il commence avec le projet d’habitation Hertay à Spa, enchaine avec l’atelier de sérigraphie Loyens à Embourg ainsi qu’avec l’extension de l’atelier du peintre Jean Pierre Ransonnet à Tilff.

C’est lors de ces entreprises qu’il commence à trouver sa propre identité architecturale.

Herbecq ne fait pas que des exécutions pour particuliers, il reçoit des commandes pour des rénovations aux programmes commerciaux et culturel : l’espace de mobilier contemporain Desiron Lizen et la Tour Romane d’Amay pour laquelle il reçut un Belgian Architectural Award en 1990.

Après une dizaine d’années passées à la campagne, Herbecq et sa famille retournent habiter en ville. Étant à la recherche d’une nouvelle maison privée, il tombe sous le charme d’une ancienne morgue de l’hôpital des Anglais, dans laquelle il voit directement un réel potentiel. Herbecq se lance dans la reconversion de celle-ci en 1989. Ce projet apparaît enrichi de ses précédentes réalisations et peut donc être compris comme la synthèse de ceux-ci. À la suite de ce projet, Herbecq travaille sur différentes habitations : Lonneux à Olne, Marchal à Tihange, et enfin Cosentino à Xhoffraix. Tous ces projets reflètent une certaine maturité dans la conception architecturale qu’il a acquise grâce à la reconversion de la morgue en sa maison personnelle.

En 1995, il réalise un ensemble de logements et de commerces au sein de l’ilot Saint Michel et l’aménagement de la promenade des coteaux de la Citadelle de Liège de 2004 à 2007. Durant le reste de sa carrière, il réalisa principalement des extensions et des logements pour privés.

Outre ses réalisations architecturales et ses création de mobilier, Herbecq fut professeur à l’institut supérieur Lambert Lombard dès septembre 1991. D’abord chargé de donner cours en atelier de projet d’architecture en première et deuxième années, il donnera par la suite d’autre cours pratiques au sein de l’institut et au sein de la faculté d’architecture de Liège jusqu’en 2015.

Herbecq organise également, à l’aide de confrères, des conférences du cycle « Paroles d’architectes » mis en place par Mario Garzaniti et financées par l’institut. C’est dans le cadre de ces conférences que Herbecq rencontre Claude Parent (membre du conseil de l’ordre des Arts et des Lettres) qui encouragera sa nomination au titre de « Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres » par la République Française en 2002

Anne Van Loo, Dictionnaire de l'architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003, p. 374, © Bernard Herbecq

Maison réalisée en auto-construction avec  sa femme, et aidés de leur ami Gilles Préat. Ce projet joue un double rôle dans la carrière de Herbecq, il représente sa première oeuvre architecturale construite et son dernier « projet  scolaire ». Il était encore très influencé par ses anciens professeurs, Gillet et Kroll. C’est une architecture « à la manière de »  dans laquelle Herbecq ne se reconnait pas vraiment.

La maison est typique d’une époque post mai 68 (période de révolte), elle est caractérisée par une architecture organique qui s’inspire et s’insère parfaitement dans le milieu naturel[3]^,[4].

Anne Van Loo, Dictionnaire de l'architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003, p.90, © Bernard Herbecq

Second chantier en auto-construction, cette rénovation de la morgue des Anglais est destinée à devenir la maison personnelle et l’atelier d’architecture de Herbecq.

L’extension est travaillées sous forme de deux volumes qui s’articulent avec le bâtiment de l’ancienne morgue. Celle-ci est implantée sur un terrain en double pente permettant une architecture expressive et dynamique pour l’extension en contraste avec le bâtiment existant massif. De plus, il décide de travailler avec des matériaux souples et légers pour accentuer cette antithèse.

Herbecq fut récompensé pour ce projet en recevant le prix d’urbanisme de la ville de Liège en 1992. De plus, c’est grâce à la visibilité que lui procure cette rénovation que les portes de l’enseignement s’ouvrent à lui.

En 1995, Herbecq réalise dans le cadre de la reconstruction de la place Saint Lambert, un ensemble de logements et de commerces au sein de l’îlot saint Michel. L’ensemble est composé de 4 bâtiments en briques rouges surélevés de toitures en ardoises naturelles et zinc. Cette expression rappelle celles des maisons traditionnelles liégeoise.

• François Gena, Bernard Herbecq. Créer - construire - habiter, Collection Archidoc, Groupe d’ateliers de recherche / École supérieure des Arts de la Ville de Liège, Liège, septembre 2018.
• Anne Van Loo, Dictionnaire de l'architecture en Belgique de 1830 à nos jours, Anvers, Fonds Mercator, 2003.

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